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Citations de Carsten Jensen (43)


Il ne faut pas chercher vos racines dans votre propre enfance. C’est votre enfant qui vous lie à la terre. Votre chez vous, c’était l’endroit où se trouve votre enfant.

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Albert croyait au progrès. Il croyait aussi au sentiment d’honneur chez les mars ? C’était sur lui que se fondait l’unité ? Sur un bateau, le manquement d’un seul pouvait être lourd de conséquence pour tous. Un marin s’en rendait vite compte. Le prêtre appelait ça les valeurs morales. Albert appelait ça l’honneur. À l’église, on était responsable devant Dieu. Sur un bateau, on était responsable devant tous les autres. C’est pourquoi le bateau était un meilleur lieu d’apprentissage que l’église.
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Il voudrait être grand tout de suite. Il a l’intuition que l’enfance est un état qui n’est pas naturel et qu’à l’intérieur de i-même se cache un être beaucoup plus grand qu’il empêche d’exister et qui surgira de autre côté de horizon.
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Personne ne respecte le faible qui implore

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N’est-ce pas là le secret des hommes à la guerre, qu’ils pissent et chient dans leur froc comme des enfants apeurés ? Nous avions tous, un jour ou l’autre, eu peur de mourir en mer, mais personne n’avait fait dans son froc parce que la tempête arrachait les mâts et le gréement ou parce qu’une simple vague brisait le bastingage et balayait le pont.
C’était ça la différence. La mer respectait notre virilité. Pas les canons.

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Nous dîmes au revoir à nos mères. Toute notre vie, elles avaient été là, mais nous ne les avions encore jamais vues. Elles étaient penchées au-dessus des bassines et des casseroles, le visage rouge et gonflé par la chaleur et l'humidité. Elles faisaient tourner toute la maison pendant que nos pères étaient en mer. Chaque soir, elles s'affalaient sur un banc, une aiguille à la main. On voyait bien quelque chose, mais on ne les voyait pas, elles. On voyait leur persévérance. On voyait leur fatigue. On ne leur demandait jamais rien. On ne voulait pas leur peser davantage.
C'est comme ça qu'on leur témoignait notre amour: par le silence.
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La plupart d'entre nous pensaient que si chaque homme a son propre enfer, il a aussi son paradis et qu'il a le droit de le garder pour lui.
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Carsten Jensen
Découvrir ainsi qu'il s'agit de la même mort qui règne des deux côtés de la ligne de front, qu'il n'y a aucune différence entre toi et ton ennemi...
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Carsten Jensen
Un idiot a un jour écrit que, dans les tranchées, tout le monde finissait par croire en Dieu. L'incompétence des généraux serait-elle la preuve de l'existence de Dieu? Quand nous ne pouvons plus compter sur les généraux, devons-nous Lui confier notre sort?
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Quelque chose a changé chez Adam. Depuis le jour où il a abattu un taliban au sac à dos Fjällräven, il n'est plus le même. Il a peur d'avoir abattu un être humain
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[...] ... On ne sait pas si les choses se sont passées ainsi. On ne sait pas ce qu'a pensé Albert [= Madsen, fils de Laurids] pendant ses dernières heures. Nous n'étions pas là. Nous avons seulement les notes qu'il nous a laissées, avec ce qui a marqué le commencement de la fin pour notre ville. Nous avons raconté son histoire, et chacun de nous a brodé, en ajoutant un peu de la sienne. Des milliers d'observations, de pensées et de souhaits contribuent à former l'image que nous avons de lui. Il est entièrement lui-même, et il nous appartient aussi, même s'il ne fut pas toujours comme nous.

Nous sommes allés en masse à Halen. Nous nous sommes rendus sur les lieux où Albert a péri. Nous avons planté nos bottes dans la vase. Nous avons essayé de les retirer du fond, gluant et piégeux. Certains ont dit que, oui, il était bel et bien bloqué. D'autres ont affirmé que non, il aurait pu se dégager. Ou qu'il lui aurait suffi de se laisser tomber pour échapper au traquenard tendu par le froid et la vase. Un manteau trempé et un pantalon crotté, cela aurait été un prix bien mince à payer pour échapper à la mort. Même une pneumonie aurait été préférable à une fin aussi abrupte, et Albert était solide.

Nous ne savons rien et chacun n'en pense pas moins. Nous cherchons tous un peu de nous en lui. D'aucuns le condamneront volontiers. D'autres le considéreront au-dessus de toute mesquinerie. Chacun se faisait sa propre idée sur Albert. Nous le suivions partout où il allait. Nous l'observions à travers nos fenêtres et nos miroirs espions. Ses paroles étaient sur toutes les lèvres, pas toujours dans l'intérêt de tous, et ce n'étaient d'ailleurs pas toujours les mots qu'il avait prononcés, mais ceux qu'on lui attribuait, car nous trouvions qu'ils lui correspondaient et qu'il aurait pu les dire.

Nous avons retourné sa vie sous toutes les coutures, comme nous fouillons toujours dans la vie de notre prochain dans nos discussions parfois susurrées, parfois animées. Albert était un monument que nous avons façonné et dressé de concert.

Nous croyions tout savoir de lui. Ce n'est pas vrai. En fin de compte, personne ne connaît l'autre. ... [...]
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[...] ... Laurids Madsen était monté au ciel mais il en était redescendu grâce à ses bottes.

Il n'avait pas atteint les hauteurs de la pomme de mât, tout juste celle de la grande vergue d'un trois-mâts. Il s'était tenu devant la porte du Paradis où il avait vu Saint Pierre, même si le gardien de la porte de l'au-delà n'avait fait que lui montrer son cul.

Laurids Madsen aurait dû être mort. Mais la mort l'avait dédaigné et il était devenu un autre homme.

Avant même de connaître la célébrité pour cette visite au ciel, il passait pour avoir déclenché une guerre à lui tout seul. A l'âge de six ans, il perdait son père, Rasmus, en mer, et, à quatorze ans, il était au milieu de l'océan sur le Anna de Marstal. Trois mois plus tard, le Anna faisait naufrage en Mer Baltique. L'équipage fut sauvé par un brick américain et, dès lors, Laurids Madsen se prit à rêver de l'Amérique.

A l'âge de dix-huit ans, il avait passé son examen de second à Flensburg et, la même année, avait connu son deuxième naufrage au large des côtes norvégiennes, près de Mandal, où, par une froide nuit d'octobre, il se retrouva sur un récif balayé par les vagues, à guetter une âme charitable. Pendant cinq années, il avait navigué sur tous les océans. Au Cap Horn, il avait entendu les vocalises des manchots dans la nuit noire comme de l'encre. Il avait vu Valparaiso, la côte ouest de l'Amérique et Sydney, où les arbres, l'hiver, perdent leur écorce et non leurs feuilles, et où les kangourous sautent dans tous les sens. Il avait rencontré une fille aux yeux couleur de raisin, du nom de Sally Brown, et il pouvait parler des quartiers chauds de Foretop Street, La Boca, Barbary Coast et Tiger Bay. Il avait traversé l'équateur, salué le roi Neptune et ressenti la fameuse secousse quand le bateau franchit la ligne. A cette occasion, il avait bu de l'eau de mer, de l'huile de poisson et du vinaigre. On l'avait baptisé dans le goudron, le suif et la colle, rasé à un couteau rouillé à la lame dentelée et on avait soigné ses coupures avec du sel et de la chaux. Il avait embrassé la joue grêlée et ocre d'Amphitrite et plongé le nez dans son flacon de parfum rempli de rognures d'ongles.

Oui, Laurids Madsen avait vu du pays. ... [...]
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Il y a toujours quelqu'un qui a besoin de nous. Il nous arrive parfois de l'oublier. Mais c'est sans doute ça qui nous tient en vie.
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En quoi les sentiments que l'on ressent à la pensée de la mort préfigurent ils ce qu'on ressentira vraiment quand la mort viendra enfin ?
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Personne ne pensait aux blessés gisant sur le pont, qui devaient se résoudre à se faire piétiner dans la confusion générale, sans le moindre égard. Leur guerre à eux contre la souffrance, il n'y avait personne pour l'entendre.
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L'alcool nous avait prodigué ses bienfaits. On était fin saouls et on se jeta à corps perdu dans l'inconscience de l'ivresse qui n'était que l'autre visage de l'effroi. Nous voguions sur un océan tout noir avec un seul but en tête : ne pas baisser les yeux vers l'abîme et ne pas y sombrer.
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Ils survivent depuis deux mille ans. Ils survivront deux mille ans de plus. Le désert partout, des températuresastronomique, pas de pluie. Depuis longtemps, ils ont appris a vivre avec. Dans le futur, ils n’auront pas besoin de nos armes, de nos roquettes ou de nos mines. Nous nous traînerons comme des lépreux au pied de leur murs et nous nous jetterons sur leurs poubelles comme des chacals. A la fin les Afghans seront les vainqueurs.
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La guerre est un chaos, l’armée symbolise l’ordre. Après le combat, cependant Hannah doit avouer qu’il y a quelque chose entre eux tous. Pendant les séances de crossfit, ils sortent tout cela - toute cette frustration, cette douleur. Ils surfent sur une vague d’adrénaline qu’ils ont eux-même engendrée. Et ils vont jusqu’au plus profond de leur être solliciter une force qui s’y terre depuis toujours.
Mortellement épuisée, elle finit par s’allonger sur son lit de camp, après l’entraînement. Elle est envahie par une lubricité qui la fait convulser. Elle voit les cadavres de ses camarades devant elle, mais submergée par le chagrin, un désir irréprésible la pénètre soudain. Être prise par un corps lourd et vivant. Tout en elle, jusqu’à sa moindre pensée, migre vers son sexe dont elle attend désespérement qu’il déborde. Quand elle commence à se toucher, elle sait que l’orgasme qui vient n’est qu’une pause, une respiration. Il lui faut plus qu’un spasme à l’intérieur de son sexe.
Je fais la guerre, je n’ai pas le temps pour le sexe. Voilà ce que pensent la plupart quand le désir les surprend. Conneries. Quand tu es prêt à mourir ou à tuer, quand tu vis des choses aussi extrêmes, le sexe n’est jamais loin. La mort, la violence et le sexe marchent toujours ensemble.
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Carsten Jensen
Vous devez aussi tous connaître les forces et les faiblesses de chacun. Vous devez être vos anges gardiens. Ne pas vous décourager les uns les autres mais vous soutenir. Car en chacun de vous peut également se cacher une mine prête à exploser. Vous n’en avez aucune idée et puis, un jour il est trop tard. Mais vos camarade peuvent voir la fatigue au coin de vos lèvres, la fausseté de votre rire, votre main qui ne peut s’empêcher de trembler. Vous devez lire en chacun de vous comme vous déchiffrez un paysage. De cette façon vous vivrez plus longtemps. Et vous échapperez aux oraisons funèbres.
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Vous qui vous croyez tellement fort, invincibles. Mais n’en avez-vous pas assez de vous-même, parfois? Vous parlez toujours de camaraderie. Mais pour qui? Pour quoi? En avez-vous vraiment besoin? Laissez-moi vous le dire : vos besoin vos attentes sont plus grand que vous ne le croyez - Il fait une pause et les dévisage tous, l’un après l’autre. Quand l’un d’entre nous meurt, nous nous rassemblons autour de sa dépouille. La mort donne un sens à notre communauté, que nous avons tendance à oublier par ailleurs. C’est peut-être le seul cadeau qu’elle nous fait. Nous devrions être tous des grands frères et des grandes soeur pour l’autre. La force ne va jamais sans la faiblesse. Sinon, il n’y aurait pas de force. Attentifs, voilà ce que nous devons être. Attentifs aux autres.
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