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Citations de Catalin Mihuleac (63)


– J’ai cru comprendre que tu venais d’Europe de l’Est, Suzy ?
– D’un pays appelé Roumanie.
– La Roumanie ? Mon père y connaissait un rabbin.
– Comment se fait-il qu’il l’ait connu ?
– Ils ont vécu un certain temps dans la même ville.
– Ton père était roumain ?
– Il l’a été mais ça lui a passé.
– Et toi ?
– Moi aussi. J’y suis né, j’étais haut comme trois pommes quand je suis venu ici.
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Le doyen de la faculté de droit, le professeur A. C. Cuza, membre de la société Junimea, brandit le poing, recale en masse les Israélites et lance le slogan : « Pas un seul youpin aux examens ! »
– Vous pourrez bien repasser vingt fois votre examen, vous serez blackboulés quand même ! dit-il pour clarifier sa position.
Parmi ses victimes, on compte l’étudiant Beniamin Wechsler, nul autre que le futur grand écrivain français Benjamin Fondane, en personne.

(p. 51)
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Le printemps commence le 1er mars, secondé par son grand frère, le 8 mars, Journée de la femme. Enfin, c’est le temps du petit lapin, annonciateur des fêtes de Pâques.
Toute cette kyrielle de jours festifs s’accompagne de cadeaux. Les hommes offrent, les femmes sont en position de recevoir. Les hommes sont des martyrs. Mettez-vous à la place de celui qui a à la fois une épouse et une maîtresse. Ou deux maîtresses. Vous ne croyez pas qu’il réclame à tue-tête son internement dans un hôpital psychiatrique ? J’ai évoqué plus haut cette idée dégradante : que l’amour était un mot inventé par les Juifs pour un peu de sexe gratos.

(p. 87)
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Je l’admets, ces préparatifs répandent un halo sinistre, mais nous deux, nous avons lu tant de pages sur la guerre, bien plus sinistres que ce qui se passe maintenant.
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Ce que tu entends dire, ce ne sont que des rumeurs trompeuses, comme dans toutes les guerres, ma fille.
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Golda n'avait jamais vu d'autre nu masculin que les statues grecques des œuvres d'art. Où ce n'est ni bon ni mauvais, puisqu'elles représentent cet état muet de l'organe qui ne dit rien à une petite fille curieuse. Ce qu'elle savait de la sexualité se limitait pour l'essentiel au mode poétique et elle avait entendu, en riant de bon cœur, la blague sur l'amour, mot inventé par les Juifs pour obtenir gratuitement ce qu'au bordel ou au coin des rues ils ne pouvaient obtenir qu'en payant. Éperdue, elle regardait au cinéma les lèvres des femmes se fondre dans celles des hommes, mais savoir ce qui se passait exactement une fois le baiser achevé, c'était de l'ordre de l'imagination.
Toujours attentif aux signaux du marché, Lev avait proposé plusieurs fois de lui dévoiler son zizi, à divers tarifs, mais ce bête vermisseau, posé timidement sur un petit sac à œufs, craintif à l'idée de fêler leur coquille, n'avait en rien pu l'éclairer. Une fois, Lev lui avait demandé mille lei (...) pour réveiller son vermisseau, et alors Golda avait contemplé la magie qui enchantait les femmes depuis la création du monde. Caressé comme il faut, stimulé depuis les chancelleries secrètes du cerveau, le vermisseau s'était redressé fièrement, avançant vers le public sa poitrine de danseur, les billes du sac s'étaient mobilisées elles aussi, prêtes à soutenir en coulisse l'évolution scénique du danseur étoile.
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On ne peut pas emporter son pays à la semelle de ses souliers, mais il reste toujours quelques chose dans le talon.
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Quand on a choisi la haine comme secteur d'activité, les pages de la Constitution ne servent qu'aux lieux d'aisances. (p51)
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Il se passe quelque chose de déplaisant qui perturbe la paix de Jacques Oxenberg. Il a toujours considéré l'antisémitisme comme une lubie passagère. Comme un modèle de chapeau ou une épingle à cravate qui donne un genre aux jeunes, mais ne peut leur donner indéfiniment, parce que les jeunes mûrissent et laissent place à d'autres jeunes...
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Dans les films réalisés à Hollywood, il y a un paquet de phrases standards. Quel que soit le film, elles sont obligatoires. L'une est : We need to talk. Elle est surtout prononcée dans la vie de couple ou en famille. Quand quelque chose ne marche plus comme il faut et qu'on ne peut absorber directement le sujet sans le secours de cette phrase. C'est un lubrifiant de communication.
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Les écrivains sont la voix de leur temps. Ils savent prendre parti, quand d’autres se cachent derrière leur petit doigt. Leur force se manifeste dans leur œuvre littéraire mais aussi dans leur vie de citoyen. D’autant plus évidente quand les temps sont nases. Comme à Iaşi avant la guerre. Qui ont conduite au pogrom. Ionel Teodoreanu avait su, certainement s’élever au niveau de son nom. Il avait, de plus été un brillant avocat. Dans un bureau saturé de Juifs.
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L'automne d'après le pogrom, certains sont rentrés chez eux ; ils étaient les seuls à savoir de quelles tanières ils sortaient. Des ombres écrasées par la culpabilité d'avoir survécu, comme au détriment de la majorité. Les autorités qui souhaitaient leur mort à l'entrée en guerre de la Roumanie demandaient à présent leur retour en ville, pour remettre l'économie locale sur ses anciens rails. Ca va mal quand les youpins sont là mais c'est pire quand ils ne sont pas là !
P. 270
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Venue de nulle part, Tincoutza apparaît triomphante, les bras chargés d'écharpes, de cravates, de taies d'oreillers et de culottes de couleur rouge, rouge bolchevique. - V'là c'qu' j'ai dégoté, chez ces bolchoviks!
Au-dessus de leurs têtes, des volumes incriminants d'Essenine, de Gogol, de Tchekhov, deux ou trois en édition bilingue, voisinant avec le subversif Petit Chaperon rouge, alias Chaperon bolchevique. Et quelques partitions de Tchaïkovski et de Rachmaninov.
P.180
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Un client hollandais a acheté une fois vingt-cinq tonnes de vinyles. Il a mis vingt-mille dollars sur la table pour vingt-cinq tonnes de musique. Un disque vinyle vous fait déguster un son authentic. Vous détenez l’art dans toute sa pureté. Réservé aux connaisseurs. Le disque vinyle c’est un drap lavé à la rivière. Peut-on le comparer à un drap sorti d’une machine automatique ?
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Une affaire de vêtements usagés. De deux sortes. Les vêtements avec story, les vêtements vintage pour ceux qui sont en crise d’identité. Et les « vêtements I’m sorry », les fripes ordinaires second hand, pour ceux qui sont en crise financière.
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Hitler peignait, lui aussi, de jolis paysages, et maintenant s'apprête à peindre des natures mortes,
Mortes pour de bon.
P. 98
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J'y apprends que la ville de mon époque estudiantine a subi les horreurs d'un pogrom au cours de la Seconde Guerre mondiale. Et quel pogrom ! 13 266 victimes, dont 40 femmes et 180 enfants. Selon le rapport n° 1503 du Service spécial d'information du 23 juillet 1943.

13 266 sur les près de 50 000 Juifs que comptait la ville. La moitié de la population totale de lași. Deux mois plus tôt, ils étaient encore 51 200, mais les plus inspirés avaient pris la fuite. Inversement, juste avant l'entrée en guerre de la Roumanie, il en était venu 3 000 à laşi. Suite à l'ordre d'évacuation de la population judaïque des villages.
Presque tous les juifs adultes furent massacrés au cours de ce pogrom.
P. 71 & 72
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Maman est partie. Elle a besoin de bruit, elle a besoin de la Roumanie. Des disputes avec papa. Et des réconciliations. Aux USA, je l'ai déjà dit, personne ne se dispute. Ils sont trop paresseux pour cela.
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Sache-le, Suzy, on n’emporte pas son pays à la semelle de ses souliers, mais on garde toujours un petit quelque chose dans le talon.
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Il existe en ce monde des sages-contrebandiers qui prétendent que rien n’est dû au hasard sous le soleil. Ils en ont la certitude. Ils ont reçu des garanties de Dieu en personne. Qui leur a expliqué le plan de développement de la planète. Tout est pensé d’avance, là-haut. Chaque événement important fait partie d’un projet céleste. Je ne suis pas d’accord. Au contraire, moi, je vois partout la main d’un ravaudeur. Il s’appelle hasard. Un tailleur qui sort d’une machine Singer contrefaite des vêtements qui ont l’apparence du neuf. En se servant de vieux morceaux usés. Un chiffonnier. 
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