Catherine Bensaïd

Obéir complètement au désir de l'autre pour soi, c'est comme la mort.

J'ai ma solitude, il a la sienne. « Il n'est pas bon que (l'homme soit seul », une fois qu'il a reconnu son « être seul », son être unique à être ce que suis. Je reconnais le un que je suis avant de pouvoir être deux. De m’ouvrir à l’autre, de m’unir à lui. Avant de me sentir unique pour un autre, je reconnais en moi ma propre unicité. Chacun a quelque chose qui est unique pour un autre.

La solitude est grande quand elle signifie l'absence d'un autre aimé, connu ou imaginaire. Elle peut devenir renoncement à aimer, à croire en l'amour de l'autre, aveu d'une incapacité à nouer une relation qui puisse répondre à ses besoins : choix du "rien" plutôt qu'avoir à subir un amour qui ne corresponde pas à la vision absolue que l'on a. (.....) nous portons en nous les liens qui nous font souffrir ; les fuir ne les fera pas disparaître.

L'attente se transmet, se perpétue, se transforme : on fait attendre comme on nous a fait attendre : Marylin, célèbre pour avoir souvent été en retard sur les tournages, l'était aussi chez son psychanalyste. Une fois, alors que ce dernier le lui reprochait, elle dit : "c'est comme ça. Depuis le début. Etre en retard, c'est s' assurer que l'on peut être remplacée et que les autres vous attendent, vous et personne d'autre". Elle donnera ultérieurement cette autre réponse : "ça me rend heureuse de me dire que je suis en retard. On m'attend ? On me veut. On n'y tient plus de me voir. Je me rappelle les années où personne ne me voulait, ne me voyait, ne m'attendait.

"Je suis une femme libre ?" je le suis autant que je le peux, pas autant que je le souhaiterais. Il est une liberté à acquerir, intime et intemporelle, celle qui permet à la femme de se defaire des souffrances et interdits qui entravent sa vie d'adulte. La liberté se recrée à chaque instant, elle est mouvement infini.

En chaque homme tu trouveras un point positif.
Même chez ceux qui t'apparaissent comme les pires mécréants.Inlassablement, généreusement, cherche,récolte, écoute...

Je ne concède à la maladie qu'une seule bonne raison d'exister, elle nous donne le temps de nous dire au revoir.

Toute expérience qui nous permet de nous confronter à nos peurs, et de nous en affranchir, est une experience qui nous fait grandir....."la préméditation de la mort est préméditation de la liberté" dit Montaigne

Un enfant ne peut se construire sans amour. La question qu'il se pose en permanence face à ses parents et ensuite face au monde est de savoir s'il est aimé.

« Le bonheur commence quand on ne demande pas à l'autre de nous rendre heureux. »

Face à un drame et un profond désespoir, l'écoute est silencieuse. Elle ne vient pas ajouter des bruits parasites aux douleurs existantes : elle n'impose pas un savoir ni une volonté de guérison, une vision pessimiste ou un a priori positif. Elle ne juge ni ne critique. Elle laisse l'espace libre pour que puisse s'épanouir la parole dans le temps qui lui est consacré. L'écoute silencieuse est l'écoute du silence au-delà des mots de ce qui ne peut être dit et qui fait mal : l'amour en souffrance.

Ne peut-on connaître un amour sans souffrance ? La passion, c'est un amour qui souffre, ce n'est pas un amour heureux : je ne suis pas heureux de t'aimer. La passion, je la porte en moi et elle me tue. Le désir est un amour heureux. Il porte la vie en lui. Ne peut-on rester maître du choix de sa vie ?
On a toujours le choix d'aller dans le sens de la vie. De ne pas être victime de sa vie, de soi. On a toujours le choix d'être. Être en vie, être de désir.

Quand tu me dis que tu m'aimes, quand je te dis que je t'aime, nous ne disons pas la même chose. Aussi, il n'est pas toujours facile de nous entendre. L'amour ne serait-il pas de nous mettre à l'écoute, l'un et l'autre, de cet amour qui nous rapproche et nous différencie ?

Mais la quête inquiète d'un amour qui n'est là que pour soigner notre peur de la solitude nous condamnerait à être seuls. Si l'on n'est pas déjà un, Comment pourrions-nous être deux ? Je n'attends pas de l'autre qu'il me donne vie. Je suis un être vivant qui rencontre un autre être vivant.

L'autre tient dans le creux de sa main une vérité de soi que l'on ne connaît pas, dans le creux de son oreille des mots que, seuls nous n'aurions pas entendus, dans le creux de ses bras une douceur que, sans lui, nous n'aurions jamais sue. Toute rencontre n'est-elle pas l'évidence d'une reconnaissance mutuelle ? Je te reconnais parce que tu me reconnais. Tu me reconnais parce que je te reconnais.

On dit que les adverbes - encore, toujours, même pas, jamais, décidément, au moins - sont les ennemis de la relation à deux.

Si pour celui qui donne le cœur n’y est pas, celui qui reçoit en exigera toujours plus. Et sans éprouver de réelle satisfaction. Comment sait-on que l'autre vous aime ? Ne le sait-on pas avec son cœur, au-delà de preuves tangibles ?

Tout cadeau, toute démonstration d'amour est réellement une preuve d'amour quand il est pensé pour l'autre, orienté vers son plus profond désir. Quand il est porté par un vrai sentiment d'amour

Si nous décidons de nous engager totalement dans ce que nous faisons, présents dans chacun de nos actes, concentrés et attentifs, patients et persévérants, nous prenons déjà du plaisir à ce que nous faisons, au moment où nous le faisons ; et… nous guérirons peu à peu de ces maladies de la pensée qui nous empêchaient jusque là de vivre.

Il faut paradoxalement prendre de la distance vis-à-vis de l’autre pour pouvoir s’en approcher ; trop près, il est impossible d’avoir la distance nécessaire pour le voir tel qu’il est…