AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cécile Oumhani (97)


Le silence a dépouillé nos gestes
Évidant cette absence à nous-mêmes
De la limaille d'un temps gaspillé

Restent les amarres tressées de lin fou
Et le retour de l'onde
Pour scander les monstres familiers
Commenter  J’apprécie          230
Cécile Oumhani
Le vent t'offre un lit de brume
et une barque pour franchir le fleuve
l'enfance de l'autre côté
danse dans sa robe de neige
et dresse une table pour toi
l'invitée des abeilles
tu rejoins le passé
dans le marc séché
d'un bol de faïence ébréchė

("Passeurs de rives")
Commenter  J’apprécie          192
Les langues sont des fleuves
et les fleuves sont chemins à notre errance
même les forêts et les arbres
s'écartent sur leur passage
sans que vents et tempêtes
puissent trouver à redire.
Commenter  J’apprécie          180
La mer est grise, sombre. elle se meurt en longues franges d'écume aux confins de la terre, tour à tour fauve ou noire. Le cœur de Kenza cogne dans sa poitrine. Ainsi l'autre rive est déjà là, prête à la reprendre en son sein.
Commenter  J’apprécie          170
Cécile Oumhani
Temps d’enfance



extrait 2

derrière la vitre fêlée
sans relâche la fenêtre tisse
sa toile de givre
chaque jour rattrapée
par l’aube moqueuse

le temps pour toi
d’apercevoir les lérots
encore endormis
enfouir le jour
sous leurs pelletées d’astres

rien n’a changé de place
ni le fauteuil en osier éclopé
où sommeillent trois chats tigrés
ni la table ronde qui boite
sous sa jupe de toile cirée

seules les cartes
ignorent où se trouve ta maison
toi l’éternelle navigatrice
d’océans perdus
sous des horloges gelées
Commenter  J’apprécie          120
L'été était aussi la saison des mariages. Le vent brûlant soulevait une poussière jaunâtre sur la route de montagne où résonnaient les tambours et les hululements des femmes. Leur cortège formait une ligne pourpre qui ondulait dans la lumière de l'après-midi. L'enfant avait vu parmi elles, le cheval qui transportait le palanquin rouge. Elle l'avait scruté, fascinée par les pans de tissu qui dissimulait la mariée aux regards.
Commenter  J’apprécie          120
Elle se souvient qu'elle sera seule aussi, quand elle sera en France, hors de portée des épanchements de sa mère. Bientôt elle sortira du bain et elle retrouvera la lumière du jour; la clarté des visages qu'aucune vapeur ne vient plus dissimuler. Les corps seront à distance, les chairs soustraites au regard et au toucher et le ciel sans limites.
Commenter  J’apprécie          110
Le peuple se tait
peuple silencieux
souffle suspendu
à peine contenu
digues prêtes à rompre
Commenter  J’apprécie          90
Le temps
Obscur compagnon. de la neige

Et ce souffle qui poudre les visages

Chaque heure plus légère plus lointaine
Seule trace de ce qui change

Etait-ce un saule
Ou encore un chemin de buis
Au versant d'une nuit inconnue?

Ou seulement cet imparfait
qui sera toujours à venir
brèche au point du jour
fine crevasse où laisse chuchoter
les mots des ruisseaux

Aujourd'hui
tu cherches en vain
dans tes tiroirs

Restent à la vitre
ces poussières
entre toi et le jour

Sables lointains ou miettes d'étoiles
souffle de funambules amoureux
vapeur de petits remorqueurs
bouts de robes taillées à même le ciel
corbeille de fruits à la table de l'ogre
qui vivait là-haut dans les nuages
impalpables tulles de trapézistes
Commenter  J’apprécie          82
« Je dirai que vos yeux ont mis mon cœur en cendres... »
Commenter  J’apprécie          80
L'enfant ne met plus de noms sur les visages qui ont veillé les premières années de sa vie, qui ont été la toile de fond des moments importants, ceux que l'on vivait tous ensemble.
Commenter  J’apprécie          80
Le printemps arrive. L'enfant devient plus pesant et l'entraîne au plus profond de ces obscures régions d'elle même. Le ciel est marbré de nuages et le vent agite les draps là-haut sur la terrasse. Dehors, le monde déborde d'échos et de rumeurs. Elle les entend, sans les rattacher à un visage ou à un geste qui relèvent de l'humain.
Commenter  J’apprécie          70
"C'est à son mari qu'on juge les qualités d'une épouse..." La phrase lancinante revient à intervalles réguliers dans la bouche des femmes. Un précepte fondamental à leurs yeux...Kenza le ressasse aux petites heures du matin. Elle prête à l'évocation de l'épouse idéale les traits de Saïda. Rite des vêtements, le matin, puis le soir. Saïda lave, étend, repasse, reprise, range. Saïda ouvre l'armoire vernie, la referme, sans voir dans la glace sa mine lasse, recrue de l'ennui du service de l'ombre. De l'armoire, elle sort le slip, les chaussettes, la chemise, le pantalon, la veste. Elle les dispose sur le lit. Elle les place de manière à ne pas froisser le linge soigneusement repassé. L'homme est là, au-delà du pli méticuleux, encore tenu à distance par l'odeur du savon qui uniformise les attributs de chacun. Ensuite, il y aura les enfants à préparer et il faudra les presser pour arriver à l'heure à l'école...
Commenter  J’apprécie          70
Il n'est pas d'heure pour écrire, ni de répit pour le texte. On écrit partout, dans la cuisine devant un bol de thé, dans son jardin devant la rhubarbe, en regardant les voyageurs assis dans le wagon du métro et aussi pendant les heures d'insomnie en scrutant le plafond de la chambre silencieuse. Parce qu'on n'écrit pas seulement devant une feuille ou un écran d'ordinateur, même si les mots, les images s'envolent comme l'oiseau dès qu'il se sait observé.
Commenter  J’apprécie          70
TOUCHER LA TERRE


Extrait 3

les choses cessent-elles d’être
ou bien restent-elles
noms familiers
dans l’attente d’une visite
bruits légers bribes de parfum
couleurs qui passent dans l’air de la nuit

floues sur les photos sépia
et pourtant
aussi reconnaissables
que l’écho de voix perdues
Commenter  J’apprécie          60
Écrire c'est aussi tracer un espace en marge des jours et des autres, parce que l'on signe un pacte avec les mots, celui par lequel on se donne entièrement à eux, quelle que que soit la nature élusive et fuyante. les mots surgis sur une page ne supportent pas la rumeur du monde et s'esquivent dès qu'une brèche est ouverte.
Commenter  J’apprécie          60
Cécile Oumhani
Le vent t’offre un lit de brume_
_et une barque pour franchir le fleuve_
_l’enfance de l’autre côté_
_danse dans sa robe de neige_
_et dresse la table pour toi_
_l’invitée des abeilles_
_tu rejoins le passé_
_dans le marc séché_
_d’un bol de faïence ébréchée_
Commenter  J’apprécie          50
Pas de geste dramatique pour clore son bref récit. Il semble même très calme. Sans doute déchargé d'un vêtement dont il avait oublié qu'il le portait et qu'il assombrissait chacun de ses jours sans remède possible, sinon celui qu'il a choisi aujourd'hui dans le jardin d'enfance de sa fille. Au cœur de ce qui vit jaillir sa vie, plus de danger, plus de crainte que se répète le destin pour une parole qui aurait été dite, alors qu'il fallait la taire. Au nom de ces obscurs codes magiques qui s'emparent de nous, quand l'intolérable, l'incompréhensible surgit et qu'il faut coûte que coûte en protéger ceux qui restent.
Commenter  J’apprécie          50
Le bras de sa mère soulève la petite casserole de cuivre où elle fait le café du matin. Elle voit l'avant-bras sortir de la manche brodée qui retombe... Lisse, doux, si doux. Et puis, plus rien. Seule l'odeur du café lui revient. Le reste a disparu. Gommé, évanoui... Des tonnes d'heures l'ont ensevelie de poussière. Des minutes, des secondes qui s'émiettent sans fin... Et la voix retentit parfois depuis le fond de la nuit, là où des arbres s'égouttent sous une pluie d'été. La voix d'Yllka, sa mère... A-t-elle cessé d'appeler sa fille ? Elle entrevoit un pan de sa robe lilas. Une vision qui s'attarde dans un jardin mouillé... Parce qu'au-delà de sa mémoire, Yllka fait peut-être encore le café du matin dans une cuisine quelque part à la surface de cette terre...
Commenter  J’apprécie          50
Écrire c'est aussi tracer un espace en marge des jours et des autres, parce que l'on signe un pacte avec les mots, celui par lequel on se donne entièrement à eux, quelle que que soit la nature élusive et fuyante. les mots surgis sur une page ne supportent pas la rumeur du monde et s'esquivent dès qu'une brèche est ouverte.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cécile Oumhani (103)Voir plus

Quiz Voir plus

Mordus de vampires, crocs en tous genres

Quel écrivain est le papa du célèbre Dracula?

Shakespeare
Bram Stoker
Anne Rice
William Blake
Emile Zola

13 questions
125 lecteurs ont répondu
Thèmes : vampires , bit lit , fantastiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..