AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Charles Perrault (415)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Belle au bois dormant

Veuillez vous lever: la Cour !

Mesdames et messieurs, nous débutons aujourd'hui, au Château d'Ussé, le procès du Prince Charmant, accusé d'avoir embrassé la jeune Aurore, sans son consentement...

Elle était endormie et, fait accablant, mineure au moment des faits...



-Madame la procureure?

-Madame la présidente, mesdames et messieurs du jury. Il y a séduction et agression sexuelle sans consentement formel, abus de faiblesse sur mineure, car la jeune Aurore n'était pas réveillée au moment de l'acte, du baiser...

Sans parler de violation de domicile, de plus la robe de la jeune fille était retroussée! Pire, elle était toute décoiffée...



-La parole est à la défense !

-Le Prince Charmant parle d'une malédiction, envers une jeune fille, (même si elle n'a que 16 ans) et qu'il n'a fait que son devoir de Prince, son "Job". Car cela faisait 100 ans qu'elle l'attendait, Lui, son "Prince Charmant!"

-Objection votre honneur! La défense veut nous faire croire aux contes de fées !



-Voyez donc la jeune Aurore, comme ses yeux enamourés contemplent le Prince, son Prince! Il n'y a pas lieu, dans ce prétoire, de juger de l'attirance entre 2 jeunes gens... Sans l'intervention du Prince, cette jeune fille serait encore endormie et prisonnière d'un sort.

Et justement, qui a porté plainte? Pas Aurore, mais une fée, c'est encore et toujours de la jalousie! Maléfique qui n'a pas réussi à empêcher la réunion de ces deux êtres que le Destin et l'Amour ont ...



-Réservez vos effets de manche, maître. Cependant, ce Prince Charmant a déjà sévi, il me semble, auprès d'autres princesses!

Une Blanche...



- Votre honneur! Une oie blanche, cette Blanche Neige, mesdames et messieurs. Enfin, écoutez donc ce que Blanche Neige et les autres filles chantaient:

"Un jour, mon Prince viendra..."



- Justement, nous parlons de cela! Ce sort, cette charge mentale qu'on jette sur les jeunes filles en leur faisant croire, qu'elle doivent se marier (avec un Prince Charmant ou n'importe qui, du moment qu'elles se marient...)



-Enfin, le Prince Charmant reconnaît les faits et il est prêt à consentir au mariage (pour une fois). Pourquoi ce procès ? Mon client risque d'être transformé en Crapaud, à perpétuité, en cas de condamnation...



Pourquoi ne pas donner la parole à Aurore?

Écoutez la, elle chante:

- ❤️"Mon amour, je t'ai vu au beau milieu d'un rêve ! Mon amour, un si doux rêve est un présage d'amour 💞. La la la"



Et vous mesdames, messieurs du jury, quel est votre verdict ? le Prince est-il coupable de détournement de mineure, entre autres ?
Commenter  J’apprécie          10816
La Barbe-bleue

Un homme. Seul, mystérieux, inquiétant et qu'une barbe de couleur bleue n'invite pas à trouver beau.

Une voisine ayant deux filles. Belles à croquer...

Aucune d'elle ne pourrait désirer un tel époux.

Quelques réceptions, quelques délices, la tête qui tourne, au point que l'idée d'un mari à pilosité indigo n'aurait plus rien de surprenant.

La noce est faite, la messe est dite, c'est la cadette qu'on accrédite.

L'homme est fortuné et s'il est bien luné, pas trop dur à vivre.

Il ne regarde pas à la dépense, libéral sur ses richesses, mais quand il interdit, son ton devient vibrant, froid et effrayant comme une sentence.

Il doit partir, faire un voyage, pour une affaire, pour un contrat, nul ne sait, ce n'est pas bien grave, ce n'est que pour quelques jours.

L'élue a toutes les clefs, celles qui ouvrent tout, même celle qui ouvre ce qu'il ne faudrait pas.

Il avait dit non, elle avait été prévenue. Quel est donc ce démon qui pousse à passer outre les interdits les plus stricts ?

Il va s'en rendre compte, c'est inévitable et qui sait ce que peut faire un homme dont la confiance a été trahie ?

Elle en a bien une vague idée, après avoir tourné la clef. Mais c'est trop rude, mais c'est trop cru, c'est trop injuste. C'est terrifiant et trop rouge sang.

Vite ! Gagner du temps ! La grande sœur en sentinelle...

Et les autres ? Sauront-ils venir à temps ?

Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?



Si, ma sœur, je vois venir le temps du changement, celui où il est fini qu'un homme ait droit de vie ou de mort sur sa compagne. Fini le temps des sentences irrévocables et des peines disproportionnées.

Mais c'est un lent processus. Très lent, de l'ordre de centaines d'ans, mais doucement, tout doucement les mœurs évoluent, et un jour peut-être, les femmes seront égales aux hommes. Grand bien leur fasse si elles savent ne se point montrer l'égal des mâles en cruauté, mais ça c'est une autre histoire et mieux vaut, là-dessus comme en général (et dans ce conte en particulier), ne pas être trop curieux, car à ouvrir des portes et des boîtes de pandore, nul ne sait ce qui pourrait bien arriver...



Pour le reste, un petit conte que j'aime beaucoup, probablement l'un de mes préférés de Perrault. Un petit conte qu'on pourrait presque appeler philosophique, tellement il se prête aux interprétations. J'aime y voir une évocation de la condition de la femme et une invitation à savoir se contenter de ce que l'on a sans chercher à être trop gourmand ou à trop vouloir exhumer le passé. Mais il y a encore mille autres interprétations possibles de ces quelques pages qui ont la vie longue, et c'est tant mieux. Seulement voilà, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose, et le meilleur de tous, sera toujours le vôtre, celui qu'on se forge lentement, avec son soi intime et ses influences propres.



P. S. : quelle est la part d'un conte comme Barbe Bleue dans l'inconscient collectif et quel est le degré d'apparentement qu'il peut avoir avec une scène comme celle de la douche, par exemple, dans Psychose d'Alfred Hitchcock ?
Commenter  J’apprécie          975
Riquet à la Houppe

Riquet À La Houppe n'est pas, et loin s'en faut, le conte le plus connu de son fameux auteur Charles Perrault. J'aimerais pourtant attirer votre attention sur ce conte que je trouve assez injustement négligé, notamment par rapport à ses petits frères du recueil : Contes De Ma Mère L'Oye.



C’est en effet un bien joli conte, féerique et philosophique comme je les aime, et qui, pour ne rien gâter et puisque ce n’est pas toujours l’habitude de la maison, se termine assez bien.



(Je me permets, bien que c'en soit presque indécent, pour les deux ou trois dont je faisais partie il n'y a pas si longtemps encore et qui ne connaissent pas ce conte, d’en rappeler succinctement le synopsis.)



Riquet est le fils d’une reine. Il est malin comme tout, plein d’esprit, mais il a le malheur de naître laid comme un pou et affublé d’une mèche de cheveux quelque peu disgracieuse, d’où son surnom de Riquet à la houppe.



Une fée a néanmoins pris le temps de se pencher sur son berceau et rassure l’infortunée génitrice d’un tel paquet mal ficelé en lui assurant qu’en grandissant, il aurait le pouvoir de donner de l’esprit, autant que lui en possède à la personne qu’il aimera.



Dans le même temps et non loin de là, une autre reine donne successivement naissance à deux filles. L’aînée, belle comme un cœur et bête à manger du foin ; la cadette, laide à faire peur mais spirituelle comme pas deux.



En grandissant, tant leurs qualités que leurs défauts s’accroissent à telle enseigne que tout le monde s’émerveille de la beauté de l’aînée tout en reconnaissant l’étendue sans fond de sa bêtise, tandis que la triste figure de la cadette n’a d’égal que la subtilité de son propos.



Ce faisant, en société, après quelques minutes, les convives ont tôt fait de se tourner vers la cadette dont on peut presque oublier les traits lorsque viennent les paroles, tandis que l’aînée se trouve vite délaissée lorsqu’elle ouvre la bouche.



La mère se lamente de cet état de fait et, comme elle aussi reçoit la visite de la fée qui distribue les qualités, demande s’il n’y aurait pas moyen de transvaser un peu de l’esprit de la seconde en la première et réciproquement pour la beauté des traits.



Mais non, il n’y a pas moyen. Nonobstant, une fée usurperait sa réputation si elle n’était capable de quelque magie bienveillante ou sortilège avantageux. Aussi, rassure-t-elle la reine en lui confessant que sa fille aînée aurait le pouvoir de rendre belle la personne qui lui confiera son amour.



Je vous laisse deviner ce qui pourrait bien advenir et loue encore une fois la finesse du propos de Perrault qui met le doigt sur le processus d’aveuglement que génère l’édification d’un sentiment amoureux.



Une belle morale à méditer, mais ce n’est là que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          952
Les fées

Les Fées, tout en étant un très, très grand conte classique de Charles Perrault est peut-être le moins célèbre des huit contes qui constituent le fabuleux recueil qu'il intitula Contes De Ma Mère L'Oye.



La raison de cette (très) relative mauvaise fortune de ce conte par rapport aux autres, je l'ignore. On constate que c'est l'un des plus courts du recueil (le deuxième plus court pour être exacte) et il aurait pu être tentant de faire un rapprochement entre sa brièveté et sa popularité. Or, force est de constater que l'explication ne tient pas puisque le conte le plus court (Le Petit Chaperon Rouge) est quant à lui le plus célèbre, donc, mystère.



Il est vrai que la mécanique de ce conte est fort simple, mais ce n'est pas une exception. Jugez plutôt : une veuve marâtre, deux filles, l'une choyée, l'autre exécrée qui est le bouc émissaire du foyer. Bonne à tout faire, surtout si la tâche est pénible, la malheureuse enfant est envoyée, un jour, chercher de l'eau dans une fontaine au loin ; ouvrage ingrat s'il en est.



Au pied de la fontaine, la bonne fille croise une vieille dame qui lui quémande de l'eau. Malgré les mauvais traitements qu'elle subit, la jeune fille est douce et secourable et n'hésite donc pas à rendre service à l'étrangère.



Étrange, cette étrangère, car elle est en fait une fée camouflée en ancêtre et elle remercie sa bienfaitrice en lui octroyant un don : celui d'engendrer dans sa bouche des fleurs et des pierres précieuses à chacune de ses paroles. (Un drôle de don vous avouerez, surtout quand on parle la bouche pleine !)



De retour chez elle, la marâtre s'émeut positivement de cette métamorphose subie par sa fille honnie. Mise au courant de la cause de ce changement, elle n'a de cesse d'envoyer sa fille favorite quérir pareille aptitude.



L'inconvénient, bien sûr, c'est que quand on est une mauvaise fille, il est dur de convenir à une fée, et celle-ci, si elle lui fait l'offrande d'un don, il n'est pas forcément celui qu'elle aurait souhaité. On peut même carrément dire que cela pose quelques problèmes à la mauvaise fille, lesquels problèmes je vous laisse découvrir si vous ne connaissez pas le conte.



Je signale au passage que dans cette version Magnard, la fin a été notablement modifiée et adoucie, pour la vilaine des deux filles, car initialement, Perrault lui avait taillé un autre sort, plus terrible et plus expéditif…



En somme, encore un beau conte, de cette plume alerte au parfum suranné qui nous ravit tant, qui est au conte ce que les tragiques grecs sont au théâtre. Une morale toujours plus subtile qu'il n'y paraît de prime abord.

Je ne parle pas trop des illustrations qui sont pourtant bien sympa car il existe une multitude de versions et d'éditions différentes de ce conte (rien que pour Magnard, au sein de cette même collection, il y a eu deux tirages avec deux illustrateurs différents). J'ajoute au passage que j'aime beaucoup cette collection Magnard des grands classiques en version album et adaptés pour la jeunesse.



Donc, pas mon conte de Perrault favori, mais bien plaisant tout de même, et d'ailleurs, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          890
Cendrillon

" Cendrillon ou la Petite Pantoufle de Verre " est un conte traditionnel parmi les plus célèbres au monde. La multinationale Walt Disney production en a tiré un film, somme toute, assez fidèle au conte (sauf peut-être le rôle de la marâtre qui est notoirement plus développé dans le dessin animé) et qui a eu un succès suffisamment retentissant pour faire encore rêver des générations de petites filles, voire même, un peu plus grandes.

Alors, quoi lui reprocher à ce conte ? Est-il besoin de lui reprocher quelque chose ? Alors pourquoi ne m'emballe-t-il pas s'il n'y a rien à lui reprocher ?

Il s'avère que lorsque je l'ai lu à ma fille, je me suis sincèrement posée la question du sens, la signification intime de ce conte. Charles Perrault y a bien collé une moralité mais qui n'est pas des plus convaincantes à mes yeux.

Qu'est-ce qu'elle m'évoque cette histoire ? Qu'il vaut mieux être belle et gentille que moche et méchante ? Ok, merci Charles, mais je n'avais peut-être pas besoin d'un conte pour m'en faire prendre conscience.

Alors quoi ? Que quand on se donne du mal et qu'on accepte son sort sans sourciller il y a toujours la bonne fée du destin qui vous écoute à un moment ? Désolée M. Perrault, mais ça ne prend pas avec moi et je n'en crois rien. D'ailleurs les deux garces de frangines ont même été récompensées alors qu'elles ont commis les pires vacheries à l'endroit de Cendrillon.

Non, tout ça ne tient pas. Peut-être faut-il juste en retenir que tous, à un moment donné de notre existence, nous avons une opportunité prometteuse qui se fait jour et qu'il faut savoir saisir ? Ouaip... ouaip... toujours pas très convaincue la Nastasia et le coup de la " bonne grâce " qui est un trésor sans prix, comme il dit, m'évoque surtout le beaucoup plus réaliste " trop bon, trop con ".

L'hypothèse la plus probable alors, serait d'en comparer la signification profonde avec celle d'un autre conte de Perrault, Le Chat Botté, où le message peut s'interpréter comme le passage d'une enfance pas forcément heureuse, où sa place dans la famille est irrémédiablement mineure, à une vie adulte plus épanouie, et cela, pas l'entremise d'un bienfaiteur qui vous ouvre les portes d'un monde " meilleur ". Mais là encore, ça reste à voir...

Bref, pas la peine d'en rajouter encore pendant des pages, ce conte ne m'emballe décidément pas, et l'écriture, grand point fort d'ordinaire chez Perrault, n'est pas non plus, à mon goût, des plus mémorables. Cependant, vous aurez compris, une fois encore, que tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
Commenter  J’apprécie          860
Le Chat botté

Étonnant ce Chat ! et pas surprenant que les Américains en raffolent.

C'est vrai, quoi. Un vrai condensé de rêve américain : un brave petit gars (fils de meunier en l'occurrence), parti de rien, si ce n'est sa belle gueule et un agent à son service (le Chat en l’espèce).

Son acolyte et lui ne reculant devant aucun mensonge, ayant de l'audace, du savoir faire, prenant quelques risques, échangeant de beaux sourires ici ou là, et tout à coup paf ! ; l'affaire est dans le sac ; les millions tombent à flot ; vous êtes reçu auprès des grands de ce monde et les sublimes héritières se damneraient pour vous.

La morale ? quelle morale ? qu'est-ce qu'il vient me parler de morale celui-là ? je parle business, il me parle morale. On s'en fout de la morale.

Efficacité, rentabilité, succès. Voilà ma morale, proudly made in the USA, and I fuck everything else !

De fait, ce conte ne peut être que séduisant pour un Américain moyen. Et chez nous, qu'en est-il ? Et bien là je m'interroge, pour être franche.

Il y a une efficacité et un pouvoir d'édification certains dans cette histoire. On vous dit que rien n'est joué d'avance, que la vie sera ce qu'on saura en faire. On vous dit qu'il ne faut pas trop se soucier de la marque du vélo pour arriver à vos fins, on vous dit même que le succès et au bout du mensonge et de la manipulation.

Certes, c'est sûrement assez vrai dans l'absolu, le monde est aux roublards, aux faussaires, aux manipulateurs, aux menteurs, mais tout de même, professer ces principes à nos enfants... Je ne sais pas, je dois être trop naïve ou trop rêveuse, ou trop idéaliste pour m'y faire. Ce n'est pas cette façon d'agir dans le monde que je souhaite transmettre, même si c'est efficace.

Bien sûr c'est bien d'avoir de l'espoir, de se dire que tout n'est pas joué dès le berceau, qu'on a notre part de libre initiative, notre potentiel à entreprendre qui viendra contre-balancer nos avantages ou nos handicaps du départ. Mais, cela aussi, je n'y crois qu'à moitié.

Bref, un conte qu'il convient de connaître et de méditer, mais pas forcément dans le sens prescrit. Du moins, c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : suite à quelques échanges que j'ai eus avec Junie, notamment, et qui fort légitimement s'indigne de mes doutes sur les valeurs véhiculées par ce conte, je tiens à préciser que ce conte de Perrault est en fait une nouvelle mouture (nouvelle pour l'époque, j'entends) d'un conte italien où la fin était encore plus ambiguë et retorse.

Pour salaire de ses bienfaits, l'ex-roturier promettait au chat de lui édifier un cercueil en or au jour de sa mort. N'étant pas d'un naturel à passer à côté d'une si belle occasion, le chat invente une nouvelle supercherie afin de faire croire à sa mort et jouir de l'or de son cercueil. Malheureusement, celui-ci se rend compte que son maître, le croyant mort, ordonne de faire jeter son corps aux ordures. Donc, un conte tellement moral que même Perrault a eu quelques scrupules à faire une telle apologie du vice et l'a un peu édulcoré en tronquant le tournant final et en se creusant abondamment la cervelle pour y trouver une quelconque forme de moralité.
Commenter  J’apprécie          8315
Peau d'Ane

ATTENTION ! Je ne parle ici que du texte seul de Charles Perrault et pas des multiples et innombrables versions illustrées plus ou moins remaniées quant au texte initial.

Voici donc l'un des plus célèbres contes de Perrault, le troisième qu'il ait écrit et le premier, à proprement parler, conte "de fées" aussi bien pour son auteur que pour la littérature de langue française.

Le fait que plus de trois siècles après sa première parution ce conte soit encore régulièrement repris au cinéma ou sous diverses formes littéraires ou spectaculaires suffit sous doute à prouver son succès et la durabilité de son impact.

Le fait qu'il ait initié la mode de tout un genre littéraire sert également à juger de son aura.

L'histoire, battue et rebattue, narre les déboires d'un couple royal dont la sublime reine se meurt et sur son lit de mort fait jurer à son royal époux de ne point se remarier avec une quelconque prétendante dont la beauté serait inférieure à la sienne, espérant par là qu'il ne se remarierait point tout court.

Après une brève période de deuil, le fougueux monarque se sentant du feu dans les veines et peut-être même ailleurs se lance en quête d'une digne prétendante mais... en vain.

Le subtil stratagème de la défunte épouse serait presque imparable si elle n'avait au préalable donné naissance à une fille en tous points semblable à elle et, de l'avis de tous, supérieure encore.

Peu regardant sur les risques héréditaires d'un tel appariement incestueux, le roi est tout disposé à épouser sa propre fille, laissant la frêle jeune femme dans un effroi sans nom.

L'adorable enfant se rend alors près d'une marraine, sans doute un peu foraine, un peu bohème et un peu magicienne. Cette dernière conseille à la princesse de demander au roi des robes d'une étoffe telle qu'il ne s'en peut trouver.

Mais, fort d'une richesse sans borne issue de l'anus luxuriant d'un quadrupède à longues oreilles dont les fientes à haute valeur vénale ne font braire personne, le roi parvient sans peine à accéder à chacune des demandes de sa fille en matière textile, quelque improbable qu'elle soit.

La marraine, devant ces échecs stratégiques à répétition, conseille alors le tout pour le tout, demander carrément la toison de l'âne pondeur aux vertus alchimiques intéressantes, certaines que le roi hésitera à sacrifier sa source unique de guano d'or.

Or (c'est le cas de le dire), si elle manie fièrement la baguette, cette fée ne vaut pas la première boulangère venue quant à la psychologie humaine et royale en particulier car le magnanime souverain n'hésite pas à faire remettre à sa fille la crasseuse peau du baudet au croupion fertile quitte à y perdre du même coup l'opulence dont il parait sa cour.

Fuir ! Fuir ma belle ! Voilà ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas coucher avec ton géniteur.

Fuir, couverte de son drap de honte ; fuir, couverte de cette vilaine peau d'âne qui la dissimule aux regards ; fuir le plus loin possible au plus sombre de n'importe quel bouge infâme quitte à se faire traiter de souillon.

La semaine durant elle laisse les senteurs troubles autant qu'animales envelopper son corps pour dissuader quiconque de risquer une approche. Mais les dimanches venus, recluse au fond de sa chambrette glauque, après un brin de toilette elle revêt les joyaux de ses plus belles parures, si péniblement acquises.

Je vous laisse encore la fin en suspens, où il sera une nouvelle fois question d'essayages, un peu à la manière de Cendrillon.

On reconnaît clairement dans certains passages la parenté entre Peau D'âne et plusieurs autres contes : Cendrillon, bien sûr comme je viens de le mentionner, mais aussi La Belle Au Bois Dormant (la reine jalouse) ou encore Les Fées (la fille qui accepte son sort sans sourciller).

Dans ce travail précoce sur le conte, Perrault, avec cette forme rimée et cette morale, reste assez proche du genre la fable, mis en pleine lumière à l'époque même par l'inévitable La Fontaine. Il saura s'en détacher un peu par la suite avec ses histoires en prose des Contes De Ma Mère L'Oye.

Ce conte a peut-être tout pour plaire, c'est un fait, mais il ne me plait guère et la raison en est probablement sa morale qui me fait bondir.

Très empreinte d'abnégation chrétienne, du nécessaire devoir d'accepter sans broncher de se laisser trainer dans la boue si nécessaire, que la vertu est toujours récompensée (sous entendu, si ce n'est sur Terre, ce sera au Ciel), bref, les bons sermons à deux balles distillés par l'Église du temps de sa toute puissance et qui m'horripilent au plus haut degré.

Voilà pourquoi j'émets quelques lourdes réserves sur ce conte des origines, pas mal pour le reste, mais pas non plus sensationnel. Néanmoins (et oreilles en plus), je coiffe mon bonnet d'âne pour vous bien signifier que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire pas nécessairement plus que ce qui sort d'un tube digestif de quadrupède — normal j'entends — à savoir, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          780
La Belle au bois dormant

La légende veut que ce soit en séjournant au Château d’Ussé que Charles Perrault ait eu l’inspiration d’écrire La Belle Au Bois Dormant. Peut-être n’est-ce là qu’un conte à dormir debout même pas auprès d’un bois, peu importe. Ceci continue de générer quelques substantiels bénéfices sur place au château et les petites filles, peu soucieuses en réalité des vérités historiques, y trouvent tout à fait leur compte.

J’ai eu l’occasion de le tester avec la mienne lors du circuit de ronde où tout y est clairement aménagé dans l’esprit Disney avec même la musique du film (non, non, pas celle de Tchaïkovski, celle de Disney, car il faut la VRAIE musique que les petites filles mondialisées connaissent).

Malgré tout ce que ma fibre résolument hostile à toute forme de mercantilisme culturel en pense, force est de constater que les enfants adorent, que le château est effectivement propice au débridement de nos songeries moyenâgeuses et que le conte de Perrault, en lui-même, présente quelque intérêt.

C’est ce dernier point qu’il convient de développer ici. Tout d’abord, il s’agit du conte qui ouvrait le recueil dans lequel il figurait originellement et qui était le plus long avec Le Petit Poucet, qui lui, clôturait l’ouvrage.

Ce n’est donc probablement pas totalement un hasard s’il occupe cette position. C’est également le conte où l’on entend le plus clairement, au détour de quelques remarques apparemment anodines, les quelques échos de la pensée propre de l’auteur, notamment sur les gardes suisses et leur penchant avéré pour l’alcool, les effets de mode vestimentaire, etc.

C’est aussi l’un des contes dont la valeur symbolique est la plus facile à déchiffrer (quoiqu’il faille toujours se méfier de ce qui a l’air facile).

On nous parle d’une jeune fille qui, malgré ses atours, doit savoir se montrer patiente afin de rencontrer celui qui lui conviendra. (C’est la partie « Disney » du conte, reprise sous forme gnan-gnan par les frères Grimm.)

On nous dit également que la jeune mariée devra apprendre à se méfier de sa belle-mère, qui restera, tant qu’elle vivra, une rivale potentielle. (C’est la partie qui est totalement éludée du conte dans le dessin animé et dont les frères Grimm ont remixé les ingrédients pour en faire Blanche-Neige.)

Donc, derrière ces monceaux de présages et de féeries, il y a des réflexions, somme toute, très terre-à-terre sur les combinaisons du mariage et les réjouissances à en attendre dans la belle-famille. Ces avertissements et mises en garde seront renforcés dans Cendrillon où l’on expliquera, au surplus, qu’il faut également se méfier de sa propre famille, et dans Barbe-bleue et Le Petit Chaperon Rouge où l’on s’appesantira davantage sur les qualités possibles du mari. Tout un programme et un véritable conte de fées pour nous mesdames...

En tout les cas, une version assez plaisante à privilégier en priorité par rapport à celle des frères Grimm qui, selon moi, ne l’égale pas, mais ce n’est là encore que mon avis, c’est-à-dire, bien peu de choses.
Commenter  J’apprécie          784
Le Petit Poucet

La question sans cesse se pose, avec les grands hommes, de savoir s’ils sont L’Exception ou au contraire, la suprême représentation d’une Tendance. Dans le premier cas il faut les imaginer tels de gigantesques acacias au milieu des platitudes arides de la savane. Dans le second, il convient de les percevoir comme n’ayant rien d’exceptionnel mais simplement comme d’éminents représentants enchâssés dans les volumes d’une forêt épaisse.



Force est de constater que souvent l’histoire a la mémoire courte et que, de la lame injuste de son amnésie, elle a l’habitude de tronçonner tous les congénères qui croissaient auprès des grands chênes majestueux. Tant et si bien que, des années plus tard, l’imaginaire populaire perçoit tous ces grands chênes, survivants du déboisement de l’oubli, comme des acacias dans une savane.



Il en est ainsi de Shakespeare qui trône bien seul dans le pourtant foisonnant théâtre élisabéthain, mais également de Darwin dans la mouvance des évolutionnistes d’alors, ou même, dans un tout autre registre, de Jésus parmi les multiples clivages du judaïsme de son époque. C’est comme ça, l’histoire oublie les seconds, sauf Raymond Poulidor.



Si l’on en vient à parler du conte en tant que genre littéraire, c’est-à-dire bien après les origines mêmes du conte, forme orale par excellence, et dans la tendance qui a consisté à en proposer une forme écrite, on est bien obligé de reconnaître que Charles Perrault n’a rien d’un initiateur. On peut sûrement même défendre qu’il est un suiveur tardif qui s’est adonné, de plus ou moins mauvaise grâce, à un effet de mode qui faisait fleurir et s’épanouir ce genre littéraire au XVIIème siècle.



Pourtant, de nos jours, aussi loin qu’on se souvienne, aux origines du conte, il y a CE conte. Cet éternel Petit Poucet, l’archétype du conte avec tous les ingrédients d’une recette savoureuse : un opprimé, sorte de personnage récurrent qui campe le petit malheureux, qui cumule sur ses maigres épaules le poids de lourdes injustices, il y a le parent impitoyable, chez Perrault se sera vraisemblablement un homme, chez les frères Grimm une marâtre, il y a la forêt effrayante et le cortège de fantasmes terrifiants qui l’accompagne, notamment la possibilité de tomber nez à nez avec un loup (dans la tradition orientale, il s’agit presque toujours d’un tigre) ou des brigands, il y a le personnage imaginaire et ses pouvoirs magiques comme ici l’ogre, mais qui peut également être une fée ou une sorcière et enfin, il y a l’accessoire décisif, ici, les bottes de sept lieues.



Quand on fait, comme je viens de le faire, le compte des ingrédients constitutifs de ce conte, l’on ne s’étonne plus qu’il fasse figure de référence, de point origine des abscisses et des ordonnées du repère où évoluera désormais ce genre littéraire bien particulier.



Pourtant, l’on a tort de croire que le conte doive se résumer à cela, à une version plutôt enfantine ou au merveilleux. C’est d’ailleurs ce que Maupassant a bien compris en exploitant ce filon. Si l’on considère attentivement une histoire comme Madame Baptiste, est-ce si différent d’un conte de Perrault ? Là aussi tous les ingrédients sont réunis, mais on s’y laisse prendre car l’auteur a rendu floue la frontière entre conte et nouvelle et, surtout, il ne s’adresse pas à des enfants.



Il en est de même pour les contes philosophiques, qui s’inscrivent pleinement dans la tradition de Charles Perrault, mais qui, eux, mettent davantage l’accent sur la double lecture et la moralité, qui est pourtant l’un des grands talents de Perrault, notamment quand on le compare à la sombre balourdise des versions que les frères Grimm ont proposées de ses contes, dépouillés de la finesse et de l’ambiguïté d’interprétation qui en faisait le charme.



Je ne vous apprends rien probablement en précisant que ce conte, l’un des plus connus de Charles Perrault, est le géniteur direct de l’un des plus connus de Jacob et Wilhelm Grimm, à savoir, Hansel et Gretel. Vous ne serez probablement pas surpris non plus d’apprendre que ma préférence va à celui-ci plutôt qu’à sa doublure, et ce sans chauvinisme aucun.



En outre, souvenez-vous. Qu’est-ce que tout ça ? Une suite de petits cailloux blancs qui ne mènent qu'à mon avis, c’est-à-dire, point grand-chose.
Commenter  J’apprécie          777
Contes de Perrault

On trouve généralement regroupés, dans les diverses éditions disponibles, sous l'appellation " contes ", en ce qui concerne Charles Perrault les 8 contes en prose avec morale en vers qui constituent Les Contes De Ma Mère L'Oye auxquels viennent s'adjoindre un (rare), deux (fréquent) ou trois (rare) contes en vers qui sont légèrement antérieurs aux huit précédents.

Les deux contes en vers les plus fréquemment inclus sont évidemment Peau D'Âne et communément Les Souhaits Ridicules. On rencontre parfois Griselidis mais pas à chaque fois, et je dirais même, pas très souvent.

Les huit contes en prose sont bien évidemment La Belle Au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe Bleue, Le Chat Botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet À La Houppe et Le Petit Poucet.

Pratiquement tous ces contes peuvent aussi se trouver à l'unité chez une myriade d'éditeurs jeunesse, sauf peut-être Les Souhaits Ridicules. Voilà pourquoi je vais commencer par vous parler de ce conte.

C'est une forme encore très bâtarde, à mi-chemin entre la fable de type La Fontaine et le conte, qui prendra une forme canonique traditionnelle et dont Le Petit Poucet pourrait être cité à titre d'exemple typique.

D'ailleurs, l'amorce des Souhaits Ridicules rappelle beaucoup la fable intitulée La Mort Et Le Bûcheron. On y rencontre donc un misérable bûcheron, gémissant et courbé, marchant à pas pesants. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? Je vous le demande : rien ! nada ! que dalle ! peau de zobi !

Il peste contre le sort et la malchance qui s'acharnent sur lui. Si seulement un jour il avait de la chance !

Or, par une entremise céleste, sa requête va être entendue et il lui sera permis de formuler trois vœux, mais trois seulement. Passée cette triple aubaine, il devra retourner à la vie sans sortilèges.

La bonne affaire, vous dites-vous ? Sans doute, mais voilà déjà un vœux de grillé en boudin, parce que le vieux voulait se taper du boudin à tout prix.

Imaginez le sourire de sa bergère quand elle apprend comment son idiot de mari gaspille ses vœux en aune de boudin !...

Bref, un conte drôle et très atypique loin du canon initié par Peau d'Âne. L'histoire de Peau D'Âne, battue et rebattue, narre les déboires d'un couple royal dont la sublime reine se meurt et sur son lit de mort fait jurer à son royal époux de ne point se remarier avec une quelconque prétendante dont la beauté serait inférieure à la sienne, espérant par là qu'il ne se remarierait point tout court.

Après une brève période de deuil, le fougueux monarque se sentant du feu dans les veines et peut-être même ailleurs se lance en quête d'une digne prétendante mais... en vain.

Le subtil stratagème de la défunte épouse serait presque imparable si elle n'avait au préalable donné naissance à une fille en tous points semblable à elle et, de l'avis de tous, supérieure encore.

Peu regardant sur les risques héréditaires d'un tel appariement incestueux, le roi est tout disposé à épouser sa propre fille, laissant la frêle jeune femme dans un effroi sans nom.

L'adorable enfant se rend alors près d'une marraine, sans doute un peu foraine, un peu bohème et un peu magicienne. Cette dernière conseille à la princesse de demander au roi des robes d'une étoffe telle qu'il ne s'en peut trouver.

Mais, fort d'une richesse sans borne issue de l'anus luxuriant d'un quadrupède à longues oreilles dont les fientes à haute valeur vénale ne font braire personne, le roi parvient sans peine à accéder à chacune des demandes de sa fille en matière textile, quelque improbable qu'elle soit.

La marraine, devant ces échecs stratégiques à répétition, conseille alors le tout pour le tout, demander carrément la toison de l'âne pondeur aux vertus alchimiques intéressantes, certaines que le roi hésitera à sacrifier sa source unique de guano d'or.

Or (c'est le cas de le dire), si elle manie fièrement la baguette, cette fée ne vaut pas la première boulangère venue quant à la psychologie humaine et royale en particulier car le magnanime souverain n'hésite pas à faire remettre à sa fille la crasseuse peau du baudet au croupion fertile quitte à y perdre du même coup l'opulence dont il parait sa cour.

Fuir ! Fuir ma belle ! Voilà ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas coucher avec ton géniteur.

Fuir, couverte de son drap de honte ; fuir, couverte de cette vilaine Peau d'âne qui la dissimule aux regards ; fuir le plus loin possible au plus sombre de n'importe quel bouge infâme quitte à se faire traiter de souillon.

La semaine durant elle laisse les senteurs troubles autant qu'animales envelopper son corps pour dissuader quiconque de risquer une approche. Mais les dimanches venus, recluse au fond de sa chambrette glauque, après un brin de toilette elle revêt les joyaux de ses plus belles parures, si péniblement acquises...



Les huit autres contes regroupés sous l'étiquette Contes De Ma mère L'Oye ont pris depuis le seconde moitié du XIXème siècle une telle importance dans l’imprégnation de la culture littéraire enfantine qu'il est difficile de rencontrer un seul enfant qui n'ait jamais entendu parler, de près ou de loin, de tout ou de partie d'au moins l'un d'entre eux.

C'est donc devenu un patrimoine commun de la culture occidentale et désormais mondiale en raison des productions de films d'animation largement diffusés qui s'en inspirent.

Les Contes De Ma Mère l'Oye sont souvent assimilés ou désignés comme l'archétype du conte " de fées ", au sens que ce mot avait à l'époque, c'est-à-dire, faisant appel à la magie, au surnaturel. Par exemple la clef de Barbe-bleue ou les bottes de l'Ogre dans le Petit Poucet peuvent être désignées comme étant " fées ". La forme ancestrale de Peau D'âne, c'est-à-dire une structure rimée ne figurera plus désormais dans le canon des contes.

On rencontre quelques constantes dans ces huit contes :

- un héros apparemment désavantagé mais qui saura tirer son épingle du jeu grâce à certaines qualités jugées essentielles (ruse, droiture, beauté, gentillesse, générosité) ou grâce à l'entremise d'un tiers doué de certains pouvoirs.

- un personnage masculin (plus rarement féminin) terrifiant ou brutal ou inflexible (lequel personnage aura plutôt tendance à être plus fréquemment une femme dans les contes des frères Grimm) qui souhaite s'en prendre à l'infortuné héros.

- un personnage ou un objet doué de pouvoirs surnaturels qui peuvent être bénéfiques ou maléfiques.

- un rôle de la famille parfois très trouble voire malfaisant et dont le héros a souvent bénéfice à s'extraire pour faire sa voie par lui-même dans le vaste monde.

- un destin qui n'est jamais totalement définitif, malgré les apparences, et qui peut toujours être infléchi.



En somme, cet ensemble de contes doit servir à l'édification des jeunes âmes qui les lisent et les inviter à s'émanciper. Ces contes les avertissent que le monde qui les attend sera semé d'embûches et d'adversaires parfois tenaces, qu'il ne leur faudra pas forcément compter beaucoup sur le secours de leur famille mais plutôt sur leurs qualités propres et, plus que tout, s'attendre à ce que la chance, à un moment se présente, et donc à ne pas rater l'occasion de s'en saisir à cet instant-là. Il faut seulement qu'ils abordent l'avenir avec confiance et qu'ils croient en eux-même.

À cet égard, il est à noter cinq contes semblent plus particulièrement s'adresser aux jeunes filles (La Belle Au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe-bleue, Cendrillon et Les Fées) et les trois autres plus spécifiquement aux garçons (Le Chat botté, Riquet à la houppe et Le petit Poucet).



Bref, un pan entier de notre patrimoine culturel — irremplaçable — soutenu par des tirades intemporelles du genre " C'est pour mieux voir, mon enfant. ", " Anna, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ", " Tire la chevillette et la bobinette cherra. ", sans compter que nombre d'entre eux ont été ré-assaisonés par les frères Grimm pour en faire d'autres contes eux-aussi hyper connus comme Hansel et Gretel ou Blanche-Neige, par exemple. Je ne vous cache pas que tant le fond que la forme ont beaucoup vieilli et ne sont quasiment plus accessibles directement par des enfants moyens du XXIème siècle et nécessitent de sérieux remaniements pour refleurir à chaque saison sur les étal de nos libraires dans des formes digestes à nos chers bambins. Donc, un incontournable, certes, mais qui sent tout de même assez fort la naphtaline en l'état et qui nécessite un bon dépoussiérage. Nonobstant, ce n'est que mon misérable avis blottit dans les buissons d'une immense forêt habitée par un ogre ÉNORME, GIGANTESQUE, SANGUINAIRE, BRUTAL, FATAL, c'est-à-dire, pas grand-chose (à moins qu'il ne découvre très vite une paire de bottes à sa taille ou, à défaut, une petite pantoufle de verre).
Commenter  J’apprécie          707
Le Petit Chaperon rouge

Quel conte est plus emblématique de l’œuvre de Charles Perrault que ce Petit Chaperon Rouge ? Parmi la dizaine de contes qu’il nous a légué, qui sont bien évidemment tous très connus, seul Le Petit Poucet semble être en mesure de lui tenir la dragée haute car même les infatigables Peau d’Âne, Barbe Bleue, Cendrillon, Chat Botté et autre Belle Au Bois Dormant ne jouent pas dans la même catégorie dans l’imaginaire populaire, et cela en dépit du fait que dernièrement (c’est-à-dire depuis une cinquantaine d’années), les Américains se soient donnés beaucoup de mal pour faire grimper la cote de certains de ces outsiders.

Il n’empêche que « Tire la bobinette et la chevillette cherra. » ou « Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! — C’est pour te manger. » et tout le tremblement, c’est assez inégalable, et même les frères Grimm qui eux aussi avaient de grandes dents se les sont cassées sur leur piètre remake du Petit Chaperon Rouge.

C’est tout d’abord un style de langage, qui n’avait rien d’exceptionnel au XVIIème siècle mais qui est, depuis lors, passé de mode et qui donne une partie de son charme, de sa saveur à ce conte.

Ensuite, c’est le frisson qu’on endure à voir trépasser la petite victime, qu’on sait si frêle et si gentille (le destin de la malheureuse mère-grand nous laisse tout de même un peu plus indifférents, il faut bien l’admettre, c’est notre côté loup, qui parle.). Quelle erreur magistrale messieurs Grimm d’avoir saboté cette fin terrible et qui est justement la raison d'être de ce conte.

De même, la valeur allégorique de la petite fille lâchée dans le vaste monde sans en connaître les périls est absolument merveilleuse.

Il n’y a aucune forme de rapprochement avec une quelconque morale judéo-chrétienne chez Charles Perrault, contrairement aux frères Grimm, et c’est donc beaucoup plus philosophique, une morale beaucoup plus comparable avec La Fontaine, une sorte de philosophie de vie qui pourrait se résumer ainsi : Mesdemoiselles (Mesdames aussi, parfois), méfiez-vous de ces beaux parleurs, plaisants de leur personne, qui, une fois entrés dans votre foyer vous dévoreront si vous n’y prenez garde.

Un conte évidemment admirable, incontournable et bien plus profond qu’il n’y paraît, mais ce n’est là que mon avis, un petit avis vêtu de rouge en cette vaste forêt, c’est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          692
Contes de ma mère l’Oye

Il peut paraître surprenant, en ce début de XXIème siècle, de se dire que Charles Perrault fut à l'origine de la querelle des Anciens et des Modernes, sachant au demeurant qu'il était un farouche tenant de la modernité, et prétendait que l'actualité de son siècle pouvait surclasser les trésors des Anciens, notamment, ceux de l'Antiquité.

Lui dont les écrits font aujourd'hui figure d'antiquités et qui est défendu de nos jours principalement par les tenants des " Anciens ".

Cela me rappelle une vieille chanson de Bob Dylan, qui était moderne en son temps, et qui disait, en substance " the firt one now, will later be last for the times they are a-changin'. "

Il en est de même pour le très ancien Euripide, qui fut à son époque un grand innovateur et considéré comme traitre aux anciens.

Bref, ce petit recueil ne renferme que huit contes et un très faible nombre de pages. Une bagatelle, me direz-vous. Certes.

Mais ces huit contes ont pris depuis le seconde moitié du XIXème siècle une telle importance dans l’imprégnation de la culture littéraire enfantine qu'il est difficile de rencontrer un seul enfant qui n'ait jamais entendu parler, de près ou de loin, de tout ou de partie de La Belle au bois dormant, du Petit Chaperon rouge, de Barbe bleue, du Chat botté, des Fées, de Cendrillon, de Riquet à la houppe ou du Petit Poucet.

C'est donc devenu un patrimoine commun de la culture occidentale et désormais mondiale en raison des productions de films d'animation largement diffusés qui s'en inspirent.

Les Contes De Ma Mère l'Oye sont souvent assimilés ou désignés comme l'archétype du conte " de fées ", au sens que ce mot avait à l'époque, c'est-à-dire, faisant appel à la magie, au surnaturel. Par exemple la clef de Barbe-bleue ou les bottes de l'Ogre dans le Petit Poucet peuvent être désignées comme étant " fées ".

On rencontre quelques constantes dans ces huit contes :

- un héros apparemment désavantagé mais qui saura tirer son épingle du jeu grâce à certaines qualités jugées essentielles (ruse, droiture, beauté, gentillesse, générosité) ou grâce à l'entremise d'un tiers doué de certains pouvoirs.

- un personnage masculin (plus rarement féminin) terrifiant ou brutal ou inflexible (lequel personnage aura plutôt tendance à être plus fréquemment une femme dans les contes des frères Grimm) qui souhaite s'en prendre à l'infortuné héros.

- un personnage ou un objet doué de pouvoirs surnaturels qui peuvent être bénéfiques ou maléfiques.

- un rôle de la famille parfois très trouble voire malfaisant et dont le héros a souvent bénéfice à s'extraire pour faire sa voie par lui-même dans le vaste monde.

- un destin qui n'est jamais totalement définitif, malgré les apparences, et qui peut toujours être infléchi.



En somme, cet ensemble de contes doit servir à l'édification des jeunes âmes qui les lisent et les inviter à s'émanciper. Ces contes les avertissent que le monde qui les attend sera semé d'embûches et d'adversaires parfois tenaces, qu'il ne leur faudra pas forcément compter beaucoup sur le secours de leur famille mais plutôt sur leurs qualités propres et, plus que tout, s'attendre à ce que la chance, à un moment se présente, et donc à ne pas rater l'occasion de s'en saisir à cet instant-là. Il faut seulement qu'ils abordent l'avenir avec confiance et qu'ils croient en eux-même.

À cet égard, il est à noter cinq contes semblent plus particulièrement s'adresser aux jeunes filles (La Belle Au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe-bleue, Cendrillon et Les Fées) et les trois autres plus spécifiquement aux garçons (Le Chat botté, Riquet à la houppe et Le petit Poucet).



Bref, un pan entier de notre patrimoine culturel — irremplaçable — soutenu par des tirades intemporelles du genre " C'est pour mieux voir, mon enfant. ", " Anna, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ", " Tire la chevillette et la bobinette cherra. ", sans compter que nombre d'entre eux ont été ré-assaisonés par les frères Grimm pour en faire d'autres contes eux-aussi hyper connus comme Hansel et Gretel ou Blanche-Neige, par exemple. Donc, un incontournable, mais ce n'est que mon misérable avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.





Commenter  J’apprécie          641
Les Chats : À travers 17 textes cultes comm..

Une lecture audio qui a peiné à retenir mon attention, malgré son thème, la narration parfaite de Simon Jeannin et les commentaires intéressants de Sylvain Trias



Ces textes sont présentés chronologiquement et évoquent la manière dont le chat a été représenté dans la littérature au cours des siècles. Sylvain Trias intervient entre chacun d'eux pour les replacer dans leur contexte, commenter l'évolution de la vision du chat dans la littérature, d'un personnage souvent félon, voleur, déloyal ou pire encore maléfique à un animal auquel les auteurs vont s'attacher, qu'ils vont célébrer dans leurs textes, mais un animal qui ne renonce pas à son indépendance.



L'idée m'avait séduite, je connaissais et appréciais certains de ces textes, et pourtant les écouter n'a pas réussi à me passionner. Peut-être parce chaque texte était très court, et ne me laissait pas le temps d'apprécier l'auteur et son style. Peut-être des textes trop variés qui ne m'ont pas permis d'entrer dans l'atmosphère de ce livre audio, et je me suis surprise plusieurs fois à devoir revenir en arrière pour réécouter un extrait.



Une petite déception donc, mais qui saura sans doute séduire d'autres lecteurs-auditeurs.



Merci à NetGalley et aux éditions VOolume pour cet envoi #Leschats #NetGalleyFrance







Commenter  J’apprécie          5626
Le Chat botté

Merci à Babelio et aux éditions ZTL pour leur confiance.



Le texte est simplifié, ce qui le rend accessible à un public jeune, mais le déroulé de l’histoire est respecté, et l’on reconnait sans problème le conte classique : le plus jeune fils d’un fumier reçoit en héritage un chat, qu’il songe à manger, décision que n’approuve pas le malin minet, dont les ruses parviendront à éviter la misère à l’héritier malchanceux.



Pas de morale en conclusion mais la recette d’une cake aux carottes!



Le texte est clair, bien lisible car suffisamment aéré, pour des lecteurs débutants.



Quant au dessin, il est richement coloré et chaque scène et agrémentée de détails qui réjouiront les auditeurs ou les lecteurs autonomes.



Très joli petit album, parcouru avec plaisir.

Commenter  J’apprécie          563
Les fées

Une veuve a deux filles. L’aînée est aussi vilaine et mauvaise que sa mère alors que la cadette est douce et charitable. Pour avoir accepté ou refusé de donner à boire à une fée, chacune des filles recevra un don différent. « Dorénavant, à chaque parole que tu prononceras, il sortira de ta bouche une fleur ou une pierre précieuse. » (p. 12) Ainsi est bénie la cadette alors que l’aînée n’obtient que la juste mesure de sa méchanceté. « Puisque vous êtes si peu serviable, à partir de maintenant, à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche un serpent ou un crapaud. » (p. 25) Bonté et générosité triomphent finalement de la fureur de la veuve et de l’égoïsme de la vilaine sœur.

Ce conte était l’un de mes préférés quand j’étais enfant. J’imaginais avec ravissement les flots de fleurs et de trésors et avec dégoût les hordes de bestioles gluantes sortant des bouches des deux sœurs. De ce conte m’est resté le réflexe de remplir tous les verres d’eau sur la table au début de chaque repas. On ne sait jamais…

Les illustrations sont magnifiques et me rappellent à la fois les œuvres de Klimt et celles du douanier Rousseau : le dessin est foisonnant et très dense, mais également extrêmement lumineux, avec des détails qui sortent presque de la page. Ce conte illustré est magnifique.

Merci Asphodèle pour ce beau cadeau de Noël !

Commenter  J’apprécie          520
Contes de Perrault

Ma critique portera ici sur "Le Chat botté" :



Quel plaisir de se replonger dans ce conte ! Et j'y ai pris d'autant plus de plaisir que je ne m'en souvenais plus. C'est donc avec un œil neuf, ou presque, que j'ai relu ce court texte mettant en scène un chat et son propriétaire, surnommé Le Marquis de Carabas par le félin. L'histoire en est simple : le chat, qui est l'unique héritage du dernier fils d'un meunier, veut faire épouser à son maître la fille du Roi. Il parvient même à bout de l'ogre dont la taille physique n'est en rien comparable à la petitesse du cerveau.



La morale en est la suivante : rien n'est plus important que le savoir-faire et l'ingéniosité. Ces deux aspects sont représentés ici par le chat qui mettra tout en oeuvre pour arriver à ses fins. Cependant, est-ce vraiment une morale ? On peut se poser la question. Car le chat utilise le mensonge pour que son maître devienne un grand de ce monde. Serait-ce une critique cachée de la bourgeoisie ?



Ce conte est apparu dans le recueil des "Contes de ma Mère l'Oye", en 1697. On peut y reconnaître les statuts sociaux de l'époque : le Roi (guère plus futé, finalement, que l'Ogre) représente le plus haut rang de la société, la noblesse incarnée. Sa fille n'est ici décrite que physiquement. Elle n'a pas vraiment de rôle dans le conte. Comme dans la société, elle est "la fille du roi" et rien d'autre. Le fils du meunier est le symbole du "petit", celui à qui on ne laisse pas la parole. Les personnages humains sont dépassés par le chat qui démontre que l'on peut survivre dans ce bas monde grâce à la feinte, à la ruse, à l'escroquerie. Alors, le Chat botté est-il un conte amoral ?
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          512
Contes Illustrés : Le Petit Chaperon rouge - ..

Trouvé dans une boîte à livres, je n'ai pas pu résister, c'est une part de mon enfance qui a refait surface. On retrouve nos contes les plus classiques : Le petit Chaperon rouge, La Barbe bleue, Le maître chat ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, Le Petit Poucet. Je ne me souvenais plus qu'ils étaient si courts ; plus petite je les voyais beaucoup plus longs...



De ces 6 contes, il n'y a que "Les Fées" que je découvre pour la première fois, je ne le connaissais pas. Il m'a beaucoup fait penser à "Les visages sur le mur" que j'ai dû faire étudier à mon fils pendant le confinement et que nous avions tous deux beaucoup apprécié.



Quant au Petit Chaperon rouge, j'aurai appris que la fin qu'on y voit la plupart du temps, avec le bûcheron qui sauve la grand-mère et sa petite-fille, ne fait pas partie de l'œuvre originale...



Il y a une petite morale à la fin de chaque conte, un peu comme les Fables de La Fontaine. De ça non plus, je ne me souvenais pas.



Et dans cette édition, il y a, à la toute fin, 3 de ces contes qui ont été revisités et modernisés. Le "Cendrillon" de Roald Dahl m'a bien fait marrer.



[Lu en juillet 2020]
Commenter  J’apprécie          466
Histoire De La Marquise-Marquis de Banneville

Lorsque Madame la marquise de Banneville vit mourir son mari au combat, elle se jura que l'enfant qu'elle portait ne devrait pas subir le même sort. Pour cela, mieux valait que ce soit une fille. Ainsi, le sort de l'enfant fut scellé.



Lorsque le bébé vint au monde, c'était, on s'en doute, un garçon. Mais ordre fut donné d'annoncer que la petite Mariane (non, je n'ai pas fait de faute, il n'y a bien qu'un seul "n" dans le texte) était née. Ainsi, la petite marquise fut élevée en ce sens. Ses traits fins, sa beauté charmaient tous ceux qui la croisaient.



Mais arriva ce qui devait arriver... Elle tomba amoureuse d'un charmant marquis et demanda à sa mère si elle pouvait l'épouser... Je n'en raconte pas davantage.



Cette nouvelle a le mérite d'être à la fois ancrée dans son époque, le XVIIe siècle, et de reprendre des faits connus de celui qui deviendra l'Abbé de Choisy, François-Timoléon. En effet, sa mère l'habilla en fille jusqu'à l'âge de 18 ans car elle le voulait dans les petits papiers de Monsieur, le frère du Roi Louis XIV. Autres temps, autres mœurs, dit le proverbe... Ce qui pourrait nous surprendre semble être non pas courant, mais, disons, accepté à cette époque.



Lisez cette nouvelle, la fin vaut le détour !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          462
Contes de Perrault

La Belle au bois dormant est l'un des plus célèbres contes de Charles Perrault. On y lit qu'un roi et une reine désespèrent d'avoir un enfant. Enfin, vient le temps où ils accueillent la plus jolie des petites filles sur qui les sept fées vont se pencher et accorder de nombreux dons de sorte qu'elle puisse incarner la perfection dont la grâce, la beauté, l'intelligence, les talents musicaux. Cela se fait lors d'une fête somptueuse. Mais l'une d'elles la huitième, a été invitée tardivement et c'est là que le bât blesse. Après les offrandes des bonnes fées vient celle de la vieille fée mécontente de ne pas avoir été invitée à temps et de ne pas manger avec des couverts en or.

Elle jette alors un mauvais sort à la jeune fille ; lorsque la princesse atteindra l'âge de 16 ans, elle se piquera avec un fuseau et en mourra, mais une jeune fée atténue ce maléfice en plongeant la jeune fille dans un profond sommeil qui durera cent ans, un prince viendra l'en sortir. le roi quant à lui supprime tous les fuseaux du royaume.

Lorsqu'elle atteint ses seize ans, la jeune fille monte dans un donjon où une vieille femme est entrain de filer une quenouille. La princesse éprouve de l'intérêt à cette activité et souhaite en savoir davantage. Elle se pique le doigt, la prédiction se réalise. Une fée plonge tout le château dans un profond sommeil afin que tous puissent servir la princesse du mieux possible lorsque celle-ci s'éveillera. Au bout de cent ans un jeune prince arrive poussé par le désir de gloire et l'amour, il rejoint la jeune fille. Il entre dans le château endormi. Devant cette beauté, il est émerveillé. La princesse s'éveille et ils s'éprennent l'un de l'autre.

Une fête somptueuse a lieu et ils se marient dans une chapelle. Ils vivent deux ans ensemble et ont deux enfants, la fille est prénommée l'Aurore et le garçon le Jour. Ceci reste secret pour les parents du prince. La mère de celui-ci, en effet est une ogresse ; la rumeur dit qu'elle mange les enfants… le prince s'en va à la guerre.

Le reste de l'histoire confirme les dires de la rumeur malheureusement, La Belle au bois dormant de Perrault, n'est pas le conte que nous présente Disney qui est seulement un résumé et une version adaptée de la première partie du conte de Perrault. La version de Disney est vraiment plus romanesque, colorée et édulcorée ; la princesse ne s'appelle pas Aurore, le prince n'est pas seulement celui qui embrasse même s'il est aimant et charmant, d'ailleurs il ne s'appelle pas Charmant, il n'y a aucune hésitation sur la couleur de la robe de la princesse (bleu ou rose ?), la méchante fée ne se nomme pas Maléfique. le conte de Perrault, ne correspond pas non plus à la version adaptée des autres contes pour enfants. Celui de Perrault est plus cruel dans la dernière partie que je ne raconterai pas et que je laisse découvrir car elle est moins connue et la morale à la fin est toute autre que celle que l'on connait.



Commenter  J’apprécie          433
Contes de ma mère l’Oye

Dans un sens, il est très intéressant et instructif de se plonger dans les textes originaux des contes de fée qui ont bercé notre enfance, mais attention aux désillusions. Loin des variantes édulcorées de Disney (sur lesquelles personnellement on ne me verra jamais cracher car elles m'ont divertie enfant et continuent bien souvent à le faire, adulte), ce recueil possède la saveur de l'authenticité, avec ce que cela comporte de désuétude et de morale.



Le Petit Chaperon Rouge, Riquet à la Houpe, la Belle au Bois Dormant, Cendrillon et la pantoufle de verre, la Barbe Bleue, le Chat Botté, le Petit Poucet, Peau d'Ane, et bien d'autres se retrouvent dans cette édition des "Contes de ma mère l'Oye" de Charles Perrault. Où l'on découvre, comme chez les frères Grimm, beaucoup de noirceur et de violence, mais aussi beaucoup de justice et de fortune. Alors, certes, ce n'est pas certain que les enfants les apprécieraient aujourd'hui tant ils sont protégés mais fut un temps pas si lointain où petits et grands craignaient "pour de vrai " le Grand Méchant Loup, la Mauvaise Fée et l'Ogre dévoreur d'enfants et c'est sans doute d'ailleurs pour cela que ces fables plus ou moins féeriques ont traversé le temps et les mémoires, parce qu'elles les ont marqués d'un sceau indélébile.



Les contes avaient donc pour eux de montrer ou de rappeler, de manière à être compris de tous, pauvres ou riches, misérables ou lettrés, les frontières du bien et du mal, de la justice et de l'injustice. Leur valeur éducative primait même sur leur valeur narrative ; certains sont assez expéditifs, presque aussi courts que des fables ou des poèmes, mais ils constituent la première littérature de l'imaginaire, en marge des légendes et des mythes, mettant en scène des paysans, des princes, des marchands, des animaux domestiques, bref, tous ceux à qui il est si facile de s'identifier.



J'ai été particulièrement touchée par "La marquise de Salusses ou la patience de Grisélidis", conte long et moins connu, très poétique. Il m'a d'ailleurs contrainte à vérifier les dates de Charles Perrault tant j'ai eu l'impression que cette histoire de bergère qui épouse un roi avait été écrite pour Marie-Antoinette, mais cela n'était qu'une illusion (ou une prescience ?) puisqu'il fut édité plus de soixante ans avant la naissance de la future reine de France.





Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Commenter  J’apprécie          430




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Charles Perrault Voir plus

Quiz Voir plus

Les Contes de Perrault : Morales

La curiosité malgré tous ses attraits, Coûte souvent bien des regrets ; On en voit tous les jours mille exemples paraître. C'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien léger ; Dès qu'on le prend il cesse d'être, Et toujours il coûte trop cher.

Le Petit Poucet
Riquet à la houppe
Cendrillon
Les Fées
Les Souhaits Ridicules
Peau d'Ane
La Barbe bleue
Le Petit Chaperon rouge
La Belle au bois dormant
Le Chat botté

16 questions
211 lecteurs ont répondu
Thème : Contes de Charles PerraultCréer un quiz sur cet auteur

{* *}