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Critiques de Chester Himes (178)
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La reine des pommes

Aïe... Souvent présenté comme l'un des meilleurs Himes, "La Reine des Pommes" ne me donne pas envie de poursuivre l'aventure avec l'auteur.

La traduction a sans doute vieilli, le style également... Mais ok, on peut l'intégrer pour la lecture. Mais alors le personnage principal - dont la naïveté crasse devait apporter drôlerie et fraicheur- devient très vite fatiguant. Je me suis surpris à lui souhaiter le pire...

Pour les polars d'ambiance restons sur du Pelecanos (cuvées avant 2000/2005).
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La reine des pommes

J'ai découvert Chester Himes à la faveur de mes veilles sur Babelio, notamment grâce à quelques billets enthousiastes. Si j'ai très vite été tenté, c'est en grande partie en raison de la personnalité de l'auteur, il faut dire que son parcours sort un peu de l'ordinaire...

Né dans une famille d'enseignants, il étudie à l'université de l'Ohio dont il est rapidement exclu pour avoir entraîné d'autres étudiants dans des salles de jeux clandestines, il traîne parmi les arnaqueurs et les maquereaux de Cleveland et fume de l'opium. En 1928 il cambriole la maison d'un riche couple après avoir volé une voiture. Il est pris et condamné à vingt ans de prison. Durant son séjour carcéral, il commence à écrire. Je vous invite à lire sa petite biographie, notons encore qu'il s'installe en France en 1953 où il vivra jusqu'en 1969 avant de partir en Espagne où il décèdera en 1984.

"La Reine des pommes" paraît en 1957 et obtient le grand prix de littérature policière 1958.

Ce qui m'a attiré vers Chester Himes et ce titre, c'est avant tout le contexte de la ville de Harlem, raconté par un auteur afro américain qui a fait de la prison, un gage de crédibilité en somme.

Autant le dire tout de suite, j'ai adoré cette lecture !

j'ai aimé le rythme trépidant, aimé le contexte de Harlem et du Bronx, aimé l'évocation de certaines arnaques comme celle de "l'explosion" ou encore de la "mine d'or", sans oublier soeur Gabrielle dont je ne dévoilerai rien ici afin de garder la surprise pour celles et ceux qui seront tentés de lire ce livre.

Côté scénario, on peut dire sans hésiter que cela tient la route, notre ami Jackson est vraiment la "reine des pommes", difficile d'en dire trop. Je pense que l'essentiel du plaisir de lecture se trouve dans le contexte sociétal de cette ville si particulière où tout le monde ou presque est coupable de quelque chose à différents degrés.

Nous allons côtoyer des individus extrêmement dangereux et l'ensemble se révèle plutôt brutal et délétère, gangsters et policiers n'ayant finalement pas grand chose à s'envier en terme de violence. D'une certaine façon, ce thriller policier et son intrigue pourraient s'appeler, "chroniques ordinaires d'une journée à Harlem", c'est vraiment une lecture agréable et quasi documentaire.

Pour conclure, si j'ai été ravi, j'ai tout de même une certaine réserve à formuler, j'ai éprouvé un sentiment d'anomalie que je pourrais traduire de façon imagée, j'ai eu un peu le sentiment avec cette "pomme" dans ce contexte, d'avoir vu le film "réservoir dog" avec le Pierre Richard de "La chèvre" dans le rôle principal, c'est... perturbant d'une certaine façon.
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Le fantôme de Rufus Jones et autres nouvelles

Noir, c'est noir.



5 brèves nouvelles. Un style sobre, grinçant, percutant pour dire le racisme vécu par les noirs américains. La langue de Chester HIMES peut être poétique et charmeuse, populaire, triviale parfois, pour les dialogues, accentuant certains aspects réalistes.



Chester HIMES, étant noir américain, c'est un racisme vécu de l'intérieur que l'on découvre, un racisme qui fracasse l'esprit, le mental, déforme la personnalité. Une chape de plomb qui enferme. Rien à voir avec le racisme dénoncé par un blanc. L'auteur nous livre une douleur charnelle qui enferme, conditionne.



Ces histoires dénoncent la situation de noirs qui tentent de survivre dans une société qui les méprise, les rejette, les nie, ne veut pas d'eux. Des noirs aux prises avec un déterminisme social qui les formate pour devenir voyous, malfrats, finir en prison, condamnés par une justice extrêmement sévère, voire « injuste », des noirs qui ont rendez- vous avec une mort brutale (cf., « Son dernier jour » et « Encore une façon de mourir »).



L'humour, bien présent, critique autant les blancs que les noirs. La première nouvelle, « le fantôme de Rufus Jones », nous offre une cocasserie jubilatoire qui souligne l'absurdité de ce monde et de ses divisions raciales.



Un petit bijou littéraire.

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La reine des pommes

Chester Himes, c'est l'incarnation d'une lutte contre l'injustice, d'une plume qui se fraye un passage à travers l'ouragan. Ironie de l'affaire, c'est en prison que le jeune homme trouva son moyen d'expression. Il a 19 ans, il est en colère, il découvre la nouvelle garde du polar, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler en tête, et c'est la révélation. Un demi-siècle plus tard, Himes est posé comme l'un des plus glorieux héritiers du hard-boiled, le polar tendance bien vif qui cogne sec. Un épigone certes mais dont la patte et l'aura pousseront rapidement les observateurs à le ranger à part. Où précisément ? Eh bien entre ses pères spirituels, disons à mi-chemin entre Hammett et Hemingway. Oui, tout simplement. Intrigué par cette réputation, je me procure l'une de ses œuvres les plus réputées, La Reine des pommes (pas son premier roman, mais sa première incursion vers des rivages où le rire le dispute au désenchantement).



On retrouve l'écriture sèche et visuelle héritée de l'école Hammett avec grand plaisir. L'ouvrage est bien parsemé d'un humour aux portes du burlesque, rien à dire c'est parfois à se tordre. Pourtant, le coup de maître est ailleurs. À vrai dire il est partout, ce truc qui fait la différence. C'est juste qu'on ne le remarque pas d'emblée. Puis, petit à petit, il devient de plus en plus apparent jusqu'à devenir une évidence : la toile de fond. Alors que Jackson (le malheureux héros) n'en finit plus de courir d'un coin à un autre, d'une combine à une autre, c'est un instantané sur le Harlem d'alors que Chester Himes imprime dans notre inconscient. L'air de rien, sans avoir l'air d'y toucher, derrière son substrat comico-policier, La Reine des pommes ne parle que de ségrégation raciale, d'injustice et de misère. Pas de discours enfiévrés, de plaintes déchirantes mais ce cadre dévorant, ouvert sur un cloaque rude et désespéré qui finit par contaminer l'ouvrage tout entier.

Comptines de l'époque esclavagiste, descriptions de quartiers mal-famés, d'immeubles insalubres, de la pourriture qui suinte à chaque rue, de ce mystérieux Homme Blanc, spectre fantomatique qui hante ce monde en perpétuelle déliquescence...Himes sait de quoi il parle puisqu'il en revenait au moment de signer cet opus, véritable tournant pour sa carrière dont l'idée lui fut soufflée par son éditeur français Marcel Duhamel. À ce moment là, l'écrivain s'était éloigné d'un pays natal dont il n'avait retenu que les préjudices et l'inégalité. Cela étant dit, ne pas réduire la manœuvre à un virage à 180°. L'homme de lettre regarde dans le rétro avec plus de gouaille certes, mais sa peinture sociale conserve un réalisme parfois choquant (un des rebondissements en particulier). C'en est même incroyable d'arriver à rire des mésaventures de ce benêt au grand cœur (Jackson) qui crapahute dans l'environnement le plus inhospitalier qui soit. Il n'est vraiment pas aidé car le cercle du désœuvrement est vicieux. Si l'instinct de conservation ne pousse les victimes à se révolter face à leur oppresseur, la loi de la jungle s'instaurera entre elles. Arnaques, crimes et tutti quanti ; buffet ouvert à tous. Le frère de Jackson se déguise en bonne sœur pour appâter le quidam et se rencarder sur les coups pendables, sa compagne joue sur tous les tableaux, les camés le détroussent et les policiers afro-américains n'hésitent pas à se défouler sur ce beau monde, Jackson compris. Ce mélange étonnant de comédie survitaminée sur fond de tragédie sociale laisse un souvenir réjoui quoiqu'une pointe d'amertume surnage dans ses dernières lignes, aussi amusantes que sadiques.



Chester Himes a bien l'étoffe du génie qui s'est construit sur son vécu et a su en faire un élément fondamental de ses livres, qu'il pouvait aborder sans détour ou avec humour. La Reine des pommes est une balade qui transporte autant qu'elle imprègne son lecteur. Une de ces lectures qui sait distraire avec brio tout en ménageant quelques bonnes secousses. Pour un inconditionnel du roman hard-boiled, c'est un délice. Il est indéniable que Himes est un digne héritier de ses pairs, en cela qu'il a su saisir l'essence du genre et se le réapproprier avec ses codes à lui. Certains avaient à cœur de révéler la crasse sous le tapis, ou de lever le voile sur la corruption enracinée, ou plus généralement de dénoncer un monde courant à sa perte. Himes ajoute sa pierre à l'édifice de cette quête intemporelle. Ce qui suffit largement pour en faire une curiosité et plus encore, un incontournable.
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S'il braille, lâche-le--

Avant son exil en France et l'écriture du cycle de Harlem (avec pour personnages récurrents les inspecteurs Ed Cercueil et Fossoyeur Jones), Chester Himes s'était d'abord attaché à partager ses observations et questionnements à travers le racisme de son pays natal, les États-Unis d'Amérique. Que d'ironie dans cette forme longue. Pas étonnant que l'écrivain en ait fait sa signature. Et il y avait de quoi sourire devant telle dénomination compte tenu de son effroyable passif en termes de discriminations, ségrégation et crimes contre l'humanité envers les populations noires, indiennes ou asiatiques. Un traitement que Himes s'est vu administrer dès le plus jeune âge, parce qu'il était né de parents afro-américains. Puis au cours d'un séjour en prison, il découvre la littérature policière et tragique. Ici furent plantés les germes d'un artiste en devenir. Sa palette en main, il l'utilisera pour recouvrir ses écrits d'une couche de réalisme sociétal. Bien avant que l'humour n'en colore les récits, la prose était grave, fiévreuse. S'il braille, lâche-le n'est pas une nouvelle, c'est une plongée. Nourrie des souvenirs de son auteur (qui fut effectivement manœuvre dans l’industrie de guerre à Los Angeles), la descente aux enfers traversée par Bob Jones s'étend au delà de ces 300 et quelques feuillets.

La focalisation interne met sur la voie (on suit l'intrigue à travers le point de vue de Bob) mais il y avait largement de quoi deviner. À travers lui, c'est bien Himes qui témoigne des mécanismes broyant l'individu pour sa couleur de peau. Une société violente par tradition historique pourrait-on dire, et qui entend bien perpétuer ce cycle pour enclaver ses victimes. Si l'esclavagisme est aboli, la séparation raciale sera instaurée, et les privilèges iront aux mêmes : meilleurs droits, meilleurs conditions de vie, meilleurs emplois, meilleurs salaires,...Les populations noires n'avaient plus qu'à se soumettre et s'accommoder (le tristement célèbre compromis d'Atlanta, scandé par Booker T Washington, pourtant défenseur des droits afro-américains). Ou alors à retourner cette injustice contre d'autres populations exploitées ou discriminées, contribuant à poursuivre la spirale de la persécution. Et dans le cadre d'une vengeance ou d'une éventuelle révolte, les institutions devenaient le bras armé du suprématisme blanc.

Tout cela, Himes vous invite à le ressentir. Par le simple transfert, en jouant sur un ressors aussi humain que l'empathie. Bien malin celui qui pourra prétendre imaginer l'ampleur des sévices, des préjudices bien ancrés dans la mémoire de celui qui connait l'Histoire, le passif sanglant, les humiliations quotidiennes, du simple regard pesant aux gestes scandaleux, en passant par les attentes infligées et autres "aléas" toujours plus pénibles. Tout cela pour rythmer la vie d'un afro-américain qui doit la régler constamment en fonction de ce que sa couleur lui interdit de faire (en voiture, au restaurant, à son travail,...). Le lecteur se prend tout ça, au fil des pages, et jamais l'impression de dramatisation ne se fait sentir. Comme Bob, on veut que ça s'arrête, qu'une lueur d'espoir perce l'horizon. Jusqu'à ce qu'on réalise que même l'obtenir ne serait qu'une nouvelle déconvenue étant donné qu'elle ne devrait même pas faire l'objet d'un si long chemin de croix. Il n'est pas banal que les seuls moments où Bob parvient à se sentir américain sont les moments où il désire tuer son opposé, à l'image d'une nation née sur le massacre et la spoliation. Au delà, l'existence qui nous est contée est douloureuse, déchirante. Si cruelle qu'elle poursuit même notre héros dans ses rêveries, où l'absurdité et l'hostilité de son pays lui reviennent en pleine figure.

Vous l'aurez compris, S'il braille, lâche-le est un livre difficile, quand bien même l'écriture concentrée de Chester Himes permet de l'engloutir rapidement. N'empêche qu'il reste sur l'estomac. Et c'était un peu l'idée, nous placer dans la situation de celui ou celle qui fait face à quelque chose qu'on ne connait pas. Un moyen comme un autre pour (re)créer du lien entre tous, et cela passe d'abord par ça. L'empathie, l'écoute, pour trouver un semblant de compréhension envers l'autre. Certains se lancent en campagne, d'autres lèvent le poing, prennent une caméra, tapotent sur le clavier. Chester Himes a juste pris un crayon et parlé de ce qu'il connait. Ça a l'air de rien et c'est pourtant à partir de là que ça commence.
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Il pleut des coups durs

Avec La Reine des Pommes, Chester Himes, écrivain afro-américain exilé en Europe, lançait une série qui lui permettrait de rendre compte de la difficile condition des noirs aux États-Unis derrière le substrat de comédie policière. Faisant d'une pierre deux coups, l'auteur marquait le genre par une peinture sociale rugueuse et réaliste venant contrebalancer les péripéties abracadabrantes au premier plan. Himes se trouvait donc un duo de personnages récurrents, Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, deux policiers du genre expéditifs chargés du surveiller le Harlem des fifties. Autant dire plonger chaque jour dans l'antichambre d'un enfer composé à part égale de pauvreté et de méfaits en tout genre. Si la première aventure veillait à multiplier les rebondissements farfelus, Il pleut des coups durs est moins porté sur la rigolade.

À l'inverse de La Reine des Pommes, ce volume 2 change de perspective et adopte une forme plus proche du thriller et une énigme à la clé. La paire Cercueil/Fossoyeur est cette fois-ci sur le devant de la scène, avec le meurtre d'un blanc en plein Harlem sur les bras. En parallèle, nous suivons le suspect n°1 entrainé malgré lui dans un tourbillon d'évènements sur lesquels il n'a aucune prise. Une fois de plus, Himes saupoudre son récit de descriptions lourdes de sens. Au détour de l'une d'elles, on est familiarisés avec une batterie de produits visant à blanchir la peau, ou de formules pour plaquer ou défriser les cheveux, ou de tels soins contre les poux, ou de telles solutions pour contrer l'humidité,...Sans le dire, les concepts d'assimilation, de ségrégation et de désœuvrement prennent forme. Le génie de Himes pour poser le décor et nous renvoyer à la triste réalité d'une époque, d'un paradigme dont les répercussions n'ont pas fini de se faire entendre 60 ans après. Un drôle de monde si on peut dire, aux mécanismes âpres qui entrainent les personnages dans un engrenage où fort peu sortiront avec les mains propres. Ni les petites frappes qui se tirent dans les pattes, ni les tenanciers de bars aux mœurs dissolues, ni les badauds qui s'attroupent devant le spectacle d'une mise à mort, ni les policiers qui cherchent continuellement à limiter la casse quitte à plier le réel à de cyniques machinations.

Par-ci par-là, Chester Himes dissémine quelques traces d'humour et de répliques cinglantes, notamment par le personnage de Fossoyeur, montagne de nerfs jamais très loin de la zone rouge. Cependant, le ton paraît ce coup-ci plus enragé, plus fiévreux. Ce qui peut surprendre, surtout si on a aimé le cocktail humour/critique de La Reine des Pommes. Difficile d'en tenir rigueur à l'homme de plume, qui connait trop bien ce monde pour en livrer une version empruntée ou édulcorée. Et il serait dommage de s'en tenir là, puisque la tension ne faiblit pas d'un chapitre à l'autre, recomposant la mosaïque urbaine et sinistre d'une nuit sans lune où l'aube n'est jamais qu'une perspective d'une énième épreuve à affronter.
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La reine des pommes

Après « Les femmes de Brewster Place », je me suis plongée dans le premier roman policier de Chester Himes « La reine des pommes », roman écrit, en 1957, à la demande de Marcel Duhamel pour la collection « Série noire ». L’auteur vivait alors à Paris et l’a écrit en français.



Ce polar m’a embarquée, ou plutôt réembarquée car je l’avais lu il y a près de deux décennies, à New-York dans le quartier noir de Harlem où la naïveté incroyable du héros malgré lui, Jackson, dit la Reine des pommes tant sa crédulité flirte avec la bêtise consommée, va entraîner une succession de situations aussi rocambolesques que burlesques avec une pointe de cruauté.



Jackson vit à la colle avec la sulfureuse Imabelle, une superbe femme « à la peau couleur banane ». C’est un bon gars, pas très malin mais sympathique, petit, rondelet et un peu chauve. Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres dont il conduit un des corbillards. Il est tellement épris qu’il ne voit absolument pas que sa dulcinée le dupe de manière éhontée. D’ailleurs il souhaite l’épouser et pour ce faire il faut de l’argent. Or, sa fortune ne s’élève qu’à 1500 dollars. Il est pauvre, fauché et désespéré. Mais, la belle et splendide Imabelle a un plan, elle qui connaît un type qui connaît un type qui lui-même connaît un gus qui peut transformer un billet de dix dollars en un billet de cent. Rendez-vous est pris dans une chambre louche pour la transformation des billets et la route vers la richesse. Sauf que, au beau milieu de tout, alors que Jackson peut atteindre la richesse, la police débarque et notre héros malgré lui se fait épingler tandis que Imabelle et ses amis se font la malle, l’abandonnant à son triste sort. Il est plus que fauché et une seule solution s’offre à lui afin de recouvrer la liberté : « emprunter » dans le coffre-fort de son entreprise de quoi verser le bakchiche. Notre naïf Jackson met le doigt dans un engrenage qui l’emmènera de Charybe en Scylla, toujours persuadé qu’il doit sauver Imabelle des griffes des escrocs. Il croisera la route de deux flics de Harlem réputés pour avoir la gâchette facile, Ed Cercueil et Joe Fossoyeur, versions noires de l’inspecteur Harry, ce qui veut bien dire ce que cela veut dire … quand on tombe entre leurs mains impitoyables on peut faire ses prières. Au cœur du sac de nœuds, une malle remplie de pépites d’or, une malle qui fait courir beaucoup de monde, la nuit, dans les rues de Harlem. De cavalcades en planques, de frayeurs en découverte de cadavre, Jackson, aidé par son frère Goldy, petit escroc junkie traversti en bonne-soeur, tentera de retrouver sa belle et de reprendre une vie normale.



Avec « La reine des pommes », roman policier jubilatoire, Chester Himes observe et raconte avec justesse et une énorme dose d’humour les travers de la situation des Noirs sans avoir recours au cynisme et encore moins à la caricature. Ed Cercueil et Joe Fossoyeur sont noirs mais avant tout ils sont là pour faire respecter l’ordre dans un milieu qui a perdu nombre de ses repères, notamment moraux. Derrière l’humour, parfois grinçant, l’auteur pointe le sordide, le glauque et la misère sociale et culturelle d’une population abandonnée à elle-même. Derrière le rire, car je dois souligner que le rire est à chaque détour de page, Chester Himes montre combien l’Amérique blanche bloque les Noirs dans leur désir d’émancipation et leur envie de décrocher les meilleures places dans la société.



Nota Bene : j’ai eu, plus d’une fois, l’impression de me trouver dans un film de Quentin Tarentino avec en bande son la musique de James Brown.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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Qu'on lui jette la première pierre

"Qu'on lui jette la première pierre" c'est l'histoire d'un jeune homme qui prends vingt ans de taule. Un jeune homme qui m'a plus d'avenir sauf derrière les murs de la prison où il a été enfermé.

"Qu'on lui jette la première pierre" c'est un violent réquisitoire contre le système pénitentiaire américain. Brutal ,cassant, injuste. Le système carcéral est ici jugé de l'intérieur. Il faut dire que si ce plaidoyer prend la forme du roman, l'auteur sait de quoi il parle car il a lui-même passé sept ans en prison. Et être noir et emprisonné, c'est vraiment pas une vie enviable. Et même si vous n'êtes pas un homme de couleur, la vie entre quatre mur est tout se qu'il y a de plus monotone et déprimante. Sans parler du pire...

Si vous lisez ce roman lisez aussi celui de Bunker "La bête contre les murs", un putain de coup de coeur pour celui-ci !


Lien : https://collectifpolar.blog/
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Dare-dare

2e contact avec cet auteur apres "la reine des pommes", une des références  de romans policiers des années 60.

Dare-dare est paru en1959 sous le titre original : "Run man, run", traduit de l'americain par Pierre Verrier.

Lu  dans la collecion Série Noire de Marcel Duhamel _ Edition NRF Gallimard_

La maquette de couverture est réalisée par "At. Pierre Faucheux/Photo Holmes-Lebel.

En fait : _ Holmes-Lebel est une agence de presse française, parisienne, ayant existé de 1950 à 1980.

et  _ Pierre Faucheux : photographe (1924-1999)" le graphiste aux 100.000 couvertures"... Voir : http://indexgrafik.fr/pierre-faucheux/

en particulier, du club français du livres des 1946, des livres de poche. Il crée une relation intime entre l'oeuvre litteraire, son graphisme et sa couverture. (*)

L'histoire : Les afro-americains de Harlem sont au centre de l'intrigue _ toujours, avec Ch. Himes qui raconte la vie de harlem, quartier noir déshérité et victime d'un racisme ordinaire de la part de la communauté blanche_.

Un double assassinat de nuit dans une entreprise de restauration industrielle, et Jimmy fuit et les policiers Brock et Walter enquêtent... . Le meurtrier serait blanc. Et "un Blanc qu'a bu un coup n'a vraiment pas besoin d'une raison pour tuer un Noir...

Les courses-poursuites s'enchaînent dans Harlem et Brodway, limitrophe .

Encore une occasion pour nous, lecteurs de pénétrer le mode de vie de cette population noire, besogneuse, débrouillarde , solidaire et victime d'une ségrégation au quotidien. Bien sûr , la loi devient parfois accessoire, les alcools forts imbibent certains organismes... à des fins anxiolytiques ? et le cautionneur  intervient dès la mise en examen, évitant les incarcérations préventives . Violences physiques , armées ou  non, se succèdent, le machisme reste bien installé, mais le sexe dit faible, quotidiennement, lutte pour son émancipation , en particulier si, jeune et pleine de charmes, elle s'attache à protéger "son "Jimmy.

Des références musicales  parsèment l'histoire : succès en vogue a New York durant les fifties :

..... "brocken hearted blues"....

..... "The blue mama" de Lil Green....

occasion pour nous de les auditionner.... sur Spotify ou autre médiathèque ....

Donc, pour un plaisir de lecture comparable à celui de "la reine des pommes" :4/5.



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S'il braille, lâche-le--

1943, Californie. Bob a tout pour être heureux. Chef d'équipe dans un chantier naval, il a une Buick et une jolie petite amie.



Malheureusement, nous sommes aux Etats-Unis, la ségrégation fait rage et notre héros est noir.



Le racisme est partout, permanent, dans son travail, dans la rue. Il suffit d'un rien pour que tout bascule. Hanté par des cauchemars la nuit, Bob vit avec une peur constante et considère que tuer un blanc est sa seule issue pour faire face à ces humiliations et ces injustices incessantes.



Le gros point fort de cette lecture est son langage brut, sans filtre, percutant à travers les yeux de Bob. On rentre dans la peau de notre protagoniste et on est confronté à toutes les émotions qui le traversent, entre colère et haine.



Juste un bémol concernant la 4ème de couverture qui dévoile toute l'intrigue jusqu'au dénouement. Quel dommage !



Un récit coup de poing sur la condition des Noirs.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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La reine des pommes

La reine des pommes. (For love of Imabelle 1957)

En cette periode estivale, révisons les fondamentaux des polars americains.

Un polar sociologique? écrit par Chester Himes

à la demande(?) de Georges Duhamel pour sa nouvelle coll. Série Noire chez Gallimard.

L'auteur dépeint son ancien milieu social.

La communaute noire de Harlem est décrite sans complaisance. C'est une véritable étude sociologique du quartier de Harlem. Toutes les turpitudes:vols, prostitution, agressions, jeux de tripots, escroqueries en tous genres sont présentées , moyens de survie local.

Apparaissent les 2 inspecteurs noirs Ed Cercueil et Fossoyeur Jones.

Le pitch : Jackson, honnête et très chretien employé de pompes funebres, est rondouillard, naif et honnête.c'est un anti heros auquel on s'attache , et par dessus tout amoureux d'Imabelle. Il se fait escroquer par une bande dont fait partie sa charmante compagne. Son frère, moins scupuleux tente de localiser les arnaqueurs, et de récupérer le magot, pour son propre compte.

C'est une course effrénée à travers ce quartier déshérité, le rythme est soutenu :bagarres au couteau et fusillades, courses poursuites en corbillard ! et une petite prière chez le prêtre grand-guignol pour conforter l'âme de notre rondouillard héros ! "Mais, mon pauvre ami, vous le prenez pour qui le Seigneur ? Faut aller de ce pas vous remettre entre les mains de la police ! Jamais le Seigneur ne voudra intervenir dans un pareil mic-mac."

Pas très reposant, mais captivant.

Donc 4/5.
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La reine des pommes

Une superbe découverte - faite complètement par hasard alors que, comme souvent, je flânais à la librairie.



Classé dans la catégorie "roman noir", ce polar fait rire, horrifie, et divertit tout à la fois grâce à une intrigue riche en rebondissements. le récit se déroule dans le Harlem noir des années 50 et nous présente plusieurs personnages hauts en couleurs - à commencer par Jackson, une "pomme" qui se fait arnaquer de tous les côtés sans s'en apercevoir le moins du monde. L'humour noir est omniprésent, il est question de course-poursuites en corbillard, d'un frère magouilleur déguisé en bonne soeur qui vend des places pour le paradis, d'un révérend qui ne manque pas de répartie... Le roman se lit avec grand plaisir et m'a souvent donné l'impression d'être en train de regarder un film, tant les dialogues et descriptions sont imagés et vivants. J'ai très envie de découvrir d'autres livres de cet auteur!



Une petite critique, le livre est décrit comme "une enquête d'Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" mais on les voit assez peu. On sort du livre sans les connaître et j'aurais aimé en savoir plus sur leur psychologie et leur motivation.
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Retour en Afrique

Bon vraiment pas le meilleur de Chester mais la lecture est plaisante. Avec les deux branques de Cercueil et Fossoyeur on est toujours à l'affût de la moindre castagne ou bavure. On retrouve les mêmes thématiques chères à Chester mais l'intensité est moindre.

Le moment reste sympa
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La reine des pommes

Dans ce roman noir, il est question d'arnaques, de pépites d'or, de Harlem, d'un corbillard et de Jackson incrédule benêt qui traverse toute cette histoire pour l'amour de sa belle à la peau couleur de banane.

C'est drôle, sanglant, trépidant et aussi un témoignage de la vie des noirs aux États-Unis en dehors des clichés.
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La reine des pommes

Découverte d'un auteur méconnu semble-t-il et d'un policier des années 50 qui sent bon les films ou séries télévisées de mon enfance.



Harlem. Dans une piaule défraîchie, Jackson, accompagné de sa moitié Imabelle, est convaincu d'avoir enfin le bon filon : par un procédé chimique, ses billets de 10$ vont se transformer en billets de 100. Mais ... tout va basculer ... intervention d'un flic véreux, fuite des arnaqueurs, vol de son patron pour rembourser une dette, etc. Tout va s'enchaîner tout au long du roman. Basculant du loufoque dans le sordide.



Et pourtant, Jackson, c'est le bon gars. Bon chrétien, honnête, amoureux de sa moitié, mais surtout d'une naïveté confondante. Un poissard. Quoi qu'il fasse, ça tourne à la catastrophe. Plus on avance, plus Jackson s'enfonce.



Au final, le tout donne un rompol presque touchant avec ce personnage attachant. Et en filigrane, Chester Hilmes dresse le portrait de la société de son temps. Une sorte de chronique sociale sous couvert d'un aimable divertissement. Intéressant.
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Tout pour plaire

Ce polar a déjà passé 60 ans, et on pourrait croire qu'il a été écrit l'an dernier. Les personnages résonnent furieusement avec la société actuelle, en particulier, le prédicateur-escroc qui dépouille ses fidèles trop crédules et vit dans le luxe. Et bien sûr, on retrouve les deux célèbres policiers, Fossoyeur et Ed Cercueil, dans leur petite voiture noire cabossée, menant leur enquête tambour battant au cœur de Harlem. On prend un malin plaisir à découvrir les multiples arnaques auxquelles se livrent les malfrats. Même à l'époque d'Internet, on ne serait pas surpris d'apprendre qu'elles font encore recette aujourd'hui!



Le style n'a pas vieilli non plus, oscillant entre descriptions cinématographiques et dialogues truculents. Seule la dérision et une bonne couche de blindage permet aux deux policiers de continuer à faire leur boulot sans trop d'états âme. L'humour est la politesse du désespoir, dit-on: ce roman l'illustre parfaitement. Tous les personnages ou presque sont des Noirs, le racisme n'est donc pas évoqué directement, ce qui rend sa dénonciation bien plus subtile.



Il faut noter que les policiers ne sont pas les vedettes ici, mais plutôt le petit peuple de Harlem, au premier rang desquels Alberta la cuisinière, ou encore Dummy l'ancien boxeur sourd-muet. L'intrigue est assez complexe, on suit les déambulations de tous ces personnages en parallèle, orchestrées avec une précision millimétrée par Chester Himes, sans avoir la moindre idée de ce que l'on va découvrir. Exactement comme si l'on était dans la peau des policiers. Un grand classique, sur tous les plans!
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Qu'on lui jette la première pierre

C'est un journal, un cahier de bord. Jimmy Monroe est en prison. Il nous décrit ce qu'il voit et vit.

Les chapitres s'enchaînent sans titre ni date. À la lecture, on perçoit plusieurs parties.

Jimmy côtoie différents hommes, les relations changent ("son cousin", Dido, le gardien Tom). Il change de cellules également. Un grand incendie aura lieu. Il joue au poker et au softball.



C'est plus un livre documentaire qu'un roman. Il ne décrit pas ses ressentis, juste les faits.

La lecture fut longue, je n'ai pas accroché. Rien ressenti.
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S'il braille, lâche-le--

Précurseur sur la "question noire" aux États-Unis, comme le dit la quatrième de couverture, ce livre l'est peut-être : je ne suis pas assez calé sur ce qui a pu être écrit avant ou à la même période sur ce sujet.

Ce qui est certain en tout cas c'est que ladite période, à savoir l'année 1943, nous donne à observer les relations entre Noirs et Blancs dans un contexte très particulier : celui d'un pays en guerre qui doit pourtant continuer à faire fonctionner son industrie et notamment dans les domaines de l'armement et de la construction navale. Ainsi, une fois les jeunes hommes (de toutes couleurs) envoyés sur les champs de bataille, il n'y a pas d'autre solution que de rassembler dans les mêmes usines ou sur les mêmes chantiers, considérés comme prioritaires, des populations qui, en temps normal, ne se mélangent pas. Remarques blessantes, coups bas, vexations persistent néanmoins malgré cette apparente prise de conscience qu'un Noir vaut bien un Blanc... les outils à la main. De toute façon, en dehors du lieu de travail, la ségrégation existe toujours ; restaurants, cinémas, quartiers d'habitation ne sont pas mixtes.

La "question noire" est donc le fil conducteur de ce roman, c'est certain. Et les péripéties qui s'enchaînent sur cet axe le confirment, puisque l'on suit Bob, un jeune ouvrier noir, qui veut faire sa place, être respecté, mais s'en prend plein la figure et rêve donc de vengeance... et d'amour.

Pourtant, ce même contexte du temps de guerre nous donne à observer d'autres relations que celles qui opposent les hommes noirs et les hommes blancs : les relations avec les femmes. Car le besoin de main d'oeuvre modifie aussi leur place : habituellement considérées comme quantité négligeable, elles apparaissent subitement comme des êtres munis de 2 mains, capables de tenir un tournevis, une clé anglaise ou un poste à souder (pour rappel : à la maison, les femmes n'ont pas besoin de leurs mains : il leur suffit de siffloter et le travail se fait tout seul).

Il apparaît alors bien vite que l'opposition blanc/noir et l'opposition homme/femme prennent autant de place l'une que l'autre dans ce livre, voire se combinent pour créer le nœud central de l'intrigue.

De ce fait, parler de "question noire"en évacuant la misogynie du narrateur, c'est franchement réducteur. D'autant que notre Bob est un expert en la matière : queutard invétéré mais violemment possessif avec sa fiancée, il envisage aussi sans sourciller le viol d'une ouvrière blanche de son chantier comme technique de vengeance à l'encontre de tous les Blancs.

À la limite, un tel profil peut être utilisé dans un roman, si l'idée de l'auteur est de dénoncer ce genre d'attitude (mais le voulait-il?) et on peut

même se dire que Chester Himes a délibérément forcé le trait pour montrer qu'il existe des connards de toutes les couleurs. Car son Bob, méprisant et violent avec les femmes, amoureux de sa bagnole et de la bibine, crache en réalité sur tout le monde : ses employeurs, ses "amis", les syndicalistes, ses futurs beaux-parents...

Si dépeindre un protagoniste antipathique est un défi littéraire comme un autre, je trouve que ça dessert un peu le propos ici. Les regards torves et les entourloupes des Blancs contre Bob sont bien réels et révoltants, mais s'effacent un peu derrière sa violence et sa haine universelles (y compris envers les blancs qui l'aident et une jeune fille noire qui l'aime... alors que lui-même semble n'aimer que sa Buick). Il finit juste par ressembler à un beauf bas du front à fuir à tout prix.

Cela dit, bien plus ennuyeuse, voire carrément rasoir, est la succession de revirements de Bob et de quelques autres personnages au fil des pages, parfois spontanés et inexpliqués, parfois suscités par des hasards ridicules. On passe ainsi sans arrêt d'un extrême à l'autre, d'une décision à son exact opposé, de la haine violente à l'amourette cul-cul-la-praline, sans parler des demi-tours incessants dans la ville à bord de la belle Buick, pour finalement aboutir à un dénouement attendu depuis 300 pages... pour un livre qui en compte 308.

En résumé, le seul intérêt de ce roman est son contexte historique, à savoir la guerre et la ségregation... et la misogynie élevée au rang de discipline olympique, mais sûrement pas ses péripéties ni ses personnages.
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Le fantôme de Rufus Jones et autres nouvelles

En 90 pages, on pénètre dans l’univers littéraire d’un styliste et dans le cœur de la tragédie américaine. Dans ce corpus de cinq nouvelles, je distingue particulièrement la première et la troisième : "Le fantôme de Rufus Jones" (jubilatoire) et "Son dernier jour" (profond) où l'art de Chester Himes surprend par son économie et sa puissance.

Ainsi l’auteur étend le système raciste des couleurs de peau à la description de l’environnement matériel. L’effet est double, une impression de réalité presque picturale et en même temps le soupçon d’une certaine ironie de l’écrivain : « la boule rouge terne du soleil » (p.19) ; « les filets de vomi verdâtre sous la lumière jaune » (p.24) ; « La flamme éclaira les murs blancs d’un carmin fugitif… » (p.42). Ce souci de la nuance, du coloris, est comme un écho à l’absurdité du système ségrégationniste américain. D’ailleurs, dans « Le Fantôme de Rufus Jones » une catégorie de personnes semble devenir « aveugle aux couleurs » (blind color) ce qui ébranle immédiatement les fondements de cette société…. Jusqu’à provoquer une apoplexie !



Je suis également fascinée par la richesse des images créées pour dépeindre le sordide et l’inéluctable, par exemple : « … il n’était pas le premier à rencontrer son Waterloo en la personne d’une de ces filles… » (P. 45) ou pour nommer la chaise électrique : « le voyage éclair » ; « chevaucher les éclairs ». Cet humour ravageur dit en quelques mots le désespoir sardonique, parfois résigné, des victimes d’un crime contre l’humanité pluriséculaire : l’esclavage, sur lequel s’est fondée le concept de vie idéale aux USA : l’American Way of Life… !

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La reine des pommes

Jackson à des problèmes d'argent, comme tous les noirs d'Harlem, quartier de New York... Alors la tentation est grande surtout quand Hank et Jodie lui propose le super plan : transformer des billets de 10 dollars en 20 dollars, contre 10% de la totalité des économies que Jackson est prêt à transformer (15000 dollars...). Mais, patatras, ça foire ! Hank et Jodie s'échappent, Imabelle sa sublime femme disparaît et Jackson se fait arrêter , puis relâcher contre 300 dollars (tisndans le coffre de Clay)... A partir de là, c'est le bordel ! On est emporté dans une course poursuite à travers les avenues, les quartiers pourris de New York à bord dun corbillard que Jackson a "emprunté" à Clay, son patron... Jackson veut retrouver sa belle et terminer le deal pour devenir "riche". On rit de sa naïveté, de son frère Goldy travesti en nonne heroinomane, on craint les coups de lames perdues et les flics corrompus... Tout ce petit monde des malfrats, ces prolos dépassés par la dureté de la vie, gardent la foi en Dieu ou au diable pour se faire la malle (remplie de pépites d'or) poursuivis par Ed Cercueil et le Fossoyeur, deux flics déterminés.

Mais tout est foireux, tout dérape, la loose totale, l'échec magnifique car les dés du jeu sont pipés dès le départ dans ce roman à 100 km/h. Le scénario est assez simple, on y retrouve les fondamentaux du polar américain des années 50 et 60 : bandits sanguinaires, alcool de contrebande, belles pépés, prostitution, grosses bagnoles, et surtout l'appât du gain, le sacro-saint Dollar à égalité avec le révérend Gaines qui ne sait plus où donner de la tête ! ) Et puis des flics qui tirent dans le tas... Rien d'original aujourd'hui, mais à la sortie du roman sûrement. C'est bien écrit, ça se lit vite comme cette cavalcade catastrophe

et invraisemblable New yorkaise. Alors, laissez vous porter par la foi inébranlable (et border line) de Jackson car les voies de la rédemption sont parfois tordues et impraticables, noyées dans le sang. Mais comme les voix du Seigneur sont, elles, évidemment impénétrables tout peut "réussir" à celui qui croit à sa bonne étoile un peu et l'amour ? c'est à voir ! Amen !
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