Citations de Christiane Rochefort (170)
Raconter sa vie ne l’intéresse pas vu qu’elle la connaît déjà. Si elle le fait, c’est en quelques lignes, essentielles :
« Elle est née d’une illusion d’amour, vite effacée. Mais elle, elle est restée. Elle était petite, frêle, on l’a longtemps appelée Cou-de-poulet, et de sexe féminin, et pourtant douée d’une énergie incompréhensible jusqu’à ce jour. Toute son enfance apparemment heureuse ne fut qu’un combat héroïque contre les tentatives de meurtre dont elle a été, comme tout jeune être, l’objet ; de sorte que l’opération n’a pas entièrement réussi. Dans ce combat, son arme absolue a été le fantasme : elle a constamment mené double vie, une imaginaire, et une irréelle.
Je ne répondis pas, c'est ce que je faisais en général, j'attendais que ça passe. J'attendais que la journée passe, j’attendais le soir, le soir qui rien à faire, finirait par venir, et la nuit, qui les aurait tous, qui les faucherait comme des épis murs, les éteindrait pour le compte, et alors je serais seule. Seule. Seule . C'est moi qui tenais la dernière .
On ne peut pas garder la Grâce sans la foi mon amour, c’était une illusion, il ne pousse rien sur la lune, l’espérance ne s’invente pas.
Penser à tout ce futur sans whisky était trop accablant, il fallait s’en consoler d’avance. Et puis comment écrirait-il s’il ne buvait plus ? Car il ne pouvait écrire qu’ayant bu, il l’avait constaté. Il allait se lancer, et ensuite ça roulerait tout seul.
On ne peut pas forcer à boire un cheval qui n’a pas soif.
On souffre si on est dans la vie, parce que la douleur vous en arrache, vous en distrait de force. C’est le refus qui fait le plus mal. Je m’en moquais. Ce n’étaient que de petits ennuis, des dérangements dans ma paresse.
J’aimais les femmes et la perfection d’un plaisir qui connaît tout de l’autre, aussi accompli à donner qu’à recevoir.
Rien de moins libre que l’alcoolique ; tandis qu’il se croit livré à sa fantaisie pure, il a ses manies, il est prisonnier d’incompréhensibles mais immuables attachements à des havres hors desquels il est perdu.
Rien de moins libre que l’alcoolique ; tandis qu’il se croit livré à sa fantaisie pure, il a ses manies, il est prisonnier d’incompréhensibles mais immuables attachements à des havres hors desquels il est perdu.
Quand les parents boivent, les enfants trinquent.
L’alcoolique est celui qu’on ne voit pas boire et qui n’est presque jamais ivre ; il dispose de ressources aussi infinies pour cacher son vice que pour le satisfaire.
C’est difficile de barrer la route à une mère.
Jouir incite les femmes à l’apostolat psychologique, je l’ai maintes fois constaté : c’est une forme noble de la reconnaissance du ventre, particulière aux intellectuelles.
J’aime être utile. Même à de petites choses. Ça me donne le sentiment d’exister.
La pitié n’est pas forcément bonne conseillère, j’avais toujours été un peu naïve…
La terre est ronde et il n’y a pas de routes dessus, on peut dévier n’importe où, n’importe quand, il n’y a que des déviations.
Quand on est amoureux on prend toujours des taxis .
La bonne éducation a ses revers.
On ne donnait pas de renseignements par téléphone. Il fallait se déranger.
À Paris, il faisait beau. On croit toujours qu’il fait le même temps partout. En automne pourtant on devrait se méfier.