Christopher Hittinger

Truckee Lake est le lieu où des pionniers américains décidèrent de rester en attendant de meilleures conditions climatiques pour voyager. Tout commence par l’envie d’un nouveau départ pour un groupe d’habitants de l’Illinois, deux familles forment le gros de l’expédition : les Reed et les Donner mais il y a en tout 87 personnes. L’objectif : atteindre Fort Sutter en Californie. Avril 1846, départ vers le Missouri où ils rejoignent d’autres chariots en route vers Fort Sutter. Le long chemin vers la Californie est très laborieux, que ce soit la difficulté du chemin, les erreurs de parcours ou le temps catastrophique. Une tempête de neige les bloque à Truckee Lake (aujourd’hui nommé Donner Lake), les vivres vont manquer et le cauchemar commence…

Cette petit BD cache une véritable tragédie derrière ce nom de lac neutre. Je ne connaissais pas cet évènement et le déroulement est très difficile à supporter. Mais il a le mérite d’exister pour qu’on se souvienne de ce périple plein d’espoir qui a apporté beaucoup de malheur. J’ai eu du mal à mémoriser le nom des pionniers mais j’ai eu l’impression de sentir le froid des tempêtes avec eux. Les dessins de Christopher m’ont déstabilisée au début : les visages des personnages ressemblent à des smileys géants ou des grenouilles dessinées par un gamin. Ils semblent plus réalistes quand la situation empire et qu’ils souffrent de froid et de faim. Pendant ma lecture, je me demandais ce qu’ils allaient faire dans cette galère, certains étaient pourtant aisés… Attention, certains passages sont assez choquants, à ne pas laisser entre toutes les mains.

Truckee Lake raconte, sous forme de reportage, une expédition qui a eu lieu en 1846 par un groupe de colons partant du Missouri pour se rendre en Californie et qui a mal tourné. Le dessin est en noir et blanc, tramé d’aplats gris, les visages sont assez schématiques, il y a quelques beaux plans d’ensemble et d’angles de vues subtils. Le ton est à mon goût trop froid, comme un compte-rendu, sans parti pris ni empathie de la part de l’auteur, et sans intensité dramatique. Le sujet vaut le coup d’être connu, mais cette lecture m’a laissé sans émotions ni enthousiasme.

Décembre 1606. Trois navires quittèrent Londres avec pour mission d’établir une colonie en Amérique du Nord. Trois cents hommes en tout, espérant que cette aventure leur permettrait de faire fortune rapidement. Parmi eux, le capitaine John Smith, un officier expérimenté ayant notamment prouvé sa bravoure en méditerranée. Après quelques escales aux Antilles, les navires remontèrent toujours plus vers le nord. C’est finalement le 24 mai 1607, sur les cotes de la Virginie que fut officiellement fondée la colonie de Jamestown, baptisée ainsi en l’honneur du roi James. Jusqu’à son retour forcé en Grande Bretagne à l’automne 1609, John Smith fut un des membres les plus importants de la communauté. Aujourd’hui encore, il reste considéré comme un héraut de la colonisation anglaise en Amérique du Nord.



Le projet de Chrisopher Hittinger était au départ assez simple. Son but ? Raconter l’aventure de Smith et de ses camarades en respectant au maximum la réalité historique, loin de toutes les versions romancées proposées habituellement. Certes, Smtih a rencontré Pocahnontas. Il se pourrait même qu’elle lui ait sauvé la vie. Mais point d’histoire d’amour entre eux, on n’est pas chez Disney !



L’histoire de Jamestown, c’est celle d’une installation éprouvante pour des hommes pas du tout préparés à affronter un tel environnement. Il y a d’abord eu la difficile cohabitation avec les indiens, ponctuée d’épisodes très violents. Puis survinrent les dissensions internes, la maladie, la faim, la rudesse du climat… Pour couronner le tout, un incendie ravagea la ville.



L’auteur insiste sur les luttes intestines qui ont gravement mis en danger la cohésion du groupe et sur l’attitude ambiguë des colons vis-à-vis des autochtones. Smith, notamment, n’hésitait pas à utiliser la force si nécessaire et il savait par ailleurs faire preuve de bonne volonté lorsque cela s’avérait utile, surtout quand il avait besoin de indiens pour se procurer de la nourriture. Vous avez-dit opportuniste ?



La vraie originalité de l’album réside dans le style très particulier de l’auteur, fortement influencé par l’œuvre d’Edward Gorey, un illustrateur américain proche des surréalistes. L’éditeur qualifie à juste titre ce style « d’allégorique ». Plutôt que de proposer un trait ultra-réaliste, Hittinger donne à chaque personnage une forme très particulière. Rajouter à cela une absence totale de dialogues (les événements sont uniquement relatés dans des récitatifs), un découpage se limitant à des doubles illustrations pleine page ainsi qu’une utilisation du noir et blanc plutôt anxiogène et vous vous retrouvez avec une sorte d’OVNI inclassable d’un point de vue graphique.



Je ne suis d’ordinaire pas fan de la BD underground, je préfère de loin le classicisme aux expérimentations parfois incontrôlables. Je me suis donc surpris à éprouver un réel plaisir à la lecture de cet album. Sans doute parce que le sujet m’a beaucoup intéressé mais aussi parce que, malgré les apparences, il se dégage du dessin une surprenante cohérence.
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C'est une œuvre qui ne prévôt que par une certaine originalité quant à la mise en forme. Il n'y a pas de case mais une image très grande sur un format à l'italienne.



On se croirait dans un livre du style "où est Charlie ?" avec des personnages tout petits qu'il nous faut chercher dans de grands ensembles. Les décors sont assez réussis. L'effet escompté aura bien lieu. Quelque fois trop surchargé, quelque fois bien vide...



Le cadre est celui de l'Empire romain finissant du moins pour sa partie occidentale. Pour le reste, je n'ai pas retenu grand chose de ce récit. C'est beaucoup trop abstrait.

J'ai bien aimé cette bd qui traite page après page de chaque année de l'année 1300 à 1400 en France. Il faut dire que cette période du Moyen-Age est particulièrement méconnu. On retiendra surtout la guerre de 100 ans qui nous a opposé à la perfide Albion ainsi que la peste noire.



C'est traité de manière assez humoristique avec un dessin en noir et blanc. J'ai même pu apprendre certaines choses. Ce fut une lecture à la fois ludique et intéressante. Il y a parfois l'utilisation d'un strip unique mais assez contemplatif. Parfois, on a droit à des récits un peu plus élaborés pour notre plus grand plaisir. Bref, il y a de la variété.

Ayant lu dernièrement "le temps est proche" dans lequel Christopher Hittinger dresse un portrait chronologique du XIVème siècle, j'ai eu envie de relire son premier livre, Jamestown.

Déjà dans ce premier livre, l'auteur compose un livre singulier qui mélange propos historique précis et traitement graphique anti-conformiste.

Jamestown relate l'histoire de la première colonie anglaise qui s'établit en Amérique. De cette première colonie nous conservons une image d'Epinal, qui fut exploitée, détournée, mythifiée... celle de Pocahontas sauvant John Smith de l'exécution. Ce n'est pourtant qu'une péripétie dans l'histoire de cette colonie, qui fut de plus complètement déformée au fil des différentes version de l'histoire, jusqu'à la version romantique popularisée par Disney.

Dans la réalité, cette anecdote ne revêt qu'une importance très limitée, au point qu'elle n'occupe qu'une page de ce livre. Ce qui intéresse Christopher Hittinger, c'est comment cette colonie s'est implantée. Comment elle s'est développée. Comment elle a dû composer avec les dissension internes. Comment elle faillit diparaître plus d'une fois. Comment elle entretint des rapports tendus avec les communautés indiennes.

Le propos est précis et admirablement synthétisé. Avec une grande économie de moyens, nous voyons se dérouler l'histoire sous nos yeux. Christopher Hittinger s'attache essentiellement au personnage de John Smith, qui semble beaucoup plus intéressant que l'image qui fut colportée autour de l'anecdote "Pocahontas". Aventurier aguerri, il fut de ceux qui se démenèrent le plus pour assurer la survie de Jamestown. Pour éviter de tomber dans une forme de conformisme trop scolaire, Christopher Hittinger opte pour une approche narrative et graphique inattendue. Alors que les indiens apparaissent comme des silouhettes indifférenciées, à quelques rares exceptions près, ce qui correspond sans doute à la perception qu'en avaient les colons, ces derniers empruntent par contre des caractéristiques hautement symboliques, à la limite de l'abstraction.

Et pourtant, le résultat reste très accessible. Beaucoup seraient rebutés au premier regard. Ce serait une erreur tant celivre est plaisant et bien construit.

Narrativement, Hittinger a privilégié les récitatifs et multiplie les doubles pages, comment autant de "vitrines". Derrière l'apparente simplicité, il arrive pourtant à traduire l'ambiguïté des relations avec les Indiens, le comportement discutable des colons, loin de l'image triomphaliste de l'explorateur qui dompte une terre inexplorée ou du point de vue de l'Indien qui voit son univers envahi. Il impose une distance qui nous permet de porter un regard neutre sur les événements qui marquèrent la vie de cette première colonie. Grâce à ce choix audacieux, Jamestown évite l'écueil de la bande dessinée historique classique pour proposer un ton résolument original. Et comme couronner le tout, Jamestown est particulièrement plaisant à lire.

Dans un style sobre et distancié, très « carnet de bord », "Truckee Lake" rend compte de ce qu’ont pu éprouver ces familles de pionniers américains. En partance pour la Californie, tombant les uns après les autres, ils ont enduré la puissance de Dame Nature comme la faiblesse de la nature humaine. Mais de tout ça, ressort une force incroyable pour survivre et secourir les siens. « Des 87 membres du groupe originel, seuls 48 ont survécu, essentiellement des femmes et des enfants. »



Christopher Hittinger nous livre autant de tableaux dessinés comme autant de clichés de cette expédition, rapprochant sa bande-dessinée du documentaire, décrivant la réalité brute et les extrêmes auxquels ont été poussés les survivants. "Truckee Lake", fresque historique captivante, est une bande-dessinée (ou roman graphique) réellement bien documentée qui saisit l’humain comme l’inhumain.


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Bande dessinée centrée sur le XIV ème siècle et ses grands événements, guerre de cent ans, peste noire mais aussi son foisonnement culturel avec notamment Chaucer, Dante, Marco Polo et ses récits de voyage ou le Boccace.

Bande dessinée très riche qui reprends l'histoire vécue par le peuple avec bine des famines, la pauvreté, de nouveaux impôts et la vie, parfois mouvementée des monarques de l'époque.

c'est très riche, bien documenté, beaucoup d'humour et d'ironie. Une ambiance très noire donc amis c'est très bien réalisé et construit.

Il est amusant de noter qu’au « départ » du Temps est proche, son auteur voulait pondre un bouquin dans un univers post apocalyptique. C’est finalement le XIV siècle qui sera le cadre du bouquin, mais on reste plus ou moins dans la thématique vu qu’entre la Guerre de Cent Ans et la Peste Noire, l’ambiance en europe à l’époque était quand même bien rock n’ roll (si je peux me permettre). Nous voilà donc avec une succession d’histoires courtes plus ou moins cocasses, toutes assez noires forcement, allant de l’illustration unique à la saynète de quelques pages, dont le ton et le style graphique alternent entre le réaliste appliqué et le décalé loufoque, en passant par l’humour acerbe. Si l’ensemble est parfois un peu inégal, il se lit néanmoins très bien, le concept et l’esprit général du bouquin, petits tours de force tout de même, en faisant une lecture originale.. Allez, autant tout faire en musique: http://bobd.over-blog.com/2014/09/post-apo-moyenageux-le-temps-est-proche-vs-le-royaume-oublie.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..

Vous connaissez sûrement Jamestown sans le savoir. C'est une des premières colonies anglaises sur le sol américain. Et pour les fleurs bleues, c'est le cadre supposé des amours de Pocahontas et John Smith, du moins si vos référence sont Disney et Malick. Mais attention, Hittinger n'a pas l'habitude de caresser le lecteur dans le sens du poil. Avec lui c'est rugueux, un peu austère, mais authentique.

Maladies, famines, tensions avec les indiens ou entre colons, le Jamestown du dessinateur est loin d'être idyllique. Les codes du dessin sont eux aussi mis à mal, avec par exemple le sens de circulation inversé. Mais le graphisme met en valeur tout le drame de l'histoire. La prédominance du noir donne cet impression d'enfermement, de piège qui se referme. La représentation des personnages schématisés, si elle fait croire à un style naïf, est trompeur, il suffit de voir la force du dessin dans les doubles pages comme avec les caravelles sur le départ.

Lecteurs, vous n'avez pas fini d'être impressionnés, car Jamestown est le premier tome d'une trilogie dédié à des épisodes dramatiques de l'Histoire des Etats unis. La suite s'appelle Truckee Lake et parle de conquête de l'ouest, de montagnes inhospitalières, et de cannibalisme.

C'est toutle XIVème siècle qu'invique Christopher Hittinger dans ce livre.

Le XIVème en Europe occidentale, pour être précis.

Chaque année est évoquée, que ce soit pas une simple case, un strip minimaliste de quelques cases ou une histoire plus élaborée.

Christopher Hittinger multiplie les styles, de la quasi miniature à la bande dessinée plus traditionnelle. Cette variété de styles soutient une narration qui alterne aussi différents point de vue. Comme s'il pbservait à des grossissements différents, passant des eneux politiques aux problèmes les plus triviaux des gens simples. Le livre s'ouvre sur une série de strips très courts suit sans cesse la même logique: l'homme armé débarque, menace le paysan pour lui soutirer le peu qu'il possède avant de repartir, pour revenir l'année suivante, jusqu'à ce que la paysan n'ait plus rien. Il continue sur quelques récits plus ou moins longs, à l'humour souvent cruel qui décrivent une période troublée qui ne rélève que rarement le meilleur de l'humain.

Christopher Hittinger ne se veut pas historien. Les anachronismes ne sont pas rares et sont assumés. Plus que les faits, il s'intéresse à un état d'esprit. Celui d'un monde en train de changer, de basculer vers un nouvel âge: la Renaissance.

On plonge sans forcer dans ce périple, on souffre, on espère et on s’interroge aux côtés de ces pionniers d’un autre temps. Si vous aimez les vieux westerns, la littérature et le dessin Truckee Lake est donc l’album idéal.
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Dans cette vadrouille foisonnante, les péripéties fictives, savoureuses, sarcastiques offrent un tremplin souvent judicieux à la vérité historique.
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Avec son trait fin en noir et blanc, […] l’auteur use d’une palette large et toujours adaptée à son propos, afin de bien saisir ce siècle en mouvement et, aussi, de ne jamais ennuyer son lecteur. C’est une franche réussite.
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