Citations de Clara Sanchez (106)
Comme disait Félix, on est sûr de se tromper quand on laisse ses désirs l'emporter sur les preuves.
Mais l'amour a un prix. On ne peut aimer quelqu'un d'autre et rester égal à soi-même. Car lorsqu'on tient vraiment à une personne, on se laisse subjuguer.
…car il avait constaté au fil de nombreuses enquêtes pour la compagnie d'assurances que l'obsession s'estompe, laissant derrière elle les cicatrices de la déception.
Hitler, semblable à tous les êtres insignifiants et médiocres, ne supportait pas que d'autres que lui sachent tirer plus de grâce et de suc de l'existence. Voilà pourquoi il n'avait pas seulement voulu terrifier et annihiler, mais aussi ôter toute envie de vivre. Hitler voulait rendre le monde effroyable et, pour beaucoup de gens, il a atteint son but. Pour moi aussi, le monde est devenu un endroit atroce parce qu'un puissant en a décidé ainsi par caprice. (Julian)
Les personnes qui ont beaucoup souffert comme nous, ont toujours peur d'être heureuses.
Mon attitude peut paraître mesquine si l'on ignore que les gestes, les pensées et les propos tenus dans un bureau partagé ne sont compréhensibles que par ceux qui travaillent également dans un bureau partagé.
Je n'aime pas l'aventure, je trouve absurde le risque inutile, la vie est déjà assez incontrôlable en soi, elle m'effraie quand je pense à combien elle passe vite, si vite que je n'ai pas le temps de l'atteindre.
Elle avait le droit de savoir dans quel nid de vipères elle était tombée. Elle m'avait invité à partager un beau moment de sa vie. Je ne pouvais pas être vil au point de la trahir, et regarder comment elle allait se précipiter dans l'abîme à deux pas d'elle sans l'avertir.
-C'est à toi de décider, lui dis-je. C'est à toi de décider si tu veux que je te dise qui est cet individu. Mais sache que, chaque pas que tu feras sera un pas vers l'enfer.
Angel n'était pas là. Il était presque neuf heures. Il était sorti jouer au foot à cinq heures après avoir bâclé ses exercices de maths.
Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien.
Le pas que j'avais franchi était sans doute imprudent, mais je désirais le pousser à la limite afin que les rouages se mettent en action. Et de toute façon ce qui était fait était fait.
L'amour épuise parce qu'il fait passer en peu de temps par toute une gamme d'émotions très intense, joie, douleur, jalousie, extase, mais ne jamais l'avoir connu fait encore plus mal, ne pensez-vous pas ?
L'amour est une réaction chimique assez étrange. Rien ne saurait se comparer à l'effort de concentration qu'accomplit le cerveau pour désirer un être, pour le distinguer du reste de l'humanité, pour enflammer son cœur. Son seul effet mobilise les cinq sens, aussi le reconnaît-on dès qu'il se manifeste.
L'amour donne le sentiment d'être l'élu. C'est une ivresse avec gueule de bois assuré qui frappe tôt ou tard, et trop souvent à son goût, comme il avait pu le constater. Mais qui donc sur terre préférerait rester sobre à chaque instant de sa vie ?
Tout compte fait, lorsqu'on aime quelqu'un, on l'aime toujours pour une raison, que ce soit pour sa beauté, son intelligence, sa culture, son prestige, ou parce qu'il est puissant, riche, ou les deux.
Ce que l'on appelle un miracle, ce n'est pas tant la réalisation de l'impossible que la concrétisation d'un désir, ce qui, en soir, est loin d'être aisé.
On s'imagine savoir, et un beau jour on découvre qu'on ne sait rien, c'est alors qu'on commence vraiment à apprendre.
Dès qu'il fit la connaissance de Julia, Félix commença à se sentir préoccupé à son sujet, à s'inquiéter de ses états d'âme, et le jour où il s'aperçut que sa joie le rendait heureux et sa tristesse malheureux, que sa mauvaise humeur l'agaçait et qu'il en venait à détester des gens qu'il ne connaissait pas pour la seule raison qu'elle les détestait, il comprit qu'il ne pouvait plus revenir en arrière, qu'elle avait la mainmise sur ses sentiments, que cette prise de possession devait être de l'amour et que l'amour effaçait toute lueur d'objectivité ou d'indépendance.
Je flairais la suite comme si je l'avais déjà vécue. Nous coucherions ensemble, je tomberais amoureuse de lui, il se lasserait de moi, je souffrirais et l'histoire s'arrêterait là, mais qui arrête de manger une tomate parce qu'il en connaît le goût ? Qui s'en va au beau milieu d'un film sous prétexte qu'il en connaît la fin ?
Si je n'étais pas entrée dans la Tour de Verre ce jour-là, il est probable que rien de tout cela ne serait arrivé. Personne ne serait mort, personne n'aurait perdu la tête et les secrets seraient resté sous clé, dans leurs coffres. Mais parfois on trouve nécessaire d'intervenir dans la vie d'autrui. Et il arrive aussi qu'on intervienne sans le vouloir.