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Citations de Clélia Renucci (111)


Ferdinando, surpris de tant de facilité, goûta ce bonheur en connaisseur de l’âme féminine, sachant que ce qui lui était offert aujourd’hui pouvait être refusé le lendemain. Le premier adultère est le plus difficile, comme le premier assassinat. La dague une fois plantée au cœur de l’ennemi entache à jamais celui de l’agresseur. Le scrupule naît plus tard, selon le goût et l’inclination de chacun. […] Qui tue, tuera ; qui trompe, trompera.
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Les champs de ruines étaient en train d’épuiser leur manne, les plus grands artistes s’éteignaient, le quattrocento n’était plus : ni Léonard de Vinci, ni Michel-Ange, ni Bramante, ni Raphaël n’avaient trouvé de successeurs. Vasari peinait à imposer ses nouveaux apprentis. Jacopo Zucchi, malgré son talent à rendre Clélia plis envoûtante encore sur une toile qu’au naturel, ne serait jamais destiné à servir l’Histoire autrement que comme un bon artisan. Tous ses mécènes, Ferdinando lui-même, en étaient conscients. Alessandro aussi cherchait un nouveau souffle parmi les artistes et les sculpteurs qui demeuraient dans son palais, lui qui avait vu, enfant, travailler le grand Michel-Ange. La chapelle Sixtine ne pouvait pourtant rester orpheline. Il fallait sans cesse innover pour asseoir encore et toujours la réputation et la domination de Rome et du Vatican.
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… Vous connaissez la susceptibilité des hommes. Un mari n’en veut pas à sa femme de le tromper. Si ses incartades restent discrètes, il peut même en être soulagé, lassé lui-même d’une fidélité d’apparat. De la même manière, un prétendant peut se voir refuser un accès auquel il aspire, tant qu’il garde le sentiment que sa virilité n’est pas mise en question. Hélas, n’aimer guère en amour est le meilleur moyen de se faire aimer…
Et surtout prenez garde : lorsque les hommes rencontrent de la résistance, ce qui a l’r d’être le cas entre vous et Médicis, la folie les guette et alors, plus ils aiment celles qu’ils voudraient voir devenir leur maîtresse, plus ils sont près de la haïr…
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- Sans Cesarini à vos côtés, vous ne devez pas accepter de le recevoir, ma fille. Cet homme, quelques qualités que vous lui accordiez, est non seulement une mauvaise fréquentation pour une jeune femme, mais aussi un danger pour vous.
Clélia ne pouvait s’empêcher d’entendre l’antique « non solum sed étiam » de son père et soupirait déjà intérieurement. Que lui avait-il pris de venir lui confier ses peines de cœur ? C’était un logicien, un esthète, un mécène… Il ne serait jamais un confident. Mais il était lancé et elle ne ut arrêter la philippique.
- En refusant à Ferdinando de vous voir seule, il faut que vous gardiez l’exégèse du texte sacré des dynasties italiennes en tête, consciente qu’à Rome, la souveraine habileté consiste à savoir la bien cacher, et que ce qui paraît générosité et amitié n’est souvent qu’ambition déguisée qui feint de mépriser les petits intérêts pour s’en assurer de plus grands
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Et Clélia s’élança, sabots de bois aux pieds, dans le dédale des ruelles, dûment suivie par deux gardes attentifs. Depuis son carrosse, elle n’avait jamais ressenti aussi puissamment l’énergie de cette ville dont elle croyait connaître les moindres secrets. Elle découvrait les odeurs qui en émanaient, un mélange de boue, de pisse, de volailles et de viandes en tout genre accrochées aux devantures des commerces, mais, au détour d’une rue, elle se trouvait soudain en Orient, devant l’étal d’un marchand d’aromates. Le bruit de la cité aussi se révélait à elle, fait de clameurs, de conversations qui jaillissaient des encorbellements pour atterrir jusqu’aux échoppes leur faisant face, de rires, de jurons, de marteaux cognant le fer, de tonneaux roulant vers les auberges, de cliquetis de roues de carrosses aussi, auxquels elle devait prendre garde, protégée par ses hommes qui la retenaient pour lui éviter de se faire broyer au même titre que les commerçants, artisans, mendiants, pèlerins qui se bousculaient à chaque pas. Une ville inconnue, somme toute, bien loin des discussions feutrées de salon. Une ville d’une vivacité stimulante.
Clélia humait, regardait, écoutait tout dans un écœurement ravi…
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- Que vous ai-je fait, Clélia, pour que vous me traitiez de la sorte ? Ou plutôt que n’ai-je pas fait pour vous ? Ne vous ai-je pas assuré une position confortable, manquez-vous de quoi que ce soit ici ? Choisissez votre camp, ma fille. Vous êtes une Farnèse et les Farnèse sont unis. La fidélité participe de notre devise.
« Vous savez, ajouta-t-il d’un ton plus doux, relevant le visage de sa fille qui baissait les yeux, la forçant ainsi à le regarder, la folie comme la grâce seront toujours dans le monde, les médisances comme les bienfaits sont dans la nature. Et sachez que, comme la nature, elles se renouvellent tous les ans, chaque jour, à chaque heure. Une fois que vous êtes la proie des avvisi, ils ne vous lâchent plus. Les calomniateurs sont comme le feu, ils noirciraient du bois vert, faute de pouvoir le brûler. Ne vous prêtez pas de si bonne grâce à leurs inepties ou vous le regretterez.
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- Puis-je simplement vous demander, mon frère, ou plutôt mon maître, comment vous pouvez être absolument certain de votre paternité ? La maison dans laquelle vous m’envoyez est une masure. Ne pourriez-vous pas vous tromper ?
- Seul l’homme indécis se trompe. L’échec est une illusion des faibles. La grandeur assume ses conséquences et ne redoute rien. En toute chose, l’action seule nous sauve.
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Qui avait besoin, aujourd’hui de se salir les mains alors qu’un tas de petits nobliaux étaient prêts à tout pour faire plaisir à une famille comme la sienne ?
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Plus que votre visage, c’est votre légèreté profonde, votre nostalgie souriante, votre liberté contrainte, toutes ces contradictions qui font de vous l’être le plus familier et le plus exotique à la fois qu’il m’ait été permis de rencontrer.
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« Comme Ézéchiel, je reçois la parole de Dieu, la vérité divine, et je dois tenter d’en propager la sève en gardant pour moi son amertume. Alors que vous, bel artiste, cher Véronèse qui avez montre tant de fois dans cette église votre talent et votre audace, vous devez en quelque sorte montrer à Dieu Lui-même l’univers qu’Il a créé et, pire encore, vous devez Lui remontrer celui que nul n’a jamais pu voir. Par la réalité de vos pinceaux, vous allez révéler l’apparence de nos âmes, reproduire l’impalpable, engendrer l’inénarrable. »
Pendant que le prêtre parlait, Véronèse avait sorti une mine et s’était mis à dessiner. Ce qu’il entendait l’inspirait, touchait ce qu’il ressentait depuis toujours, l’éclairait sur sa mission… Saisir l’absolu, contempler le relatif…
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Sans connaître tout de son histoire, elle comprenait que cet homme, qui l’a découvrait comme un explorateur crie enfin « Terre ! » en voyant la banquise, ne la quitterait plus, qu’il serait cet amour dont on ne craint ni n’attend rien de plus que de le laisser évoluer, cette joie sans trouble, ce contentement immuable. C’était la première fois qu’elle pressentait une telle sérénité en rencontrant quelqu’un qui, sans qu’elle eut parlé, semblait déjà connaître tout d’elle et de son passé.
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Moi aussi j’ai été follement amoureux d’une illusion, d’une fugitive, mais elle était littéraire, c’était Mathilde de la Mole. Cette beauté capricieuse devint mon idéal féminin. J’aimais être amoureux.
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« De l’amour, j’ai toutes les fureurs

Au moment où il entendit ce vers, le regard de Gabriel quitta la scène, irrésistiblement attiré par la nuque d’une spectatrice assise au premier rang du balcon. Entre les étoles et les manteaux se dégageait son épaule nue.

J’aime… , poursuit la tragédienne.

Négligeant les aveux de Phèdre, Gabriel se sentit ensorcelé par cette épaule blanche, cette pudique nuque dont la peau satinée captait la lumière de la scène dans une pénombre généreuse et sensuelle, comme un tissu de soie.

À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.

Gabriel ne quittait plus des yeux la silhouette de la spectatrice se découpant à contre-jour devant lui.

J’aime …

Il se haussait même, palpitant, pour tenter de voir son visage, dont il imaginait les lèvres , entrouvertes, haletantes, attendant le nom fatal.

Qui ?

La simplicité de la question referma-t-elle cette bouche rosée ?

Tu connais ce fils de l’Amazone,

Ce prince, si longtemps, par moi-même opprimé …

OEnone le désigna enfin : Hippolyte ? Grands dieux ! Au premier rang, les épaules et la nuque se tendirent. Habitée par les mots raciniens, l’inconnue releva la tête, d’un geste de défi, et Gabriel l’imagina prononcer avec Phèdre :

C’est toi qui l’as nommé !
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Dans son désespoir, il s’en était persuadé, tant que la mort d’Oriane ne serait révélée à personne, elle resterait en vie. Le désir de découvrir de nouveaux souvenirs se rattachant à elle et aux camps l’obsédait. Si sa conscience se refusait à accepter la vérité, son inconscient, lui, n’en doutait plus et c’était la raison pour laquelle son équilibre mental vacillait. Instable, il souffrait sans répit.
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Clélia Renucci
Maintenant que je ne suis plus la seule dépositaire de mes souvenirs, je me sens autorisée à les délaisser, à m'en détacher. Transmettre, c'est s'épargner la peine de se gouverner seul.
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C'est peut-être cela, le devoir de mémoire, alléger celle des vieillards, la transférer aux nouvelles générations, répartir le passé entre nous tous et éviter l'oubli.
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Chacun de ses tableaux ne devient plus qu'un oxymore. Il cherche la clarté par les ténèbres, se sert du noir de charbon comme source lumineuse, il peint des féeries funèbres, des nocturnes incandescents. Si je le laissais faire, il peindrait probablement un enfer pour figurer le paradis.
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C’était à lui qu’incombait donc la tâche de montrer que, quoiqu’il arrive, Venise se devait de donner au monde un visage toujours neuf, et toujours identique. Il avait déjà commencé les travaux de rénovation et sa présence pour décider de l’avenir de la salle la plus imposante en même temps que la plus symbolique du Palais allait de soi. Arrivèrent ensuite les autres membres de la commission.
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Le rusé Jacopo avait alors demandé une éponge humide à l'un des domestiques. Il avait ôté la gouache qui recouvrait l'original du Titien et, bravache :
- Je vous remercie de tous vos compliments, mais voilà la véritable toile du Titien. L'autre, c'est moi qui l'ai peinte en une dizaine de minutes à partir de l' esquisse d'une de mes jeunes voisines. Maintenant, messieurs, voyez combien peu pèsent votre jugement, votre autorité et vos opinions sur l'art, le beau ou le talent, et combien peu d'entre vous comprennent vraiment la peinture.
Un silence embarrassé avait suivi cette sortie, que le rire du maître des lieux, le Signor Contarini - qui aimait autant Tintoret pour ses toiles que pour son caractère - , vint briser et, bon gré mal gré, chacun prit le parti de Jacopo qui fut applaudi de plus belle. On regretta que le portrait de la voisine ait disparu à jamais. Plus d'un patricien lui en commanda une copie, ravi de garder un souvenir de la férocité du maître.
Tintoret rappelait cette anecdote à son fils, cherchant à le prémunir contre les enthousiasmes frelatés et les éloges hypocrites.
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Si tous les Vénitiens savent calfeutrer les seuils de leurs maisons pour éviter que les eaux de pluie ne dégradent leur intérieur, il n'existe aucun rempart contre la rumeur qui chemine, s'insinue et sème le doute dans tous les esprits.
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