François Dosse -
Castoriadis, une vie .
A l'occasion des "Rendez-vous de l'Histoire" de Blois 2014, rencontre avec
François Dosse autour de son ouvrage "
Castoriadis, une vie" aux éditions La Découverte. http://www.mollat.com/livres/dosse-francois-castoriadis-une-vie-9782707171269.html Notes de Musique : PORPORA - _Alto Giove_ from Polifemo. Free Music Archive.
L’homme est cet animal fou dont la folie a inventé la raison.
La société est dominée par une course folle, définie par ces trois termes: technoscience, bureaucratie, argent. Si rien ne l’arrête, il pourra de moins en moins être question de démocratie. La privatisation, le désintérêt, l’égoïsme, seront partout – accompagnés de quelques explosions sauvages des exclus, minoritaires et incapables d’avoir une expression politique.
(1992, dans "Une société à la dérive : Entretiens et débats, 1974-1997")
Une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s’autolimiter, savoir qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire ou qu’il ne faut même pas essayer de faire ou qu’il ne faut pas désirer.
La danse, l'architecture, la musique n'imitent rien, elles créent un monde.
Et quand Xenakis dit que la chouette d’Athènes a quitté la Grèce, il faudrait lui demander : «Bien, elle est partie. Mais où est-elle allée?». En ce qui me concerne, je ne l’ai vue nulle part ailleurs. Je ne connais aucun pays dans le monde, aujourd’hui, où il y ait de grande Pensée ou de grand Art... Ce qui existe, ce qui se produit massivement à l’échelle industrielle, ce sont des produits
«intellectuels» en plastique, de la «pensée» en nylon et de l’«art»synthétique : par exemple, le structuralisme, quelques courants pseudo-psychanalytiques, Althusser, la «sémiotique», etc. D’ailleurs dans cette industrie de pensée en plastique, les Français se distinguent tellement, qu’ils arrivent même désormais à exporter ce type de mode – surtout vers les pays anglo-saxons –, de véritables articles de Paris comme c’était le cas avec les parfums et les robes. L’industrie «intellectuelle» parisienne lance chaque année une nouvelle vedette intellectuelle, comme on lance une mode vestimentaire à chaque printemps ou automne. Notez qu’il y a une certaine saturation du marché, et que la dernière vedette lancée au printemps 1974 a fait un flop
Nous ne cherchons pas à établir que cette fleur-ci, comme les autres, se fanera, se fane ou est déjà fanée.
Nous cherchons à comprendre qu’est-ce qui, dans ce monde social-historique, meurt, comment et, si possible, pourquoi.
Nous cherchons aussi à trouver qu’est-ce qui y est, peut-être, en train de naître.
http://wp.me/p5DYAB-Vt
La prospérité a été achetée en 1945 (et déjà avant, certes) au prix d’une destruction irréversible de l’environnement … La sortie de la misère … ne pourrait se faire … que si l’humanité riche accepte une gestion de bon père de famille des ressources de la planète, un contrôle radical de la technologie et de la production, une vie frugale. Cela peut être fait, dans l’arbitraire et l’irrationalité, par un régime autoritaire ou totalitaire; cela peut être fait aussi par une humanité organisée démocratiquement, à condition précisément qu’elle abandonne les valeurs économiques et qu’elle investisse d’autres significations.
(éd. Seuil, La couleur des idées, 1990, p.170)
Tout se qui se présente à nous (…) est indissociablement tissé au symbolique.
Si les Aztèques pratiquaient régulièrement des sacrifices humains, cela nous dit quelque chose sur l'être des sociétés humaines
Pour qui aime et comprend la musique qu'il écoute, le tableau qu'il contemple, le temps habituel et la quotidienneté sont rompus. Mais, en même temps l'art ne peut opérer ce dévoilement du chaos que moyennant le donner forme. Et ce donner forme, c'est la création d'un cosmos.