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Enrique Escobar (Éditeur scientifique)Myrto Gondicas (Éditeur scientifique)Pascal Vernay (Éditeur scientifique)
EAN : 9782020788533
306 pages
Seuil (04/02/2005)
4.55/5   10 notes
Résumé :
Dans ce volume sont rassemblés des entretiens et des débats auxquels participa, entre 1974 et 1997, Cornelius Castoriadis - militant politique, économiste, psychanalyste et philosophe. On y verra comment deux questions pour lui "interminables", celle de la vérité et celle de la vie en société, se sont trouvées mêlées dans sa propre histoire. Après des entretiens où sont retracées les grandes étapes de sa carrière, en particulier l'expérience de Socialisme ou Barbari... >Voir plus
Que lire après Une société à la dérive : Entretiens et débats, 1974-1997Voir plus
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Comment ces régimes fonctionnent-ils ?

Ces régimes sont libéraux : ils ne font pas essentiellement appel à la contrainte, mais à une sorte de semi-adhésion molle de la population. Celle-ci a été finalement pénétrée par l’imaginaire capitaliste : le but de la vie humaine serait l’expansion illimitée de la production et de la consommation, le prétendu bien-être matériel, etc. En conséquence de quoi la population est totalement privatisée. Le métro-boulot-dodo de 1968 est devenu bagnole-boulot-télé. La population ne participe pas à la vie publique : ce n’est pas participer que de voter une fois tous les cinq ou sept ans pour une personne que l’on ne connaît pas, sur des problèmes que l’on ne connaît pas et que le système fait tout pour vous empêcher de connaître. Mais pour qu’il y ait un changement, qu’il y ait un vrai autogouvernement, il faut certes changer les institutions pour que les gens puissent participer à la direction des affaires communes ; mais il faut aussi et surtout que change l’attitude des individus à l’égard des institutions et de la chose publique, de la res publica, de ce que les Grecs appelaient ta koina (les affaires communes). Car, aujourd’hui, domination d’une oligarchie et passivité et privatisation du peuple ne sont que les deux faces de la même médaille.
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Le capitalisme n'a-t-il pas permis un progrès?
"Certes il y a eu sous le capitalisme une expansion économique fantastique (...) . mais, comme on le voit aujourd'hui, elle a été achetée par des destructions irrémédiables infligées à la biosphère. Et sa condition a
été aussi la lutte des ouvriers pour l'augmentation de la rémunération de leur travail et la réduction de la durée de celui-ci. C'est ainsi que se sont créés les marchés élargis sans lesquels le capitalisme se serait effondré dans les crises de surproduction : c'est ainsi que s'est résorbé le chômage potentiel engendré par la hausse de la productivité. Le chômage actuel est dû au fait que l'élévation accélérée de la productivité du travail depuis 1940 n'a été accompagnée que d'une très faible réduction de la durée du travail - à l'opposé de ce qui s'était passé de 1840 à 1940, où la durée hebdomadaire est passée de 72 heures à 40 heures. Cette obsession de l'augmentation de la production et de la consommation est pratiquement absente des autres phases de l'histoire. (...) la durée du travail dans les sociétés paléolithiques était de 2 à 3 heures par jour (...). Ce que l'on
appelle progrès économique a été obtenu par la transformation des humains en machines à produire et à consommer."
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Sommes-nous en démocratie?
"On appelle faussement nos régimes démocratiques, alors que ce sont des oligarchies libérales." (...)
"Ces régimes sont libéraux : ils ne font pas essentiellement appel à la contrainte, mais à une sorte de semi-adhésion molle de la population. Celle-ci a été pénétrée par l'imaginaire capitaliste : le but de la vie humaine
serait l'expansion illimitée de la production et de la consommation, le prétendu bien-être matériel, etc. En conséquence de quoi, la population est totalement privatisée. (...)
La population ne participe pas à la vie politique : ce n'est pas participer que de voter une fois tous les cinq ou sept ans pour une personne que l'on ne connait pas, sur des problèmes que l'on ne connait pas et que le système fait tout pour vous empêcher de connaître. Mais pour qu'il y ait changement, qu'il y ait vraiment auto-gouvernement, il faut certes
changer les institutions pour que les gens puissent participer à la direction des affaires communes; mais il faut aussi et surtout que change l'attitude des individus à l'égard des institutions et de la chose publique (...) .
Car, aujourd'hui, domination d'une oligarchie et passivité et privatisation du peuple ne sont que les deux faces de la même médaille.
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Si l’état d’apathie, de dépolitisation, de privatisation actuel se perpétuait, nous assisterions certainement à des crises majeures. Referaient alors surface avec une acuité insoupçonnable aujourd’hui le problème de l’environnement, pour lequel rien n’est fait ; le problème de ce qu’on appelle le tiers monde, en fait les trois quarts de l’humanité ; le problème de la décomposition des sociétés riches elles-mêmes. Car le retrait des peuples de la sphère politique, la disparition du conflit politique et social permet à l’oligarchie économique, politique et médiatique d’échapper à tout contrôle. Et cela produit d’ores et déjà des régimes d’irrationalité poussée à l’extrême et de corruption structurelle.
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Qu’est-ce que le projet d’autonomie individuelle et collective ?

C’est le projet d’une société où tous les citoyens ont une égale possibilité effective de participer à la législation, au gouvernement, à la juridiction et finalement à l’institution de la société. Cet état de choses présuppose des changements radicaux dans les institutions actuelles. C’est en cela qu’on peut l’appeler le projet révolutionnaire, étant entendu que révolutionnaire ne signifie pas des massacres, des rivières de sang, l’extermination des chouans ou la prise du palais d’Hiver. Il est clair qu’un tel état de choses est très loin du système actuel, dont le fonctionnement est essentiellement non-démocratique. On appelle faussement nos régimes démocratiques, alors que ce sont des oligarchies libérales.
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Video de Cornelius Castoriadis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cornelius Castoriadis
François Dosse - Castoriadis, une vie .A l'occasion des "Rendez-vous de l'Histoire" de Blois 2014, rencontre avec François Dosse autour de son ouvrage "Castoriadis, une vie" aux éditions La Découverte. http://www.mollat.com/livres/dosse-francois-castoriadis-une-vie-9782707171269.html Notes de Musique : PORPORA - _Alto Giove_ from Polifemo. Free Music Archive.
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