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3.5/5 (sur 31 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

Daniel Loedel, d’origine argentine, vit et travaille à New York, où il est éditeur de littérature dans la prestigieuse maison Simon & Schuster. Hadès, Argentine, son premier roman, est inspiré d’une douloureuse histoire familiale. Il est en cours de publication dans plusieurs pays et a été acclamé par la critique.

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Editions La Croisée." Hadès, Argentine"


Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Autre pensée tournant en boucle : ces choses que je savais. Elles continuaient de fusionner avec les choses que je ne savais pas et d'en épouser la forme. Les faits éprouvés s'effilochaient, les hypothèses me concernant ne s'ancraient plus dans rien, et voguaient librement. Étais-je une bonne personne ? Me souciais-je seulement de la morale ? Que pouvait donc bien changer une seule personne, son amour ou sa mort ? Rien de tout cela ne compte. Rien de tout cela ne vaut la peine qu'on s'y accroche.
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Je ne voyais les yeux des prisonniers que lorsqu'ils étaient morts ou sur le point de mourir : c'était le seul moment où l'on avait le droit de leur retirer leur bandeau, car alors, il n'y a avait plus de risque à cela. Mais cela voulait dire qu'il n'y avait plus grand-chose d'humain là-dedans ; quelle vie ces yeux auraient-ils pu révéler, en saisissant un aperçu du monde juste avant d'être poussés dans la camionnette de transfert ?
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Il sourit tristement avant de s'éloigner. Je mentirais si je disais que tout cela ne m'inspirait aucune culpabilité. En cet instant, alors même que je pensais combien cela devait être difficile pour les Argentins qui n'avaient pas quitté le pays, et qui devaient vaquer à leurs occupations quotidiennes en sachant qu'ils pouvaient tomber sur leurs tortionnaires dans n'importe quel coin de rue, ou en se demandant, parce qu'on leur avait mis un bandeau sur les yeux à ce moment là, si l'homme qui les regardait bizarrement dans le bus ne les avait pas violés -même en cet instant, donc, je me sentais coupable, comme si j'étais en train de m'enfuir à nouveau.
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' Je voulais dire... bredouillai-je. Est-ce ici que résident les morts ?
- Une version des morts. " Le Colonel sourit. Tu sais bien qu'il n'y a pas de morts en Argentine, Tomás. Rien que des disparus."
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Alors que février s'acheminait doucement vers mars, les tremblements de peur devinrent plus durs à contrôler. On voyait de plus en plus de drapeaux argentins ostensiblement agités sur les écrans de télévision et on entendait de plus en plus de discours prononcés par des amiraux et des généraux au sujet de la guerre pour la liberté et la démocratie, les mêmes termes, exactement, que ceux brandis par leurs opposants. On voyait de plus en plus de soldats dans les rues, de plus en plus de barrages de police. [...] On lisait des gros titres en une des quotidiens nationaux, évoquant des fusillades au cours desquelles seuls des « terroristes » étaient tués, et aucun soldat ni officier blessé. [...] La seule chose que vous n'entendiez jamais, c'étaient les détonations. Elles avaient beau monopoliser les conversations, la mort, la violence et la guerre se déroulaient hors champ. Mais les forces qui en étaient responsables n'en semblaient pas moins puissantes. Bien au contraire : cette invisibilité les parait d'une aura magique encore plus grande, tel un sorcier frappant à distance, implacable. Si j'ai sursauté quand le Colonel m'a donné son revolver, c'est sans doute moins à cause de l'arme elle-même que du fait que contre une force aussi invisible, cela faisait l'effet d'un bouclier chétif au point d'en être dérisoire.
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Et le silence, après - tu ne l'avais encore jamais vraiment entendu, non plus. Tu ne savais pas encore combien il allait devenir assourdissant.
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Les gens disent que les militaires vont détruire ce pays. Mais la destruction, c'est le progrès, Tomasito. C'est le seul moyen de mesurer le progrès, d'ailleurs. Scientifiquement, je veux dire. Mon père - un chimiste, ne l'oublie pas, et un bien meilleur joueur d'échecs que toi ou moi - m'a dit un jour que la seule indication du fait que le temps est une direction, du passé vers l'avenir, c'est l'entropie. Et qu'est-ce que l'entropie, Tomás ? Un désordre. Une destruction de l'ordre. La direction dans laquelle elle s'étend est la direction dans laquelle le temps progresse. Donc, quand quelque chose se casse, qu'un pays vole en éclats - c'est cela, le temps. »
« Je ne savais trop quoi faire de ça. Quoi en penser, je veux dire : que vous arrivait-il si vous commenciez à voir l'humanité dans les monstres ? Qu'arrivait-il à votre humanité ? A votre propre monstruosité ?
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Je veux dire qu'elle, elle avait peur. Son amour des montagnes russes, des fusillades et de toute cette agitation en quête d'une vie qui ait du sens ? Qui se soucie de ça, si ce n'est de peur qu'elle ne s'achève un jour ? Oh, je suis sûr que tu as tiré un certain réconfort au fil des années, de l'idée qu'elle n'avait pas peur, qu'elle était prête à affronter sa propre mort. Ça rendait la chose plus facile à avaler pour toi, pas vrai ? Si elle avait choisi ce qui était arrivé, si elle n'avait jamais voulu que cela se passe d'une autre manière ? Mais il y en a toujours. D'autres manières, d'autres choix. D'autres coutumes dans l'armoire, si tu préfères.
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Isabel était-elle devenue péroniste parce qu'elle était une rebelle, ou une rebelle parce qu'elle était péroniste ? Cette question de la poule ou de l'œuf n'était pas évidente à trancher, mais je penchais plutôt pour la première hypothèse. Le péronisme était le vecteur idéal pour tous ceux qui, comme elle, aspiraient au changement mais ne possédaient pas nécessairement une idéologie ou un programme totalement définis. Après que l'homme lui-même eut été chassé du pays en 1955 et son parti interdit, leurs aspects de droite avaient été largement oubliés, et cette étiquette était peu à peu devenue un fourre-tout pour les populismes de tous bords, une bannière pratique pour tous ceux qui souhaitaient entrer sur le champ de bataille. Comme Isabel me le confia au cours de cette marche : « Le péronisme, c'est comme la poésie - on e peut pas l'expliquer, seulement le reconnaître. »
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Nous sommes revenus ici, ta petite rebelle chérie et moi, fondamentalement en nous glissant dans des fissures. En profitant de failles fugaces et incertaines, comme tous ces fantômes misérables dont on parle dans les histoires. Mais il faut que tu comprennes, cet endroit, l'au-delà - ça te change. Ça te tue encore et encore, vraiment, à chaque instant. Au bout d'un moment, ce n'est pas seulement ta vie que tu perds, c'est toi. Alors revenir de cette manière, ce n'est pas bon, tu vois. Il te manque quelque chose, il te manque tout. C'est un simple épiphénomène, pas la réalité. Pas la vie.
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