"Terre silencieuse" de Dave Goulson - interview
Si vous ne savez pas reconnaître un papillon citron, vous ne le remarquerez pas quand il volera à côté de vous. Pour vous, il n'existe pas parce qu'il n'a pas de nom, et s'il disparaît, ça ne vous fera ni chaud ni froid, d'ailleurs vous ne vous en rendrez même pas compte.
Les données de Gillian indiquent clairement que, comme au Sichuan et dans certaines région du Canada, nous n'avons plus assez d'abeilles sauvages pour polliniser nos récoltes, mais cela n'a pas toujours été le cas. Il n'y a pas si longtemps, nous en avions beaucoup plus et les agriculteurs se débrouillaient très bien sans en acheter d'autres. Nous en avions beaucoup plus, car l'agriculture était différente : les fermes comptaient plus de fleurs et utilisaient moins de pesticides. Les bourdons commerciaux sont onéreux, au point de représenter une dépense de plusieurs milliers de livres sterling par an pour les grandes exploitations de fruits rouges. Et si cet argent était plutôt consacré à faire remonter le nombre de bourdons sauvages en plantant des bandes de fleurs sauvages ou en leur fournissant des habitats où ils puissent faire leur nid ? Cela ne pourrait-il pas constituer une solution de remplacement à l'usage des bourdons commerciaux, à la fois plus efficace et infiniment plus respectueuse de l'environnement, au moins pour les cultures extérieure ?
En 1962, trois ans avant ma naissance, dans son livre Printemps silencieux, Rachel Coulson nous alertait déjà sur les terribles dommages que nous infligions à notre planète. Elle pleurerait de voir à quel point la situation a empiré.
Dans mon monde rêvé, chaque école serait jumelée avec une ferme écologique; une petite partie des subventions agricoles serait allouée aux fermiers désireux d'adhérer à ce programme et de recevoir régulièrement des visites scolaires; ainsi, les enfants comprendraient d'où vient la nourriture qu'ils voient dans les supermarchés. Ils comprendraient que tout ce que nous avons, depuis l'oxygène que nous respirons jusqu'aux aliments que nous mangeons, dépend de la nature, que nous faisons partie d'elle.
L'élément essentiel, et invisible , du tableau est constitué par nos sols, nos rivières, nos lacs, nos haies, nos parcs et nos jardins désormais tous chargés de ces toxines fabriquées par l'homme. On dit parfois que l'humanité est en guerre avec la nature, mais le mot "guerre" implique un conflit bidirectionnel. Or notre attaque chimique contre la nature s'apparente davantage à un génocide. Comment, dans ces conditions, s'étonner que notre faune soit en déclin ?
Sans les abeilles, le sol, les bousiers, les lombrics, l'eau propre et l'air pur, on ne peut rien faire pousser, et sans nourriture, l'économie n'est rien.
Sans les abeilles, le sol, les bousiers, les lombrics, l’eau propre et l’air pur, on ne peut rien faire pousser, et sans nourriture l’économie n’est rien.
Si l'on pouvait orchestrer un changement d'attitude afin que les "mauvaises herbes" telles que les pâquerettes et les trèfles soient considérées comme de séduisants ornements dans une pelouse et non des ennemies à chasser, ce serait autant de temps, d'argent, de stress épargnés, et une aubaine pour la nature.
On dit parfois que l’humanité est en guerre avec la nature, mais le mot « guerre » implique un conflit bidirectionnel. Or notre attaque chimique contre la nature s’apparente davantage à un génocide. Comment, dans ces conditions, s’étonner que notre faune soit en déclin ?
La question de « l’utilité des limaces » ne devrait même pas se poser pour que nous les laissions exister en paix.