"Au loin, là où regardait l’Indien, le soleil se couchait sur l’éternité. Et c’était cette promesse d’éternité qui pouvait pousser un homme à faire le grand saut."
Appalaches, du côté de la Caroline du Nord, dans un trou perdu, non loin d’une ville…
Jacob McNeely, 18 ans, est le fils Charly McNeely, baron local de la drogue bleue, la cristal meth.
Son avenir à lui est déjà tout tracé, pas de boite privée, pas de science po, pas de ENA, pas de H.E.C…
Et dans le pire des cas, s’il ne travaille pas pour la boîte de papa, c’est dans la gueule qu’il s’en prendra.
Oui, l’avenir de Jacob semble tracé : fils d’une mère junkie accro à la meth et d’un père qui en vend, il sait que jamais il n’ira ailleurs que dans ces montagnes. Son avenir est inscrit dans ses gènes et son avenir est sans lumière.
Si on ne choisit pas ses parents ou sa famille, on peut choisir ses amies et Jacob a toujours eu des vues sur la jolie Maggie, son amie d’enfance, celle qui le comprend, celle qui pourrait être sa bouée de sauvetage, celle qui pourrait l’aider à sortir de toute cette merde dans laquelle il doit surnager.
Nous sommes dans un roman noir, un roman "rural noir" car il nous emporte dans l’Amérique profonde, dans une Amérique où règne la violence, dans une ville ou tout le monde est corrompu, surtout les flics qui mangent dans la main du père McNeely car il leur refile des biftons qui mettent du beurre dans leurs fins de mois (qui sont toujours dures).
Oui, ici, black is black, noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Élevé par un père dur et sans amour, cherchant toujours les rares fois où il a été fier de lui, Jacob sait que s’il ne fait rien, le milieu de bouffera, lui qui n’a pas l’étoffe de son père.
Mais comment faire pour se détacher de se père ? Freud aurait dit que couper le cordon n’était pas suffisant, il faut aussi tuer le père…
Ici, il y a de la violence, de la misère humaine dans le sens où Jacob a reçu peu d’amour ou de marques de tendresse de ses parents, pourtant, dans le fond, il les aime.
Ici, le sang coule, les hommes sont des brutes, des corrompus, ici, on règle ses comptes à coup de révolvers et on finit dans le lac avec un peu de malchance.
Ici, ce n’est pas mourir qui est difficile, c’est vivre ! Et il n’y a pas grand-monde pour chanter "Je veux vivre".
Mais si le sang a coulé abondamment, il y a eu aussi une vallée de larmes : celles de Jacob, celles de Maggie et les miennes.
Parce que oui, même si Jacob n’est pas un ange, même s’il est violent à certains moments, que c’est un buveur, un fumeur de Winston et de beuh, c’est aussi un garçon qui a manqué de tout, mais qui peut tout vous donner s’il vous aime.
Oui, j’ai aimé Jacob et le quitter en refermant le livre fut une torture, même si, dans le fond, il est toujours dans ma tête, ce gamin.
Un roman noir qui m’a pris aux tripes, qui est allé droit dans mon cœur, droit dans mon sternum, comme un coup de poing.
Un récit magnifique, une plume sans concession, des personnages attachants (Jacob, Maggie), le tout donnant un récit poignant, émouvant, humain, déchirant que tu termineras par un grand cri car, tel un loup, tu hurleras ta douleur à la fin du roman.
PS : les plus mélomanes auront reconnu le détournement des paroles de "Auteuil, Neuilly, Passy" des Inconnus, une phrase de "Né Quelque Part" de Maxime Le Forestier et le titre d’une chanson de Faudel "Je veux vivre".
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