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Citations de David Shahar (32)


Le Juif, par sa nature même, c'est quelqu'un qui est né dans une terre étrangère où il a grandi, où il a vécu au milieu d'un peuple étranger et qui a besoin d'un gouvernement étranger, d'un État étranger dans lequel il puisse continuer à vivre en tant que minorité, comme un greffon différent plu ou moins haï, plus ou moins toléré.
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Et quant à l'existence humaine en soi, c'est là qu'est l'extraordinaire paradoxe. Prenons l'un des plus grands génies Einstein - ce grand cerveau qui explore les fondements de l'existence - le premier vaurien venu peut, d'un seul coup de couteau ou d'une pression sur la détente mettre fin à ses jours ; il est à la merci de n'importe quel accident u tout simplement d'une pierre qui lui tombe sur la tête et c'est là un grand sujet d'étonnement, que cet être complexe, dont la création, le développement et la préservation ont requis tant de soins soit à ce point vulnérable et facile à anéantir. Et pourquoi Einstein? Voici ce chat écrasé qui gît au milieu de la chaussée [...] même dans ce chat s'inscrit, tout au moins du point de vue biologique, un système infiniment plus compliqué, délicat et multiple que dans n'importe quel ordinateur fait de main d'homme et son existence, comme celle de tout corps vivant sur cette terre se trouve exposée à tous les accidents et promise à un anéantissement aisé. Et peut-être y a-t-il là de quoi ouvrir nos yeux à un autre genre d'existence bien plus importante que l'existence périssable et éphémère sur la terre?
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Ce mot de «Dieu» n'avait pour moi de signification, je n'éprouvais quelque chose de ce à quoi il fait allusion que lorsque, créature insignifiante et excitée, je me tenais devant les montagnes, les espaces, les déserts ou l'infini des cieux et des étoiles qui disent la gloire de Dieu sans paroles et sans discours.
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D'une manière générale, il partageait les lecteurs - comme les livres - en deux catégories : les vivants et les morts. Les vivants étaient ceux qui lisaient n'importe où, sauf dans la salle de lecture et ceux-là lisaient des livres vivants qui ajoutaient vie à leur vie ; les morts étaient ceux qui passaient leur journée dans la salle de lecture de la Benei Beret et ceux-là, bien entendu, lisaient des livres morts qui ajoutaient mort à leur mort.
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Un garçon qui tourne le dos à tous les plaisirs de ce monde, qui abandonne un bon emploi pour réaliser le rêve de son coeur, on l'appelle de nos jours un idéaliste. Rien à voir avec ces vauriens qui se déclarent idéalistes, ces je-m'en-foutistes qui n'ont d'œil que pour eux-mêmes et sont prêts à faire retourner le monde au chaos pourvu qu'ils accomplissent leurs désirs.
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Jusqu'au jour d'aujourd'hui, je ne sais exactement à quoi faisait allusion l'auteur du verset : «Le Saint, béni soit-il, fait sortir le soleil de son fourreau», mais en ce temps-là, lorsque sur mon chemin vers la bibliothèque de la Benei Berit, s'ouvrait soudain la porte de fer verte, livrant passage à la fille du docteur, j'éprouvais ce que signifiait le soleil sortant de son fourreau : à la vue de son visage, au son de sa voix, le monde s'emplissait de lumière, il se faisait plus large, plus haut, plus libre, meilleur.
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C'est seulement sur le chemin du retour que je lui demandai pourquoi on l'avait enterrée sans même un cercueil. Je ne savais pas encore que je venais d'assister à un rite courant de nos jours et j'étais persuadé que quelque chose d'inhabituel s'était passé sous mes yeux. «Les juifs d'ici, me répondit-il, se hâtent de briser le vase dès l'instant qu'il est vide pour qu'il retourne le plus vite possible à la poussière d'où il vient.»
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Je vis pour la première fois Gabriel Jonathan Louria en un jour mémorable de ma vie, le jour où, de tout près, de l’autre côté de la rue, je contemplai le Roi des Rois, Puissance de la Trinité, Élu de Dieu, Lion de Juda : Haïlé Sélassié, Empereur d’Abyssinie. C’était en 1936 au milieu de l’été – j’avais alors dix ans – et tandis que je montais l’eau puisée à la citerne, sur la large véranda de notre maison qui donnait rue des Prophètes, je vis l’Empereur gagnant d’un pas alerte le consulat éthiopien en face de chez nous. Quand je me retournai, je découvris un homme assis sur la chaise de paille près de la table de la terrasse qui me regardait, moi et le spectacle qui se déroulait devant moi, les yeux souriants. Rentré de Paris ce même jour, M. Louria retrouvait la maison de feu son père, car en vérité, la maison que nous habitions appartenait à son père : Gabriel lui-même y était né, il y avait grandi et le puits qui nous donnait l’eau était le puits de son enfance
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Le cierge solitaire dans son coin protégé continuait à faire monter tout droit sa flamme en forme de poire. Gabriel retourna s’asseoir sur l’escabeau et s’enroula dans une couverture pour contempler la flamme au bruit des vagues qui explosaient sur les rochers au-dehors. À nouveau, dans les mugissements du vent, se mêlaient des bribes de voix humaines, des cascades de rires enfantins qui réchauffent l’âme mais, cette fois, il ne se précipita pas dans la tempête. Le cœur serré, il demeura assis à l’abri des murs pour savourer la sérénité dispensée par la petite langue de feu chaleureuse, séparée du bruit et de la fureur déchaînés sur le monde et pour jouir du feu d’artifice dont les couleurs brillantes éclataient tout en haut, illuminant de leur scintillement l’obscurité du dôme de l’âme.
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Nin-Gal m’était apparue, la nuit, à la lumière des flammes du feu de camp, avant même que je sache qu’elle était Nin-Gal – cela s’était passé juste après que Shoshi fut entrée dans la chambre d’Eshbaal Ashtarot sans sonner et sans frapper. Elle était assise sur un rocher et je voyais son profil sous l’abondante chevelure noire dont la tresse ceignait sa tête comme une couronne – la peau claire de la tempe, l’arc du sourcil, la ligne des hautes pommettes, le nez légèrement retroussé, les lèvres pleines qui s’ouvraient en chantant sur une rangée de dents scintillantes de blancheur sous l’éclat du feu et l’œil de biche dont le regard humide laissait filtrer la lumière d’un rêve.
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Salomon le roi bâtit le Saint des Saints à Yahveh son Dieu et il écrivit le Cantique des Cantiques pour la plus belle de ses mille femmes. Son Saint des Saints a été détruit mais le Cantique des Cantiques écrit pour elle demeure et vit et en lui se manifeste à tous les yeux capables de voir le secret de l’odeur de son amour pour elle qui est le secret de la cassolette de parfums dans le Saint des Saints
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Par les claires nuits d’été j’entendais retentir les notes du piano enfoui dans la maison invisible derrière le mur de sa haute enceinte. Elles vibraient tout au long de la rue des Prophètes et entraient par les fenêtres de la maison, grandes ouvertes sur les étoiles du ciel. Parfois les arpèges tombaient comme des gouttes dans les chansons arabes venues d’au-delà de la porte de Sichem ou du quartier de Mousrara, s’engouffrant par la fenêtre ronde de l’est. Alors l’air nocturne tremblait d’une tension croissante car les rythmes occidentaux ne se diluaient pas dans les mélodies orientales pour fédérer des harmonies nouvelles – comme il arrive souvent qu’une œuvre musicale absorbe une mélodie étrangère, l’assimile et s’en nourrisse. Les gouttes de piano, au contact étranger, se cristallisaient en une matière explosive que la moindre étincelle risquait de faire éclater.
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