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Le Palais des vases brisés tome 1 sur 7
EAN : 9782070253463
196 pages
Gallimard (13/05/1983)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Jérusalem d'avant la Seconde Guerre mondiale revit grâce à un narrateur à la recherche du temps perdu. Les «vases brisés» sont sans doute ceux du palais de la mémoire : ils sont aussi ceux, très réels, qui servaient à tirer l'eau du puits de la maison d'enfance. Ils font enfin allusion à une idée théosophique audacieuse : la «brisure des vases» est un accident cosmologique dû à l'abondance divine, qui expliquerait l'origine du mal.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je viens de terminer Un été rue des Prophètes. Ce ne sera malheureusement pas une lecture dont je chérirai le souvenir. Ce n'est pas si mal, mais je me demande bien ce que l'auteur espérait laisser comme impression. Quelques personnes compare son oeuvre (parce que ce roman est le premier d'une série, le palais des vases brisés) à celle de Proust. le grand génie français a poussé son souci maniaque du détail jusqu'à l'extrême, et ces détails lui permettaient d'analyser les autres, les revers de la société, sa propre personnalité. Ici, David Shahar raconte avec presque autant de précision, je dois le lui accorder, mais qu'en ressort-il ? Finalement, son roman n'est qu'une succession de souvenirs épars. Bien sur, mis bout à bout, ces souvenirs forment une sorte de kaleidoscope de la vie à Jérusalem dans la première moitié du vingtième siècle. Mais est-ce suffisant ?

Par exemple, quand Shahar commence son récit, c'est un jeune garçon en train de recueillir l'eau du puits. Arrive Gabriel Louria, le fils de la propriétaire de la maison que ses parents louent. C'est visiblement un moment important car il idéalise le jeune homme. Un peu comme le narrateur d'À la recherche du temps perdu est fasciné par Swann et Saint-Loup. Puis, il assiste à l'arrivée de l'Empereur d'Éthiopie au consultat situé en face de sa demeure. Il décrit cette arrivée (cette déception) aec minutie. Mais qu'en ressort-il ? Une brève mention une centaine de page plus loin. Puis rien. C'est pourtant un événement qui aurait pu en marquer plus d'un. S'ensuit plutôt une histoire du père de Gabriel, puis ses péripéties avec le pharmacien, puis une quantité d'autres anecdotes qui ne font nullement avancer l'histoire du narrateur.

Bien sur, toutes ces anecdotes donnent un aperçu des habitants de Jérusalem et, par le fait, de Jérusalem elle-même. Après tout, une agglomération n'est que la somme de ses habitants, n'est-ce pas ? Normalement, je répondrais par l'affirmative mais je n'en suis pas certain en ce qui concerne la Ville Sainte. Ce serait très réducteur pour une métropole à l'histoire aussi riche qu'ancienne et à la symbolique autant importante. de plus, j'aurai beaucoup aimé que l'auteur la décrive davantage. À quoi ressemble cette cité? Quels en sont les endroits préférés de l'auteur? On n'en sait rien. Même sa petite rue est presque qu'exempte de description. Parfois, il y avait bien quelques indications comme l'Ophel, le mont des Oliviers, etc, mais c'était trop peu. Je ne peux m'empêcher de ressentir une toute petite déception. J'ose espérer que la suite éclairera davantage.
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Comment évoquer l'impalpable, le fugitif, l'évanescent ? Celui des souvenirs, des ressentis, des émotions ? Comment parler de ce livre ?

Nous sommes à Jérusalem entre les deux guerres, Jérusalem sous mandat britannique. le narrateur nous raconte ses souvenirs d'enfance. Pas d'une façon chronologique, logique, continue. Mais en désordre, avec des circonvolutions, arabesques, en allant d'un moment à un autre, dans une ordre qui peut paraître à premier abord anarchique, et qui n'aide pas le lecteur à s'y retrouver, il faut un effort pour saisir à quel moment on se situe, si tel ou tel événement c'est déjà produit ou s'il est à venir. Puis il y a des pauses consacrées aux différentes personnes qui pour une raison ou une autre ont été importantes pour le narrateur, qui en ont fait ce qu'il est. Ces personnages se racontent, se révèlent en même temps qu'ils révèlent le narrateur à lui-même. Et qu'ils révèlent l'histoire d'autres personnages, parce que les routes se croisent, pas vraiment au hasard, même si on peut le penser au début, tant qu'on ne voit pas le lien ténu mais puissant qui les attache. La structure se dessine peu à peu, subtilement, en arrière plan.

Le récit a quelque peu l'allure d'un conte, d'un mythe, d'une légende. Un bey de l'empire ottoman, devenu consul espagnol, un juif devenu prédicateur protestant et spécialiste en théologie, un poignard qui aurait servi à un meurtre caché par un enfant...tout peut se transformer en récit, le réel peut être enchanté sans effort.

Et puis plus difficile à saisir si on ne connaît pas la kabbale, si on s'est jamais intéressé à la théosophie. Pourtant, difficile d'y échapper, le cycle de romans dont Un été rue des Prophètes est le premier volet, s'appelle le palais des vases brisées. Ce qui fait référence au concept de brisure de vases, concept kabbalistique. Développé par un certain Louria, comme le personnage qui est au centre des souvenirs du narrateur dans ce premier volume. Je ne saurais pas vraiment expliquer ces notions complexes, mais cela fait référence au deuxième moment de la création du monde, où le Dieu s'est retiré, mais la lumière divine continue à émaner, créant des vases réceptacles, dont certains vont se briser, mais une partie de la lumière restera prisonnière des tessons. Ce processus est associé à la création de l'homme, mais participe aussi à l'apparition du mal. La brisure exige une réparation, une reconstitution des vases.

Les souvenirs du narrateurs partent et aboutissent dans le roman de Gabriel Jonathan Louria, le fils de la propriétaire de la maison de l'enfance du narrateur, sur qui il semble avoir eu une influence considérable. L'histoire de ses parents, et quelque éléments de la sienne nous sont progressivement dévoilées, dans des récits en volutes, avec de nombreuses digressions et arrêts pour des histoires et des personnages parallèles. Il semble être le guide, celui qui donne un sens.

J'ai pris un grand plaisir à la lecture de ce livre, à la fois limpide et complexe. Les personnages pittoresques, le sens du récit, une capacité à insérer une sorte de merveilleux au sein du quotidien, en font une lecture immédiatement gratifiante. Mais en même temps, une dimension plus métaphorique, symbolique, métaphysique sourd à chaque instant. Elle est évidemment plus difficile à appréhender, et demanderait sans doute, d'autres lectures, moins immédiates.

J'ai en tous les cas hâte de lire les volumes suivants.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je vis pour la première fois Gabriel Jonathan Louria en un jour mémorable de ma vie, le jour où, de tout près, de l’autre côté de la rue, je contemplai le Roi des Rois, Puissance de la Trinité, Élu de Dieu, Lion de Juda : Haïlé Sélassié, Empereur d’Abyssinie. C’était en 1936 au milieu de l’été – j’avais alors dix ans – et tandis que je montais l’eau puisée à la citerne, sur la large véranda de notre maison qui donnait rue des Prophètes, je vis l’Empereur gagnant d’un pas alerte le consulat éthiopien en face de chez nous. Quand je me retournai, je découvris un homme assis sur la chaise de paille près de la table de la terrasse qui me regardait, moi et le spectacle qui se déroulait devant moi, les yeux souriants. Rentré de Paris ce même jour, M. Louria retrouvait la maison de feu son père, car en vérité, la maison que nous habitions appartenait à son père : Gabriel lui-même y était né, il y avait grandi et le puits qui nous donnait l’eau était le puits de son enfance
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C'est seulement sur le chemin du retour que je lui demandai pourquoi on l'avait enterrée sans même un cercueil. Je ne savais pas encore que je venais d'assister à un rite courant de nos jours et j'étais persuadé que quelque chose d'inhabituel s'était passé sous mes yeux. «Les juifs d'ici, me répondit-il, se hâtent de briser le vase dès l'instant qu'il est vide pour qu'il retourne le plus vite possible à la poussière d'où il vient.»
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La joie des réveils en cet été où nous vînmes habiter la maison de M. Gabriel Louria et dans laquelle je vis son père, le vieux bey et sa mère aux yeux rêveurs - cette joie m'a abandonné depuis de longues années. Elle n'existe plus que dans la nostalgie du souvenir et dans l'espoir stupide de la voir revenir.
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