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Citations de Deepti Kapoor (68)


La brume se dissipe, cède la place à un bleu intense et durable et, tel un pelvis, la lune sombre vers la base de Ganga. Je pose les mains dans l'herbe, sens la terre sous mes pieds, vois les aigles monter en flèche vers le ciel, entends les insectes plus bas.
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Je me penche sur mon enfance comme depuis la berge lointaine d'une rivière au débit rapide, au-dessus de laquelle il serait impossible de jeter un pont.
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La ville m'est proche à présent, je pense la connaître. Millions de vies, de coeurs, de poumons, de bras qui s'agitent et vous poignardent, mendient, matraquent, implorent, prient, gencives contre dents, dents contre chair, langues pendantes, frotti-frotta des corps dans l'obscurité, ivresse, déliquescence, ourlets dépenaillés, points trop lâches, chèvres, poulets, un grand cri, ces odeurs, la poussière rouge et le diesel dans mes narines et ma bouche. Je crois connaître tout ça. Puis cette certitude se dissipe.
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En cette soirée de mousson, le ciel renferme toute l'électricité de l'univers. Dehors, l'orage se prépare très lentement, il n'éclatera pas avant plusieurs heures. Et les muezzins lancent leur appel à la prière, de minaret en minaret, c'est une éruption de foi accompagnée au loin par la plainte chevrotante d'un train.
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Quand je l'ai rencontré, il était déjà irrécupérable. Je ne le savais pas à l'époque, mais il était déjà irrécupérable. Parce qu'il ne s'arrêtait jamais, que, du jour de sa naissance, il n'avait jamais cessé de foncer, de brûler tous ses vaisseaux, de couper tous les ponts. Chaos tissé de joie, la joie de Shiva, mordant le sein de sa mère, folie innée.
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Et, du fait de la brièveté de leur existence, ils ne pourront acquérir un grand savoir. Et, du fait de la pauvreté de leur savoir, ils n'auront aucune sagesse. Et, par suite, convoitise et avarice les écraseront.

Le Mahabharata
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Il y a un hôpital à proximité. On entend les cris des patients le matin, et ce raclement de gorge qui est l'hymne indien.
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Un an plus tard, du coucher du soleil à son lever, quand toute la poussière est retombée, je reprends de l'acide dans l'Himalaya où les étoiles voisinent dans le ciel avec Shiva tandis que Parvati me tient compagnie dans sa vallée. Shiva et Parvati, qui tous deux fendent la nuit dans des chariots gros comme les étoiles des jeux de points à relier.
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Quelqu'un n'ayant pas vécu à Delhi ne peut imaginer à quel point il y fait froid l'hiver. Autrefois, le soleil brillait, mais cette époque-là n'est plus. A la place, il y a la grisaille de la pollution et de méchants nuages de brouillard glacé, pareils à ces boules de coton avec lesquels on essuie une nuque crasseuse, qui se coulent dans les bâtiments et s'accrochent à la ville sur un ciel infiniment glacial.
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Crépusculaire. Delhi se déploie lentement, de nouveau le soleil plonge derrière la terre, se baigne dans la Yamuna putréfiée, s'y noie. Les temples surgissent, les mosquées, le bourdonnement de voix mâles, les mélopées funèbres des diverses confessions, les appels adjurant le soleil de réapparaître, les chauves-souris, les oiseaux, les sonorités appuyées des tambourins et, par-dessus tel balcon, ce drap qu'on secoue au-dessus de la rue.
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Au-delà de Delhi Gate, obscurité dévorante, faisceaux lumineux des phares écartelés à travers le pare-brise rayé. Gémissement des bus monstrueux qui naviguent entre les files. A l’horizon, des usines maculent de fumée noire le ciel de plus en plus sombre. Puis, en franchissant la Yamuna enténébrée, scène pastorale démente dans la rivière en contrebas, avec des huttes moyenâgeuses au milieu des roseaux.
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Ça fait du bien parfois de se réveiller sans savoir où on est.
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- Je veux retrouver ma vie
- Personne ne retrouve sa vie
Personne ne la retrouve jamais. La vie nous fuit, un point c’est tout. Elle ne revient jamais, malgré tous nos efforts, malgré toute notre volonté. C’est quelque chose qu’on doit garder présent à l’esprit. On s’adapte ou on meurt.
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Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’Ajay n’était qu’un gamin de huit ans, mal nourri. Sachant à peine lire. Vigilant depuis le fond du fond de ses yeux. Sa famille était pauvre. Ravagée par la misère. Vivant au jour le jour dans une hutte, colmatée avec des herbes sèches et des morceaux de plastique, bâtie sur un monticule au-dessus de la plaine inondable près des roseaux à quenouilles à quelques jets de pierre du village.
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Tu seras libre, dans les limites du raisonnable. Et on oubliera cette malheureuse affaire avec ces autres types. On pourrait les punir. Mais tu l’as déjà fait, pas vrai ? Quelle démonstration de force. Oh, et cet argent, il est à toi. Tu aurais dû dire quelque chose.
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Ils vivent au jour le jour, d’une heure à l’autre, travailleurs pauvres, ils bataillent pour survivre. Reviennent dormir dans ce lieu désert une fois la nuit tombée, à côté du Ring Road et près de Nigambodh Ghat. À deux pas des bidonvilles rasés de la Yamuna Pushta où ils vivaient avant.
Mais les journaux ne s’attardent pas sur ces trois hommes. L’aube venue, leurs noms s’effacent avec les étoiles.
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De ce perchoir dans les montagnes, on peut imaginer qu'une formidable inondation balaie l'Inde depuis l'océan Austral et remonte vers les jungles et les plaines. Ce soir pourtant, je ne baisse pas les yeux vers l'Inde, mais me borne à regarder les constellations, les montagnes couronnées de neige et les glaciers au miroitement gris acier avec, dans leur sillage, l'odeur des vergers de pommiers.
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Je m'éveille sans le moindre souvenir. La peur au ventre diffuse vers la gorge, la tête. Puis ça me revient. J'ai grillé les feux rouges, foncé dans la nuit et le brouillard, l'esprit saturé de coke. Ces matins de solitude sont les pires. Roulée en boule, à tenter de ne pas me souvenir de moi.
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La cocaïne qui gomme les difficultés, les réduit au minimum, cocaïne qui exacerbe le plaisir, apaise ma souffrance. Pas de passé, pas de futur. plus aucune préoccupation personnelle essentielle. Et une insatiable envie de consommer.
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Je surveille son reflet dans le miroir derrière le bar, j'y vois le mien aussi. Il approche la quarantaine. Il est beau, bien habillé, les tempes un peu grisonnantes et quelques rides marquent son front auparavant bien lisse. De grands yeux un peu tombants sur un beau visage, ce qui lui donne un air mélancolique. Un nez fin, une jolie bouche et déjà une barbe naissante alors qu'il vient de se raser. Une jeunesse dorée galvaudée, immature, mais non dénuée de souffrance.
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