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Critiques de Denis Drummond (76)
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Le dit du vivant

Voilà un surprenant roman, inclassable même, qui propose une odyssée dans l'histoire de l'Humanité, rien que ça, avec en plus de belles notes poétiques ( qui m'ont parfois rappelé La Nuit des temps, de Barjavel, même si le scénario part dans d'autres directions ).



Un séisme fait surgir au Japon une nécropole tellement ancienne que sa datation en est insensée, provoquant un séisme intellectuel vertigineux qui remet en question les repères historiques et scientifiques communément acquis, bouleversant notre conception darwiniste du fil du temps. Et sous la plume de Denis Drummond, c'est passionnant, même pour quelqu'un comme moi qui n'a pas de culture scientifique solide. Il est évident que la travail de recherche de l'auteur a été conséquent mais il parvient à injecter cette documentation dans son récit de façon très fluide et accessible ( à quelques développements près sur la génétique, un peu plus exigeants ).



Il faut dire que son dispositif narratif est très pertinent pour susciter l'envie de poursuivre, comme si on était dans un thriller. Chacune de ses six parties chronologiques ( comme autant de séquences dans un ADN si je me fie à la quatrième de couverture ) est subdivisée en différents matériaux : un récit descriptif classique, des extraits de correspondance courriel, le journal de la paléogénéticienne Sandra qui mène les fouilles, des articles de presse, le point de vue de Tom son fils autiste, et enfin le point de vue du Vivant, le dernier de la civilisation disparue. Ce procédé permet de traiter le sujet dans toutes les dimensions possibles, selon plusieurs angles, ce qui donne un tissage très fin ainsi qu'un relief particulier au récit.



Ce roman résonne fort en abordant de front une multitude de sujets et je trouve puissant que ce soit une civilisation inconnue très très ancienne qui fasse réfléchir sur notre civilisation contemporaine tout en lui donnant une leçon. le récit est d'une grande richesse et interroge en profondeur : décryptage génétique, réchauffement climatique, raréfaction de l'eau, céréales génétiquement modifiées, enjeux géopolitiques, controverses religieuses, perte de l'autorité scientifique au profit des idéologues ... cette liste peut faire craindre une indigestion et ce n'est jamais le cas.



Au-delà de l'habile avancée de l'intrigue et de la richesse du propos, il fallait de la chair et de l'émotion pour parvenir à attraper définitivement le lecteur. le choix de la paléogénéticienne et de son fils permettent d'incarner le récit, malgré quelques clichés ou facilités scénaristiques. Si j'ai beaucoup aimé le personnage de la mère prête à mener de front les fouilles archéologiques qui constituent le sommet de sa carrière sans pour autant négliger son engagement maternel, j'ai un peu tiqué sur l'évolution spectaculaire de son fils autiste. Sans doute ce personnage permet-il à l'auteur de proposer une allégorie des origines et de la sortie de l'enfermement en parallèle de l'exhumation de la civilisation égarée.



Mais ce que je retiens de ce roman foisonnant, c'est à quel point il a stimulé mon imaginaire, au fil de l'avancée des fouilles, des différentes découvertes extraordinaires qui les émaillent, du déchiffrement de l'écriture venue du passé. Et puis il y a le Vivant. Ses passages sont sublimes de poésie mélancolique et leur brièveté leur confère une grande puissance contemplative.



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Le dit du vivant

Le récit commence avec un séisme au Japon. Sa violence et le lieu de l’épicentre ont une conséquence dramatique : l’ensevelissement d’un petit village, qui disparait avec tous ses habitants. L’émotion est grande mais ce que va révéler le phénomène naturel aura des répercussions insoupçonnées : le glissement de terrain met à jour une nécropole dont la datation va bousculer l’ensemble des connaissances sur l’évolution admises à ce jour.



Si on ne connait pas exactement la période à laquelle se situe l’histoire, on perçoit qu’elle est contemporaine, avec les problématiques environnementales qui agitent les cerveaux sans que de vraies décisions soient prises. Comme tout événement qui bouscule les acquis, chacun s’empare du problème en prenant soin de tirer son épingle du jeu, Et dans le domaine de l’évolution, politiques et sectes de tout poil ont de quoi alimenter les querelles.



Le roman propose un mélange des genres, en associant la narration classique , des extraits de journal, des articles, et les témoignages de personnages, ainsi que des explications scientifiques concernant la génétique.



Le roman fait aussi la part belle à l’art de l’estampe japonaise, et au théâtre no.



L’intérêt de la dystopie est de proposer de multiples pistes de réflexion, grâce au décalage apporté par un élément qui rompt le déroulé de nos habitudes de pensée, et de tenter ainsi d’éveiller les consciences.



Dennis Drummond signe là un roman original, que le fond philosophique et écologiste inscrit dans une actualité brûlante. L'écriture non dénuée d'humour en fait un agréable moment de lecture.


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Le dit du vivant

D'abord la couverture, la vague d'Hokusai.

On entre dans la vague, on frissonne.

Et puis on se laisse flotter sur le silence de l'art japonais

comme s'il portait en lui des millénaires réunis dans la contemplation d'un seul brin d'herbe

jusqu'à l'infini des ciels.



C'est une histoire des origines de l'humanité, elle remonte à la surface suite à un séisme au Japon, engloutissant le village d'Atsuma. Un glissement de terrain dévoile une civilisation insoupçonnée, aux mille et une énigmes. La plus importante étant l'âge inconcevable des squelettes découverts ; 13 millions d'années !

Sandra, l'archéologue, est la scientifique parfaite pour élucider ces mystères, avec l'aide de son équipe. Elle porte en elle la patience, la poésie et les blessures de la vie qui lui permettront de recoller les bribes, comme un potier le ferait avec les fêlures d'un bol embelli par de épissures d'or.



Avec délicatesse la trame de l'histoire se tisse des fils de celle de Tom, son fils autiste, de celle d'Akira, le peintre d'estampes, de Yoko et de Ran, habitant avec l'artiste dans un hameau qui surplombe Atsuma.



Un voyage vers l'aube des temps, construit en chroniques, récits, journaux, emmêlant le passé au présent comme s'il ne faisait qu'un, comme si l'odyssée s'écrivait encore à l'instant.

Un roman pas comme les autres ; un roman-monde.



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Le dit du vivant

Un tremblement de terre au Japon met au jour une mystérieuse nécropole dont l’exploration provoque un autre séisme : l’humanité existait déjà il y a 13 millions d’années. Cette découverte exceptionnelle est narrée à l’intérieur d’une structure répétée 6 fois: narrateur omniscient, journal de l’archéologue, articles et chroniques scientifiques, journal du fils autiste de l’archéologue, monologue intérieur du dernier homme de la civilisation disparue. La 4° de couv’ explique que cet agencement renvoie à la formule de l’ADN. Vérification laborieuse après: le chiffre 6 peut effectivement renvoyer aux 4 nucléotides (A, C, G, T) qui relient les deux brins de la double hélice du code. Oui, mais: pourquoi avoir répété 5 fois la structure ?

De fait, il est assez évident que les chiffres tiennent une place essentielle dans le bouquin. Parce que la datation est au cœur des différents récits qui font reculer d’une manière vertigineuse l’origine de l’humanité. Mais surtout parce que leur emploi est avant tout symbolique, que le lecteur est invité à déchiffrer le texte comme les différents spécialistes travaillent sur la nécropole et l’écriture qu’ils finissent par y découvrir.

Le 2 est essentiel : il est au fondement du vivant et de la génération, nos chromosomes appariant notre double origine paternelle et maternelle. Il signale aussi la bipédie propre aux humains. Le 2 apparaît donc presque à chaque page: « Sur les trente mille habitants, il n’y eut que deux survivants », « les animaux du parc naturel de Yala, dont deux cents éléphants », « Après deux jours et presque deux nuits d’intenses recherches », « dans un carré formé par un chemin de fougères, les deux paires de jumeaux », etc. Quant à l’histoire, elle se déroule sous le double patronage de la science et de la poésie.

Le 3 renvoie notamment au temps (passé, présent, futur) et à la répartition des fonctions chez les Indo-Européens, mise en évidence par Dumézil (sacré, guerre, nourriture); et ce chiffre est également très présent dans le roman : « à raison de trois jours toutes les trois semaines. », « L’autisme de Tom a été décelé très tôt, vers l’âge de trois ans », « Les trois autres étoiles sont représentées par la disposition des trente-neuf autres fœtus », etc. Et la nécropole est organisée selon un système de figures géométriques : cercle, carré et triangle.

Le 4 qui double le 2 se retrouve dans les 4 points cardinaux ou les 4 éléments : la momie « est disposée au sommet de quatre points formant une croix latine », «  Lui avec Marc, en géologie. Moi avec Makoto, en archéologie. Nous étions quatre inséparables », « ce pays situé au carrefour de quatre plaques tectoniques »…

Quant au 5, qui correspond au nombre de narrations présentes dans chaque partie, s’il est moins présent, il renvoie néanmoins à une caractéristique essentielle de l’humanité : les cinq doigts de la main, dont le pouce opposable. D’ailleurs, parmi les 5 narrateurs, 4 appartiennent aux XX° et XXI° siècles, tandis que le dernier parle du fond des âges, à la fois opposé et complémentaire.

Bref, tout ce roman se présente comme un récit mythique qui réinvente l’humanité en l’ancrant il y a 13 millions d’années, mais une humanité jumelle de la nôtre, qui disparut après avoir épuisé la Terre: mythe-miroir qui annonce le retour de la catastrophe mais qui suggère aussi les moyens de l’éviter, fable écologique d’un optimisme mesuré qui voit dans l’autisme une métaphore de notre destin collectif. De même que « les connexions neuronales des autistes sont en surtension ou en sous-tension », notre rapport à la nature nous empêche de communiquer vraiment avec le monde; mais de nouvelles relations peuvent naître qui demanderont beaucoup de temps et de patience.

Trop pour moi, sans doute. Ce symbolisme appuyé m’a paru de plus en plus pesant et la fonction de décodeur à laquelle le lecteur est assigné trop limitée. La fin peut sembler ouverte mais elle ajoute un nouveau double à un texte surchargé de jumeaux et de binarités. Bref, l’idée est intéressante mais le côté escape game « Échappe-toi de la nécropole et sauve le monde en résolvant les énigmes de l’univers » m’a légèrement saoulée.

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La vie silencieuse de la guerre

Ce n’est pas une lecture simple, ni simpliste, le sujet est grave mais abordé d’une manière que j’ai particulièrement apprécié.



À travers quatre clichés, nous découvrons l’histoire d’un photographe de guerre et de son travail. Le prisme de la guerre saisit sur un instant présent, avec les interprétations que cela engendre, donne à ce livre, une saveur particulière, malgré un sujet dont l’horreur nous touche.



Quatre photos, quatre conflits contemporains : Rwanda, Bosnie, Afghanistan, et Irak. Un déroulé qui colle à la chronologie et qui nous remet en mémoire les sensations à l’instant T.



Je n’étais pas insensible à ces conflits, cette lecture a tout fait remonté à la surface et je dois dire que cela m’a chamboulé.



Je me suis remémoré ces sentiments d’horreur qui m’avaient saisis au moment où les informations nous « balançaient » les images… Nous sommes toujours dans le visuel, mais sous un angle bien différent. Ici, les photos d’un journaliste de guerre sont décortiquées et prennent tout leur sens.



Jeanne, l’ex-compagne d’Enguerrand, photographe de guerre récemment tué à Alep, transmet à Gilles, un galeriste sur Paris, le testament d’Enguerrand, sous forme de quatre enveloppes et autant de négatifs photos pour raconter les conflits et cette violence. Enguerrand, connaissait les limites de son métier de photographe et doutait de l’impact qu’elles pouvaient avoir. À travers ces clichés pris sur le vif, il voulait « montrer les yeux de la guerre dans le regard de Dieu ».



Quatre parties, quatre journées, chacune centrée sur la découverte d’un cliché. Celle du Rwanda rappelle l’ « Annonciation », où la Vierge n’a pas de tête. Celle de Bosnie, un ex-voto, emprunte aux « Ménines » de Vélasquez. Celle d’Afghanistan est un sténopé, une « camera obscura ». Et la dernière, celle d’Irak, rappelle le « Guernica » de Picasso, où un cheval agonit et une mère à l’enfant mort apostrophe le ciel assassin.



Chaque développement, donne lieu à une description détaillée, agissant comme un révélateur posthume.



Le procédé narratif peut sembler lourd, puisque chaque personnage apporte ses impressions, c’est comme une balle que chacun renvoi à l’autre, mais il serait dommage de passer à côté de cette lecture, où le sacré et l’art s’imbriquent d’une manière assez poétique, malgré la gravité du sujet.



J’ai aimé les phrases, la construction, mais il m’a manqué un peu d’émotion pour que cette lecture puisse me bouleverser.



L’auteur s’est attaché à la perception, au ressenti, face aux images chocs et le pouvoir qu’elles ont sur l’être humain tout en mettant en exergue le négatif et le positif… À l’image de ces photos…
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Le dit du vivant

Un tremblement de terre au Japon dans l'ile d'Hokkaïdo entraine un glissement de terrain qui ensevelit un village et met à jour une nécropole .

Une équipe de scientifique menée par des japonais se constitue rapidement devant l'importance de cette découverte .

Sandra Blake, une paléo-anthropologue d'origine australienne se joint à eux, elle emmène avec elle son fils Tom, un jeune garçon autiste en pleine rechute .

Les premières constatations devant la dépouille mise en scène dans cette nécropole de l'homme , baptisé l'homme d'Atsuma va ébranler l'ensemble des milieux scientifiques car sa datation vient en contradiction avec toutes les découvertes antérieures, car beaucoup plus ancienne et balaye toutes les certitudes.



Le livre a une construction originale, calquée sur une séquence d'ADN : six chapitres et dans chaque chapitre des sous-chapitres reprenant à chaque fois, le récit proprement dit, le journal de Sandra , le Dit de Tom, le Dit du dernier vivant et des extraits d'articles et de mails échangés à propos des avancées des recherches ainsi que certaines pages d'explication scientifique .



Drôle de mélange de genre entre roman , documentaire, fiction qui donne un kaléidoscope que le lecteur découvre avec plaisir et intérêt car c'est finalement l'histoire de notre monde en accéléré que raconte cet homme d'Atsuma avec des interrogations sur les modifications et manipulations génétiques .



Quand on voit que très récemment les chinois revendiquent avec la découverte de l'Homo Longi , une nouvelle espèce d'homme préhistorique , on comprend que ce sujet est sensible au delà du monde scientifique .



Je mettrai à part, les belles pages poétiques sur le Maitre japonais des estampes et le théâtre no , symboles intemporels du Japon .
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Le dit du vivant

Que l'on ait aimé ou pas, il faut reconnaître qu'il y a du génie dans cette écriture ! A la fois scientifique et poétique, ce livre présente une grande originalité.

Moi, j'ai aimé, et ce n'est pas un livre que j'oublierai !

Les premières pages sont d'une grande poésie et je savais déjà que j'allais adorer.

De la poésie mais aussi de la peinture, du théatre, Denis Drummond nous montre ici sa grande Culture artistique et une grande sensibilité.

Cette Culture ne s'arrête pas là, le domaine scientifique et notamment la génétique sont largement présentées dans ce roman. J'avoue avoir eu du mal à suivre cette partie là, relisant quelques pages jusqu'à abandonner d'essayer de tout comprendre. Peu importe, d'autres suivront mieux que moi et j'ai quand-même appris moultes choses qui m'ont passionnée.

Et puis, il y a cet enfant, Tom, enfermé dans son autisme et qui va évoluer à mesure des découvertes liées à sa nouvelle vie. Là aussi, j'ai appris beaucoup sur les connections neuronales qui font que...

Cette nouvelle vie, c'est sur un site archéologique découvert après un bref tremblement de terre, que Tom va la vivre.

Et là, c'est encore génial, je ne veux pas trop en dire pour ne pas trop dévoiler mais une très ancienne civilisation va être mise au jour, étudiée et sera porteuse de beaucoup de messages.

Changement climatique, raréfaction de l'eau, adaptation des plantes, positionnements politique et religieux, pandémies, font partie des thèmes abordés ici.

Pour moi, Monsieur Drummond restera un génie (de l'écriture, de la connaissance). Il a dû faire énormément de recherches pour nous donner autant de précisions sur autant de sujets, on ne peut qu'admirer cet énorme travail.

J'ai envie de dire à ceux qui, comme moi, ont un peu de mal avec la partie scientifique de ne pas abandonner, d'aller au bout de ce livre merveilleux porteur d'un grand message écologique.

Côté présentation, beaucoup d'originalité aussi. Le livre est découpé en 6 parties, a priori comme une séquence ADN, chacun de ces chapitres est lui-même divisé de façon identique en 5 parties.

Quant à la couverture représentant la Grande Vague de Kanagawa du peintre japonais Hosukai, elle est une parfaite illustration de ce roman.

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Le dit du vivant

Que dire de ce livre ? Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas une lecture ordinaire. L’ambition est immense : l’auteur nous propose en effet une plongée dans le temps, ni plus, ni moins. Car le séisme qui est à l’origine de cette incroyable « aventure » n’ébranle pas qu’une montagne, qu’une région. Il menace de mettre à bas les fondements même de certaines de nos sciences. Et, dans un même mouvement, il opère également un mouvement profond dans chaque individu.



Ce n’est donc pas que d’un séisme qu’il est question ici. Et ce livre n’est pas qu’un livre de science-fiction – ce qui serait déjà très bien.



Car la réflexion développée ici, et qui donne matière à réflexion, n’est ni purement scientifique, ni purement archéologique. Elle est essentiellement géopolitique, et, même, politique, au sens propre du terme. L’auteur met par exemple en scène les pays africains qui, menacés de se voir « voler » leur statut de « berceau de l’humanité », font appel à l’ONU pour éviter de perdre ce titre ! Alors qu’ils ont accepté d’être spoliés de leurs ressources naturelles, ils semblent ici s’accrocher à cette distinction, alors même que, même sans avoir besoin d’un Homo sapiens sapiens de 13 millions d’années, on pourrait trouver un jour la trace d’un homme ou d’une femme plus ancien(ne).



J’ai appris beaucoup de choses, sur l’autisme, sur l’ADN, sur la façon dont certains enjeux scientifiques sortent du simple cadre de la recherche… J’ai appris que l’autisme pouvait s’atténuer « tout seul », voire pratiquement disparaître – j’ai été vérifier après, tellement cela me paraissait incroyable. J’ai aussi appris des choses sur les estampes japonaises, puisque le seul survivant de la catastrophe est un peintre, qui vivait à l’écart du village enseveli avec sa petite-nièce et la fille de celle-ci.



Pourtant, je dois avouer que la structure de ce livre m’a parue un peu artificielle. Avec six parties, chacune composée de cinq chapitres – toujours les mêmes, dans le même ordre : Récit ; Journal de Sandra ; Chroniques, articles et correspondances ; Le Dit de Tom ; Le Dit du Vivant -, on se retrouve face à quelque chose d’assez rigide, mais, surtout, d’une structure qui introduit une alternance assez mystérieuse. Dans les chapitres appelés Récit, on a le déroulé de l’histoire, raconté comme par un narrateur. Le Journal de Sandra, Le Dit de Tom et le Dit du Vivant sont, à leur échelle, à leur hauteur, les visions de Sandra Blake, de son fils autiste et de celui dont la sépulture a été retrouvée. Des témoignages, donc, partiels et parcellaires, donnant des points de vue forcément distincts, ne serait-ce que dans le temps. Et puis, dans les chapitres Chroniques, articles et correspondances, ce sont encore des éclairages complémentaires, avec des Chroniques qui sont plutôt des éclairages scientifiques, des Articles censés être extraits de la presse mondiale et des Correspondances entre les différents protagonistes. Mais tout cela est morcelé, parcellaire.



Ce choix de structure, évidemment, est du ressort de l’auteur. Et, avec ce choix très affirmé – et très particulier -, Denis Drummond se démarche clairement d’un « simple » roman de science-fiction, qui se concentrerait sur les parties de récit, qui nous raconterait juste l’histoire. Mais, là où je dois avouer avoir eu du mal, c’est que cette mosaïque est en plus totalement asynchrone, ou achronologique. On passe son temps à changer de ligne temporelle, allant de 13,4 millions d’années avant le séisme jusqu’à une bonne vingtaine d’années après. Dès le deuxième chapitre, on retrouve des événements qui se sont déroulés avant d’autres décrits dans la partie précédente. Dans cette première partie, d’ailleurs, on assiste, dans Le Dit de Tom, à l’enterrement de Sandra – sa mère, donc -, alors qu’elle sera le personnage principal de l’ensemble du livre.



Tout cela est assez déstabilisant. Et, par moment, a contribué à m’égarer, sans que je parvienne à identifier le sens additionnel que cette construction et ces allers-retours sont censés apporter.



Bref, j’ai beaucoup apprécié l’idée autour de laquelle ce livre est construit, moins la façon dont elle a été mise en forme. Et du coup, c’est un livre que je conseillerai, mais pas à tout le monde, parce que je pense qu’il est susceptible de laisser du monde sur le bord du chemin…
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La vie silencieuse de la guerre

Enguerrand s’en était allé guerroyer armé de son appareil photo. Il en mourut et ne légua à Jeanne que quatre négatifs et quelques notes…

« Sa passion pour les images date de l'école communale, celle de la rue Saint-Jacques puis de la rue Victor Cousin, celle des blouses grises et des plumiers, du lait chocolaté de Mendès France et de la mort de Piaf. Les premières images avaient été celles de la récompense, déposées comme une hostie dans la paume de la main à la fin de chaque semaine, le samedi, peu avant midi, car le travail avait été bien fait, les leçons apprises et les cahiers tenus. »

Au croisement de la photographie et de la peinture d’un côté, de l’action humanitaire, du reportage de guerre et des horreurs de celle-ci de l’autre, voici un roman ambitieux, sorte d’enquête culturelle complexe et sophistiquée à propos de quatre clichés, plutôt quatre compositions réalisées par un photographe de guerre récemment disparu. Qu’a-t-il vu, qu’a-t-il voulu voir et transmettre, quelle symbolique se dissimule dans cette œuvre d’art singulière (qui «ouvre une dimension vertigineuse ») auquel le roman emprunte son titre ?

Les références guerrières (Rwanda, Bosnie, Afghanistan, Irak) et picturales s’enchaînent, Vierge de l’Annonciation, Ucello, Vélasquez, Picasso sont convoqués, décortiqués et révélés car le photographe pourrait bien s’être inspiré de certaines de ces œuvres pour traduire en photo sa vision tragique et esthétique de la guerre.

L’auteur ne ménage pas son lecteur car comment décrire photographies et peintures avec seulement des mots ? Il le fait avec conviction, pédagogie et talent, la limite de l’exercice se situant plutôt dans la capacité du lecteur à reconstituer ce qu’on lui dépeint. Pas question de se laisser aller, la concentration doit être maximale pour réussir ce travail d’imagination.

D’autant qu’ici ou là, on n’échappe pas à quelques passages contestables, certains un peu (pour ne pas dire beaucoup) abscons : « C’était un son muet expulsé par sa gorge où il était resté tapi, une bulle de silence, vide, où elle se sentait enfermée, bâillonnée par un vacarme assourdissant qui mettait tout à coup sa vie en pièces. » et « ce qu’écrivait Enguerrand dans sa lettre sur le silence visuel de la photographie, ce coup d’arrêt donné par la fixité de l’image, comme une musique énigmatique qui s’adresse à l’œil et lui permet d’entendre le mutisme des choses. » Ouf !...

…ou un autre frisant le mauvais goût, comme ce passage où l’un des clichés révèle sa filiation avec Picasso : « « C’est l’œil de Guernica, d’où jaillissent les bombes, le choc et l’effroi, l’effrayante lumière qui sacrifie le taureau et aveugle le cheval…Oui, c’est l’œil de Guernica ! » Alors qu’elle sautait de joie en criant : « C’est l’œil de Guernica ! » Gilles la serra dans ses bras en sautant avec elle. » Difficile, pour moi, de voir les deux amis sauter de joie dans de telles conditions.

D’autres sont beaucoup plus clairs, plus évocateurs, ne nous privons pas : « Son regard voyageait de ville en ville, leur nom venant l’un après l’autre au bout de ses lèvres : Bassora, Kerbala, Ramadi, Bagdad, Tikrit, Samarra, Mossoul. Elle y associait celui des lieux disparus, enfouis dans les sables, celui des temps très anciens des cités de Sumer, du pays d’Elam et de l’Assyrie : Ur, Suse, Babylone, Mari, Ninive… lumière fossile du premier éveil de l’humanité, de la première récolte et de la première écriture. Léa connaissait cette Mésopotamie, ce « pays entre deux fleuves », berceau d’une civilisation dont elle avait fait deux ans plus tôt le sujet de son mémoire d’histoire de l’art, un art considéré non pour sa beauté mais pour son expression du sacré. Elle avait voulu comprendre sa stupéfaction en découvrant les figurines de Mari, aux yeux exorbités, leurs pupilles dilatées par l’insondable obscurité du ciel où leur regard restait fixé pour l’éternité. Elle aimait aussi cette écriture cunéiforme, ordonnée comme un semis de clous sur l’argile fraîche, ces traces d’aigrettes sur le sable encore mouillé qui racontaient les crues, l’orge et le bétail, la bataille, les rois et les dieux. »

Pour finir, les questions débattues entre Gilles, le galeriste et Jeanne, l’humanitaire au long cours, interpellent : A-t’on le droit de rechercher la beauté dans une scène de guerre, peut-on faire de l’art avec la détresse et le malheur, à quel moment le témoignage devient-il voyeurisme, sommes-nous tous (photoreporters, diffuseurs, ONG, commerçants, paisibles citoyens), à des degrés divers, des profiteurs de guerre ? A chacun de choisir son camp. Sans rien dévoiler de la chute, disons que je partage l’opinion de Jeanne.

Un roman singulier, original, sophistiqué, érudit, dérangeant et questionnant. Somme toute, ça fait pas mal de raisons pour l’ouvrir.

Merci Lecteurs.com #Explorateursrentréelittéraire

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Le dit du vivant

Un glissement de terrain au Japon engloutit tout un village, ne laissant aucun survivant, mais mettant à jour une sépulture ancienne qui va révolutionner les acquis scientifiques concernant l'évolution des êtres humains...

J'ai décidément un peu de mal avec les dystopies; Si ce roman n'est pas expressément daté, quelques indices ici et là nous informent que l'on est 20 ans après Fukushima (donc en 2031?). Rien ne le confirme et cela m'a dérangée tout au long de ma lecture...

J'ai bien aimé en revanche les différentes façons originales de rapporter le récit: extraits de journal intime de Sandra la paléoanthropologue, articles scientifiques, l'enfant autiste qui écrit 20 ans plus tard, et surtout le "dit du vivant", c'est à dire ce que dit ou aurait dit le squelette retrouvé. Mais j'ai trouvé l'ensemble un peu indigeste. L'auteur a fait un gros travail de documentation et d'écriture mais je n'ai pas accroché à l'histoire et j'en suis désolée. Belle image de couverture, une partie de La Vague d'Hokusai, merveilleuse estampe japonaise. Un avis mitigé pour ce roman qui a trouvé son public, amateur de dystopies ou de romans scientifiques dont je ne fais pas partie. Je m'arrête en cours, ratant j'en suis sûre une partie intéressante qui doit donner son sens à l'ensemble...
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Le dit du vivant

Ce livre est une véritable épopée archéologique, entre croisée d'un maelström de sentiments variés autour d'une découverte qui va remettre en question les connaissances scientifiques sur l'évolution de l'humanité, ses origines.



Un séisme va bouleverser un village japonais, ce qui mènera à des fouilles archéologiques.



Les thèmes que nous abordons ici sont évidement le deuil, la découverte scientifique, l'incompréhension à l'échelle mondiale, la géopolitique, la manière qu'a L'ONU de gérer un tel bouleversement.



C'est aussi l'histoire d'une mère et de son fils autiste, l'histoire de l'art de l'estampe japonaise, l'amitié, l'amour, la vie.



Les rapports de compréhension entre enfants différents, entre la jeunesse et la vieillesse également, un choc des cultures par dessus un choc géologique et encore au dessus d'un choc sur l'évolution.



En six grands chapitres, l'auteur retrace cette histoire fouillée et atypique par le biais d'un récit sous forme de chronique mais aussi par un journal intime, le tout encadré par des articles et interviews, de correspondances par échanges d'e-mails et qui passe parfois du présent au futur ou au passé lointain.



Cela peut paraître complexe, mais il n'en est rien, le roman est même facile d'accès et on prend vraiment plaisir à suivre les fouilles archéologiques mais aussi la psychologie du jeune autiste sans oublier sa mère et les divers acteurs présents.



Je retiendrai l'intrigue sur l'homo sapiens sapiens longtemps ainsi que l'originalité de construction du livre, sans oublier cette fin, surprenante et en même temps si logique.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Le dit du vivant



J’étais alléchée par ce roman, mais j’en ressors avec un avis un peu mitigé.

Tout commence par un séisme au Japon, un pan de colline s’effondre et met à jour une sépulture ancienne.

Nous allons suivre les fouilles qui vont être entreprises sur ce site durant plusieurs années.

Sandra, une paléogénéticienne et son fils Tom, un adolescent autiste, seront les personnages principaux de ce récit.

Les faits nous sont racontés par le biais de journaux intimes, mais aussi de chroniques, de correspondances ou d’articles de journaux.

J’ai aimé suivre l’avancée de cette découverte mais j’ai été rebutée par les paragraphes un peu trop scientifiques, comme ceux portant sur L’ADN ou le génome humain par exemple.

J’ai trouvé dommage que la découverte du site ne soit pas davantage exploitée, j’avais envie de tout voir, de tout découvrir par les yeux des scientifiques et au final, on devine plus qu’on ne découvre vraiment ce qu’ils ont trouvé.

Le roman se lit un peu comme on lirait le récit d’un rêve, ça ressemble à la réalité, mais avec un aspect poétique et des cotés obscurs et totalement incompréhensibles.

De plus, il se produit un miracle au cours de l’histoire auquel je n’ai pas cru un seul instant.

Je remercie NetGalley et les éditions du Cherche Midi pour cet envoi.

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Le dit du vivant

Voilà un roman à la structure bien singulière et à la construction très originale !



Suivant un ordre chronologique, chacune des six grandes parties de ce livre est composée des cinq mêmes chapitres qui reviennent tout au long du roman, toujours dans ce même ordre : le premier fait office de récit ; le deuxième relate les évènements à travers le journal personnel de Sandra, paléogénéticienne ; le troisième est un ensemble de chroniques, d'articles de presse et de correspondances entre les différents protagonistes ; le quatrième présente la vision de Tom, le fils de Sandra, atteint d'autisme ; et le cinquième raconte l'histoire du Vivant.



C'est, selon moi, le véritable point fort de ce livre car cette récurrence des chapitres crée une attente chez le lecteur et lui permet de recouper les avancements de l'intrigue grâce à plusieurs sources et différents points de vue.



J'ai également apprécié le thème principal de ce roman : celui des fouilles archéologiques et leurs découvertes pour la science. C'est un domaine que je trouve passionnant et qui m'a rappelé mes cours de SVT au lycée, la seule matière scientifique pour laquelle j'avais de l'intérêt.



Étonnamment, j'ai aussi trouvé ce récit très poétique car l'empreinte de la culture japonaise est omniprésente et l'auteur nous accompagne sans tout expliquer, ni imposer une manière de penser. J'aurais finalement aimé en savoir plus sur l'histoire de Sandra et Tom, et encore beaucoup plus sur l'ancienne civilisation du Vivant (même si fictive), et c'est bien là mon seul regret !
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La vie silencieuse de la guerre

Enguerrand, journaliste de guerre, est porté disparu. Il avait prévu cette dramatique éventualité et a fait transmettre à son ancienne compagne son journal, ses lettres et quatre négatifs inédits. Jeanne travaille pour le Haut Commissariat aux réfugiés et elle connaît ce qu'Enguerrand a observé, le terrible visage de la guerre. « Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs. » (p. 5) Jeanne partage avec Gilles, propriétaire d'une galerie photo à Paris. Ensemble, ils lisent le journal d'Enguerrand et le suivent dans les conflits du Rwanda, de Bosnie, d'Afghanistan et d'Irak. Et ils développent les photos que personne n'a vues avant eux. Avec ces quatre clichés, Enguerrand propose une vision nouvelle – terriblement dérangeante – de la guerre. Une évidence s'impose à Gilles et Jeanne (?) : il faut exposer ces photos, les replacer dans le travail photographique d'Enguerrand et montrer ce qu'il a inventé. « Il s'agit bien de la guerre en ce qu'elle échappe à nos regards. » (p. 22)



L'auteur fait explorer à ses personnages quatre conflits que personne n'ignore, pour les avoir traversés ou les avoir vus sur papier glacé, ou papier glaçant peut-être... Car les plaies du monde ne se referment jamais. « La guerre nous apprend des choses qu'on ne sait pas retenir. » (p. 33) Au-delà du journalisme de guerre et de la photographie, c'est presque un art nouveau qu'Enguerrand invente. Et tout le talent de Denis Drummond est de décrire les photos sans les montrer, en les nourrissant de références universelles. Notre imagination fait tout le travail et ce qu'elle produit est aussi sublime qu'atroce. Nous aurions envie de voir ces photos majeures, mais pourrions-nous vraiment le supporter ? Alors que Paris est sous la neige, l'ampoule rouge du studio de développement révèle la dimension mythologique et religieuse de la composition photographique, puissamment symbolique. « Gilles repensait à ce qu'écrivait Enguerrand dans sa lettre sur le silence visuel de la photographie, ce coup d'arrêt donné par la fixité de l'image, comme une musique énigmatique qui s'adresse à l'œil et lui permet d'entendre le mutisme des choses. » (p. 192)



Je découvre Denis Durmmond avec ce roman et c'est un uppercut ! La délicatesse avec laquelle il dépeint la fragilité des enfants démultipliée par la violence et la mort est remarquable. Me voilà pour longtemps sonnée par ce très beau texte.
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Le dit du vivant

Un loupé pour moi. Je ne suis pas du tout rentrée dans le rythme de l'histoire, dans les différentes parties et dans l'écrit.

Au départ pourtant, je suis partie intriguée avec les trois portraits proposés, savoir qu'est-ce qui les lieras par la suite, quel évènement les rassemblera. Et puis très vite j'ai perdu l'attrait pour le récit, trop d'élément différent entre les articles de journaux, la parole du fils, le "dit du vivant".

Pourtant, c'est avec la belle relation mère-fils que j'ai continué le roman. Les progrès du fils autiste, les questionnements de la mère : tout cela m'a touchée.

Le cœur du roman : la découverte après la catastrophe et toute la science autour, pas du tout.

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Le dit du vivant

Il y avait des dizaines de manières de raconter une telle histoire, Denis Drummond a choisi la voie de la singularité.



Une découverte qui remet en cause les fondements même de toutes nos connaissances scientifiques. Une civilisation d’un lointain passé qui pousse les interrogations vers une remise en question des théories de l’évolution.



Le sujet pourrait faire penser à un roman de science-fiction. Il est au contraire totalement inclassable, piochant dans différents genres, pour en faire un roman unique dans la forme comme dans le fond.



Tour à tour thriller scientifique ou roman introspectif, journal intime ou réflexion sur le monde, ce livre étonne et détonne.



Il parle du passé, il parle de nous, il parle de notre futur. La question de la répétition en son cœur.



La construction, codifiée comme une séquence d’ADN, alterne récit, journaux ou pensées personnelles, articles de presse et correspondances. Une édification pour élever les réflexions, ou pour les pousser dans différentes directions, confidentielles ou universelles. Ambitieux et surprenant.



Le récit est d’abord une plongée dans le Japon et certaines de ses traditions. Car pour parler d’origine, rien de tel que de se pencher sur de racines profondes. Cette ambiance parfois japonisante donne du cachet au récit.



Le passé nous renseigne sur l’Homme et ses erreurs. Il peut également nous pousser à penser notre futur autrement. Le bouleversement raconté pourrait en être l’occasion, pour proposer une alternative. Encore faut-il que l’Homme ne reste pas sourd.



C’est également l’histoire de personnages, dont une scientifique et son enfant autiste, qui auront tous les deux une importance prépondérante pour comprendre, chacun avec sa vision et son mode de compréhension.



Cette alternance entre des considérations particulières ou plus générales fait qu’on se surprend à chaque passage à se demander où on va mettre les pieds. L’écrivain nous porte, nous accompagne, mais sans jamais nous imposer une manière de penser, ni tout expliquer.



L’écriture est souvent dense et poétique, même si je l’ai trouvée un peu trop chargée par moment lors de certains passages les plus intimes. Une certaine emphase qui demande de l’investissement dans la lecture, mais qui n’empêche pas de vrais moments d’émotions.



Ce texte tient donc du mythe. Métaphorique parfois, questionnant sur la géopolitique à d’autres, Le dit du Vivant est une fiction inclassable et déconcertante. Un livre qui prouve à tous les niveaux que le mélange des genres est une richesse précieuse. Denis Drummond est vraiment un conteur atypique.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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Le dit du vivant

Lors d'un tremblement de terre au Japon, un glissement de terrain engloutit tout un village, tuant tous les habitants présents.

De cette tragédie naît une formidable découverte, une sépulture très ancienne, bien plus ancienne que la science aurait pu l'imaginer.

Une équipe de chercheurs renommés est engagée avec à sa tête Sandra Blake, accompagnée de son jeune fils autiste Tom.

Ce roman est très original, peut-être trop pour moi finalement.

L'originalité première tient en sa construction. Chaque chapitre est divisé en sous chapitres : le récit en lui même c'est à dire la présentation des personnages et découvertes archéologiques, le journal de l'héroïne paléogénéticienne, les souvenirs de son fils, alors adolescent autiste, qui revient sur cette période de fouilles et de recherches 30 ans plus tard, des articles de journaux scientifiques et presse internationale, et correspondances, mails.

Cela donne comme une vision 3D des événements et des recherches mais j'ai eu le ressenti de rester en dehors de l'histoire, d'assister de loin à un compte rendu froid.

Les encarts scientifiques m'ont un peu perdue et je suis du coup assez mitigée.
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La vie silencieuse de la guerre

Tout commence par un courrier posthume, reçu par Jeanne de la part d’Enguerrand, un photographe de guerre rencontré lors d’une de ces missions d’aide aux réfugiés. Un courrier contenant les lettres qu’ils se sont envoyées depuis des années, un carnet de notes de ses voyages dans les pays en guerre ainsi que des négatifs de photographie. Jeanne est déterminée à accomplir son dernier vœu : révéler à la face du monde ces 4 photographies de guerre. Des photos qui montrent l’horreur, la véritable vision de la guerre, bien plus que toutes celles qu’il a prises durant ces années de photojournaliste.



Dans les premières pages, il se passe tellement de choses ! On rencontre Jeanne qui évoque Enguerrand en lisant ses lettres. On la voit comme une femme nostalgique, mais combative, avec ses démons et le désir de faire la lumière sur le passé en rendant hommage à son ami. Pour cela, elle va se rapprocher de Gilles, un galeriste parisien réputé. Son objectif : organiser une grande exposition faisant la lumière sur le travail d’Enguerrand.



J’ai découvert en une centaine de pages des personnages forts, et un contexte de guerre terrible : le Rwanda. La première de ces féroces destinations. Autant dire que je suis happée par la construction de l’histoire qui fait des allers-retours entre les carnets, les lettres et le présent. Un récit qui en entremêle d’autres dans la forme et dans les pensées de trois personnages. Et ce n’est pas fini. Car la suite du roman ne nous épargne pas non plus : Bosnie, Afghanistan, Irak.



Le point fort du roman est d’aborder la guerre par le point de vue des images, de la photographie, de l’art. On s’interroge : Est-ce que l’image qu’on a des pays en guerre est vraiment ressemblante à la réalité ? À ce que vivent les gens ? Comment l’art et la photo peuvent transcrire l’horreur, la peur ? N’est-ce pas une vaste mise en scène qui nous permet de recueillir réellement ce qui a eu lieu, ce que les victimes ont vu de leurs propres yeux ? De questionnements foisonnants en narration d’une réalité terrible, le roman aborde la philosophie de l’art. La guerre n’est pas décrite par son aspect historique mais par des descriptions de sentiments et de la manière dont nous la ressentons à travers les images que la photo propose.



J’ai aimé m’imaginer les photos, des décors, l’ambiance pesante. Cela est rendu possible par la force des descriptions, des références, des comparaisons de l’auteure. C’est une écriture simple, rythmée, mais non dénuée de style.



C’est un roman fort, terrible par le sujet mais aussi envoûtant, car les mots suffisent à faire jaillir les photos dans l’imagination du lecteur. Une lecture passionnante et envoûtante, qui nous emmène dans un beau voyage à travers le temps et les images.



Merci Lecteurs.com #Explorateursrentréelittéraire
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Le dit du vivant

Passionnant !

Un séisme au Japon dans l’île d'Hokkaïdo entraîne un glissement de terrain qui ensevelit un village et met à jour une nécropole. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son fils, autiste.

La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, et bouscule toutes les connaissances acquises jusqu'alors sur l'évolution.

La construction du roman est originale mais codifiée, telle une séquence d'ADN, chaque partie est constituée du récit proprement dit, d'extraits de journal, d'articles, des témoignages de certains personnages, et d'explications scientifiques.

Drôle de mélange de genre entre fiction, fable écologique et philosophique et documentaire scientifique. L'auteur est parti d'un fait réel - le tremblement de terre sur l'île d'Hokkaïdo en septembre 2018 - pour tisser une odyssée de l'humanité qui propose de multiples et intéressantes pistes de réflexion sur notre monde.

Une très belle découverte !
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Le dit du vivant

Gros coup de cœur pour ce roman hybride qui parle de paléontologie, d’histoire humaine, de génétique.

Entre récit, journal intime, correspondances, chroniques et articles, l’auteur imagine la découverte d’ossements d’humanoïdes « homo » de 13 millions d’années. C’est passionnant et d’une profondeur incroyable.
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