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Citations de Denise Desautels (72)


inventaires III



Celles que je suis

       Recommencement journalier. Charge. Rétines
ahuries. Je ne sais plus – pas toujours belle à voir en
dedans. À quelle couleur d’air me pendre. À quelle
étoile m’en prendre quand se remettre en état rester
communauté – avec des noms et des visages – penser
lumière suffoque. À quelle tempe à quelle mâchoire.
À quel sexe les mots autrui humanité.



p.204
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j’insiste sur la profondeur
je cherche à confondre la beauté
enfin ce qu’on appelle la beauté
quand elle est hors d’elle-même
je veux dire là
offerte là
pour l’œil seulement
l’œil ébloui béant
et cependant captif
de la planéité des surfaces
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nous sommes là face à tant de hasards
confondant souffle et morsure
hésitant entre envol et enlisement
car il y a des fatigues et des complots
auxquels on tient des signes de vie
le corps distrait l’air préoccupé
cela s’appelle mémoire
parfois fiction
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Beauté
  
  
  
  
Beauté
Bouée

Contre
Mort
Paravent
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J’écris comme on fait des fouilles, en archéologue de l’intime, tâtonnant dans l’ombre touffue d’une mémoire, la mienne, si semblable à tant d’autres, tiraillée entre détresse et utopie. Sous de multiples couches de protection, l’obscurité d’un monde à déminer, à nettoyer, puis à disséquer.
 
Car les secrets, souvent sournois et inavouables, ont besoin de lumière, c’est-à-dire de pensée, de langage et de voix, pour ne pas s’envenimer. Car c’est là, au cœur de l’intimité, dans le plus noir des brouillards, que se fomentent les pires catastrophes ; là que ça se démène, ça lutte, ça pleure, ça crie, ça se donne bonne conscience, ça court à sa perte. Car il faut tenter, continûment tenter, aujourd’hui plus qu’hier peut-être, de désencombrer le monde, la mémoire et les mots – Black Words, disait une voix, pendant que des corps penchés, multipliés ou fractionnés sur la toile ou le papier, crachaient du noir ou le recevaient en plein cœur, et tentaient de se supporter les uns les autres, à tour de rôle, avec des airs de naufragés. Car il faut écrire, écrire, tout en sachant résister, comme le disait Duras, à l’écriture. Car il faut lire et entendre. Jusque-là.
 
Décaper l’intimité. Soulever une ombre, puis une autre, il y a tant de résistances jusqu’à l’histoire vraie, l’ossature grêle qui protège l’âme.
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extrait 2
Pas douée pour rester en un seul morceau…



Pas douée pour rester en un seul morceau
derrière une fenêtre de nuit. Ça tient pourtant
réussi, le petit silence de mort
qui encombre l’âme


C’est fou, la chose barbare, la bête
qui se profile ferme, courant, rampant
sa nuque vers quelque part, ses bras plombés.
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Sous les paupières



Un lac va vogue.
On dirait une paix
et c’est presque inconvenant.

Un lac.
Nonchalamment l’enfance déboule
et nous emmêle à ses sanglots de nuit.
Ici s’inverse la joie
s’aggrave le paysage
se trafiquent d’inutiles recommencements
car la détresse ô la détresse
sur chaque vertèbre
sonne l’alarme.

Deux petites lampes percent
droit devant.
Ipomées ou paupières.

Se déplacent alors mes visions d’errante.
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Confettis



Débris d’orage – nous nous taisons.
Le monde en train de s’effondrer.
Ça se disloque on y voit mal.
Sous nos grains de choses. Nos lèvres
ensevelies.

Ce qui devait nous sauver ne nous sauve plus.
En secret femmes de nerfs
domptés et d’éclats
nous sommes ces histoires apprises par cœur
par corps. Et elles sont nous.

Nuits à angles durs.
Comme si des remparts sans cesse nous épiaient.
Comme si leurs matériaux mêmes
nous épiaient — fibres bois et sang.
Dis-moi. Qu’en ferons-nous.
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Une archéologie de l’intime


Extrait 1/3

J’écris comme on fait des fouilles, en archéologue de l’intime,
tâtonnant dans l’ombre touffue d’une mémoire, la mienne, si
semblable à tant d’autres, tiraillée entre détresse et utopie.
Sous de multiples couches de protection : l’obscurité d’un monde
à déminer, à nettoyer, puis à disséquer.
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À Venise la beauté est une réponse au deuil qui n’existe pas.
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je veux écrire, mentir à distance / s’il le faut / devant ce mur de deuil
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sur le vide
où commence le monde
une forme aveugle

un corps fragile
déposé n’importe où
tache

quelques battements d’ailes
avant la plus belle chute
d’un corps sur un autre

tout est cloison
n’importe quel
désir qui tombe
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« la rencontre équilibre l’errance »
nous ne sommes faites que pour l’étreinte
tu vois l’insolite comme un itinéraire
un événement futur
un geste ralenti sur des indices de fin du monde
t’ai-je dit que cela m’émouvait
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je marche comme si je parlais dans l’odeur d’une ville
le corps intact devant l’étrangeté des sons
de la lettre la main qui se referme
qui dissimule les mots
la main l’étreinte et la fracture.

un jour tu me demandes si j’écrirai à partir du voyage.
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Mon corps mon atelier : passion
On fait semblant d’être morte…
  
  
  
  
On fait semblant d’être morte.
On porte à la fois novembre
et l’hiératique froid d’avril.

Vois. Le milieu du monde défait à force de pleurs.
Treillis d’absence.
Ton corps.
De quoi au juste a-t-il besoin. De quelle issue.
Tu dis j’aime et je broie.
Tu dis j’aime et je croule.
Improviser.
Visser chevilles et cheveux dans le même cadre.
Tu dis je suis la Jeanne d’Arc
de Dreyer et la moindre pietà.

Ton corps.
Comme s’il lui fallait brûler lui-même
quelque chose.
Quoi.
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extrait 1
Elle retouche son monologue…



Elle retouche son monologue
fil à fil – rien à dire, à être
robe ourlée de brûlures, de blancs

le jardin clos
pas l’incident ni les ravages

jusqu’au matin
enfilade d’épithètes dures
ça fait du bruit le chaos qu’on enferme
avec des enfants, des filles, des états entiers
vivre défaille

après c’est si précis

la fin du jardin atteint la joue, ses reins, sa rage
un deuil trouve là sa justesse
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Le mercredi 5 octobre

Jour beige. Après l'extrême bleu d'hier. Jour lent. / Flânerie dans Rennes. Ne pas m'empêtrer dans l'exotisme. / Écrire père, mettre à jour le mot père dans l'anonymat des rues, en marge des façades à pans de bois aux couleurs fictives.
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Ses yeux comme s’ils étaient fermés.
Terrifiant néant qui nous traque.
À portée de réel.
L’effroi la vie.
Se coucher. Entraver.
Nous vives errantes pour ne pas mourir.
Tant de marchandises de nuit d’abois
de linceuls dans nos crânes.
À chacune sa petite morte rebelle.
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Une archéologie de l’intime


Extrait 3/3

J’écris comme on fait des fouilles,
[…]

Décaper l’intimité. Soulever une ombre, puis une autre, il y a tant
de résistances jusqu’à l’histoire vraie, l’ossature grêle qui protège
l’âme.
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Une archéologie de l’intime


Extrait 2/3

J’écris comme on fait des fouilles,
[…]

Car les secrets, souvent sournois et inavouables, ont besoin de
lumière, c’est-à-dire de pensée, de langage, de voix, pour ne pas
s’envenimer. Car c’est là, au cœur même de l’intimité, dans le
plus noir des brouillards, que se fomentent les pires catastrophes.
Car c’est là que ça se démène, ça lutte, ça pleure, ça crie, ça se
donne bonne conscience, ça court à sa perte. Car il faut tenter,
toujours tenter — aujourd’hui plus qu’hier peut-être — de désen-
combrer le monde, la mémoire et les mots ; de chercher des éclair-
cies, en contrepoint à la marche sombre des corps. Car il faut écrire.
Car il faut lire et entendre. Jusque-là.
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