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Citations de Denise Desautels (72)


LA DERNIÈRE RIVIÈRE


extrait 3

la scène s’étend
nous occupons mur et sol
droite couchée, droite debout
monochromie
amoureuse des nageurs
jeunes, si jeunes
sur la tapisserie d’angle
cinq bassins d’eau, cinq plaques de granit
Stations de Bill Viola


maladroitement nos corps plongent
comme s’ils tombaient
et replongent
en désespoir de cause
jusqu’au bout leur installation de silence


puisqu’au final tout meurt
devant
la vie déjà se souvient
une île et l’univers


nulle part l’éternité […]
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LA DERNIÈRE RIVIÈRE


extrait 2

la rivière coule ― linceul déjà
enveloppe mobile


même sans avenir
cette chambre n’est pas encore verte
malgré son authentique indifférence


est-ce encore nous, toi
l’inconnu au bout de mes doigts
de l’autre côté


si peu
ici, autrefois, tout de suite
c’est sans mesure
entre rivière et chambre


du fond vers la surface
je nous ramène
et recense les pièces de l’étreinte

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LA DERNIÈRE RIVIÈRE


extrait 1

je reconnais la rivière
à gauche, elle coule
sur un rectangle de vitres
au simple toucher
la bague d’une autre à ton annulaire
l’acharnement de ton os de ta joue
tout près, ailleurs

on ne discerne plus ni qui ni quoi
entre et sort
dans ce jour maigre
tandis qu’un jet de rayons touche
tes derniers draps

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POUR DIRE NOUS VOICI


extrait 4

Où commencer. Car toujours cœur d’os d’armes d’émois s’emballe.
Vitriol à nerf vif de nos peurs. Avançons manœuvrons catalogues
d’infos chagrins de première heure. Poitrines d’abus. Jusqu’au parti
pris. Ni le monde ni le sans espoir de nous du monde ne nous recon-
naissent.
Nous ne sommes pas celles que nous sommes.
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POUR DIRE NOUS VOICI


extrait 3

      Je commence tard à hurler à chaque aube.
      À « notre moi désaxé ». À nous. Nous sauve « ma force fracassée / ma force noire. » Fenêtre d’âme offerte sans faste. Nous « corrige notre vie ». Nous — claire conscience colère de femmes — « n’irons plus mourir de langueur mon amour / à des mille de distances dans nos rêves bourrasques / des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres ». Nous souches errantes volontaires avançons. Nous seins nus pour dire non pour dire nous voici.
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De futurs souvenirs


          j’en veux
encore, toujours plus, insatiable
je veux les remuer à la pelle
la mémoire, je l’agrippe
comme autrefois
cette médaille bénie
une Vierge chassant les démons
me cramponne à elle, la retiens
pour nous deux, la mémoire
ses empreintes rouillées
par ta salive, et leurs figures
insistent, descendent et montent
de ma tête à ma paume
sur le fil fou d’un yo-yo
ton corps d’orante
chargé de sombres vocables
cognent dur les figures du souvenir
se heurtent les unes
les autres, indices bruyants
qui molestent mes phrases
chutes, sanglots, fatalité
tout y passe, observe-la
cette surenchère de nos deuils
à la queue leu leu
cette répétition de la fin
en cercles concentriques, qui fauche
notre maison en briques rouges
sa voisine et la suivante
la terre au grand complet
comme un raz-de-marée
cette cohue de fins, depuis
que le monde sensible
a commencé
or, c’est mon affaire, c’est ma vie
tu le sais bien, nos morts
par poignées
leur tatouage s’empourpre
dans ma chair, dans ma bouche
entre mes dents, leur débris d’âmes
cependant on ne le dit pas assez
leur vagabondage a lieu
ailleurs, à distance, au-dessus
de notre chaos humain
déformé par l’écho
les âmes, en chœur trépignent
amour, envie, dévastation, colère
peu importe, elles pataugent
les âmes en déroute
au fond de cette voûte
ce Ciel extravagant
le leur, le tien
parfois c’est fou, maman
on dirait des bandes de corbeaux
pris au piège
du Ciel, les âmes ...
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L’art propose une utopie sans espoir d’éternité.
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Les poèmes comme la vie posent la question du sens.
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Écrire est une grande folie.
Devant tous les spectacles du monde, j’essaie de retrouver les mots de ma mère, tous ces mots usurpés par le silence si naturel de la langue, sans projet et sans issue, dans lequel le désordre prolifère. Je cherche, au-delà ou en deçà, la faille où m’insérer, le puits d’où jaillirait une rumeur pareille à des pressentiments porteurs d’ailes.
Une traduction du silence.
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Mais que signifie amour? Pouvoir écrire : nous avons pris l’habitude de résister à nos intempéries. Déceptions, jalousies, morsures et autres précieuses ténèbres qui nous tiennent sur le qui-vive.
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Je ne veux pas décrire. Ni commenter ni fabuler. Je dis simplement écrire. Avec des nœuds, des fils d’acier qui se seraient agglutinés au fond de ma langue. Écrire. Mais d’abord guetter, œil et main à l’affût sur la page, à proximité de la marge, avec l’intention de saisir, de secouer et de traduire ce qui s’y hasarde.
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il m’arrive de nous imaginer
exclus l’un de l’autre
passant la frontière et la repassant
plus tard dans la lumière vive
rien de définitif
qu’une surface lente pour la caresse
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Les miracles ont cédé leur place.
On est proie bravoure ou vanité.
Sans allié on creuse.
Comme si creuser
était bercer
était alibi était
la seule corvée du cœur.
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Toujours la langue – la pensée aussi – se défile. J'écris pour la retenir. Nous attacher quelque part. Loin de l'immortalité. Nous fixer, éphémères.
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D'un livre à l'autre s'ouvre "la chair du monde".
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Tend quoi au juste le mot - dis.
Menace. Battement. Camp. Crime.
Mes doigts blessés l'ont flairé
sonore. À l'heure dite dévoilé.
Vie viol violon violent
vite vil
vole.
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C'est à se demander
si tous les rêves affamés
sont tombés morts
en mai en même temps.

Vagabonde mélancolique - vois
la vie bégaie tant.
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Inventaire des odeurs
ODEURS IV / extrait 2
  
  
  
  
odeur de Meuse et de mots emmêlés le long du quai Rimbaud / odeur de cent paires de bottes militaires suspendues noires dans le silence assourdissant du Carré d'art contemporain / odeur Mon nom, Mon visage, Mon bruit. / odeur Soifs et tout ce qui s'ensuit / odeur de Jeune fille et [de] mort / odeur Désert mauve / odeur des Espions de Dieu / odeur Dédale / odeur d'Amour debout et d'In vivo / odeur de Ce qu'elle voit « défoncé, effondré, sous-marin » dans ville bleue, froide ou noyée / odeur MoMA des centaines d'heures durant de regards chargés soutenus — assise là l'artiste en blanc en rouge /
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Rêver Québec, dites-vous



extrait 3

or c’est confusion tout à coup
mon texte s’emmêle
aux événements des villes et des peuples
devant remparts, meurtrières, lacs, déserts ou gratte-ciel

je me fais du cinéma, et maintes autoroutes
me reviennent chargées de cendres

There Will Be Blood
There Will Be Blood

plus haut
beaucoup plus haut
avenue Christophe-Colomb ou ailleurs
-entre deux vies, deux bouts du monde
sur un coin de pays récent
j’erre, je respire
extravagante et rêveuse
à chaque pas étonnée
d’être revenue
d’être ici

Rêver Québec dites-vous

à chaque pas
l’énigme

ce qu’on laisse de soi à la frontière
ce que l’aurore, sans rien trahir recueille
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Rêver Québec, dites-vous



extrait 2

heureusement obscur, le glossaire
comme les faits : Québec
les Ursulines, le crâne de Montcalm
sous une cloche de verre
les Champs-de-Bataille
noirceur, froidure et abandon

on pleure naissance et mort
quelques siècles plus tard
abruptement

urbaine résistance
écartelée entre deux terres
je cherche, scrute, soupèse
le proche et le lointain
visages semblables
et unanime lucidité

Rêver Québec dites-vous
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