Citations de Dominique Rankin (33)
C'est à ce moment que, pour la première fois, j'ai entendu le mot « viol ». Nous n'avons pourtant rien fait de mal à nos cousines et nos amies, mais nous savions désormais comment nommer de que certains frères nous faisaient subir depuis de nombreuses années.
Plus douloureux que la souffrance est le silence qui la recouvre. [...]
Aux survivants des pensionnats qui ont subi tous les viols possibles, comprenez que la guérison est notre seule option, mais pour guérir il faut traverser le mur des non-dits. [...]
L'humain qui a peur de vivre ses émotions est un être en cage. Peu importe nos blessures, la pire chose que nous puissions faire est de tenter de les oublier, sans crier ou sans pleurer.
-"Donne-toi tout, me rappelait papa en montant le campement. Si tu sais l'observer et la respecter, la nature te comblera de tous ses cadeaux et t'assurera d'une bonne vie. Si le temps est mauvais, reste au sec et au chaud dans ton abri. Quand le temps est clément, rassemble tout ce dont tu as besoin pour ton bien-être. Tu n'as jamais à souffrir ni de la faim, ni de la soif ou de quoi que ce soit d'autre. Donne-toi tout, Kapiteotak."
Tu sais très bien que ton véritable obstacle n'est ni la faim ni la soif, mais bien l'acceptation.
En ce qui concerne les Inuits, les autorités des années 1950 à 1970 trouvèrent un moyen ingénieux — mais cruel — de les persuader une fois pour toutes de s’installer dans les villages créés pour eux. On envoya des officiers de la Gendarmerie royale du Canada abattre froidement leurs amis les chiens de traîneau à coups de fusil. Par conséquent, nos frères et sœurs inuits ont perdu subitement les moyens de survivre grâce à la pêche et à la chasse dans la toundra.
La forêt distribue ses largesses gratuitement. La seule chose que nous devons lui offrir en retour, c’est notre respect.
En deux mots, je ne m'aimais pas. Et, lorsqu'on ne s'aime pas, on n'aime rien ni personne d'autre.
(p.113)
Dans notre tradition, l'écriture n'existe pas. Nous avons toujours privilégié l'enseignement par l'exemple, sachant que les actes marquent bien plus l'être humain que les paroles.
Je prie encore dans les églises à l’occasion et j’aime le message du Christ, mais j’ai de la difficulté à comprendre ce que certains humains en ont fait. (…) Lorsque la tête prend le dessus sur le cœur et le bon sens, tous les dangers sont possibles.
En automne, sur notre terre, surviennent toujours quelques journées de redoux. Cette période d’environ une semaine est ce que vous appelez l’« été indien ».
Au cours de ma vie, j’ai eu l’occasion de côtoyer des scientifiques qui ont retracé les pas de nos ancêtres. Selon eux, les différentes nations amérindiennes sont originaires d’Asie.
Au début, ces exhortations à modifier nos coutumes étaient relativement inoffensives. Je me souviens par exemple du « corned-beef » qu’on nous encourageait à manger. (…) Les commerçants de la Compagnie de la Baie d’Hudson nous convainquaient pour leur part d’acheter leurs chaloupes à moteur d’occasion. « Comme ça, affirmaient-ils fièrement, vous irez chasser et rentrerez chez vous le soir même! » Ils ignoraient toutefois que le bruit des moteurs éloigne le gibier, que les fuites d’essence souillent nos rivières, que les portages sont beaucoup plus pénibles avec le lourd moteur à transporter—sans compter toutes les boîtes de « corned-beef » dans nos sacs à dos !
Depuis quelques temps, papa avait trouvé du travail dans la petite localité de Saint-Marc-de-Figuery (…) il participait à la construction d’une bâtisse, une future école, semblait-il. (…) Ce que ces hommes ignoraient, toutefois, c’est qu’ils étaient en train d’ériger les murs de ce qui serait bientôt la prison de leurs propres enfants.