- Nous n'avons pas perdu notre dignité.
- Non, nous avons seulement perdu la guerre, pas vrai ? C’est ce que vous croyez toutes, qu’on a perdu la guerre.
- Nous n'aurons pas perdu tant qu’ils n'auront pas eu notre peau, et on ne va pas leur faciliter la tâche... Résister c’est vaincre.
Jaime vivra l'enthousiasme des détenus pour le débarquement en Normandie, l'optimisme de ceux qui feront leur valise, convaincus que la fin de la dictature franquiste sera la suite logique du débarquement, et la déception quand ils comprendront que les portes des prisons ne s'ouvriront pas après la victoire des alliés.
De Burgos, il vivra l'impuissance du Gouvernement républicain en exil.
- Vous savez si "La Pepa" est venue cette nuit?
- Oui, ils en ont pris trois.
La soeur d'Hortensia se rapprocha des femmes devant elle
-C'est qui "La Pepa"?
- La fournée, ma petite.
- Quelle fournée?
- Quant ils les font sortir pour les emmener.
- Qui ça?
- Ils font sortir les condamnées à mort et ils les emmènent.
- Où ça?
- Où les emmènent-ils?
Elle ne posa plus de question. A partir de ce moment-là, Pepa décida de s'appeler Pepita.
Elle a passé trente-neuf jours à la préfecture. Elle a passé trente-neuf jours à la préfecture, des dizaines d'heures sur les genoux, et a été tabassée des dizaines de fois. Mais Hortensia ne veut pas y penser. Elle s'assoit sur les toilettes, touche ses genoux et pense à Felipe. Elle se souvent du premier baiser. C'était à Cordoue. Elle se souvient de Cordoue et de la bouche de Felipe cherchant la sienne, et elle touche ses genoux.
(incipit)
La femme qui allait mourir s'appelait Hortensia.