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Critiques de E. M. Forster (186)
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Route des Indes

Edward Morgan Forster - Route des Indes - 1924 : "L'inde et ses mystères", approche au combien folklorique que l'auteur démentait en nous montrant un pays terre à terre rempli d'agitation, de controverses et de couleurs. On est en droit de dire que ce roman souvent décrit comme un des plus grands de l'histoire de la littérature britannique méritait largement sa bonne réputation. Le succès qu'il rencontra à sa sortie est bien moindre maintenant car de nombreux lecteurs modernes pourfendant le dogmatisme ambiant reproche au livre de glorifier un colonialisme pourtant largement mis à mal tout au long des pages. Car Forster n'était pas tendre avec ses compatriotes, pas plus qu'il ne l'était avec les élites indiennes empêtrées dans une hiérarchie de niveaux presque illisible et tiraillées entre l'envie d'émancipation et celle de plaire à la classe dominante britannique. Et pourtant l'histoire commençait bien par l'intermédiaire d'une amitié naissante entre deux anglaises en visite (la mère et la fiancée du gouverneur) et un médecin indien avide de partager sa culture avec les deux étrangères. Mais une accusation d'agression sexuelle commise lors de la visite des grottes de Marabar sur la jeune femme amenait sur le siège des accusés le docteur. Alors que le procès sous l'égide d'un juge indien mettait en exergue l'opposition grandissante entre deux communautés bientôt irréconciliables, la victime retirait sa plainte en admettant s'être trompé sur l'identité de l'agresseur. Bien sur le pays entier triomphait de cette nouvelle tandis que les anglais se déchiraient trahis à leurs yeux par l’inconséquence de l’infortunée touriste. "La route des Indes" offrait un voyage en première classe dans un pays dont on a toujours eu du mal à définir les contours, il exprimait par une écriture magnifique la sommes des ressentiments que se vouait deux groupes en totale rupture. Tout semblait dans ce roman ramené au niveau des simples convenances, que ce soit l’amour, l’amitié ou la politique seul la forme paraissait importante dans cette société multiculturelle qui confondait constamment dignité et posture. Les quelques personnages avides de relation authentiques se retrouvaient eux placé au ban d’un monde qui n’existait plus que par sa bipolarité et sa haine… un incontournable classique
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La machine s’arrête

L'immense écrivain britannique, à qui l'on doit des oeuvres majeures telles qu'Howards Ends, Avec vue sur l'Arno (a Room with a View) ou encore le très osé pour l'époque “Maurice”, publié à titre posthume, où l'auteur offre à son personnage le coming out homosexuel (doublé d'un dépassement des classes sociales, très ancrées dans la société anglaise) qu'il ne pourra jamais faire, vivant sa propre homosexualité dans l'ombre, comme d'ailleurs un autre de ses fameux contemporains anglais William Somerset Maugham.



Ce qu'il reste de son oeuvre pour le grand public ce sont aussi les adaptations magistrales du couple de cinéastes James Ivory & Ismail Merchant, longues promenades bucoliques et sentimentales dans la campagne anglaise où l'on croise (excusez-moi du peu) Anthony Hopkins, Emma Thompson, Maggie Smith, Judi Dench, Daniel Day Lewis, Helena Bonham Carter ou encore Hugh Grant et qui nous font sentir l'odeur de l'herbe humide après la pluie sur le cottage, le bruit des shortbreads qui croquent entre les dents ou encore le tintement de la cuillère qui remue le sucre dans la cup of tea.



Et pourtant, c'est dans un tout autre registre qu'E.M. Forster nous immerge dans cette courte nouvelle de science fiction “The Machine Stops”. C'est le portrait d'une société tout entière soumise à la technologie que dresse l'auteur, une humanité ayant (du moins le croit-elle) définitivement coupé le cordon ombilical qui la rattachait à la terre nourricière. Mais ne nous y trompons pas, le progrès technique n'a pas d'odeur politique, et n'est pas synonyme de liberté ou d'égalité, il reste ce qu'en font les hommes, et en l'occurence, la vision dystopique de l'auteur nous plonge dans un monde dictatorial où fouler le sol de la terre est interdit…



Et de fait, nous sommes toujours plus, pour une partie d'entre nous, éloignés de la nature, ses dangers sont de moins en moins apprivoisés, ces manifestations jugées dégradantes, vulgaires, indignes d'intérêt. Il y a un orgueil proprement humain à dompter la nature, à la mettre au pas, voire même dans les projets financiers de certains, rendre la planète terre obsolète. Accumulation de savoirs déconnectés de l'expérience du réel et de technologies facultatives, asservissement à des créations numériques, Forster dépeint avec un siècle d'avance une réalité qui n'en finit pas d'advenir.



Qu'en pensez-vous ?

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Avec vue sur l'Arno

"Les réceptions de l'ambassadeur sont réputées pour le bon goût du maître de maison"... on y sert des pyramides de pépites en chocolat de la marque - tut tut pas de marques !!



Chez Gwen, qui s'imagine complaisamment être l'un des très nombreux ambassadeurs de la littérature, on sert également des pépites mais elles ne sont pas en chocolat, elles sont faites d'une matière plus rare et, de ce fait, plus recherchée : le talent. Bref, c'est de la pépite de compet' !



Tout ça pour dire que ce roman de Forster est une PE-PI-TE !



Bien, il est nécessaire de faire un rapide retour en arrière, allez, on rembobine. (bruit du magnéto VHS)



Voilà, nous y sommes. 1985.

J'avais cinq ans, c'est émouvant. Ah, non, pardon, ça, vous n'en avez rien à faire et vous avez bien raison. On reprend, un peu de concentration, surtout dans le fond, les deux là-bas, "vous n'arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites trèèès attention !*"



Je disais : 1985. James Ivory réalise son chef-d'oeuvre. Que dis-je son "chef-d'oeuvre" ? James Ivory réalise LE chef-d'oeuvre du 7ème art, j'ai cité (sous vos applaudissements)... "Chambre avec vue".



En lisant (ENFIN !) le roman à l'origine de cette superbe adaptation, primo je mettais un terme à l'état de honte dans lequel je vivais jusque là, très consciente de cette lacune, et secundo je me sentais libre de donner à Lucy et à George les visages d'Helena Bonham-Carter et de Julian Sands.



Cette oeuvre romanesque de Forster est à la fois forte de par l'écriture et le style, belle de par la remarquable profondeur psychologique de chaque personnage et lucide vis-à-vis de la société dont elle décortique les codes. En un mot, elle est puissante.



L'humour et l'ironie sont présents tout au long de la narration mais ne nuisent pas une seconde à l'intensité dramatique du récit qui propose de voir évoluer dans le carcan des principes rigides d'une bonne société déclinante une histoire d'amour passionnée et passionnante. Tout est décrit ici avec subtilité : paysages, personnages, relations, protocoles sociétaux, sentiments. L'auteur, sans jamais le délaisser, ne mâche pas tout le travail à son lecteur ; il le pousse à explorer par lui-même la personnalité des protagonistes et la nature de leurs émotions. Le lecteur s'interroge, doute, espère et vibre. C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et on en redemande.



Lucy représente le type de femme qui, en ce début du XXème siècle, étouffe encore sous les conventions quand autour d'elle le monde s'ouvre et que les routes s'élargissent sous ses pas. De Florence à Londres en passant par la délicieuse campagne anglaise, son parcours initiatique est touchant de sincérité et de pureté et on souffre avec elle des élans retenus, des pieux mensonges et des désirs contrariés.



George est l'archétype (non le stéréotype) du jeune homme de ce début du XXème siècle, ne se nourrissant que d'illusions, découvrant avec passion et curiosité le progrès des techniques et l'avancée laborieuse des idées et qui, résolument attaché à ses idéaux et à sa propre philosophie, ne sait pas encore où trouver sa place et n'a qu'une certitude : il lui faut vivre à fond ou mourir vite.



La rencontre entre ces deux jeunes gens, c'est l'alliance de la belle et la bête, le choc de la tradition et de l'espérance, le conflit de deux courants de pensée en mouvement... Ces deux jeunes rivières en crue finiront-elles par se joindre à une confluence ?



Allez, je vais revisionner le film ; je le connais par cœur, et alors ? C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et j'en redemande.



*Dixit Louis de Funès, "la Grande Vadrouille".
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La machine s’arrête

Je connaissais le nom d’Edward Morgan Forster à travers les adaptations cinématographiques de certains de ses romans, notamment « Chambre avec vue » et « Retour à Howards End ». Jamais je n’aurais imaginé que l’auteur de ces délicates et romantiques histoires victoriennes avait œuvré dans la science-fiction. C’est ce qui m’avait intriguée lorsque j’étais tombée sur cette nouvelle intitulée « la Machine s’arrête ». J’ai bien fait d’écouter ma curiosité, ce texte est tout simplement bluffant et au-delà de ses qualités, il m’a vraiment parlé intimement.



Avant de rentrer dans le vif du sujet et de vous dire en quoi cette nouvelle est formidable, je vais d’abord faire un aveu : j’ai un côté vieille conne. Je m’explique. Si je ne suis pas totalement opposée au progrès, il y a eu des avancées technologiques qui ont été de véritables bienfaits, je trouve qu’il faut toujours rester prudent et vigilant quant aux conséquences de certaines innovations. Je suis même à certains égards un brin réac en considérant que le fameux « c’était mieux avant » n’est pas totalement faux. Par certains aspects, l’époque actuelle me déplait beaucoup. Je la trouve tellement déshumanisée, désincarnée… Alors je me raccroche à des petites choses du passé, et j’essaie de les transmettre à mes enfants. J’écoute des disques vinyles parce que le rituel qui va avec donne une autre dimension à la musique et la fait moins ressembler à un acte de consommation immédiate. Je regarde des films en dvd ou en blu-ray, je ne télécharge pas illégalement parce que je considère que si je ne veux pas payer pour un film c’est que je ne veux pas vraiment le voir, j’aime guetter les sorties blu-ray de certains éditeurs et avoir le plaisir un jour de dire « ah enfin, ça fait 15 ans que j’attendais qu’il sorte ce film », je n’ai pas netflix parce que j’ai envie de regarder des œuvres parce que j’ai fait la démarche de les acquérir pas simplement parce qu’elles sont disponibles et qu’il est de bon ton de les avoir vu. Je n’ai pas de liseuse, je ne lis que sur papier parce que j’aime la sensation du papier et j’aime regarder ma bibliothèque qui déborde même si c’est un crève-cœur quand il faut faire de la place. Je n’ai pas de compte instagram ni facebook et consorts parce que je n’aime pas quand il y a un intermédiaire dans les rapports humains. Je n’ai pas de smartphone, un mobile tout simple qui ne sert qu’à téléphoner, parce je pense qu’il ne s’agit pas là d’un vrai besoin et parce que je déteste voir ces gens incapables de quitter des yeux leur téléphone, ils marchent en le regardant, aveugles au monde qui les entoure et même lorsqu’ils sont à plusieurs, à une terrasse de café ou installés dans un jardin public, ils sont tous rivés à leurs téléphones, aveugles les uns aux autres, ensembles mais finalement seuls et leurs téléphones sont les prolongements de leurs mains. Bien sûr, il est impossible d’échapper complètement au progrès, après tout le monde est comme il est et à moins de se marginaliser on est obligés d’en accepter certains aspects, et puis je ne suis pas exempte de contradictions. Après tout, je suis sur babelio, je me sers d’internet pour acheter des choses… Simplement j’essaie de rester le plus libre possible.



Cette introduction très longue, trop longue sans doute, était nécessaire pour faire comprendre à quel point cette nouvelle de Forster m’a interpellée personnellement. Pour résumer le propos de ce récit d’anticipation, je vais me contenter de citer la 4ème de couverture : « Forster dépeint une société dans laquelle tous les besoins sont satisfaits par une machine omnipotente. Dans leur désir de confort total, leur obsession de se maintenir à distance des autres et du monde physique, et après avoir exploité les richesses de la nature, les humains s’en remettent donc à la seule technique, devenue leur idole. ». Ce résumé est à la fois pertinent et insuffisant. Il donne les très grandes lignes mais on ne ressent pas la richesse du propos et surtout on ne perçoit pas à quel point il est actuel. En 1909 Forster parlait de nous. Il parle d’une société dans laquelle on communique à distance, où on est sans cesse sollicités par sortes de notifications, il parle d’un monde uniformisé où la distance est abolie, où on a des centaines d’amis mais où chacun vit replié sur soi. Ce texte est effrayant de lucidité. Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai trouvé cette lecture saisissante. La vision de Forster correspond très bien à ce que je trouve désespérant dans le monde moderne. Du coup, je me suis identifiée avec force à Kuno, le personnage de la nouvelle qui a envie d’autre chose, qui veut sortir de chez lui, aller dehors, se couper de la Machine.



Il y aurait beaucoup à dire sur « la Machine s’arrête ». C’est un texte brillant mais j’ai été tellement sidérée que je peine à argumenter de façon rationnelle. Il y a quelque chose d’assez bouleversant quand on découvre un texte qui exprime si bien ce que l’on pense soi-même, qui raconte les angoisses que l’on ressent face à certaines évolutions du monde… En 80 pages un lien insaisissable s’est créé entre moi et cet auteur. C’est certain, entre Forster et moi, ce n’est qu’un début.

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Collected Short Stories

Plusieurs thèmes à retenir de cette lecture.

Tout d’abord l’aristocratie. Forster est très conscient de l’existence de classes et milite pour une aristocratie de l’esprit, ainsi que pour une sorte de réconciliation, difficile, entre les classes.

Le corps : en opposition avec l’esprit, que Forster voit gagner du terrain dangereusement dans l’avenir (« The Machine Stops »). Référence à l’esprit victorien, sans doute, vu la composition précoce des nouvelles.

L’eschatologie : les nouvelles sont presque toutes marquées par la mort et l’au-delà. « The Road from Colonus » est presque euthanasique.

L’omnibus céleste rend la foi nécessaire en la littérature et de même que le corps est opposé à l’esprit, la nature l’est à la culture (« The Story of a Panic », « The Eternal Moment »).

À lire, oui, si possible !
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Maurice

Une lecture que je n’aurais certainement pas faite sans le challenge Solidaire. De cet auteur britannique que je ne connaissais absolument pas, j’ai choisi ce roman, publié de façon posthume en 1971, alors qu’il avait probablement été écrit avant la première guerre mondiale. Il s’agit d’un roman d’inspiration autobiographique gardé secret du vivant de l’auteur. Et pour cause, puisque l’homosexualité était considéré en Angleterre comme un crime jusqu’à la fin des années 60 !

L’écriture est belle, très classique, et nous plonge dans une toute autre époque, explorant dans ce roman d’apprentissage préjugés et barrières sociales d’un autre temps. C’est le roman de la découverte par Maurice, jeune bourgeois de la bonne société, de son homosexualité. Ses premiers amours, platoniques, finissent mal, puisque Clive décide de céder à sa famille et aux conventions en se mariant. Par la suite, après un temps où il essaie de rentrer dans la norme et un épisode dépressif, Maurice rencontrera Alec, jeune ouvrier, ce qui le poussera à faire des choix décisifs.

C’est un très beau roman d’amour, mais j’ai trouvé la psychologie des personnages un peu difficile à cerner : le retournement de Clive n’est guère expliqué, et Maurice est parfois particulièrement énervant (en dehors de son homosexualité il est bien représentatif de son milieu social, et assez snob et misogyne). Clive est-il vraiment devenu hétéro ? Maurice a-t-il vraiment souhaité rentrer lui aussi dans la norme ? Ces questions du lecteur restent sans réponse claire.

J’ai refermé ce livre en me disant qu’il faisait bien bon vivre dans une autre époque, moins puritaine, moins normative et où la diversité et les différences ont leur place. Quoi que … on ne puisse pas pour autant en dire autant partout !
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Route des Indes

Une vieille anglaise se rend en Inde en bateau pour assister au mariage de son fils. Peu conformiste malgré ses airs de femme bien élevée, Mrs Moore se rend seule dans une mosquée où elle fait la connaissance du jeune docteur Aziz. Introduite dans le cercle fermé des Anglais qui habitent la petite ville indienne où aura lieu le mariage, la vieille dame promène sur l'Inde où ce qu'elle en voit un regard extérieur non dénué de justesse...Le docteur Aziz, soucieux de plaire aux Anglais, veut organiser une excursion pour les fiancés. Tout cela sonne bien mais l'expédition tourne au désastre...

Société de maîtres aux comportements coloniaux, indien éduqué pris dans ses contradictions, monde bien pensant et laissés pour compte, il y a tout cela dans le beau roman de Forster. Cela et plus encore. Car la transformation du petit médecin et celle, plus étonnante encore, d'Adela, la fiancée, donnent à ce roman très bien écrit un supplément d'âme...

Un grand auteur, ce E.M Forster !

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Route des Indes

Forster plante un peu vite le décor d'une petite ville hindoue des années 20 et ce fut ardu de mémoriser qui est hindouiste, musulman, brahmane, riche ou pauvre, anglais proches des hindous ou plus souvent les considérant autant que de la poussière.



Puis on s'attache à Mrs Moore et Miss Quested fraîchement débarquées et sollicitant le jeune médecin fanfaron Aziz pour leur faire découvrir l'Inde.



Forster maîtrise avec tact l'incident des grottes de Marabar, l'emballement judiciaire auquel est confronté Aziz, la gestion anglaise maladroite et la radicalisation qu'elle engendre chez les hindous. Comment pourra y survivre l'amitié entre Aziz et le principal du collège, Mr Fielding qui a fait sécession avec le club du quartier européen?

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Monteriano

E. M. Forster possède ce don du grand voyageur d'évoquer de superbes paysages sans emphase mais en quelques mots et tournures beaux par leur simplicité.



Ces descriptions dépouillées n'en sont pas moins très évocatrices et pour celui qui, comme moi, connaît et voue un culte à l'Italie et particulièrement aux collines de Toscane, elles constituent un vrai régal qui le transporte immédiatement aux pays des cyprès et des villages médiévaux, dans la douce lumière d'un soleil déclinant.



Comme plus tard avec "Vue sur l'Arno", l'auteur place une grande partie de son récit en Italie, et plus particulièrement à Monteriano. Ce village - à peine une petite ville perchée depuis des siècles sur une crête siennoise - devient alors le théâtre d'un drame quasi théâtral qui n'est pas sans rappeler Shakespeare. Lilia, Philippe, Caroline, Harriet et Gino entraînent le lecteur dans un ballet d'alliances et de désaccords qui va crescendo jusqu'au drame final, tout à fait de trempe italienne.



Le style peut dérouter mais la structure et le rythme sont parfaitement maîtrisés. Les personnages prennent forme rapidement et présentent des caractères plutôt entiers, ce qui favorise vite la sympathie ou son contraire.



J'ai été moins séduite par ce premier roman de l'auteur que par "Vue sur l'Arno" ("A room with a view") mais je lui suis très reconnaissante de m'avoir transportée en pensées et en souvenirs dans l'Italie authentique du début du XXème siècle.





Challenge XXème siècle 2020

Challenge XIXème siècle 2020

Challenge MULTI-DÉFIS 2020

Challenge des 50 objets
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Avec vue sur l'Arno

A room with a view… une vie avec vue sur l’Arno ou bien une vie avec vue sur cour ?

Tel est le choix que devra faire Lucy Honeychurch, jeune anglaise de bonne famille, tiraillée entre deux prétendants qui lui offrent des horizons bien différents.



Le petit monde de Lucy est plein de convenances et de préjugés, de cette conception étriquée de l’ordre social où il y a ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas, de cette phallocratie qui enferme le désir féminin. Rien ne l’a prédisposée à le remettre en cause ce monde, si ce n’est peut-être cette façon passionnée de jouer Beethoven… et puis son voyage en Italie et sa rencontre avec les Emerson, père et fils, anglais anticonformistes et athés. Alors l’esprit et les sens de Lucy s’éveillent et les doutes et les interrogations l’assaillent.



Forster raconte avec subtilité le combat intérieur de la jeune fille pour dépasser les conventions sociales et affirmer sa liberté de choix. Héroïne emblématique des sentiments et conflits qui caractérisent les adolescents, Lucy est un personnage très attachant et intemporel.

Dotée d’émotions et de réflexions, elle contraste avec la bonne société de la pension Bertolini qui avance dans la vie comme elle voyage à l’étranger, avec un guide Baedeker à la main pour ne pas risquer de s’écarter du droit chemin. Les personnages secondaires dont les comportements et jugements stériles apportent beaucoup d’humour au récit, servent la critique sociale, voir la dimension politique du roman de Forster.



Publié quelques années après la mort de la reine Victoria, l’auteur oppose une société britannique encore engluée dans les conventions victoriennes et qualifiée de moyenâgeuse, à la « renaissance » italienne et à l’hypothétique « renaissance » édouardienne, représentée par les Emerson et Lucy, libres de pensées et d’actions, mais encore bien seuls et marginalisés.



Forster mêle avec beaucoup d’habileté le roman sentimental et le roman d’apprentissage à une critique sociale mordante et j’adore ça ! Cette relecture d’ « Avec vu sur l’Arno » m’a comblée une fois de plus : j’en « pince » pour ce roman c’est indéniable !

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Arctic summer

Roman entamé en 1911-1913 par l'auteur, qui l'aurait abandonné pour le recommencer sur le tard sans jamais l'achever.



Encore une fois, un quatrième de couverture galvaudant, qui de plus est erronément, le contenu. Qu'ont donc les éditeurs ces temps-ci à enlever toute surprise au lecteur ?



Une amitié entre deux hommes différents ? Où l'éditeur a-t-il bien pu trouver cela.



Et de dire que s'il avait été achevé, ce livre aurait été le chef-d'oeuvre de Forster ! Il faut le faire. A part l'argument purement commercial, c'est assez outré.



Ce texte m'est apparu comme une ébauche, un brouillon, mais guère plus.



Le style est ampoulé, l'atmosphère victorienne et coincée à souhait, il y a des longueurs, des passages inutiles, et la trame est, ma foi, assez dénuée d'intérêt.



Martin, qui voyage avec femme et belle-mère, se rend en train vers l'Italie. Très conventionnel. Le jeune Cleasant sauve Martin qui a failli tomber sous le train. Martin se sent obligé de remercier Cleasant, mais Cleasant est taiseux. La relation ne s'entame même pas. Deuxième volet, la famille de Cleasant, noble, tout aussi conventionnelle et je ne révèle pas la suite.



Bien sûr comme c'est un roman inachevé, on ne saura jamais ce que l'auteur a voulu nous narrer comme histoire et où il voulait aboutir.



Mais vraiment, on aurait pu laisser ce texte dans les chemises des coffres-forts des héritiers.
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Avec vue sur l'Arno

Voici un roman que je voulais lire depuis très longtemps ! J'ai beaucoup aimé le personnage de Lucy Honeychurch qui, en voyage à Florence en compagnie de sa cousine et chaperon Charlotte Bartlett, va rencontrer grâce à un malentendu M. Emerson et son fils, George. De là va suivre une sublime histoire d'amour entre George et Lucy à travers des baisers passionnés mythiques dans les violettes de Fierone ou dans un sentier étroit...



Délicieux roman que j'ai véritablement adoré, E.M.Forster nous décrit avec humour cette société très diversifiée, mais toujours avec des personnages charmants, qui ont chacun des caractéristiques plus ou moins symphatiques (j'ai apprécié Freddy, Lucy et George, M.Emerson, Miss Lavish et parfois M.Beebe), ses paysages merveilleux et son histoire fascinante !



Je vous conseille de voir le film de James Ivory aussi passionnant et délicieux que ce roman, avec un casting de rêve (Helena Bonham Carter, Daniel Day-Lewis, Julian Sands, Maggie Smith, Judi Dench...) avec un petit coup de coeur, je l'avoue pour la si romantique scène du baiser dans les champs...



A lire absolument !!
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Howards End

Les Wilcox et les soeurs Schlegel ou la dérive de l'upper-class londonienne. le point de départ de la chute : Howards End, la priopriété familiale de feu Mrs Wilcox.

L'une des soeurs, Helen est passionnée et refuse de compromettre ses idéaux à la bienséance, quant à Margaret, l'aînée, elle est reconnue pour sa grande intelligence et sa vivacité d'esprit, mais par sa grande gentillesse, cette dernière est bien plus prompt que sa cadette à faire des compromis.

Malheureusement, la vie n'est pas en noir et blanc avec un mode d'emploi que l'on peut suivre à la lettre en espérant qu'il satisfera tout un chacun, ou qu'il nous satisfera nous-même d'ailleurs...



Un roman très sobre et bien écrit qui décrit la façon dont les petits grains de sables viennent enrayer la machine des aristocrates en anglais au tournant du siècle. Petits scandales étouffés, petits arrangements et petits secrets sont de mise.

Pour les amateurs de Downton Abbey, on retrouve le même arrière-plan socio-historique, mais l'humour est remplacé par le drame.



Le changement a-t-il vraiment sa place dans la vieille et immuable aristocratie anglaise ? L'affrontement de mondes ou genres complètement opposés peuvent-ils cohabiter à l'ère où le siècle se déclarait volontiers plus socialiste ou plus progressiste ? Et l'art peut-il réconcilier ses extrêmes ou n'est-ce qu'une chimère de plus ? A quoi chacun devrait-il être le plus attachè ? le plus fidèle ?



Un beau roman avec une écriture élégante qui m'a donné envie de découvrir d'autres romans de l'oeuvre d'E.M.Forster.
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Maurice

Maurice est l'histoire du long et dur combat d'un homme vers son autonomie intellectuelle et sexuelle, l'histoire de la lutte d'un homme seul contre les carcans religieux et sociaux de son temps.

Tout comme son condisciple Clive, Maurice est élevé, donc conditionné, afin de devenir une partie de l'élite dirigeante de cette Angleterre du tout début du vingtième siècle. Secret, sensible mais se sous-estimant constamment, il tombe sous l'emprise intellectuelle de Clive qui voit avec pédantisme dans leur relation une illustration de cet amour sublimé mais non physique prêté à Platon.

Ce ne sera qu'avec la transgression justement physique et sensuelle de cet idéal que Maurice sera enfin libéré de ses angoisses existentielles dans un pays qui punissait pourtant légalement et lourdement l'homosexualité.

On comprend tout le chemin de cet être si vulnérable mais aussi celui de nos sociétés à la lecture de ce courageux et lucide roman d'Edward Morgan Forster superbement et finement adapté à l'écran par James Ivory.

Autant qu'un très beau roman d'amour, il s'agit donc ici d'une très sensible étude sociale et psychologique.

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Maurice

L’amour qui n’ose pas dire son nom… Ou l’homosexualité dans les très sélectes universités anglaises.



Maurice a mis du temps pour comprendre qu’il marchait de l’autre côté du trottoir ! Il a fallu qu’il entre à Cambridge pour enfin ouvrir les yeux sur ses préférences sexuelles.



Oui, sa préférence à lui, ce sont les jeunes garçons de son âge dont un camarade d’université qui deviendra son compagnon, même si jamais rien n’est affiché.



En ce temps-là (1910), en Angleterre, l’amour entre hommes était toujours considérée comme un crime et passible de peine de prison tandis qu’en France, le code Napoléon avait déjà rendu la chose "légale".



Pour vous dire la bêtise humaine : si l’homosexualité masculine était punissable, celle entre les femmes pas car le législateur ne l’avait pas prise en compte. Paraîtrait que la reine Victoria avait trouvé tellement répugnant qu’elle avait jugé la chose impossible. Mais je n’ai aucune preuve de ses dires non plus.



Pas facile de vivre son homosexualité dans l’univers conformiste et répressif de l’Angleterre édouardienne !



Maurice n’appartient pas à l’aristocratie proprement dite, mais nous évoluons dans les milieux bourgeois, les milieux où on ne se mélange pas entre classes, où les domestiques sont priés de rester à leur place, où il faut sauvegarder les apparences, quoiqu’il arrive.



Cette société bourgeoise anglaise est régie par des règles désuètes, vieillottes, bourrée de morale chrétienne, tout le monde était enfermé dans un carcan plus serré qu’un corset taille XS porté par le troll Hébus de la série fantasy Lanfeust !



Franchement, j’ai eu très envie d’en baffer plus d’un et plus d’une, dans ce roman riche en apprentissage de la vie chez les bourgeois, qui, comme le chantait si bien Jacques Brel ♫ Les bourgeois c’est comme les cochons Plus ça devient vieux plus ça devient bête ♫



Nous suivrons le récit du jeune Maurice, de ses 14 ans à ses 24 ans, passant d’un enfant effacé, paresseux, dans les jupons de maman, à un étudiant du collège effacé, paresseux, puis, enfin la chenille deviendra papillon avec Maurice amoureux d’un camarade, filant le parfait amour, mais sans le consommer !



Ah ben oui, messieurs dames ! L’amour entre hommes était plus toléré s’il était platonique. Se chipoter la chose, mon dieu, vous n’y pensez pas ! Nos deux amants s’aiment mais ne s’astiquent pas le manche mutuellement, aucun ne jouant avec la batte de criquet de l’autre.



Entre nous, bourré d’hormones qu’ils devaient l’être à 19-20 ans, je me demande comment ils ont fait pour ne pas succomber à la bêbête à deux dos.



Maurice est un personnage qui va évoluer au fil des pages, passant de chenille pataude effacée à papillon flamboyant d’amour, avant de virer tyran avec sa mère et ses deux petites sœurs.



Si la première histoire d’amour a tout d’une folie entre deux jeunes gens, la seconde histoire d’amour, celle qui sera le moins développée dans le livre, est pour moi la plus importante, la plus mûre, celle où Maurice aura le plus de couilles, ou il sera le plus touchant et où il prendra encore plus de risques en transgressant toutes les règles de l’époque, notamment le mélange des classes.



Un livre que j’ai tardé à lire, reportant sans cesse la lecture au fil des Mois Anglais et là, je suis contente d’avoir pris le taureau par les cornes car c’est une œuvre majeure en ce qu’elle nous parle des difficultés de vivre son homosexualité et des carcans empesés de la bourgeoisie anglaise.



Sans compter que le roman nous laisse avec moult question : Clive a-t-il vraiment changé de bord où a-t-il eu peur des conséquences à long terme de cet amour interdit ? Maurice avait-il vraiment envie de rentrer dans la normalité ?



Bon, yapuka se faire le film, maintenant, afin de découvrir le jeune Hugh Grant déjà super sexy et le futur Lestrade de la série Sherlock BBC (Rupert Graves).


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Monteriano

Lilia veuve de Charles Herriton, 33 ans, part en Italie accompagnée de Miss Caroline Abbott 23 ans. C’est son beau-frère Philippe qui l’a convaincue de partir en Italie pour l’éloigner d’un certain Mr Kingcroft avec lequel elle songeait à se remarier.
 Car les Herriton comptent bien diriger cette jeune femme qui tente de se libérer de leur emprise. Irma la petite fille de Lilia est laissée à la garde de sa grand-mère.

Quand Philippe dit à la jeune femme «Aimez les italiens, comprenez-les : car les gens, là-bas, sont plus merveilleux que leur terre..» il ne s’imagine pas que Lilia va suivre son conseil en aimant un italien, Gino et là «chocking»... Scandale ! Cette famille anglaise se referme et tire un trait sur la jeune veuve qui a voulu leur échapper. Mais «Lilia n’a fait que changer d’ornière» et elle se rend vite compte qu’elle s’est fourvoyée. La belle Toscane devient une nouvelle prison...

Je n’en dis pas plus. Le choc, à travers Lilia, Gino et leur entourage, entre préjugés anglais et habitudes italiennes nous offre grâce à la finesse d’analyse de Forster des moments parfois drôles mais aussi dramatiques et douloureux. Je n’avais rien lu de cet auteur et c’est une découverte qui sera sans doute suivie d’autres.

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Maurice

"Maurice" est un roman essentiellement autobiographique, de genre intimiste et initiatique, mais social également, écrit en 1913, mais dont l'auteur – E.M Forster (1879 – 1970) refusa toujours la publication en raison du thème abordé : l'homosexualité masculine en Angleterre au début du 20ème siècle. Il ne sera publié qu'après la mort de l'écrivain. Il relate « les amitiés particulières » et les amours contrariées d'un jeune garçon en quête de réponses identitaires.





Puisse ce livre aider quelques-uns à affronter nombre d'obstacles, pour voir plus clair en eux et à accepter qui ils sont. Assurément, "Maurice" est essentiel et compte parmi les plus beaux romans d'amour. Quand on (re) lis « Maurice », malgré les souffrances, la culpabilité, le jugement et le rejet des autres ravivés, l'on se sent apaisé par l'univers du récit et la manière dont Foster aborde un sujet, toujours saisissant de modernité, au moyen d'une écriture limpide et agréable, de dialogues parfois cruels, mais toujours délicats.





Il est impossible de ne pas être ému par cette histoire d'amour entre hommes – des premiers émois de Maurice, quand il rencontre Clive à Cambridge, au rejet, initialement partagé, par ce dernier, Et pour autant, les doux dialogues et l'érotisme tendre de leurs caresses, jusqu'au dégoût de soi à une violente colère contre un monde qui juge un jeune homme malade et anormal en raison de ses sentiments. Que dire de ces premiers moments entre Maurice et Clive chargés d'érotisme - pour les hétérosexuels aussi…  ?





Soyons reconnaissant de ne pas vivre dans un monde et dans un temps où un auteur de l'envergure de Forster pensait qu'il devrait attendre sa mort pour publier un roman dont il était pourtant fier, mais conscient du fait que son récit d'un amour authentique transgressait des lois iniques.



Bonne lecture,

Michel.
Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Avec vue sur l'Arno

La question centrale de ce roman est de savoir ce que choisira la jeune héroïne Lucy Honeychurch : une chambre avec vue sur l'Arno ou les murs aveugles d'une société conventionnelle ?

Ce choix est symbolisé par les deux hommes qui rivalisent pour ravir son cœur. George Emerson, attentionné et passionné ou Cecil Wyse, arrogant et sophistiqué...

Ce roman traite des difficultés et des choix qui caractérisent le passage à l'âge adulte, la tentation de l'aveuglement, les tensions entre ses propres désirs et le conformisme familial.

Satire brillante de l'Angleterre moyenne du début du 20ème siècle et de ses conventions sociales, ce roman est simplement délicieux une fois que le lecteur s'est habitué au style désuet de l'écriture de Forster . ( il faut dire que je l'ai lu après Kinderzimmer, le changement de style fut difficile. Note 3,5 sur 5)
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Avec vue sur l'Arno

La jeune Lucy Honeychurch voyage en Italie avec sa vieille cousine Charlotte Bartlett. Elles sont descendues dans une pension à Florence et se désespèrent que leurs chambres ne donnent pas sur l’Arno. MM. Emerson père et fils leur proposent de changer d’appartement. C’est ainsi que commence le chassé-croisé amoureux entre Lucy et le jeune George Emerson. De retour en Angleterre, Lucy se fiance pourtant avec le distant et très conventionnel Cecil Vyse, mais l’ombre de George Emerson ne tarde pas à planer sur le couple. Qui donc Lucy épouser-elle ? « Se souvenant qu’elle était fiancée à Cecil, elle se contraignait à mal se souvenir de George ; il ne lui était rien, il n’avait jamais rien été pour elle. » (p. 220)



À mon sens, ce roman pourrait être de Jane Austen, mais il y manque deux aspects essentiels : le talent et la qualité ! Tout m’a semblé faux et maladroit. Lucy est une jeune personne qui bout d’énergie et qui rêve d’aventures tandis que George est un jeune homme cynique, athée et un brin mélancolique. Voilà déjà deux bons gros clichés. Il faut y ajouter une cousine pauvre, sotte et bornée qui est parfaitement agaçante avec sa manie affectée de présenter des excuses pour tout et n’importe quoi, mais aussi avec sa façon de se comporter en société. « Je suis une femme du monde à ma petite façon, je sais où conduisent les choses. » (p. 21) N’oublions pas le possible gendre idéal qui devient de moins en moins idéal à mesure qu’on le découvre : Cecil est atrocement désagréable et aucunement attachant. « Depuis ses fiançailles, Cecil affectait un cosmopolitisme de mauvais garçon qu’il était loin de posséder. » (p. 133) Enfin, il y a toute une cohorte de personnages secondaires, de la vieille fille aventurière au pasteur bedonnant, qui m’ont prodigieusement agacée.



J’en viens au titre : parce que Lucy et Charlotte se sont senties lésées (et ont fait un caprice, grosso modo) en n’obtenant pas les chambres qu’elles attendaient, MM. Emerson père et fils les ont obligées en leur offrant leurs appartements. Mais finalement, les deux femmes ne passent que très peu de temps dans ces chambres et admirent bien peu la vue, d’autant plus que leur séjour à Florence est brusquement écourté avec un départ précipité pour Rome. L’incident liminaire est un prétexte d’une banalité affligeante pour justifier la rencontre entre les deux femmes et les Emerson. En effet, puisque tous ces touristes logeaient dans la même pension, il est fatal qu’ils auraient fini par se rencontrer dans les pièces communes. J’en suis venue à penser que le sens du titre est le suivant : si l’amour ne peut pas entrer par la porte, il entre par la fenêtre. Oui, cette formule manque d’élégance, mais c’est à l’image du roman.



Entre mauvais romantisme, situations bouffonnes et coquilles à répétition, ce roman a mis ma patience à rude épreuve. On m’en avait pourtant dit grand bien, de même que du film. J’hésite maintenant à ouvrir le boitier DVD…

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Avec vue sur l'Arno

J'ai vu (évidemment) le film de James Ivory (plusieurs fois). Je me souviens que je me repassais( en boucle) sur mon vieux magnétoscope la scène du fameux baiser (en soupirant).

Cela faisait longtemps que je me disais qu'il faudrait absolument que je lise le roman à l'origine de mes fantasmes romantiques d'adolescente...c'est maintenant chose faite.

Et j'ai bien aimé.

MAIS...mais je crois que ma lecture a été tout sauf objective, comme le sera, en conséquence, ma note.

Je pense que j'ai aimé parce que j'ai vu le film qu'en a tiré Ivory. Que quand Forster écrit une scène, un dialogue, j'en apprécie tout le sel parce que j'ai dans les yeux et dans la tête les acteurs et leurs expressions.

Je crois que, sans cela, ce livre m'aurait paru plus terne, avec peu de relief.

J'ai l'impression que c'est parce que je vois Daniel Day Lewis, étriqué dans son costume et paré de son sourire mesquin, que je ne supporte pas Cécil ou encore parce que je vois toute la puissance de la fameuse scène du baiser dans le champ que j'ai ressenti une émotion à la lecture du passage concerné...

Bref, j'ai aimé, vraiment, mais je ne sais pas dans quelle mesure c'était lié au livre lui même. C'est assez étrange comme impression
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