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Critiques de Elisa Vix (162)
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Elle le gibier

Inspiré de sa propre expérience professionnelle, Elisa Vix se lâche à couteaux tirés pour dresser le portrait combien réaliste, du monde du travail sans pitié.



Chrystal était belle, souvent mélancolique quand les regards se détournaient de son joli minois, elle était pleine de talent et d’intelligence. Fraîchement diplômée après de longues études universitaires en neurosciences, elle peine, comme beaucoup de surdiplomés à trouver un job. Son seul entretien c’est auprès de l’entreprise Medecines qu’elle le décroche. À son grand damne. Emploi sous payé, heures sup à rallonge, surveillance constante, brimade, harcèlement,... Tout est mis en place pour donner le moins de place à ces salariés et surtout le moins de valeur possible. Open-space, travail harassant. Ils bossent comme des vaux parce qu’ils ont besoin d’argent. Chez Medecines, c’est marche ou crève. Tu t’en vas avant d’être broyé. Après, c’est trop tard.



Roman qui donne la parole aux protagonistes qui ont tourné de loin ou de près autour de cette brillante Chrystal. Ils donnent autant de réponses à cet enquêteur mystère pour cerner qui était Chrystal et comment s’est tissée cette toile d’araignée sur elle.



Quand le travail n’est plus que raison à payer ses traites, qu’il n’y a nul plaisir, nulle valorisation et que viennent s’ajouter un processus de destruction de ces brebis, bienvenue dans le burn-out, la dépression. Et dire qu’ils sont des milliers à être malheureux au travail, faute à un manager psychopathe, à ce terrible fléau qu’est la productivité. L’humain dans tout ça et bien, il finit par ne plus exister. Encore heureux que pour Elisa Vix la littérature l’aura sortie de ce cauchemar. Mais qu’en est-il de ceux qui seront broyés avant d’être sauvés...
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Elle le gibier

Remerciements de l'auteur en fin d'ouvrage :

« A tous mes employeurs, sans qui ce livre n'aurait pas été possible... On l'aura compris, ce roman est inspiré de ma désastreuse carrière professionnelle. »

Elle aurait pu sombrer, mais au lieu de cela :

« Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant : 'Le p... de bouquin que je vais écrire !' Viva la literatura ! »



En effet, 'Elle le gibier' est vraiment un p... de bouquin, un récit choral lapidaire, lapidant, laminant.

Si on (a) fait l'expérience de souffrance au travail, en tant que 'victime' ou témoin, on s'y retrouve, douloureusement.

On s'y retrouve autant qu'on s'y perd, d'ailleurs, car si certaines situations professionnelles et certains modes de management sont objectivement traumatisants, intolérables, il y a aussi le ressenti (subjectif) de ceux qui souffrent. Leur malaise vient-il vraiment du travail ? Sont-ils victimes ou bourreaux en accusant leur hiérarchie/collègue de les malmener ? Est-on lâche et/ou lèche-bottes si on ne prend pas parti pour eux ? etc.

Mais je m'égare avec des exemples casse-tête dans lesquels je suis trop engluée pour y voir clair…



Quoi qu'il en soit, ce livre d'Elisa Vix est à lire.

En ayant évidemment une pensée émue

- pour les victimes de France Téléc*m (procès pour harcèlement moral en cours) et d'ailleurs,

- pour ceux - notamment les sur-diplômés - qui ne trouvent pas leur place dans un marché du travail sans pitié,

- et ...

____



Sur le sujet : 'Les heures souterraines' (Delphine de Vigan), 'Les visages écrasés' (Marin Ledun), 'La chance que tu as' (Denis Michelis), 'Encaisser' (Anne Simon & Marlène Benquet, collection Sociorama)...
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Elle le gibier

Oh la claque !



Ce roman choral de la dépression et de la souffrance au travail est puissant, banal mais puissant, puissant parce que banal, peut-être...



C'est l'histoire de Chrystal, qui avait tout pour réussir, aussi belle qu'intelligente, et qui pourtant dérape. A cause d'une entreprise inhumaine qui ne l'emploie pas à la hauteur de ses compétences et la brime au quotidien. A cause aussi de l'individualisme indifférent de ses collègues, de sa solitude et de sa détresse...



C'est l'histoire de Chrystal, donc, racontée par son entourage : tour à tour une collègue, son ex, sa mère, un médecin, un voisin, une marginale... Cette diversité de points de vue enrichit le roman, d'autant plus que beaucoup des narrateurs essaient de se dédouaner de ce qui s'est passé et qu'on ne découvre qu'à la fin du roman.



Les processus sont très bien décrits, qu'il s'agisse de la dégringolade d'une jeune femme brillante ou de la façon qu'ont certaines entreprises de briser les individus à coups de mails, de vexations ou d'humiliations. Ce livre me fait réfléchir sur ce qui fait que, face aux mêmes souffrances, certains s'en sortent et d'autres plongent...
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Assassins d'avant

« On a tiré sur la maîtresse ! »

L'école Jacques Prévert est sous le choc, et particulièrement les élèves du CM2 de Marie Moineau, enseignante appréciée de tous : « Je ne crois pas qu'elle avait des méthodes d'enseignement particulières, mais on avait envie de travailler pour lui faire plaisir. (…) Pour la première fois, un adulte croyait en moi. »



Le drame a eu lieu vingt-cinq ans plus tôt, les élèves de la classe avaient dix ans, la fille de la victime cinq ans. A elle, on n'a jamais dit grand chose, on voulait 'la protéger'. Aujourd'hui, elle a besoin de comprendre. Rien de mieux pour cela que de rencontrer quelques témoins.



J'ai connu cette auteur avec son dernier roman coup de poing, 'Elle le gibier'.

'Assassins d'avant' est construit de la même façon : une enquête informelle qui progresse grâce à des témoignages. Les voix alternent dans de courts chapitres.



Beaucoup de non-dits, de mensonges par omission, pour sauver sa peau, sa famille, son couple, et/ou pour protéger la jeune femme en quête de LA vérité.



Moins percutant que 'Elle le gibier', plus romantico-romanesque, ce thriller est malgré tout prenant et bouleversant.

En marge de l'intrigue, l'auteur livre des réflexions intéressantes sur l'euthanasie : « Qui est l'égoïste ? La mère qui veut garder son fils, même enveloppe vide ? Ou le frère qui veut hâter la fin pour ne plus s'infliger l'abominable spectacle du corps martyrisé ? »
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Ubac

Voici une famille heureuse dans une petite station de Savoie : Jérémy et Estelle gérent un bowling..

Le bonheur de la narratrice est bientôt perturbé par l'arrivée de Nadia, rentrée des Etats- Unis, la sœur jumelle de son mari, dont elle ignorait l'existence , Nadia, ni sympathique, ni chaleureuse...

Des incidents commencent à se produire.......

Dans ce huit -clos de l'Ubac, écran sombre, au sein de cette nature magnifique, la lumière est personnalisée par la joie de vivre de Jérémy et le sourire de Lilas, la petite fille du couple, âgée de six mois, vite assombris par la ténébreuse et vénéneuse Nadia, possessive, jalouse, imprévisible, étrange , qui dérange et perturbe......



Les personnages sont habilement cernés..

La tension va crescendo.

L'auteur maitrise parfaitement les codes du thriller psychologique, instille le malaise par petites touches, retrace les stigmates enfouis des personnages, en exhumant leur passé , questionne le côté parfois pervers et troublant de la gémellité .....

Elisa Vix nous balade, nous fait douter sans aucun temps mort.....

La manipulation agencée au cordeau nous emporte, nous happe, : vigilance, angoisse, crainte, terreur!

Un roman noir bien mené où le suspense et l'attente angoissée, glaçante et déstabilisante prennent le lecteur aux tripes.

Excellent !

Une mise en abîme et en haleine où tout bascule jusqu'au retournement final à la dernière page..

Une lecture agréable , rapide et simple , qui pourrait faire l'objet d'un mise en scène !

Bravo à l'auteur que je ne connais pas !













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Le massacre des faux-bourdons

La campagne Aisnoise autour de Soisson et près du Chemin des Dames où le calme est revenu depuis 1917, possède un charme bucolique avec ses douces vagues jaunes de colza sous un ciel d'azur dans lequel on peut observer la danse butineuse des abeilles...



Ce n'est pas l'avis du lieutenant Thierry Sauvage depuis qu'il doit enquêter sur la mort d'un vieux apiculteur d'origine algérienne... étouffé par une ruche lui ayant été enfoncé sur le crâne.

Sauvage n'étant guère, lui, étouffé par l'ardeur, pense pouvoir rapidement conclure à un suicide. Mais le dynamisme tout walkyrien de sa blonde et opulente co-équipière Joana... et un tracteur déboulant à toute blinde d'un chemin... l'obligent à admettre qu'il y a un tueur caché dans le colza !

Quand ce dernier se livre à une deuxième mise-à-mort apicole macabre sur un autre apiculteur, les deux enquêteurs aux caractères si opposés et professionnellement complémentaires, se demandent si quelqu'un ne cherche pas à massacrer les faux-bourdons.



Je ne vais pas vous raconter si leurs réflexions sont fondées, ni ce qu'est un "faux-bourdon". Si vous ne le savez pas déjà, ce petit polar vous l'apprend ainsi que d'autres réalités bien intéressantes sur l'apiculture : sur les abeilles et leurs demeures, mais aussi comment utiliser ces hyménopteres pour une tuerie sans faille (insecticides et pesticides compris).



Si les moeurs de ces bourdonnantes sont parfois énigmatiques, celles des humains le sont non moins !

Sauvage est un piètre père, papillonnant d'une famille décomposée à une autre déjà recomposée et qui en tant que "vrai" homme arrive (presque) à ériger l'égocentrisme en culte. Rien d'étonnant alors qu'il essaie de mettre en garde la très indépendante et franche Joana, qui a l'intention de sauter pieds joints dans la fumeuse, euh, pardon, fameuse institution qu'est le mariage.



L'amour et le désamour, les relations entre femmes et hommes, loin de la vie sociale des abeilles (...quoi que...) sont donc tout autant au centre de ce roman que l'enquête qui se terminera avec quelques (gros) coups de théâtre... qui ne détonnent finalement pas dans cette histoire "légère", divertissante, entre drames de la vie et vaudeville.

Et les dialogues savoureux entre les différents protagonistes se gouttent comme un bon miel : au naturel !



Je remercie Babelio et les éditions Rouergue-Noir pour ce goûteux mélange entre sucre et venin.





(Thierry Sauvage est un personnage récurrent dans les polars d'Élisa Vix, mais ce livre peut se lire indépendamment des autres.

Il paraît qu'on peut voir le lieutenant dans une série télévisuelle sur France 2, or, ayant depuis longtemps balancé la télé à sa juste place (la déchetterie), je ne peux pas le confirmer)

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Elle le gibier

Plusieurs personnages nous parlent de Chrystal, une brillante docteure en neurosciences qui, faute d’un poste dans la recherche publique, est d’abord confrontée au chômage puis à un emploi débilitant dans l’entreprise Medicines. Que s’est-il véritablement passé avec elle ? ● Ce bref roman se lit aisément mais son côté manichéen s’impose rapidement et agace. ● L’entreprise et les rapports sociaux qu’elle impose paraissent caricaturaux, que ce soit la start-up Medicines qui sert d’intermédiaire entre les labos pharmaceutiques et les médecins et usagers des médicaments ou bien le supermarché évoqué par Maria : l’entreprise est par nature inhumaine et vampirique. Au mépris même de la rentabilité, elle ne cherche que le harcèlement moral, ne vise que la destruction de ses salariés… Il faudrait peut-être nuancer le propos… ● Narrativement, en tout cas, ce manichéisme fait qu’il n’y a pas d’intrigue et que tout est annoncé dès le début. Du coup, c’est plus un tract qu’un roman.
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Ubac

C'est peut-être parce que la vie ne lui avait jusqu'alors rien donné qu'Estelle a tout pris, vite, très vite, trop vite lorsque l'occasion s'est présentée : Jérémy, le propriétaire du bowling de cette station alpine, est devenu son mari, et ils ont eu un bébé dans la foulée. Une affaire pliée en quelques mois ! Est-ce bien raisonnable ?

Abandonnée par une mère alcoolique, enfant "de la DDASS", la jeune femme est enfin heureuse - comblée, même. Mais un jour surgit Nadia, la soeur jumelle de Jérémy, dont Estelle ignorait l'existence. Après quatre années aux Etats-Unis, il semble aller de soi que sa vie soit désormais au côté de son frère chéri. Si Nadia se montre de plus en plus intrusive pour Estelle, Jérémy s'accommode très bien de la cohabitation et n'y voit aucun problème (ah, les oeillères - ou la lâcheté ? - masculines 😏).



Thriller domestique oppressant, presque en huis clos.

La tension monte tandis que les événements inquiétants se multiplient, au gré de tempêtes, de fenêtres brisées et de promenades périlleuses dans la neige.

L'auteur utilise un procédé classique (courant aussi dans la vraie vie lorsque deux personnes ne parviennent plus à se supporter) : qui fait quoi ? X est-elle réellement malveillante ? ou Y serait-elle jalouse et parano ?

Même le dénouement n'apporte pas de réponse tranchée, l'auteur nous laisse libre d'interpréter, et le malaise subsiste.



Lecture agréable, que j'ai trouvée en-deça du dernier titre d'Elisa Vix ('Elle, le gibier'), sans doute parce que j'ai déjà lu/vu ce genre d'intrigues trop de fois. Et que les menaces autour de bébés et enfants me crispent tellement que je me mets vite à distance.
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L'hexamètre de Quintilien

L'hexamètre de Quintilien.

Ce terme à consonance scientifique désigne un principe ultra simple : la méthode empirique de questionnement QQOQCCP - « Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? »



Lucie, jeune journaliste free lance, l'utilise pour comprendre le meurtre d'un bébé de six mois, découvert dans un sac poubelle au pied de son immeuble.

A sa voix, l'auteur ajoute celles de voisins : Marco 'l'homme pressé' séducteur, Pierre l'urgentiste veuf qui rame avec un fils de quinze ans mal dans sa peau et inquiétant, et Kévin l'ado en question…



On reconnaît la patte d'Elisa Vix : un roman choral pour évoquer des sujets de société douloureux, dramatiques et si proches de nous.

Ici, les désarrois du célibat, les difficultés de la monoparentalité, le chaos de l'adolescence. En gros, les dégâts de l'ultra-moderne solitude ♪♫ alors qu'on n'a jamais autant échangé avec des inconnus.



Aux suivants, je suis devenue accro ! Bonne triple pioche en médiathèque et chez une bouquiniste hier.
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Le massacre des faux-bourdons

La campagne picarde, pas loin du célèbre Chemin des Dames.

C'est le printemps, les champs de colza sont jaunes, des agriculteurs et leurs pesticides polluent, des hyménoptères meurent et des apiculteurs sont assassinés.

Deux enquêteurs de Soissons : Thierry Sauvage, le quadra désabusé égoïste, et sa coéquipière de choc, Joana, à la veille de son mariage.



J'ai découvert Elisa Vix avec 'Elle le gibier', bouleversant roman noir social.

Ce polar est beaucoup plus classique. Il rappelle les (vieilles) intrigues rurales de Pierre Magnan. La trame est assez convenue, l'auteur nous balade un peu et abandonne quelques pistes en frustrant le lecteur. .

On s'ennuierait presque s'il n'y avait pas son style vif, son humour et quelques anecdotes sur les abeilles et autres hyménoptères - à mettre éventuellement en parallèle avec les vies conjugales compliquées de ces humains.
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Assassins d'avant





Une photo, une simple photo jaunie découverte lors du déménagement de la maison familiale qui va être mise en vente et la vie d’Adèle Lemeur, jeune chercheuse au CNRS est bouleversée. Elle n’aime plus son mari, soupçonne son père de lui cacher un secret de famille depuis vingt-cinq ans et tombe amoureuse de Manuel, un flic aux yeux sombres. En effet Adèle, tu as maintenant le droit de savoir, de savoir pourquoi, comment et par qui ta mère, une institutrice adorée de ses élèves et de ses collègues, est morte dans sa classe durant un cours de poésie.



Oui Adèle c’est le moment de devenir adulte, tu es capable d’affronter la vérité, seul moyen de cicatriser les plaies d’une petite orpheline de cinq ans.



Une affaire classée et une histoire d’amour impossible pour une double rédemption. « Assassins d’avant » un polar psychologique d’à peine deux cents pages. Elisa Vix écrit rapide, il y a urgence, Adèle et Manuel doivent s’aimer vite pour se guérir, et la romancière ne s’encombre pas de mots superflus pour construire des personnages forts et beaucoup plus complexes qu’on ne le pense. Un beau roman noir.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ubac

Attention, petite pépite !!!

@Ubac, du franco-provençal opacus : obscur, sombre ...

Roman noir, thriller psychologique, plongée dans les tréfonds de l'âme humaine ...



Nous sommes dans les Alpes, une station comme il en existe tant ...

Un jeune couple, Estelle, Jérémy et leur petite Lilas ...

Et puis Nadia, la sœur prodigue de Jérémy, de retour ...



Tout bascule, tout dérape ... Une atmosphère qui se dégrade, qui devient oppressante, la peur qui s'installe, la paranoïa, l'instinct de survie ... Jusqu'au drame, au dénouement final ...



Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, pour ne rien dévoiler, vous laisser la surprise ...

Mais quel talent de @Elisa Vix ! Pour camper les personnages avec une économie de mots (moins de 200 pages), pour faire de la montagne, cadre du récit, un personnage à part entière, pour nous entraîner à sa suite sur les traces d'une femme qui lutte pour protéger son enfant, sa propre vie ... Mais est-ce vraiment le cas ? Qui est victime ? Qui est coupable ?



Et j'en viens à la raison de mon coup de cœur pour ce roman : je l'ai lu - et relu dans ma tête -, des proches l'ont lu - ma femme, ma sœur - et, tous, nous sommes incapables de dire avec certitude quel est le fin mot de l'histoire ... Qui est victime ? Qui est coupable ? @Elisa Vix réussit le tour de force de laisser toutes les hypothèses et interprétations ouvertes, et toutes sont crédibles ...



À lire absolument ! Ne serait-ce que pour avoir d'autres avis !!!

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Elle le gibier

« CEO », « process codifié », « call center », « open spaces », « tableaux Excel de reporting », « brainstorming » … Toutes ces expressions vous parlent ? Vous n'êtes donc pas complètement étranger au monde de l'entreprise ? Eh bien moi, je dé-cou-vre et FRANCHEMENT… ça fait PEUR, non ?

Bon, que je vous raconte : après de longues études en neurosciences s'achevant sur une thèse et trois ans dans un labo public de recherche, Chrystal s'est retrouvée au chômage et c'est comme cela qu'elle a été amenée à postuler pour un poste de chargée d'information médicale chez Medecines. Il s'agissait pour elle de répondre au téléphone à des professionnels de santé ou des patients qui s'interrogent sur tel ou tel médicament (effets secondaires, etc, etc).

Pas grand-chose à voir avec sa formation mais bon, faut bien gagner sa vie...

Le hic, c'est qu'il lui est visiblement arrivé quelque chose… Mais quoi ?

Et au fond, qui est responsable de tout ça ? Ceux qui ont vu et n'ont rien dit ?

Nous aurons différents témoignages sur cette jeune fille, notamment celui de Cendrine qui, après une thèse de biologie sur le ribosome du zebrafish (ah, ça ne vous dit rien?) et plusieurs mois de chômage, est entrée le même jour que Chrystal chez Medecines, entreprise qui venait d'obtenir le label « Great Place to Work ».

Ah ! ça donne envie Medecines : c'est 1984 (d'Orwell) en pire : le cauchemar, la surveillance de tous les instants, le viol de l'intimité, l'irrespect, l'humiliation, la dévalorisation, l'exploitation, la déshumanisation… J'arrête là mais je pourrais continuer longtemps !

QUEL MONDE, MAIS QUEL MONDE !!!

A la fin du livre, l'auteure avoue que tout ce qu'elle a écrit dans ce roman lui est venu de sa « désastreuse carrière professionnelle » : «Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant « Le p… de bouquin que je vais écrire ! » Viva la literatura! »

Pour du noir, c'est du noir ! Dans le roman, le système est résumé par un témoin, Jean-Christophe D., le médecin-conseil de l'entreprise : « ...la prestation est une belle saloperie. Les labos y ont recours pour ne pas prendre de risque et pour diminuer leurs coûts. Ils imposent des prix et des délais intenables, tout en passant leur temps à contrôler leurs preneurs d'ordres… Et tout ça retombe sur les salariés du prestataire : salaire de misère, surcharge de travail, validation chronophage à tous les étages, audits à n'en plus finir, stress… On leur impose une pression insupportable au nom du maître-mot : la rentabilité. Ou tu tiens le coup et tu es rentable ou tu te casses. En résumé, des labos brassant des millions (sur le dos de l'assurance maladie) aux ordres d'actionnaires pleins aux as (qui s'exilent au Portugal mais reviennent se faire soigner en France), mettent la pression sur des sous-traitants qui mettent la pression sur leurs salariés sous-payés (qui cotisent pour l'assurance maladie). »

CQFD

Le monde de l'entreprise décrit par Élisa Vix fait trembler. Mais le pire, c'est qu'il correspond à une réalité que je devine terrible : celle d'une machine qui broie les individus, les brise et les achève. Le tout dans le silence de ceux qui ont peur.

Glaçant.

L'écriture précise d'Elisa Vix ne va pas par quatre chemins pour décrire un monde effrayant : 140 pages d'une efficacité redoutable qui mettent à nu un système monstrueux.

Une vraie réussite !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Elle le gibier

Après plusieurs mois de chômage, la belle et brillante Crystal a enfin trouvé un travail. Pas celui de chercheuse auquel ses diplômes et compétences lui permettaient de prétendre, ni celui dont elle rêvait. Mais ce travail chez 'Medecines' devrait lui donner une première expérience dans le secteur médical. Cette entrée dans le monde du travail est brutale, avec surveillance constante, modes opératoires et tâches insensés, absence de cohésion d'équipe, heures supplémentaires non payées…

Chez 'Medecines', ça passe ou ça casse, comme le montre le turn-over important. Mais Crystal s'accroche, refuse de renoncer…



Les méthodes managériales pathogènes dont Crystal est victime sont très bien décrites, même si le harcèlement moral peut parfois prendre des formes plus insidieuses.

Un management par la terreur est ici à l'oeuvre, avec des brimades concentrées sur une personne, pour dissuader les autres d'agir (chacun préférant être à sa place qu'à celle du bouc émissaire). C'est généralement efficace pour maintenir la discipline, mais pas pour garantir les meilleurs résultats...



Je n'ai pas complètement adhéré à cette histoire dont l'issue semble s'annoncer dès le début.

L'alternance de témoignages est intéressante mais confère au récit une certaine lenteur ou monotonie.
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Le massacre des faux-bourdons

En Picardie, un homme âgé est retrouvé raide mort dans son cabanon, avec, sur la tête, une de ses ruches en guise de couvre-chef. Voilà le départ d'une intrigue pour le moins originale. L'argent qu'il possède chez lui n'a pas disparu. L'enquêteur Thierry Sauvage, préoccupé par sa garde d'enfant, penche rapidement pour un suicide. Sa collègue Joana, qui doit se marier le weekend suivant, n'y croit pas. L'avenir lui donnera raison, car une deuxième mort suspect intervient sur un autre apiculteur de la région.

Un bouquin qui démarre fort, avec un duo d'enquêteurs qui fonctionne bien et qui passe son temps à se mettre en boite. Tous les opposent : homme et femme, séparé et future mariée, dilettant et fonceuse ... C'est vrai que c'est souvent comme ça, dans les bouquins ou au ciné, on a quasi tout le temps deux personnes diamétralement opposées. Au tournant du livre, il y a bien quelques longueurs mais elles sont gommées par l'enthousiasme que met Elisa Vix à faire vivre ses personnages et à nous décrire le monde des abeilles.

Somme toute, un bon polar dans l'ensemble.

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Ubac

L'ubac (du franco-provençal, opacus : obscur, sombre) désigne dans les Alpes les versants d'une vallée de montagne qui bénéficient de la plus courte exposition au soleil.

Ubac où quand à Val-Plaisir, une station de skis savoyarde, débarque Nadia , jeune femme sculpturale mais glaciale et glaçante, la vie d'Estelle bascule du côté sombre. Nadia est la sœur jumelle de Jérémy son époux. Surprise que ce dernier ne lui ai jamais parlé de sa jumelle , Estelle fait bon accueil à Nadia . Mais les jours passent et leurs rapports deviennent tendus ,de plus en plus agressifs jusqu'au moment où Estelle commence à avoir peur pour elle et surtout pour Lisa leur petite fille. Elle se refuse à dramatiser mais elle n'a personne vers qui se tourner même son mari semble être devenu un étranger , Nadia arrivera t' elle à ses fins ? Arrivera t'elle à détruire le couple, à mettre en danger la vie de Lisa ? C'est sans compter sans la louve qui vit en chacun de nous.

Une atmosphère lourde , pesante, stressante mais à mon grand regret je me suis agacée à cette lecture , je n'ai pas pu adhérer à cette histoire tellement tirée par les cheveux qu'elle en devient par moment incohérente . Une grosse déception , j'avais gardé en souvenir le remarquable Andromicmac , sans doute un roman de facture plus classique mais ici je n'ai pas pu monter dans le train. Dommage!
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Elle le gibier

Amateur de polar, passez votre chemin. Certes, nous savons dès le début qu'il est arrivé quelque chose à Chrystal sans savoir quoi. Mais, même si vous avez emprunté, comme moi, ce roman au rayon polar de votre bibliothèque, il n'y a ni enquête, ni détective, ni crime à résoudre.

Ce roman chorale est un récit sur les dérives d'un management autoritaire, sur des jeunes gens que le chômage poussent à accepter des conditions de travail inacceptables, sur le repli sur soi et sur l'individualisme.

L'atmosphère est parfaite et le style impeccable.

Le suspense monte crescendo jusqu'au dénouement final.

Un petit roman percutant.
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Qui voit son sang

Son père n'est pas son père

mais, sa fille ne le sait pas...Ah la la..

Les sexa vont entendre "Shame and scandal"

en lisant le dernier Vix.

Une histoire à tiroirs

débordante d'ingrédients romanesques

L'amour bien sûr, la vengeance, l'abandon,

la maladie ,disparition et enlèvement..

Il ne manque rien au tableau

un peu trop riche de péripéties, mais..

on se laisse embarquer sur ce voilier avec plaisir.

Alexandre Dumas et la rafle du Vel d'hiv

sont aussi les invités de cette intrigue,

qui ne vous laisse pas sur place

malgré, quelques facilités et grosses ficelles.

Bien agréable lecture cependant



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Ubac

Si Élisa Vix n'était pas présente le week end dernier pour dédicacer son nouveau roman, celui ci était sélectionné pour le PRIX POLAR EN SÉRIES décerné lors de la journée professionnelle du festival.



L'ubac du titre évoque le versant moins ensoleillé d'une montagne alpine, ce qui fait référence à la part sombre d'un individu.C'est le cas dans cette histoire vénéeuse qui à l'instar du faux semblant de Cronenberg insiste sur le coté pervers et trouvlant de la gémellité,



S'appuyant sur le côté troublant que peuvent parfois inspirer les comportements de certains jumeaux, la relation fusionnelle du frère et de sa sœur décrite dans Ubac, ajoute au malaise et à la tension développée.



Sur une intrigue de thriller psychologique a priori banal Elisa Vix maitrise totalement sa narration, et en racontant son récit à première personne du singulier par cellle qui semblerait etre la première victime de ce couple de jumeaux infernaux, Elisa Vix se permet de faire monter le suspense doucement mais surement. De la belle ouvrage!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Assassins d'avant

Je ne sais pas si l'on peut mesurer la qualité d'un livre à la vitesse à laquelle on le lit, mais si c'est le cas, on peut dire que c'est un polar « qui fonctionne » en ce sens qu'à peine commencé, impossible de le poser… Résultat : une petite nuit et un lever un peu douloureux ce matin mais bon, je n'avais qu'à pas…

Le sujet : Manuel Ferreira est flic et s'apprête à rencontrer une journaliste, Adèle Lemeur, qui veut l'interviewer sur le problème des effectifs dans la police. Ben oui, tiens, pourquoi pas, sauf que, plutôt que de sortir un calepin pour noter les réponses, la jeune femme pose sur la table du bistrot une photo pas très récente, une photo de classe.

Manuel ne dissimule pas sa surprise et son profond malaise : elle lui explique la situation très clairement. Elle n'est pas journaliste, elle est la fille de la maîtresse qui avait été assassinée dans sa classe, en plein cours, par un de ses élèves, il y a longtemps, plus de vingt-cinq ans, en mars 1989.

Effectivement, Manuel était présent ce jour-là dans la classe. Oui, il a tout vu, tout entendu et a déjà tout dit. La police a mené l'enquête, on sait d'ailleurs qui a tiré. L'affaire est classée, inutile de revenir là-dessus, lui précise-t-il masquant difficilement un trouble grandissant qui aurait plutôt tendance à démentir ses affirmations.

La jeune femme veut approfondir la question, comprendre. Elle ne lâchera rien. Son père a toujours voulu la protéger et donc a refusé de lui donner des explications. Mais comment se construire sur un silence, un non-dit ? Impossible...

Et pourtant, si son père avait eu raison de se taire ?

Des explications, peut-être n'en avait-t-il finalement aucune à lui fournir : comment comprendre qu'un enfant, puisque le meurtrier était un élève de cette classe de CM2, puisse vouloir tuer une instit' que tout le monde aimait et avec laquelle le petit gamin n'entretenait aucun conflit ? Comment comprendre son geste ? Le mystère est entier.

Adèle Lemeur veut savoir pourquoi sa mère est morte, c'est tout. Elle a besoin de comprendre pour aller mieux. On ne peut vivre avec tout un pan de son passé dans l'ombre. Elle fera tout pour avoir des réponses. Elle a posé un congé de six mois pour se lancer corps et âme dans cette enquête et elle espère que Manuel pourra l'aider.

Mais Manuel est-il la bonne personne sur qui compter dans ce genre de situation, lui qui donne plutôt l'impression de vouloir dissimuler certaines choses ? Cela étant, difficile de dire non à une jeune femme si séduisante…

Au fond, qui est-il cet homme mal dans sa peau et dans sa vie ? Quels sont ses secrets ?

Et si Adèle, bien naïvement, se lançait dans une recherche périlleuse qui au lieu de lui permettre de se reconstruire allait tout simplement la détruire à petit feu…

Toute vérité n'est pas bonne à savoir ... Regardez Oedipe… à vouloir remuer le passé, on libère des ombres qui nous enferment davantage dans une nuit épaisse…

Un polar rythmé et plein de suspense dont l'écriture simple, fluide et efficace nous tient en haleine jusqu'au bout, jusqu'à la dernière ligne...

Comme je vous le disais au début de la chronique, c'est simple : impossible de poser le roman avant de l'avoir fini. Vous êtes prévenu maintenant...


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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