Citations de Elizabeth Kostova (29)
It was good to walk into a library again; it smelled like home.
En dépit de l'attention que mon père portait depuis toujours à mon apprentissage de l'histoire, il avait omis de m'avertir : les atrocités de l'Histoire sont réelles. Ajourd'hui, avec le recul, je me rends compte que, même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu. Seule l'Histoire peut nous convaincre de cette vérité. Et une fois que nous avons regardé cette vérité en face - sans ciller - on ne peut plus en détourner les yeux.
Il s'était affranchi de tout même de sa curiosité.
Ne rien faire semblait occuper Pedro Caillet à plein temps.
Il m'aurais plus de lui demander ce qu'il faisait désormais de ses journées, mais l'aspect de son intérieur aussi soigné que sa personne, rendait la réponse évidente: il ne faisait rien. Il avait l'air de celui qui attend stoïquement un rendez vous.
Elle devine que le médecin lui a recommandé de ne pas la contrarier; il n'y a rien de plus précaire que l'équilibre d'une femme.
Tu n'as qu'à lui dire "Madame, vous avez le cœur brisé. permettez moi de le réparer."
- je vois que tu sais y faire papa.
Demande à Platon. Tu sais comment on reconnaît la femme de sa vie? Elle finit tes pensées et tu finis les siennes.
Pour moi même j'ai appris à rêver petit, d'une feuille, d'un nouveau pinceau, la chair d'une orange, et les détails de la beauté de ma femme, une étincelle au coin de ses yeux et le duvet de ses bras à la lueur de la lampe du salon le soir quand elle lit.
Sans doute était-ce sa femme, ai-je pensé, posant en costume d’époque......On avait l'impression qu'elle allait vous sourire. Ce portrait avait quelque chose d’inquiétant.
...ses chaussures en tout cas c'etait sa fierté. Il mettait de l'argent de coté pour ses chaussures, il en prenait grand soin, il les entretenait à l'huile de vison....
Mais le regard rapide que j'y avais jeté m'avait montré un homme assis à quelques tables de mon père. Une silhouette sombre et solitaire, aux larges épaules, vêtue de noir au milieu des couleurs pimpantes de l'auvent et des nappes. Or cette table, je m'en souvenais très bien, était restée inoccupée tout l'après-midi.
Une pensée me suivait dans l'escalier de la bibliothèque et m'accompagnait jusqu'à la porte de la maison : le Drakula imaginé par Stroker avait des victimes de prédilection : les jeunes filles.
Dans le silence qui suivit, il posa sur moi un regard où brillait une flamme. Je frissonnai.
- Que diable voulez-vous dire ? fis-je d'une voix qui devait bafouiller.
- Je suis formel, répéta Rossi avec emphase. J'ai découvert à Istanbul que Drakula est vivant. Ou du moins, il l'était à l'époque.
La femme marche d'un pas rapide. Ses bottines claquent sur le sol gelé. Son haleine s'échappe par bouffées claires dans le crépuscule s'épaississant. Est-elle pressée de quitter le village ou se rend-elle dans l'une de ses dernières maisons ? Mais elle ne se retourne pas et il en est heureux. Elle lui plaît telle qu'elle est, s'éloignant de lui dans le tunnel neigeux de sa toile, son paquet serré au creux de ses bras. Une femme réelle, une femme pressée, fixée sur la toile pour l'éternité. Figée dans sa hâte. Une apparition réelle ; à présent le personnage d'une peinture.
Tout historien aspire à voir de ses yeux la réalité du passé.
L'île n'est qu'à un court trajet en bateau du rivage et elle a l'air tout aussi boisée que les berges du lac. Au-dessus des arbres se dressent les splendides coupoles byzantines du monastère, et le son des cloches […] traverse toute l'étendue du lac. Ce tintement de cloches volant sur l'eau me remua le cœur : j'avais exactement l'impression de recevoir un de ces messages du passé qui réclament d'être déchiffrés, même si on ne peut jamais être sûrs de ce qu'ils disent.
Je frissonnai, et j'étais sur le point de me lever pour remettre du bois dans le feu quand un bruissement me glaça les sangs. Nous n'étions plus seuls dans les ruines, et ce qui partageait avec nous ce périmètre obscur était tout proche […] Soudain, dans les profondeurs de la chapelle envahies par la végétation, la lumière de ma torche capta la leur rouge d'un regard.
En ce lieu Il est captif en enfer. Lecteur, délivre-le d'un seul mot.
Instantanément, une odeur monta des pages, qui n'était pas celle, délicate, du vieux papier et du vélin craquelé. C'était une odeur épouvantable, suffocante, de viande avariée ou de chairs en décomposition. Je refermai précipitamment le livre. Encore incrédule, je le rouvris au bout de quelques instants et, de nouveau, une insoutenable puanteur de décomposition monta. Le petit volume semblait vivant dans mes mains et cependant, il sentait la mort.