Trois-Pomme était tellement fâché qu'il brisa la vitre de la voiture d'un coup de coude.
- Désolé! hurla-t-il.
J'avais remarqué qu'à chaque fois que Trois-Pommes disait "Désolé", il n'avait pas l'air désolé du tout.
- Trois-pommes [le nain] ne sait plus où il habite, dis-je. Il faut l'aider.
- Un nain? répéta Mamie Morgane. Etes-vous un leprechaun, un korrigan, un duse ou un gobelin?
- Mais non, voyons, dit Mémé Ingrid. C'est un troll, un huldufolk, un gardsvor ou un eoten.
- Bêtises! s'écria Papay Helmut. C'est un schretel, un schrat ou peut-être un kobold!
Pépé Michel ne dit rien, mais il ricana.
- J'entends bien, répondit Trois-Pommes. Tous ceux-là sont des cousins, il me semble...
Si le ciel est bleu, on oublie que les arbres ont perdu leurs feuilles. Mais quand le ciel est gris, les arbres ont l'air d'avoir froid.
- Si on acheté une maison à la campagne, c'est pour toi, a dit Papa.
Ça, c'est une réflexion de grande personne.
Je n'ai pas demandé une maison à la campagne, moi. C'est Papa qui en avait envie. Il aime bricoler et s'occuper du jardin.
Tout se passe très bien quand on se contente de jouer à chat perché. Mais dès qu'il s'agit de raconter des histoires, ils [les quatre grands-parents] ne sont jamais d'accord. Et tout ça, c'est parce que les mêmes histoires ne sont pas tout à fait les mêmes quand on les raconte en Suède, en Allemagne, en Bretagne ou à Paris [lieux de naissance des grands-parents]. Alors, ils se disputent comme des chiffonniers. Je vous assure que c'est fatiguant. Surtout quand on voudrait bien connaître la fin d'une histoire.
Vraiment, j'adore mes grands-parents. Ils ont toujours des idées de jeux, ils ne se plaignent jamais quand la partie de Monopoly dure trois heures et ils savent chanter. On peut dire que j'ai une chance folle d'avoir quatre grands-parents aussi formidables. Mais, je dois l'avouer... il y a un petit problème. Il ne faut pas les mettre ensemble dans une même pièce.
Il n'y a point de bonheur, sans libérté, ni de liberté sans courage. Périclès