Citations de Emil Cioran (2665)
J’aime lire comme lit une concierge: m’identifier à l’auteur et au livre. Toute autre attitude me fait penser au dépresseur de cadavre
J’ai transformé pour n’avoir pas à les résoudre, toutes mes difficultés pratiques en difficultés théoriques, Face à l’insoluble, je respire enfin..
En permettant l’homme la nature a connu beaucoup qu’une erreur de calcul: un attentat contre elle même
On ne redoute l’avenir, que lorsque l’on est pas sur de pouvoir se tuer au moment voulu
M’a mère m’annonce qu’elle venait de faire dire une messe pour mon repos.
Pas une mais trente mille, aurais-he voulu crier singeant au chiffre inscrit par charles quint dans son testament
Nous avons perdu en baisant autant que nous perdrons en mourant. Tout
Celui qui redoute le ridicule, n’ira jamais loin en bien ni en mal, il rester en deçà de ses talents et lors même qu’il aurait du génie
Si l’on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur le champ
-Que faites vous du matin au soir ?
-Je me subis
Ce n’est pas la peine de se tuer puisqu’on se tue toujours trop tard
J’ai tous les défauts des autres et cep néant tout ce qu’ils font me paraît inconcevable
Toutes les fois que je ne songe pas à la mort, j’ai l’impression de tricher, de tromper quelqu’un en moi
En jugeant sans pitié ses contemporains, on a toutes chances de faire, au yeux de la postérité, figure d’esprit clairvoyant
S’insurger contre l’hérédité, c’est s’insurger contre des milliards d’années, contre la première cellule
Hier soir, j'ai mis longtemps à m'endormir. J'étais travaillé, au sens propre du mot, par une telle horreur de la chair, que j'eusse dû, au lieu de me coucher, aller quelque part me soûler la gueule.
Je pensais qu'une plante ne pue pas, que sa décomposition n'a rien d'horrible. Mais la chair, c'est de la pourriture pure et simple. La vie n'aurait pas dû faire l'effort de dépasser le végétal. Tout ce qui est venu après est proprement hideux, épouvantable. Définition du vivant : ce qui ne pue pas encore. Je suis atterré par le spectacle de tous ces cadavres qui m'entourent, sans en excepter le mien. De l'insecte à l'homme, tout ce qui bouge me fait frémir et me plonge dans un dégoût tremblant. Le règne animal est une trahison par rapport au règne végétal, comme l'est celui-ci par rapport au minéral.
Que peut-on faire contre l'humiliation de ressentir la peur au milieu de cette non-réalité générale où l'on vit?
Ce monde qui ne vaut pas un crachat est néanmoins capable de me plonger dans des affolements qui n'auraient un sens que pour un croyant.
J'ai réussi l'exploit de connaître tous les tourments imaginables au cœur d'un univers qui pourtant ne m'est rien.
Ayant toujours vécu avec la crainte d'être surpris par le pire,j'ai, en toute circonstance, essayé de prendre les devants, en me jetant dans le malheur bien avant qu'il ne survînt.
Sans la faculté d'oublier, notre passé pèserait d'un poids si lourd sur notre présent que nous n'aurions pas la force d'aborder un seul instant de plus, et encore moins d'y entrer. La vie ne paraît supportable qu'aux natures légères, à celles précisément qui ne se souviennent pas.
Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant : seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre. La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes.
« Quiconque est doué du sens de l’histoire, admettra que… les Roumains ont vécu dans une inexistence permanente »