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Citations de Emil Cioran (2664)


Emil Cioran
Lorsque tu fais le bilan, durant des heures de solitude, tu comprends très bien que tu n’as jamais rencontré personne, que les amours et les amitiés ne sont même pas des illusions, que tu n’as jamais été que toi-même, seul, maladivement seul, condamné et malheureux.
(extrait de « Il n’y a personne », article, 1943)
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On n'est pas fini tant qu'on peut renoncer.
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La source de nos actes réside dans une propension inconsciente à nous estimer le centre, la raison et l'aboutissement du temps. Nos réflexes et notre orgueil transforment en planète la parcelle de chair et de conscience que nous sommes. Si nous avions le juste sens de notre position dans le monde, si comparer était inséparable du vivre, la révélation de notre infime présence nous écraserait. Mais vivre, c'est s'aveugler sur ses propres dimensions...
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Trois heures du matin, je perçois cette seconde et puis cette autre, je fais le bilan chaque minute.
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La pitié en général, qu'est-elle sinon le vice de la bonté ? Tirant son efficace du principe mauvais qu'elle recèle, elle jubile aux épreuves des autres, s'en régale, en savoure le poison, se jette sur tous les maux qu'elle aperçoit ou pressent, rêve de l'enfer comme d'une terre promise, le postule, n'arrive guère à s'en passer, et, si elle n'est pas destructrice par elle-même, elle profite néanmoins de tout ce qui détruit. Extrême déviation de la bonté, elle finit par en être la négation, chez les saints encore plus que chez vous. Pour s'en convaincre, qu'on fréquente leurs Vies et que l'on y contemple la voracité avec laquelle ils se précipitent sur nos péchés, la nostalgie qu'ils éprouvent de la dégringolade fulgurante ou du remords interminable, leur exaspération devant la médiocrité de nos scélératesses et leur regret de n'avoir pas à se tourmenter davantage pour notre rachat.
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Est-il plus facile de confectionner une utopie qu'une apocalypse ? L'une et l'autre ont leurs principes et leurs poncifs. La première, dont les lieux communs s'accordent mieux avec nos instincts profonds, a donné naissance à une littérature autrement abondante que n'a fait la seconde. Il n'est pas donné à tout le monde de tabler sur une catastrophe cosmique, ni d'aimer le langage et la manière dont on l'annonce et la proclame. [...] Ce pressentiment de l'inouï, d'un événement capital, cette attente cruciale peut tourner en illusion, et ce sera l'espoir d'un paradis sur terre ou ailleurs ; ou alors en anxiété, et ce sera la vision d'un Pire idéal, d'un cataclysme voluptueusement redouté.
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Nous n'avons d'imagination que dans l'attente du malheur des autres, dans les transports de l'écœurement, dans cette disposition qui nous pousse, sinon à commettre des infamies, du moins à les rêver. Comment en serait-il autrement sur une planète où la chair se propage avec l'impudeur d'un fléau ? Où que l'on se dirige, on bute sur de l'humain, repoussante ubiquité devant laquelle on tombe dans la stupeur et la révolte, dans une hébétude en feu. […] Maniaques de la procréation, bipèdes aux visages démonétisés, nous avons perdu tout attrait les uns pour les autres, et c'est seulement sur une terre à demi déserte, peuplée tout au plus de quelques milliers d'habitants, que nos physionomies pourraient retrouver leur ancien prestige. La multiplication de nos semblables confine à l'immonde ; le devoir de les aimer, au saugrenu.
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Respirer même serait un supplice sans le souvenir ou le pressentiment du paradis, objet suprême - et pourtant inconscient - de nos désirs, essence informulée de notre mémoire et de notre attente. Incapable de le déceler dans le tréfonds de leur nature, trop pressés aussi pour pouvoir l'en extraire, les modernes devaient le projeter dans le futur, et c'est un raccourci de toutes leurs illusions que l'épigraphe du journal saint-simonien, "Le Producteur" : « L'âge d'or, qu'une aveugle tradition a placé dans le passé, est devant nous. » Aussi importe-t-il d'en hâter l’avènement, de l'instaurer pour l'éternité, selon une eschatologie surgie non point de l'anxiété, mais de l'exaltation et de l'euphorie, d'une avidité de bonheur suspecte et presque morbide. Le révolutionnaire pense que le bouleversement qu'il prépare sera le dernier ; nous pensons tous de même dans la sphère de nos activités : l'ultime est la hantise du vivant. […] Prométhée voulut faire mieux que Zeus ; improvisés en démiurges, nous voulons, nous, faire mieux que Dieu, lui infliger l'humiliation d'un paradis supérieur au sien, supprimer l'irréparable, « défataliser » le monde, pour emprunter un mot au jargon de Proudhon. Dans son dessein général, l'utopie est un rêve cosmogonique au niveau de l'histoire.
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Agir, c'est s'ancrer dans un futur proche, si proche qu'il en devient presque tangible, c'est se sentir consubstantiel avec lui. Il n'en va pas de même pour ceux que persécute le démon de la procrastination. […] C'est qu'il leur est plus aisé de vivre par l'imagination dans dix mille ans que de se prélasser dans l'immédiat et l'imminent. Au long des années ils auront plus pensé au temps en soi qu'au temps objectif, à l'indéfini qu'à l'efficace, à la fin du monde qu'à la fin d'une journée. […] Ils passent de défaillance en défaillance, et quand cette progression même leur est interdite, ils s'arrêtent, regardent de tous côtés, interrogent l'horizon : il n'y a plus d'horizon… Et c'est alors qu'ils éprouvent, non point le vertige, mais la panique, une panique si forte qu'elle anéantit leurs pas et les empêche de fuir. Ce sont des exclus, des bannis, des hors-le-temps, disjoints du rythme qui entraine la tourbe, victimes d'une volonté anémiée et lucide, se débattant avec elle-même, et s'écoutant sans cesse. Vouloir, au sens plein du mot, c'est ignorer que l'on veut, c'est refuser de s'appesantir sur le phénomène de la volonté. L'homme d'action ne pèse ni ses impulsions ni ses mobiles, encore moins consulte-t-il ses réflexes : il leur obéit sans y réfléchir et sans les gêner. Ce n'est pas l'acte en lui-même qui l'intéresse, mais le but, l'intention de l'acte ; pareillement le retiendra l'objet, et non le mécanisme de la volonté.
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« Et le peuple ? » dira-t-on. Le penseur ou l'historien qui emploie ce mot sans ironie se disqualifie. Le « peuple », on sait trop bien à quoi il est destiné : subir les événements, et les fantaisies des gouvernants. Toute expérience politique, si « avancée » fût-elle, se déroule à ses dépens, se dirige contre lui : il porte les stigmates de l'esclavage par arrêt divin ou diabolique. Inutile de s'apitoyer sur lui : sa cause est sans ressource. Nations et empires se forment par sa complaisance aux iniquités dont il est l'objet. Point de chef d'État, ni de conquérant qui ne le méprise ; mais il accepte ce mépris, et en vit. [...] Tel qu'il est, il représente une invitation au despotisme. Il supporte ses épreuves, parfois il les sollicite, et ne se révolte contre elles que pour courir vers de nouvelles, plus atroces que les anciennes. La révolution étant son seul luxe, il s'y précipite, non pas tant pour en retirer quelques bénéfices ou améliorer son sort, que pour acquérir lui aussi le droit d'être insolent, avantage qui le console de ses déconvenues habituelles, mais qu'il perd aussitôt qu'on abolit les privilèges du désordre. Aucun régime n'assurant son salut, il s'accommode de tous et d'aucun. Et, depuis le Déluge jusqu'au Jugement, tout ce à quoi il peut prétendre, c'est de remplir honnêtement sa mission de vaincu.
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Les pauvres à force de penser à l’argent, et d’y penser sans arrêt, en arrivent à perdre les avantages spirituels de la non possession et à descendre aussi bas que les riches.
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L’être idéal ? Un ange dévasté par l’humour
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Un événement n’existe qu’en vu de sa fin
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L’occident: une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé
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Ce qui est fâcheux dans les malheurs publiques, c’est que n’importe qui se juge assez compétent pour en parler
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Jeune aucun plaisir ne valait celui de me faire des ennemis. Maintenant, des que je m’en fais un, ma première pensée est de me réconcilier avec lui, pour que je n’aie plus à m’en occuper. Avoir des ennemis est une grande responsabilité. Mon fardeau me suffit, je ne peux porter celui des autres
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Pour vaincre l’affolement ou une inquiétude tenancy, rien de tel que de se figurer son propre enterrement.
Pour ne pas y avoir recourt trop souvent dans la journée, le mieux serait d’en éprouver le bienfait des le lever.
Ou alors de n’en user que à des moments exceptionnels, comme le pape innocent IX qui,ayant commandé un tableau où il était représenté sur son lit de mort, y jetait un regard chaque fois qu’il lui fallait prendre une décision importante
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Plus on vit, moins il semble utile d’avoir vecu
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L’unique moyen de sauvegarder sa solitude est de biaiser tout le monde, en commençant par ceux qu’on aime
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J’aime lire comme lit une concierge: m’identifier à l’auteur et au livre. Toute autre attitude me fait penser au dépresseur de cadavre
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