Entretien réalisé en février 2008 Source : Auteurs TV
car hormis le dieu au nom de chacun dans sa langue et hormis la langue d’après Babel ce serait mêmes pieds mêmes jambes mêmes ventres mêmes bras mêmes cous mêmes têtes face à face ce serait mêmes corps pleins de fluides et de vie encore gauche et désir animal
On nous a appris à vénérer ce qui n'existe plus et à nous fonder sur ce qui n'existe plus et ne peut même plus servir de base au réel tel qu'il est mais on continue, on insiste, on enseigne encore L'Art d'être grand-père par exemple, ou Poil de Carotte par exemple, et pourquoi pas Marceline Desbordes-Valmore me suis-je dit à nouveau excédé sur cette banquette ou la comtesse de Noailles, au point où on en est tout est possible.
[…] Cette exaltation, elle peut se définir en peu de mots : l'amour de la liberté et une haine invincible pour toute oppression, haine encore plus intense lorsque cette oppression se rapportait à autrui et non à moi-même. Chercher le bonheur dans le bonheur d'autrui, ma dignité personnelle dans la dignité de tous ceux qui m'entouraient, être libre dans la liberté des autres, voilà tout mon credo, l'aspiration de toute ma vie.
je remet la chanson avant même qu'elle soit terminée je remet la chanson à son début ça m'évite d'en entendre la fin non pas la fin des paroles mais la fin de la mélodie c'est à dire la fin de mon histoire
...si je pouvais je crois que j'enregistrerais cette chanson comment dire je l'enregistrerai en entier les premières fois puis plus écourtée de façon imperceptible je veux dire je limerais la fin chaque fois un peu plus de quelques secondes pour n'entendre que le début de la chanson que le début
...oui le début de plus en plus court de plus en plus raccourci à la fin la bande ne serait faite que de l'ouverture de la chanson que des premières notes de la chanson que du premier accord que de la première note de la chanson et cela serait suffisant une note conservée c'est facile une note une seule note à retenir cette note grave de trompette ou de clarinette celle là qui ferait comme un retour à ce moment là immobile où tout à commencé ce serait l'instant initial où je l'ai rencontré
Je cherchais cette dimension dramatique cette exagération partout déjà, parce qu'enfant on veut que les choses soient très c'est-à-dire très gaies ou très tristes mais très, qu'elles soient entières et poussées à l'extrême, on regarde le jeu. Il faut que les gens jouent.
oui de façon maladive je l'ai écoutée cette chanson elle commence très lentement quatre notes quatre blanches étirées de cuivre et puis un accord et tout démarre quand de sa voix basse elle dit I'm mad about the boy elle étire le I l'allonge et c'est comme un cri grave ça me fait frémir de l'intérieur jusqu'à la surface de la peau vous savez ça vient très lentement ça remonte c'est du jazz
L'amour n'est que ce qu'on en attend et la rencontre n'est que ce qu'on en attend et la conversation n'est que ce qu'on en fait et c'était pour parler comme on dit, et essayer des phrases entendues ou lues ailleurs, ou pour manifester un intérêt que je ne parvenais pas à éprouver absolument là-bas comme si je me trouvais exactement devant une vitrine me privant du contact des choses.
Les hommes aiment et n'aiment plus et les femmes sont aimées et ne sont plus aimées voilà la vérité.
ça va être ça va être tellement ça va être tellement autre chose en plus en plus grand en plus vivant ça va être énorme oui forcément voilà ça va être énorme la vie ça va être autre chose que ça la vie énorme ça va être ma vie, ta vie, nos vies l’amour c’est fou ça va être fou et énorme comme les mots quand ça va commencer
Nous sommes paralysés face au réel, face au présent ... Et ainsi le nouveau je le gomme je n'ai qu'une hâte c'est qu'il soit du passé et je n'en peux plus de ne vivre que dans l'attente du passé me disais-je là-bas dans la hâte pourtant que ce soit passé et fait, me suis-je dit ici, mais dans des proportions accrues je pensais, et irréparables espérais-je. Que les choses servent à quelque chose, maintenant, enfin.