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3.84/5 (sur 558 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Mantoue , le 30/10/1947
Biographie :

“Écrivain Patrimoine”, ainsi que l’a défini Roberto Saviano.

Moresco a un parcours humain et littéraire riche et complexe. Il passe une partie de son enfance comme séminariste dans un collège religieux, puis débute une longue période d’activisme politique (ces deux expériences sont racontées dans "Gli esordi").
Il exerce différents métiers (portier de nuit, ouvrier...) et se consacre à l’écriture. Toutefois, il met longtemps à devenir écrivain, refusant de se plier à d’autres exigences que celle son impérieuse vocation, cherchant sa voie propre, luttant contre l’institution littéraire.

Son premier livre, "Clandestinità", ne sortira qu’en 1993.
1998 "Gli esordi"
2013 "La lucina", traduit en français sous le titre "la petite lumière"


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Source : wikipedia
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Je ne saurais dire comment ça a débuté. Les rêves n'ont ni début ni fin, si d'ailleurs début et fin existent.
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À présent ils (les trois lys blancs) sont là, en pièces, les calices massacrés, les tiges brisées, la poudre jaune des pollens coulant sur ce qui reste des blanches corolles déchiquetées.
« Quel désastre ! Quelle horreur ! je me dis en m’éloignant pour ne pas voir. Se prendre la grêle juste au moment de la floraison ! Après tout cet énorme travail chimique obscur, dans les bulbes qui sont sous terre, durant l’hiver, le printemps, et puis cet essor soudain et presque miraculeux des longues tiges droites comme des épées, puis ces turgescences que l’on commence à voir, çà et là, et qui les font plier sous leur nouveau poids, puis cette ouverture, rapide et fulgurante, en quelques heures, le soir ils sont encore fermés et le lendemain matin ils sont déjà ouverts et diffusent leur parfum… La machine lancée de la floraison qui ne peut ralentir, qui ne peut plus s’arrêter, et puis, d’un coup, à ce moment-là précis, le fouet de la pluie froide, du gel, tous ces morceaux de glace qui s’abattent soudainement du ciel sur ces calices blancs à peine inventés… »
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"La vie du clochard est immobile et sans espoir.Le matin, il se réveille sur son carton humide de rosée, les cheveux raides et trempés.Il regarde autour de lui et, pendant un moment , il ne se souvient même pas de qui il est, ne reconnaît pas les rues ni le monde qui peu à peu apparaissent devant ses yeux chassieux. Il essaie de bouger ses jambes raidies par le froid et par l'humidité qui a pénétré ses os, mais ses jambes ne bougent pas et ses articulations ne plient pas...."
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Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.
Le soleil vient tout juste de s’effacer derrière la ligne de crête. La lumière s’éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d’être englouti par l’obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s’enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant, de temps en temps, j’ai le souffle coupé, comme si je chutais assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l’univers.
Le ciel est traversé par les dernières hirondelles qui volent, çà et là, comme des flèches. Elles passent en rase-mottes au-dessus de moi, s’abattant tête la première sur de vastes sphères d’insectes suspendus entre ciel et terre. Je sens le vent de leurs ailes sur mes tempes. Je vois distinctement devant moi le corps noir, plus caréné et plus grand, de quelque insecte englouti par une hirondelle qui le suivait le bec grand ouvert en lançant des cris. Le silence est tel que j’arrive même à entendre le craquement de son corps qui continue à souffrir, broyé et démembré, dans le corps de l’autre animal qui remonte grisé dans le ciel.
Je reste encore un long moment assis là. La lumière disparaît progressivement, tout ce monde végétal devient de plus en plus sombre sous mes yeux.De tous côtés commencent à se lever les cris des animaux nocturnes, invisibles dans le feuillage noir.
Pas un signe de vie humaine.
Excepté, quand l’obscurité se fait encore plus épaisse et que les premières étoiles commencent à disparaître, de l’autre côté de cette étroite gorge abrupte, sur une partie plus plane de la ligne de crête, incurvée au milieu des bois comme une selle, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, cette petite lumière qui s’allume soudain.
(Incipit)
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-Et maintenant, qu'est-ce qu'il va se passer ?
-Arrêtons-nous là. La fable est finie. Laissons-les dormir enlacés. Ils ont traversé la vie et la mort pour pouvoir se rencontrer. Ils sont las. Ils ont beaucoup souffert. Ils l'ont bien mérité. Il n'y a rien d'autre à raconter. Dans la vie, il n'y a rien d'autre. Rien d'autre.
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Alors parfois il s'éloignait , parcourait de longs trajets dans l'espace- car c'était un pigeon voyageur- et regardait en bas pour voir ce qu'l y avait dans le monde.
Et puis un jour, tandis qu'il passait de son vol bancal dans le ciel, son œil avait été attiré par une corolle bigarrée de sacs et de haillons tout autour d'un vieil homme couché sur un trottoir , comme mort.
Il avait ralenti son vol. Il était descendu. Il s'était posé tout doucement, sur sa patte abîmée.
Il avait regardé le vieil homme qui semblait dormir, tournant deux ou trois fois la tête, l'œil rond.
mais le vieil homme ne dormait pas.
il avait entendu le léger bruit de ses ailes et il s'était alors retourné lui aussi pour regarder le pigeon.
Il s'était levé un peu sur son coude, avait farfouillé dans un sac en plastique plein de croûtes de pain sec qui teintaient comme des morceaux de bois;
Il en avait émietté une et l'avait laissée tomber près du pigeon.
puis il avait refermé les yeux.
De ce jour-là, le pigeon l'avait élu son seul ami au monde;
Et il en avait été de même pour le vieil homme. (p. 12)

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Elle se souvint que, dans sa vie, un temps, il y avait eu cette inconcevable rencontre et qu'elle avait cru, elle aussi, que l'impossible était possible, que c'était là la seule chose possible pour pouvoir vivre dans un monde pareil. (..)

Pourquoi je n'ai pas été fidèle aux mots que je lui ai faites ? Pourquoi je n'ai pas été fidèle à mon rêve ? (p.83)
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Quand l'hiver prend fin, ces vieux murs et ces pierres se couvrent de cruelles feuilles nouvelles et de fleurs. Des nuages d'insectes qui viennent juste de naître volent tout autour, se jettent dans leurs plaies profondes, entrent tête la première dans les blessures des figuiers poussés sur les murs en se tordant vers le haut pour arriver à la lumière, des pommiers et des pêchers sauvages dont les petits fruits se déshydratent, racornissent, tombent, restent un moment accrochés aux branches de plus en plus nues. Les feuilles aussi tombent, recouvrent les toits effondrés, les racines pressent sous les ardoises gelées, pour soutirer un peu de sève à ce monde minéral suspendu dans l'espace. Tous continuent à mourir et à renaître et à mourir à nouveau, toute chose dans le même cercle de la douleur créée. Leurs cellules végétales continuent à lutter désespérément et à se reproduire et à se dupliquer en silence, et c'est ce qu'elles continueront à faire une fois que les hommes ne seront plus là, qu'ils auront disparu de la surface de cette petite planète perdue dans les galaxies, il ne restera plus que ce tourment de cellules qui luttent et se reproduisent, tant qu'arrivera encore un peu de lumière de notre petite étoile. Tous continueront à casser et à disjoindre encore plus les murs entre les pierres desquels leurs petites racines se sont accrochées, sur le sol, sur les plafonds, ils jailliront en passant à travers les ouvertures des fenêtres enfoncées, ils briseront les rares vitres encore intactes de leur douce et irrésistible pression végétale, envoyant en éclaireurs leurs tendres pédoncules qui oscillent dans l'espace en quête d'amarrage, ils disjoindront et effondreront les toits, envahiront les chemins, les ruelles, les routes, projetant leurs minuscules pointes qui se montrent pour la première fois à l'espace. Ils écartèleront les structures intimes de la matière qu'ils rencontreront sur leur route, ils s'insinueront avec leur vide atomique dans leur vide atomique, ils feront tourbillonner l'espace vide avec ces résidus de particules dotées de charge électrique qui flottent dans l'espace vide. Ils rongeront les maisons, les routes, les autoroutes qu'il y a loin d'ici, quelque part dans le monde, les grandes villes désertes pleines de gratte-ciel et de tours, ils enfonceront les vitres des fenêtres, les rideaux de fer des garages, ils feront exploser dans le silence les tuyauteries, les bouches d'égout, sous leur tourment végétal et leur pression muette, les carrosseries des voitures, les pompes à essence, les centres commerciaux tout en verre aux abord des métropoles. Ils lanceront leurs colonnes végétales sur les gratte-ciel, dont ils dépasseront les toits avec leurs ultimes et tendres crochets moelleux, ils tâtonneront à la recherche de nouvelles structures et de nouveaux points de débarquement dans l'espace. De nouvelles villes remodelées et de nouvelles visions végétales urbaines phagocytées se pencheront sur les masses liquides horizontales des mers, des océans, lançant plus avant leurs crochets pour s'unir aux forêts dormant sous leurs eaux muettes dans l'obscurité la plus profonde, pour les sortir de leur sommeil et recouvrir le monde.

(P119)
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Et puis il y a tout ce sous-bois féroce et ces mille et mille formes végétales qui s’entrelacent et se combattent, déjà sous la ligne de la terre, dans les mille et mille radicelles et dans les mille autres formes pressées par leur turgescence chimique et encore sans forme, qui jaillissent de la terre comme des armées avec leurs corps nus encore dépourvus d’écorce, et qui s’inventent leurs premières machines à respirer et à échanger avec l’atmosphère et commencent à grimper en un furieux enchevêtrement muet de formes nées des graines portées par le vent ou par d’autres bombes qui pullulent dans le ventre pourri du monde, et qui entament leur lutte pour grimper vers le haut, vers la lumière.
Pourquoi il y a tout ce sous-bois mauvais ?, je me demande. Qui essaie d’envelopper et d’effacer et d’étouffer les arbres plus grands. Pourquoi toute cette férocité misérable et désespérée qui défigure toute chose ? Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d’épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées pour détourner vers eux la puissance chimique, pour créer de nouveaux fronts végétaux capables de tout anéantir, de tout massacrer ? Où je peux bien aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu’on a appelée vie ? »
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Les femmes, elles sont faites comme ça, causent, et elles causent, mais elles veulent du solide. Elles cherchent quelqu'un qui les sorte pour dîner, qui les amuse, qui les emmène en voyage, qui les fasse se sentir tranquilles comme si elles avaient pris de la morphine. elles se casent, elles se reproduisent, elles mettent au monde d'autres hommes et d'autres femmes qui à leur tour essaient de vivre mieux, se casent, se reproduisent... Qu'est-ce qu'il croyait qu'il y avait d'autre monde , ce vieux fou ?
"Mais alors , si c'était juste ça..., pensa pour la dernière fois le vieil homme. Mais alors, si c'était juste ça ce qu'elle cherchait au fond elle aussi...pourquoi Est-ce qu'elle me disait qu'elle voulait faire quelque chose de différent et de grand, quelque chose d'impossible...?" (p. 70)
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