La notion d'action collective examinée ici renvoie à deux critères. Il s'agit d'un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d'un intérêt matériel ou d'une "cause". [...]
Les formes d'action collective concertée en faveur d'une cause seront désormais désignées par "mouvements sociaux". (p. 9)
[...] Tension devant laquelle s'inscrit tout mouvement social : privilégier la mobilisation et le conflit au risque d'être labellisé comme radical et réprimé, [ou] donner plus de place à l'expertise et à la concertation au risque d'être pris dans un scénario de domestication. (p. 112)
Un autre reportage commandé par la chaîne, qui mettait cette fois en scène des responsables associatifs de la cité et des habitants donnant de leur quotidien une vision moins apocalyptique que celle d'un supermarché en flammes, attend toujours d'être diffusé. Ces mises en récit médiatiques contribuent à stigmatiser les résidents des zones concernées. Elles peuvent aussi les inciter à s'aligner sur les stéréotypes comme en témoignent des jeunes de Monfermeil interrogés par Télérama : "On se cachait le visage avec une capuche et un foulard. C'était n'importe quoi. Ça plaisait aux télés. Devant les caméras on disait : "Si la société ne fait rien pour nous, on va tut casser." C'était un discours je-m'en-foutiste. Il fallait faire les malins devant les copains. Avec le recul, j'ai l'impression que nous nous sommes fait utiliser." En donnant de la réalité une image réductrice, ces reportages contribuent aussi, tant à l'égard des gouvernants que des citoyens, à rendre paradoxalement plus compliquée l'identification de solutions du fait même de la simplification caricaturale des problèmes.
Introduire une explication savante sur la notion de mouvement social, n'est-ce pas compliquer à plaisir ce que chacun comprend par expérience ? Des individus, ayant souvent en commun d'appartenir à une même catégorie sociale, ont une revendication à faire valoir. Ils expriment leurs demandes par des moyens familiers comme la grève, la manifestation, l'occupation d'un bâtiment public.
La liste des auteurs ayant été à la fois romanciers et contributeurs de journaux prend vite la forme d'un défilé (Dickens, Anderson, Sinclair, Orwell, Waugh, Dos Passos, Steinbeck, Capote, Barnes, Updike pour un simple échantillon) qui rend sceptique sur l'étanchéité du lien entre les deux mondes et relativise la vision d'un journalisme ligoté par une mystique de la factualité. Plus exactement, la vision du journalisme comme rationalisation d'un savoir-faire en collecte de faits, comme mode d'écriture descriptif et distancié s'est heurtée à des crises de contestations [Schudson, 1978].