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EAN : 9782072961434
512 pages
Gallimard (25/05/2023)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Notion faussement familière, « l'opinion publique » est utilisée au quotidien par les journalistes, les acteurs politiques, et invoquée via un outil comme le sondage. Elle laisse penser qu'il serait possible d'accéder à une vision globale, même floue, des attentes d'un peuple. Mais dans nos sociétés contemporaines individualistes, peut-on encore parler d'une opinion publique ? Est-elle la somme des opinions individuelles ? Si tel est le cas, comment les recenser ? E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est un défi d'apporter une réponse à la question de savoir ce qu'est l'opinion publique lorsqu'une partie des sciences sociales, Pierre Bourdieu en tête, ne reconnaît pas son existence. Elle dispute du moins du concept d'opinion publique sondagière qui s'est imposé dans le paysage médiatique et politique comme reflet des aspirations de la société en lui opposant des critiques objectives qui sont devenues paradoxalement des critères empiriques pour fixer la notion floue d'opinion publique.


Quelle que soit sa forme, l'opinion publique s'est construite sur des critères conflictuels (dont les conditions de réalisation sont difficiles à vérifier) qui la rendent instable et insaisissable. C'est un paradoxe pour un concept sacralisé qui exerce une véritable autorité dans la vie politique et au-delà. Malgré cette spécificité, les auteurs ont voulu adopter une grille de lecture synthétique, qui montre finalement combien la notion d'opinion publique se complexifie au contact de l'exposé de toutes les controverses.
La densité du propos rend parfois la masse d'informations difficile à métaboliser. Et encore plus difficile la rédaction d'un commentaire sur ce livre. Mais leur intention est bienvenue face à l'intensité des critiques qui entoure le concept d'opinion publique. le choix « éditorial » parvient à lisser, aplanir la production abondante de discours qui constitue pour l'opinion publique son essence même.
C'est un ouvrage au ton très agréable à lire de par sa dimension « narrative » bien que les auteurs s'en défendent.
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Dernière Masse critique d'avant la pause estivale, j'ai été récompensé par Babelio et les éditions Folio de l'enquête "Qu'est-ce que l'opinion publique ?" et je les en remercie. Il est bon parfois d'élargir ses lectures et de s'intéresser à des questions que l'on laisse de côté ...

Les trois auteurs de ce livre (Thomas Frinault ; Pierre Karila-Cohen et Erik Neveu) ont relevé ensemble un défi assez ambitieux de prime abord : identifier, définir et analyser l'opinion publique, ses sources et ses aspirations actuelles. L'opinion publique est en effet généralement présentée comme étant un ensemble des convictions,vaeurs, jugements, préjugés et croyances plus ou moins partagés par la population d'une société donnée ; pour autant elle est difficilement cernable.

Notion sans cesse présentée sous sa forme la plus connue, principalement au travers de la pratique des sondages, l'opinion publique est cependant protéiforme, alors que pour le sociologue Pierre Bourdieu, elle n'existait pas ... Consistant et documenté, l'ouvrage dresse un état des lieux de la naissance de ce concept qui n'a eu de cesse d'évoluer avec le temps et qui est appelé à se métamorphoser avec l'apparition et l'influence grandissante des réseaux sociaux.

Avec cette étude (pas si indigeste que cela au final), on comprend ainsi que l'émergence de l'opinion publique est indissociable de l'avènement de la démocratie : initialement conçue comme monopole des catégories dites éclairées, l'opinion publique s'entend peu à peu comme étant celle du plus grand nombre. En outre, il nous est permis de mieux saisir tant les principes que les techniques des sondages, de même que les débats relatifs à leur interprétation de l'opinion publique. Enfin, l'on apprend de quelle(s) manière(s) le recours de plus en plus fréquent aux sondages d'opinion contribue à forger l'opinion publique mais encore à modifier l'exercice de la démocratie (via une "démocratie d'opinion") ou celle de la vie politique (avec notamment le contrôle des gouvernants, les enjeux liés à la participation électorale, et la communication politique).
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Qu'est-ce que l'opinion publique ?, ouvrage coécrit par trois universitaires, spécialistes en Science politique et Histoire, cherche à comprendre cette notion, en en retraçant la construction idéologique, les différentes manifestations et manières de la mesurer.

La préoccupation entourant la construction et la compréhension d'une opinion publique nait avant tout à partir de la Révolution. Dans l'Antiquité et jusqu'aux Lumières, les dirigeants politiques s'entendent avant tout à rechercher un prestige populaire, à titre personnel, mais pas à écouter l'opinion "populaire".

Avec les Lumières et la Révolution, l'opinion publique devient celle des "bien-pensants", des élites économiques et sociales, formées à réfléchir, essentiellement de sexe masculin, qui échangent dans des clubs autour d'une pensée souvent très formatée.

Puis le droit à la pensée politique se démocratise petit à petit, et les dirigeants cherchent à entendre ce que disent les différentes strates de la population. C'est alors le travail des indics, mouches et autres renseignements territoriaux, qui "tâtent le pouls" des gens du quotidien.
La démocratisation et l'ouverture du droit de vote, la fin du régime censitaire, le vote féminin, ouvrent de nouveaux enjeux, et nous entrons alors dans un "régime d'opinion".

Cet ouvrage, à travers les concepts développés par de grands sociologues (Habermas, Bourdieu...), mais aussi à travers des études extrêmement récentes, tentent de distinguer les simples avis individuels de la construction d'une "opinion publique".

L'ère des sondages, ouverte au cours du XXe, devient la balance et le guide de cette opinion. Souvent accusés de ne pas être assez représentatifs, de biaiser la pensée en la contraignant dans un nombre restreint de réponses, voire de mettre au coeur de "l'agenda politique" des thématiques ne correspondant pas aux intérêts des populations interrogées, ils donnent aussi lieu à décorticage, décryptage, commentaires infinis des journaux papiers, radiophoniques et télévisés. Non seulement le fait majoritaire s'impose par le vote "démocratique" mais aussi par le recours à un échantillon dit représentatif de la population.

A nouveau, un bouleversement s'opère avec l'avènement d'Internet, des réseaux sociaux, des sondages en ligne. Apparaît alors une sensation de "libération de la parole". Il devient plus simple, pour qui sait utiliser Internet, de faire connaître son avis, y compris avec un pseudonyme, qui donne une impression de facilité de parole.

"Qu'est-ce que l'opinion publique?" est une très belle introduction à la l'ethnologie politique. Cette étude met en valeur toutes les difficultés à comprendre ce que représente une opinion publique qui, trop cadrée et normalisée, peut vite devenir factice.
Les organes de presse et organisations politiques sont toutefois avides de connaître les moindres détails de ce qui peut ressortir de cette mesure, tant pour orienter leurs décisions que, à l'inverse, pour connaître l'"impopularisme" de telle ou telle mesure.

L'enjeu va plus loin, et cette lecture nous alerte assez vite sur la manière dont cette opinion peut facilement être manipulée et/ ou orientée, tant par l'usage d'un vocabulaire précis, la mise à l'agenda de telle thématique (ou au contraire le fait de l'en écarter), la manière de commenter le résultat des sondages, l'appel à la bien-pensance ou à la sagesse de la population. Ici, les spécialistes de la Psychologie des foules, de la programmation neurolinguistique et autres communiquant deviennent les grands vainqueurs des nouveaux modes de cadrage politique.

Je remercie le programme masse critique de m'avoir permis de découvrir en profondeur cette thématique passionnante.
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critiques presse (3)
LHistoire
21 septembre 2023
Il faut saluer cette mise au point qui sera vite indispensable [...] sur la notion si élastique mais si prégnante d'« opinion publique », que nos sociétés occidentales utilisent comme un couteau suisse à tout faire ou un type-idéal de rechange.
Lire la critique sur le site : LHistoire
NonFiction
17 juillet 2023
Les auteurs ne se contentent pas de dresser un état des lieux de la question ; ils actualisent largement leur propos en interrogeant le sens du recours constant que nous faisons à l’opinion publique.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
10 juillet 2023
Somme toute, en compliquant l’analyse, on y voit plus clair. Il y a longtemps que les philosophes le savent. Mais il est important que cette élucidation, opérant par affinement et distinguos, soit appliquée à ce thème vital pour la démocratie. L’opinion publique est en effet au cœur de la définition de la démocratie, comme de sa pratique politique quotidienne, de ses conflits et de leurs expressions.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour s'assurer une intelligence plus précise de l'opinion, une surface de contact plus grande avec les électeurs et l'envoi de messages qui les intéressent, on tend à faire primer les experts sur les militants qui sont pourtant les premiers à côtoyer les électeurs. La science politique a souligné ce que la déconnexion croissante entre partis et électeurs devait aux dynamiques de professionnalisation et d'autonomisation du monde politique. Les financements publics primant sur les cotisations, les partis sont incités à sous-traiter leurs activité de campagne à des prestataires qui fourniront des factures ouvrant droit à remboursement. Et le rétrécissement des effectifs partisans est souvent corrélé à des processus de plus en plus précoces de professionnalisation qui inscrivent collaborateurs d'élus ou cadres militants, rarement issus des mondes populaires, dans la pratique de la politique comme métier et carrière.
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Les chercheurs Maxwell McCombs et et Donald Shaw ont établi une corrélation des agendas (hiérarchie des enjeux et priorités) entre les opinions véhiculées par les médias (nombre d'articles, temps d'antenne) et celles des citoyens (sondages d'opinion, entretiens). L'exposition à l'information transformerait la hiérarchie des priorités en raison d'un effet « priming » défini comme « une modification momentanée des critères de jugement sous l'effet d'une information temporairement plus disponible».
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