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Citations de Esi Edugyan (64)


Esi Edugyan
La lumière était éblouissante;
elle descendait par vagues tremblantes des toits
qui ponctuaient la plaine blanche.
p 389
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Ecoute, le jazz, c’est pas juste de la musique. C’est la vie.
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J'ai fermé les yeux.
Ensuite, je me réveille dans une autre pièce, une pièce froide qui m' est étrangère, dont les fenêtres donnent sur une vieille rue de Baltimore que je reconnais à peine. Allongé sur un lit, dans les draps moites d'une dame qui n'est pas ma femme. Dans la chambre blanche comme les blés sous le soleil du matin, une odeur sèche comme celle de la braise se dégage de son corps. Je voulais me tourner vers elle, ramener ses membres menus contre mon flanc comme je l'avais fait à peine quelques heures plus tôt, en embrassant sa gorge, là où ses clavicules se rencontrent, ses boucles sales et humides. Mais je l'ai pas fait. Quelque chose se soulevait en moi, comme une mauvaise digestion. De la poussière sur la table de nuit, un verre d'eau à moitié vide. Les cris des mouettes dehors. J'étais couché à côté de cette femme, lourd de malheur, en pensant à la mienne.
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Un homme a jamais rien vu de grand tant qu'il a pas posé les yeux sur un type de la trempe d'Armstrong. Voilà la vérité. Ces paupières tombantes, ce sourire aveuglant : le bonhomme était immense, majestueux. Mais autre chose aussi : il avait l'air rudement humain, comme s'il avait connu la souffrance pour son propre compte. Sa bouche était stupéfiante. Il s'était ruiné les mâchoires, avec la pression de toutes les notes aiguës qu'il atteignait depuis des années. Sa lèvre inférieure était légèrement entrouverte, comme un tiroir de velours rouge. Il a porté un mouchoir à sa bouche, essuyé un filet de salive. J'ai vu quelque chose en lui à ce moment-là : une sorte de patience dévastée, une terrible fatigue. Je connaissais cet air-là. Ma m'man l'avait eu toute sa vie.
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Les mois passaient comme rien. Tout Paris paraissait cuver sa cuite, cette lente guerre pour de faux qui ressemblait pas du tout à une guerre. Les Mangeurs de grenouilles campaient toujours derrière la ligne Maginot. Leurs soldats, avec leurs fines moustaches, bien sapés dans leurs treillis, s'étaient mis à jouer au football et à cultiver des roses assez robustes pour supporter le froid. Des militaires en permission erraient dans les rues dans la brume du matin, frissonnants et moroses comme des poètes privés de vin. Des fois on en voyait dormir sur les bancs des jardins publics, blottis dans la lumière grise. On dormait comme des morts en ce temps-là.
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Il dit seulement : " Nous la regardions, Erasmus et moi, l'après-midi quand elle prenait ses leçons d'italien. Elle était la plus belle créature que nous connaissions.
- Vous étiez des enfants, dit son père. Vous ne saviez rien de la beauté.
- Les enfants savent tout de la beauté, répliqua doucement Titch. Ce sont les adultes qui ont oublié."
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Telle était l’époque. Je me vois m’endurcir, devenir amer, acquérir une fébrilité qui me privait de sommeil. Un après-midi que je marchais dans la rue, je ramassai un bout de métal et, y examinant mon reflet, je vis dans mon regard une absence de lumière, un désir de violence systématique. Je sus alors qu’il fallait que je parte de là, sinon je tuerais ou je serai tué.
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- Vous étiez des enfants, dit son père. Vous ne saviez rien de la beauté.
- Les enfants savent tout de la beauté, répliqua doucement Titch. Ce sont les adultes qui ont oublié.
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Elle n'avait aucune tolérance pour tout ce qui n'était pas anglais.
Bien qu'étant elle-même une femme originale,
son regard sur le monde était rigide, implacable et démodé.
p 334
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Oh, ce que je vis alors ! La lune était énorme, aussi orange que le jaune d'un œuf d'oie. Et clairement dessinés dessus étaient les profonds cratères et les crêtes dont monsieur Wilde avait parlé. C'était, penserais-je plus tard, une terre sans arbre, ni buisson, ni lac, une terre sans habitants. Une terre avant que le Seigneur commence à la remplir, une terre du troisième jour.
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Louis Armstrong ? Bon Dieu, je savais que ça y était, que c'était notre heure, notre vie. Les gens croient qu'une vie, ça s'étale sur des années. C'est pas vrai. Ça peut aller aussi vite que le feu d'une allumette dans une pièce obscure.
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J'étais pelotonné contre la fenêtre arrière de la Horch, ma veste de costume pliée sous ma tête. Les kilomètres de champs se succédaient, arides, dans l'obscurité. Je me souviens du soleil qui se levait, rouge, à l'est. Dalilah, l'odeur de sa peau, la fraicheur de ses doigts qui traçaient une ligne le long de mes côtes. Et ce vieux Paul ivre mort à son piano, Son rire d'ambre. Je me sentais lourd et vide, comme si une lumière s'était éteinte en moi. La Horch cahotait sur les routes de campagne, remontait sur la nationale. Et puis j'ai plus rien senti. Pas un pincement de chagrin, de dégoût, ou de colère. Rien.
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Plissant les yeux, il secoua la tête. « Les Noirs sont aussi des créatures de Dieu, avec les mêmes droits à la liberté. L'esclavage est une souillure morale pour nous. Si une chose doit priver les Blancs de leur paradis, ce sera bien celle-ci. >>
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L'un d'eux, petit et râblé, ses muscles drapés de chiffons sales, était sans expression, comme s'il avait laissé tous ses désirs derrière lui ou perdu la mémoire d'en avoir jamais eu. Il serait peut-être rendu à son maître, estropié puis autorisé à survivre.
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L'ancien maitre, le père de Christopher,
Il est mort très vieux et il avait sûrement cessé d'être utile à qui que ce soit.
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Paul ne tarissait pas sur lui, quel génie inouï c'était, quel talent rare. Un vrai virtuose. Moi, je pouvais pas quitter des yeux ses poignets maigrichons.
Mais quand il a soulevé son cornet, on lui a accordé un silence respectueux. Sa trompette avait l'air d'un truc bon marché, elle était cabossée comme un chocolat enveloppé de papier d'argent qui serait resté trop longtemps dans une poche. Il a posé ses doigts de lapin sur les pistons, incliné la tête, plissé l'œil gauche. « Buttermouth Blues», Ernst lui a crié.
Le môme a hoché la tête. Il s'est mis à taquiner l'air à travers le cuivre. Au début on était juste là avec nos instruments prêts à jouer, les yeux fixés sur lui. Rien ne se passait. J'ai lancé un regard à Chip et secoué la tête. Mais alors j'ai commencé à entendre, comme une piqûre d'épingle dans l'air - c'était vraiment aussi subtil -, le chant d'un colibri à une hauteur et une vitesse presque inaudibles. Ça ressemblait à rien de ce que j'avais jamais entendu. Le môme entamait le morceau par un angle bizarre, en faisant étinceler les notes comme du cristal. Il a fait une pause, pris une grande inspiration, et entamé une gamme à vous casser les oreilles, sur la lancée de la mesure invisible qu'il venait de jouer.
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"Est-il naturel de séparer des êtres inférieurs de leur véritable et juste destin? De la raison même pour laquelle ils sont nés ? De leur donner une fausse idée de leur rôle ? Comme si certaines créatures n'étaient pas ici-bas pour en servir d'autres. Comme si les vaches n'existaient pas pour être mangées. (Il fit tourner son verre entre ses doigts.) Rien n'est accidentel dans les œuvres de la nature. Savez-vous qui a dit ça ? Aristote. Il a dit que rien n'est le fruit du hasard, que tout, absolument, est conçu pour le bien d'autre chose."
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(...) la liberté m'avait semblé une chose dans laquelle je pourrais vivre, un chaud manteau que je pourrais revêtir, comme une armure contre le monde.
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Le jazz. Ici en Allemagne c'était devenu pire qu'un virus, On était tous comme des puces, nous les Nègres, les Juifs et les voyous de basse classe, décidés à produire ce tintamarre vulgaire pour entraîner de mignonnes petites blondes dans le vice et le sexe. C'était pas une musique, c'était pas une mode. C'était un fléau envoyé par les hordes noires maudites, fomenté par les juifs. Nous les Nègres, voyez-vous, on ne pouvait nous le reprocher qu'à moitié, c'est tout bonnement plus fort que nous. Les sauvages ont un instinct naturel pour les rythmes dégradants, aucun self-control à proprement parler. Mais les Juifs, mon frère, eux ils faisaient exprès de mijoter cette musique de la jungle. Tout ça faisait partie de leur plan démoniaque pour affaiblir la jeunesse aryenne, corrompre ses filles, diluer son sang.
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Incapable de dissimuler mon étonnement, je ne pouvais la quitter des yeux. C'était assez fréquent à Faith qu'une femme soit engrossée, même si les naissances étaient rares, étant donné les conditions dans lesquelles les mères devaient trimer. Mais je ne me serais jamais attendu à cela : Émilie n'avait que onze ans, elle était belle et pure, un ange du Bon Dieu. C'était un choc pour moi que le père pût être n'importe quel homme de la plantation, même le maître en personne.
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