Citations de Eva Leigh (30)
"Vous ne devriez pas me regarder ainsi, murmura-t-elle tandis que la salle tournoyait autour d'eux.
- Comme quoi ? souffla-t-il .
- Comme si vous m'imaginiez en sous-vêtements.
- Vous vous trompez. Je vous imagine sans sous-vêtements."
Les mots « séduire » et « maîtresse » résonnèrent désagréablement entre eux. Les pupilles de Cassandra s’élargirent, assombrissant son regard. Elle le parcourut des pieds à la tête et s’empourpra… comme lorsqu’elle jouissait.
- Et qui est ce poussin?
Eleanor tendit la main.
- Ned Sinclair, dit-elle d'une voix aussi grave que possible.
Marwood la regarda un instant, puis éclata de rire. Ses compagnons l'imitèrent, et la panique glaça le sang d'Eleanor. Elle se tourna vers Ashford. Avaient-ils découvert la supercherie?
- Doux Jésus jeune hommes, dit Marwood en s'essuyant les yeux. Vos testicules sont-ils déjà descendu?
L’obscurité et la lumière existent côte à côte. On ne peut avoir l’un sans l’autre.
La plupart des hommes pensent que les femmes sont incapables de supporter ne serait-ce que l’évocation de vérités déplaisantes.
C’était un homme d’Église, elle pouvait être franche avec lui. Tous les masques pouvaient tomber, d’une certaine manière, et cela n'aurait aucune conséquence. À quoi bon cette politesse un peu creuse, qui ne servait à rien, sinon à occuper le temps avec des paroles superficielles et des gestes vides de sens ?
Libérée de ses hésitations, Sarah laissa les mots sortir librement.
Malheureusement, il n’était ni bandit de grand chemin ni pirate. Et sa seule beauté ne lui permettrait pas de concurrencer les hommes qui habitaient les fantasmes de Sarah. La moitié des positions sexuelles qu’elle décrivait dans ses romans lui était sans doute inconnue. Cependant, faire son éducation tout en approfondissant la sienne était tentant…
Aucun des hommes présents dans ce jardin n’avait l’allure de ses héros. Aucun n’éveillait en elle de désir physique, animal. Son seul désir en cet instant, c’était écrire. Aucune pulsion érotique ne la faisait frissonner, et elle doutait que les hommes qu’elle croisait puissent y changer quelque chose. Pas un seul, en tout cas, n’aurait pu la pousser à renoncer au peu d’indépendance dont elle jouissait.
Le soulagement se répandit en elle comme le plus doux des baumes. Elle prit un moment pour savourer simplement la délicieuse sensation du crayon entre ses doigts. La feuille blanche attendait devant elle. Le paradis. Exactement ce qui lui avait manqué toute la journée.
En l’occurrence, elle était ravie de passer inaperçue aux yeux de la bonne société. Si elle avait été l’une des étoiles de la saison, elle n’aurait pas joui d’une telle liberté. Or la liberté et la possibilité d’écrire étaient ce à quoi elle aspirait avant tout.
Elle évita le cabinet particulier situé au bout du couloir. Elle ne trouverait pas la solitude qu’elle recherchait au milieu d’un groupe de commères ne parlant que de leurs robes et de leurs coiffures.
Il désirait ardemment avoir une compagne, mais doutait de trouver un jour celle qui comprendrait réellement la complexité de son être – a fortiori quand lui-même ne la comprenait pas.
Chaque nuit, il priait pour ne pas céder aux flammes qu’allumaient ses sens dans tout son être. En tant que fils du très respecté comte Hutton, Jeremy ne pouvait chercher l’apaisement auprès de comédiennes ou de demi-mondaines ; en tant que pasteur, encore moins, ce qui faisait de lui un volcan au bord de l’explosion.
Avait-il une chance de rencontrer un jour une femme à la fois douce, patiente, agréable et dotée d’un appétit sexuel de sirène ? Autant l’admettre, non.
La solitude était son lot, mais le vide qui l’accompagnait était comme une faim insatiable.
Les habitudes imposées à coups de menaces avaient la vie dure.
Mes amants habituels étaient tous partis à la campagne, laissant derrière eux des bataillons de rustres que les subtilités de l’anatomie féminine laissaient indifférents. Je résolus donc de partir moi aussi et d’aller chercher le plaisir dans les champs et les bois. Ainsi décidée, n’ayant plus en tête que de vigoureux paysans, je fis préparer mes malles et avancer ma voiture pour une escapade bucolique.
Fatiguée de fuir d’un endroit à l’autre, de se servir des sentiments que lui portaient les hommes pour les déplumer, de toujours jouer un rôle, de ne jamais être elle-même. Escroquer ces pigeons n’était pas ce qu’elle avait rêvé de faire, mais elle n’avait pas le choix. C’était le seul moyen pour elle de gagner de l’argent.
De la même manière que certains pouvaient citer la Bible par cœur, Cassandra connaissait les règles de l’arnaque sur le bout du doigt. Car la Bible n’avait jamais mis de nourriture dans son assiette, ne lui avait jamais permis de porter des bas de soie. La Bible se fichait pas mal d’elle quand, encore enfant, elle s’était retrouvée seule, désespérée.
Ce désespoir ne l’avait jamais vraiment quittée. Sans doute sentirait-elle encore ses griffes autour de sa gorge au moment où on la mettrait en terre.
Quand on connaissait quelqu’un depuis seize ans, on savait reconnaître son humeur aussi bien qu’un paysan pressentait les changements du temps.
Les gens qui fréquentaient les tripots cherchaient avant tout à s’oublier eux-mêmes. Ils laissaient leur dignité à l’entrée, en échange de la possibilité de gagner de grosses sommes.
Il avait couché avec elle peu de temps après. Mais pas comme un homme s’attachant les faveurs d’une femme qui cède devant le pouvoir. Il l’avait fait parce que son cœur le lui dictait. Pour la première fois de sa vie, il s’était laissé aller à ressentir des émotions profondes, persuadé qu’elles étaient réciproques.
La blessure qu’elle lui avait infligée était encore à vif. Les mots étaient vains face à l’immensité du désespoir qu’il avait ressenti, plus vaste qu’une jungle, et tout aussi dangereux.