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Critiques de Fabrice Gaignault (34)
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Gandhi express : La marche du sel

Fabrice Gaignault et Michel Monteaux prennent en 2008 la même route que Gandhi en 1930 vers la mer d’Oman, ainsi que l’avait fait le Mahatma en signe de protestation contre les anglais qui taxaient excessivement le sel.



En 1930, la Grande-Bretagne était encore toute puissante en Inde, mais la démarche de Gandhi porte en elle les germes de la future indépendance qui ne viendra pourtant que 17 ans plus tard.



Les auteurs du livre s’interrogent sur ce qui peut subsister du message de Gandhi dans une Inde très différente d’il y a une centaine d’années. Différente, mais qui porte toujours en elle cette sérénité d’un homme frêle qui ébranla un empire.



Leur livre donne une très belle vision de ce périple de près de 400 kilomètres accompli par Gandhi qui a vu se joindre à lui une foule considérable. Quel autre homme a pu par la non violence galvaniser autant d’hommes et de femmes ? Martin Luther King peut-être... Hélas, tous deux ont péri assassinés pour leurs convictions.



Le livre de Fabrice Gaignault et Michel Monteaux est un bel hommage à cette marche du sel à la tête de laquelle se trouvait un phare pour l’Inde tout entière.

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La vie la plus douce

J'ai essayé jusqu'au bout mais je passe à côté de ce livre. Plus à cause de la forme que du fond : beaucoup de phrases, qui font des événements plus ou moins importants, beaucoup de réalisme ; et, trop peu de pensées uppercut, de phrases sur lesquelles on médite : beaucoup de mouvements sans créer de tempête, ni ce truc qui renverse ; quand en plus le style, comment dire, il n'est pas compliqué mais alourdi, comme quand on veut bien faire mais qu'on en perd l'efficacité. La plume est belle mais chargée. Sinon, c'est la vie de Adrien et de sa famille, de sa mère aussi assez centrale, et il s'en passe des choses vous l'aurez compris, beaucoup, sans profondeur. Et en cela le livre est (très) réussi s'il s'agissait de passer une vie la plus douce, tout en surface.
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Vies et mort de Vince Taylor

"Vies & mort de Vince Taylor", de Fabrice Gaignault s'intéresse à un musicien dont je n'avais jamais entendu parler, le fameux Vince Taylor en question, mais en lisant non pas vraiment sa biographie, mais un roman vrai qui mélange fiction et éléments biographiques, j'ai compris pourquoi tant cet artiste eut une carrière aussi rapide qu'une météorité.



Vince Taylor, de son vrai nom Brian Maurice Holden, né le 14 juillet 1939 à Londres (Angleterre) et mort le 27 août 1991 à Lutry (Suisse), est un chanteur britannique mais qui a surtout cartonné en France. Il est notamment l'auteur du titre Brand New Cadillac (1959), qui sera repris par de nombreux groupes dont The Clash en 1979 sur leur album London Calling.

Celui qui a été surnommé « l'Archange noir du rock » n'a en fait eu une véritable carrière que durant deux années . Mais pour tous ceux qui l’ont connu alors, il demeure inoubliable. Né en Angleterre, ayant grandi en Amérique, Vince Taylor débarque en 1960 à Paris, préférant être « une épée chez les voisins qu’un second couteau chez lui ». Mais quelle épée ! Vince pourfend tout. Ses talents d’interprète et son jeu de scène déclenchent l’hystérie. Eddie Barclay veut en faire le rival de Johnny Hallyday, David Bowie s’en inspire. Pourtant, des années plus tard, pour survivre Vince fait la plonge dans un bistrot. Comment en est-il arrivé là ? C'est ce que essaie de raconter le journaliste Fabrice Gaigulat à travers ce récit romancé.

L'auteur va en effet s’attacher , au-delà d’une reconstitution des faits documentée, à percer le mystère d’un homme qui a tout fait pour s'auto saborder.

J'ai beaucoup pensé à Daniel Darc, dont j'ai lu plusieurs biographies dernièrement dans sa manière de s'autodétruire et de plonger tête baissée dans les démons du rock. Cet ouvrage se lit sans aucun déplaisir, car cette histoire est passionnante pour qui s'interesse à ce qui se passe dans la tête de ces musiciens qui ne sont vraiment faits comme nous..

J'ai regretté simplement qu'on reste parfois à la lisère de son personnage principal, qui reste finalement insaissisable, et que l'auteur préfère s'attarder sur des considérations assez people ( avec notamment l'histoire de cette jeune actrice morte très jeune dans un accident de voiture) que sur le coté mythique et sociologique du rock. Un livre qui reste interessant pour la mise en lumière sur cette comète du rock.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Bobby Beausoleil et autres anges cruels

♫ Alone, bodies confused, memories misused, as we run from the day to a strange night of stone ♪





On a pas mal parlé des "filles" de Manson lors de la dernière rentrée littéraire avec "The Girls" d'Emma Cline et "California Girls" de Simon Liberati, explorons maintenant le côté masculin de la secte, pardon, de la famille, grâce à ce livre de Fabrice Gaignault enfanté après moult échanges de mails, coups de fil et autres rencontres avec ceux qui se sont frottés à la côté ouest de années 70 – et pas des moindres (je retiendrai pour ma part Peter Albin ♫ ) les "vieux freaks persévérants coûte que coûte à gratter là où ils pouvaient, de petits bars en micro salles, de concerts revival en réunions clairsemés de vieux hippies". Ces vieux de la vieille nous dépeignent un portrait si captivant de cette époque glorieuse qu'on en chialerait presque de pas l'avoir vécue.



Presque, parce que non, tout ne fut pas arc-en-ciel sur la côte Californienne dans les jeunes années 70 avec entre autre le côté négatif, l'envers du décor, le jumeau maléfique : Charles Manson et son petit troupeau d'admirateurs, ou plutôt les frères et soeurs de cette grande famille comme ils aimaient à se faire appeler. Dans cet arbre généalogique géant, une gueule d'ange : Bobby Beausoleil. Bien qu'il nie avoir appartenu au noyau dur, parlant de Manson comme d'une connaissance plutôt que de son gourou – et pour peu qu'on s'en réfère à l'exploit le plus médiatico-macabre de la famille Manson, à savoir le massacre de Sharon Tate et de ses amis, en effet Beausoleil n'en était pas, ayant lui-même tué son colocataire (et autre membre de la famille si on s'en rapporte au livre de Vincent Bugliosi) deux jours plus tôt, il avait pris un peu d'avance sur un long long long séjour à l'ombre.

Revenons-en aux faits et sans entrer dans les détails : Bobby Beausoleil poignarde Gary Hinman pour une supposée histoire de mescaline trafiquée, arrestation, procès et le voilà qui écope de la peine capitale quand finalement l'état de Californie dans lequel il attend sa petite bouffée de gaz pur abolit la peine de mort, il voit donc sa peine commuée en prison à vie (ça dans un film, on aurait hurlé au scandale de la grosse-ficelle-on-nous-prend-vraiment-pour-des-concombres !)

Alors, appartenance à la Famille ou non ? Qu'importe, 48 ans après les faits et qu'il le veuille ou non, Beausoleil reste lié à Charles Manson comme un beatnik à ses sandalettes et l'ombre du soi-disant gourou plane sans le moindre doute au-dessus de ses déjà dix-sept refus de liberté conditionnelle.



Bon ça c'était surtout pour situer les faits d'armes du personnage, mais le livre de Fabrice Gaignault va bien au-delà du simple récit linéaire d'un finalement banal et bête règlement de comptes entre drogués dont sont bourrés ad nauseam la rubrique des chiens écrasés. Non l'auteur, ce qu'il fait (et c'est tout le sel du livre) c'est qu'il entremêle de façon bien foutue et intelligente sa vie avec celle de Beausoleil, du rock'n roll et d'un road trip californien sur les traces des furieuses années qui ont suivi le malheureusement trop souvent tombé dans les oubliettes Summer of Love. On couche dans des motels un peu minables avec lui, on est à la place du mort quand il est sur les routes et on essaye de pas se faire remarquer quand il rencontre ceux qui ont fait des années 70 l'image culturelle qu'on en a aujourd'hui.



Pas un livre marrant de par son sujet, rien de festif ni de glorieux dans le foirage total et les mauvais choix à répétitions de Bobby Beausoleil et pourtant... On ferme ce livre avec une seule idée en tête, poser "Grievous Angel" sur la platine et se dire que malgré les Manson, Beausoleil et autres Leslie van Houten, la Californie des seventies, ça a dû être 'achement bath !
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Chanteurs poètes

Dans ce petit recueil carré édité chez Plon, cinq auteurs contemporains racontent leur rencontre avec un artiste qui a marqué leur vie.



Jérôme Attal, écrivain, compositeur et interprète, « avoue » dans quelles circonstances il a découvert l’oeuvre de Gainsbourg, « excitant son goût pour la littérature en affirmant celui pour la chanson ».

De sa plume élégante il raconte le virtuose des mots et des mélodies, le compositeur de génie aux styles éclectiques inspirés de grands maîtres de la musique et de la littérature, l’artiste charismatique, arrogant et irrévérencieux mais aussi sensible et pudique.



L’écrivain et journaliste Fabrice Gaignault raconte avec humour le premier concert parisien de Bob Dylan le 24 mai 1966, auquel enfant il accompagne ses parents. Sa mère est fan du jeune chanteur, son père un peu moins. Jusqu’au deuxième concert auquel il lui est donné d’assister il y a quelques années, Fabrice Gaignault retrace le parcours du « ménestrel pop » dont les textes poétiques influencèrent de nombreux musiciens.



L’autrice et traductrice canadienne Chantal Ringuet relate avec poésie comment la voix de Léonard Cohen « a fissuré sa silhouette de jeune fille pour en extraire un corps de femme ». Son texte est un vibrant hommage à ce « prince des ténèbres et de la grâce », cet « architecte de l’amour » qu’elle n’a croisé qu’une fois, mais avec qui elle a vécu une magnifique « histoire d’amour posthume ». Intime et émouvant.



Bruno Corty, rédacteur en chef du Figaro littéraire, a 15 ans quand il tombe en pâmoison devant une photo de Patti Smith. Mais l’artiste disparaît de la scène pendant 17 ans, au cours desquels elle perd tous les hommes qu’elle aime. Pour ne pas sombrer elle écrit, et en 1995 elle recommence à chanter. Bruno Corty raconte la chanteuse punk, mais surtout la poète, l’écrivaine qui a réalisé son rêve de jeune femme : être éditée chez Gallimard.



L’écrivain Nicolas Gaudemet a dix ans lorsqu’en cachette il écoute The Doors pour la première fois. Son adolescence est marquée par l’influence de Jim Morrisson. L’étudiant brillant se laisse pousser les cheveux, se prend pour le Roi Lézard. Mais n’est pas Jim Morrisson qui veut. Son texte, ponctué des textes du chanteur-poète, est le plus drôle du recueil.



Un autre regard pour découvrir ou redécouvrir nos idoles, icônes d'hier et de toujours. À consommer sans modération.
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Patrick Procktor, le secret de David Hockney

Dans Patrick Procktor, le secret de David Hockney, Fabrice Gaignault nous emmène à la découverte du peintre britannique Patrick Procktor, quasi inconnu du grand public, mais à l’oeuvre riche mêlant aquarelle (principalement) et peinture à l’huile. Mais plus qu’un voyage dans l’oeuvre et la vie du peintre, entre biographie et commentaire sur ses oeuvres, le sous-titre du livre, le secret de David Hockney, annonce le véritable sujet de cet ouvrage fort bien documenté par une connaissance précise et érudite des oeuvres et de la période et le privilège d’entretiens avec les principaux intéressés encore en vie. En effet, si le livre évoque en premier lieu la vie et le caractère de ce peintre tombé dans l’oubli, le véritable intérêt réside plutôt dans la relation artistique forte qu’il noua avec le peintre contemporain le plus célèbre du moment et superstar des enchères, David Hockney, avec lequel Patrick Procktor partagea une amitié aussi intense que brève alors qu’ils n’étaient tout deux que de jeunes étudiants en école d’art.



L’absence de reproduction des oeuvres des deux artistes (pour des questions de droits d’auteur mystérieusement refusés) n’empêche pas une méticuleuse étude des oeuvres des deux artistes, aux ressemblances aussi flagrantes que profondément troublantes. Avec comme question: « De Procktor ou de Hockney, qui avait été le précurseur de l’autre ? » Cette question, que l’auteur tente d’élucider à la manière d’un détective frôlant parfois l’enquête à la Agatha Christie lorsqu’il recueille successivement les témoignages de David Hockney et d’anciens témoins, rend l’ouvrage intéressant de bout en bout.



Le temps fort du livre est d’ailleurs le long entretien réalisé par l’auteur avec David Hockney dans sa résidence en Normandie. Cette rencontre, qui arrive environ à la moitié du livre, est moins l’occasion d’évoquer son ancien ami disparu Patrick Procktor, que d’échanger sur sa pratique artistique et sa vision de l’art. Si le sujet principal de l’ouvrage n’est jamais loin, ces quelques pages de digression de David Hockney apparaissent comme infiniment précieuse de la part d’un artiste habituellement peu bavard et discret. Elles sont l’occasion pour l’artiste de livrer sa vision de l’art actuelle et future et notamment des propos très éclairants sur l’infinie richesse de la peinture par rapport à la photographie.



L’ouvrage bénéficie en outre d’une riche iconographie composée essentiellement de photos de Patrick Prochtor et David Hockney qui permettent au lecteur de se représenter les deux artistes au travers des différentes époques. Fabrice Gaignault sait nous faire partager son enthousiasme pour le peintre et son oeuvre et contribue assurément de part son ouvrage éclairé, pédagogique et documenté à une réhabilitation progressive de Patrick Procktor.
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Patrick Procktor, le secret de David Hockney

J'ai eu envie de lire ce livre car je connais les oeuvres de David Hockney mais n'avais jamais entendu parler de Patrick Procktor ; c'est pourtant lui dont le nom est écrit en gros sur la couverture de cette biographie, rejetant à l'arrière-plan celui de David Hockney.

Fabrice Gaignault a peut-être ainsi voulu rendre hommage à ce peintre, dont le talent égalait, voire surpassait celui de son contemporain et qui est tombé dans l'oubli, déjà de son vivant.

Pourquoi deux amis, qui se sont rencontrés en 1962, à la fin de leurs études d'art, fusionnels pendant une dizaine d'années, se nourrissant artistiquement l'un de l'autre, ont-ils pris des chemins si éloignés, l'un vers la lumière et la gloire, l'autre vers la déchéance et l'oubli ? Telle est la question que pose l'auteur, à laquelle il va tenter d'apporter une réponse en interviewant tout ceux qui ont connu Patrick Procktor et en particulier, le plus célèbre d'entre eux, David Hockney, retiré en Normandie mais peignant toujours autant. Il ne donne pas de réponse définitive car il n'y en a probablement pas mais nous fait approcher au plus près l'amitié entre les deux hommes, la longue descente en enfer de Patrick Procktor sur fond des années 60, les Swinging Sixties, le hippie chic, le Pop Art qu'incarnent en particulier Andy Warhol et David Hockney avec leur exagération, leur bouillonnement culturel.

Patrick Procktor est né à Dublin le 12 mars 1936 et s'éteint le 23 août 2003 à 67 ans dans un complet dénuement. Ayant perdu son père très jeune, il est confié à ses grands-parents excentriques et anticonformistes. Par manque d'argent, il est inscrit dans une école d'art mineure. Mais son talent le fait connaître très vite et lui offre le succès. En 1962, il rencontre David Hockney et naît entre eux une amitié profonde, fusionnelle, qui durera une dizaine d'années, à tel point qu'ils sont été surnommés « Prockney ». Les deux hommes s'éloigneront peu à peu pour ne pratiquement plus avoir de contact à partir de 1975 et Patrick Procktor rentrera dans une spirale d'autodestruction qui le conduira à la misère et à la maladie.

Les explications sur les chemins divergents des deux hommes varient selon les personnes interviewées mais on retrouve des constantes :

*Patrick Procktor ressentait le syndrome de l'imposteur et avait un complexe d'infériorité qui le rendait soit exagérément timide, soit exagérément agressif

*Patrick Proctor a vu progressivement son ami entrer dans la lumière du Pop Art et de l'hyperréalisme alors que lui était rejeté dans l'ombre, peignant des aquarelles magnifiques mais qui n'étaient plus à la mode

*Patrick Procktor reste en Grande-Bretagne alors que David Hockney s'installe à Los Angeles où sa renommée éclate.

*Patrick Procktor était un dandy dilettante, aimant la fête, qui se mit à boire beaucoup après l'échec d'une exposition aux Etats-Unis alors que David Hockney aime être au calme, travaille beaucoup et était ambitieux.



Cette biographie, sur fond d'une période un peu folle, est passionnante, truffée de références artistiques ; j'avoue que j'ai dû aller en chercher certaines sur Internet, apprenant ainsi de nombreuses choses fort intéressantes. le destin de Patrick Procktor est magnifiquement rendu par Fabrice Gaignault qui, par sa belle écriture, redonne vie à un artiste oublié.



Je regrette que l'auteur se soit vu refuser, au dernier moment, l'autorisation d'insérer des photos des oeuvres de David Hockney et de Patrick Procktor par la société artistique du premier et les détenteurs des droits pour le second alors qu'elles sont accessibles sans difficulté sur Internet.

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Bobby Beausoleil et autres anges cruels

Lorsque j'ai vu que ce livre était sorti je me suis empressée de le commander, subodorant que je ne le trouverais pas directement en librairie, le nom de Bobby Beausoleil n'évoquant strictement rien à la plupart des gens. Moi-même, si je connaissais en gros l'histoire de Charles Manson et de son gang meurtrier, j'ai appris celle de Bobby Beausoleil en lisant le magistral bouquin de Simon Liberati, "California Girls", sorti il y a près de deux ans (déjà). Beausoleil ne fit pas partie du cercle rapproché de Manson mais il le fréquentait néanmoins et semblait être tombé au moins partiellement sous son influence. Beausoleil commit un meutre sur la personne de Gary Hinman auquel participèrent plusieurs membres de la "famille Manson" pour une sombre histoire de deal de drogues aux circonstances demeurées mal élucidées. Il s'est dit que les meurtres de Sharon Tate et de ses amis, qui eurent lieu peu après et à la suite de l'arrestation de Beausoleil, avaient été commis en semant des inscriptions similaires rédigées avec le sang des victimes afin de le disculper (la chose est toutefois très contestée). du fait que le meurtre commis par Beausoleil fut relié au clan Manson, il fut condamné à mort, peine commuée par la suite mais il est toujours, en 2018 soit près de cinquante ans plus tard (faits commis en 1969), derrière les barreaux et ce à l'évidence en raison de ce lien car nombre de condamnés à l'origine de faits similaires sont généralement libérés pour bonne conduite bien avant d'avoir purgé une telle durée de peine.

Beausoleil est l'incarnation même de l'ange déchu : beau, charismatique, doté d'un certain talent pour la musique. de l'avis de beaucoup qui l'ont cotoyé, il avait tout pour devenir une star. Avant son arrestation - il n'avait pas 22 ans - il s'était fait remarquer de ou avait cotoyé un certain nombre de vedettes de l'époque, de Frank Zappa à Neil Young, en passant par Janis Joplin et Dennis Wilson, il avait fondé un groupe, the Orkustra, dont les sonorités annonçaient ce que l'on appelerait plus tard la "world music", avait tourné avec Kenneth Anger qui en était tombé fou amoureux et j'en passe. Les photos de lui reproduites dans l'ouvrage (très mauvaise qualité d'impression malheureusement, les photos en noir et blanc apparaissent bien trop sombres) donnent encore, tant d'années plus tard, une idée de l'aura qu'il dégageait, avec sa grande silhouette couronnée d'un chapeau haut de forme et, paraît-il, toujours accompagné d'un petit chien blanc, Snowfox. Nombreux sont toutefois ceux qui décrivent "quelque chose" de pas clair ou maléfique à son propos qui les mettaient mal à l'aise (mais il pourrait s'agir d'un discours a posteriori). Visiblement Beausoleil avait un problème d'égo par trop surdimensionné et ne se souciait que de lui-même, sans s'encombrer des conséquences que l'exercice de son libre-arbitre pouvait avoir sur les autres. Il se camait beaucoup, aussi, ce qui pourrait avoir aggravé le problème. Il réussit plus tard le prodige de composer une musique pour le "Lucifer Rising" de Kenneth Anger en reconstituant voire même en créant des instruments de musique à l'aide de matériaux trouvés de bric et de broc dans sa prison. Et le résultat, que l'on peut trouver sur internet, est impressionnant. Quel gâchis...

Que dire du présent livre ? Intéressant mais un peu décevant. Outre la mauvaise impression des photos - déjà relevée - que l'on devine fort belles (c'en est d'autant plus frustrant) le style de l'auteur ne m'a pas convaincue, pas plus que sa manière de "mener l'enquête" sur Bobby Beausoleil. Apparemment il ne l'a pas rencontré (d'autres avaient réussi à le faire avant, de Truman Capote à - plus récemment - un journaliste français). Il a échangé par mails mais peu d'extraits de ces mails se trouvent reproduits d'où l'impression que le principal protagoniste n'a pas réellement eu l'occasion de s'exprimer. L'auteur fait également beaucoup de "name dropping" parfois de manière purement gratuite, s'attardant à nommer et décrire des personnes plus ou moins illustres rencontrées mais qui parfois ne disposent d'aucune information sur Beausoleil. On ne voit pas trop non plus ce que viennent faire Gene Clark et Gram Parsons dans le récit. On devine des points communs avec Beausoleil mais le fait qu'une poignée de pages leur soient consacrée au milieu du livre coupe le rythme du récit consacré à Beausoleil. On retire de tout cela in fine que l'auteur n'a pas réellement réussi à s'approcher vraiment de son sujet. Quelques chapitres sous forme de rencontres ou descriptions du Haight-Ashbury de l'époque sont néanmoins intéressants.

Bref je suis demeurée sur ma faim. Sans doute Beausoleil demeurera-t-il un mystère (y-compris peut-être pour lui-même). Mais je ne regrette pas toutefois d'avoir lu ce livre, d'autant plus que je compte parmi mes amis un certain nombre d'artistes ayant vécu à San Francisco durant une époque légèrement postérieure à celle des années de liberté de Beausoleil. A cet égard le livre n'est pas dénué d'un certain intérêt historique...

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Vies et mort de Vince Taylor

Vies et mort de Vince Taylor,

raconte la déchéance de celui qui aurait pu détrôner Johnny.



Vies et mort de Vince Taylor, est aussi l'histoire de Brian Maurice Holden qui fit la plonge dans un resto une fois les années de succès passées.



Il s'agit également de la vie d'un clochard alcoolique, un homme violent, inégal, tourmenté.



Vies et mort de Vince Taylor, nous parle d'un homme qui était un Jim Morrisson avant l'heure, la France profonde n'étant pas prête à accueillir cet ovni comme il se doit. Vince Taylor se prit même pour Jésus et il aurait pu avoir une belle notoriété s'il n'avait pas tout gâché. Il tient Bob Dylan pour responsable de sa déchéance, sans lui, il n'aurait pas goûté à certaines substances...



Vies et mort de Vince Taylor, aurait pu être une fiction mais cet ouvrage nous parle du parcours tourmenté d'un homme qui a réellement existé et qui a terminé enterré sans même une stèle funéraire à son nom.
Lien : http://242chords.canalblog.c..
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Ethiopie : Itinérances

Une photographe et un journaliste, en voyage sur les traces de :

"Harar, sublime cité millénaire que le passage de A. Rimbaud a contribué à ériger au rang de mythe romanesque. Là-bas,...

... jusqu'à la ferme d'Henry de Montfreid qui y avait planté ses quartiers d'été."

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L'eau noire

Fabrice Gaignault écrit bien. Sa prose est vive et son style sophistiqué. J'ai rarement eu une telle ambivalence à la lecture. D'un coté, une sorte de fascination pour cette écriture nourrie et de l'autre un total désintérêt pour cette histoire alambiquée et ces personnages cyniques et caricaturaux. J'avoue avoir rendu les armes à la moitié du voyage et abandonné à leur névroses ces froids personnages. Et je me plais à rêver de cette écriture au service d'une histoire habitée et de personnages plus humains... son prochain roman peut-être...
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Patrick Procktor, le secret de David Hockney

Merci aux éditions Séguier pour l'envoi de cette enquête que j'ai beaucoup appréciée.

Mais qui est Patrick Procktor ? Artiste iconoclaste, dandy sublime, meilleur ami de David Hockney pendant des années. Fréquentant la princesse Margareth, et les grandes figures de la culture pop, puis disparaissant de la lumière peut être de sa propre volonté.

Personnage mystérieux et certainement incompris, aquarelliste magique, bref un homme difficile à cerner qui finira seul et sans argent.

Une enquête très bien menée et passionnante sur un homme peu connu.
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La vie la plus douce

Il faut appeler les choses par leur nom: les pensions religieuses où beaucoup de Français ont été élevés au XXe siècle étaient parfois des lieux de torture. Ce n’est que l’un des aspects du cauchemar que raconte Fabrice Gaignault dans son dernier roman.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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La vie la plus douce

Quel plaisir de lire ce roman, un texte légèrement voir totalement déjanté, mais magnifique, drôle, cruel. De l'auteur, j'ai déjà eu le plaisir de lire "Égéries Sixties", "Aspen terminus", "Vies et mort de Vince Taylor" et "Bobby Beausoleil et autres anges cruels". J'y retrouve toujours cette tonalité, cette ironie que j'apprécie beaucoup. Merci aux Editions Grasset et à NetGalley de m'avoir permis de lire ce nouveau texte avant d'autres lecteurs.

Nous rencontrons Adrien, né d'une mère, Caroline qui twistait et qui maintenant se confine dans l''alcool et d'un père, Bertrand, superbe, toujours très pris par son travail, mais absent.

Entre les nounous/jeunes filles au pair, la "bicoque" de Mamie (grande bourgeoise à l'étonnant pedigree) près de St Trop, Tante Emma, la proustienne, la jet set et un absent : le petit frère d'Adrien, Sébastien, mort beaucoup trop jeune, notre héros va grandir dans un pensionnat, maltraité, mais pourvu d'un imaginaire puissant et faire de belles rencontres dont celle de la fille du roi du porno, Candice.

Ce sont les années 60, le mouvement de libération de la femme, un mois de mai très agité, le maoïsme, sa mère qui s'enfonce dans la drogue, les anarchistes du boudoir, Juliette Gréco, Romy Schneider, Charlotte Rampling ...

C'est aussi son frère, Etienne, le "démon", le premier enfant du couple parental, très chéri, très gâté, trop gâté, devenant un drogué de première classe, Clara, sa soeur née après la mort de Sébastien, qui a bien du mal à se construire.

Voici venu les années du choc pétrolier, celle du SIDA, celle du déclassement, du vieillissement, de la mort. Rythmé de nombreux chapitres aux titres plus loufoques les uns que les autres (bravo !), je ne peux que recommander de se plonger dans les eaux vivifiantes, mais parfois lethales de "la vie la plus douce".
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Bobby Beausoleil et autres anges cruels

Une découverte à la fois fascinante et saisissante.



Avant d'ouvrir ce livre je ne savais rien de Bobby Beausoleil. Le nom de Charles Manson n'est pour moi lié qu'a une vague histoire criminelle et peu encline à m'attarder sur ces personnages j'avoue que je n'avais jamais rien lu sur le sujet.



Pourtant l'enquête de Fabrice Gaignault a su piquer ma curiosité. Ce livre entre interwiews, mails, photos et voyages, retrace l'histoire de Bobby mais aussi l'histoire de ceux qui l'ont cotoyé.



L'auteur a su me happer entremelant son histoire, ses doutes et interrogations au récit concernant Bobby.



Un récit qui ne porte aucun jugement mais nous plonge sans fard dans toutes les facettes de l'histoire de Bobby.



Au récit s'ajoute les photos, en noir et blanc, magnifiques et minimalistes, la photographe a su retranscrire l'essence du récit.



Une couverture sobre, une typo classique et une mise en page aérienne complète l'oeuvre que je recommande.



Bonne lecture à tous.
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Vies et mort de Vince Taylor



Magnétique, sulfureux, Vince Taylor m’a fascinée une bonne partie du livre - tout autant que répugnée jusqu’à la nausée. Fabrice Gaignault romance la décadence, n’épargnant pas son lecteur, à qui il laisse le soin de juger - tout lui conseillant subtilement d’éviter de le faire. Le romancier interroge les témoins, rencontre les survivants, convoque les fantômes. Un travail d'archiviste du Lucifer vaincu.
Lien : http://www.vivelaroseetlelil..
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Aspen Terminus

Voici un récit qualifié de roman. Otez les pages où Fabrice Gaignault se regarde le nombril en touchant les étoiles, elles sont hors de propos et n’apportent rien au livre.



Il reste tout de même sur les 232 pages, 170 pages environ ce qui est plutôt bien, d’une enquête palpitante sur Claudine Longet.



Souvenez-vous, c’est cette actrice après laquelle court Peter Sellers dans The Party de Blake Edwards, provoquant le cataclysme, et, qui susurre la chanson finale d’Henry Mancini, Nothing to lose.

Après un mariage réussi de quatorze ans avec Andy Williams, star américaine, Claudine Longet, chanteuse et actrice française, s’amourache d’un skieur émérite, Vladimir (Spider) Sabich et s’installe avec lui à Aspen (Colorado).



Hélas, le 21 mars 1976, suite à la mort par arme à feu de Sabich, Claudine Longet est inculpée d’homicide. Elle écope de trente jours de prison, disparaît de la scène et épouse son avocat, Ron Austin.



La légende de Claudine commence, alimentée par une chanson éponyme des Rolling Stones, qui aurait du paraître sur l’album Emotional Rescue.



L’enquête de Gaignault est très bien construite, elle effleure au travers des témoignages de s acteurs de l’époque, des habitants d’Aspen, la vérité sans l’atteindre. Et cela est réussi, l’ambiance des années 60-70 est restituée et avec elle, une certaine idée américaine, un rêve à poursuivre.
Lien : http://livrespourvous.center..
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Jean Hélion : Le franc-tireur

Jean Hélion produisit des chefs-d’œuvre mais reste néanmoins une figure confidentielle du monde de l’art. Fabrice Gaignault, le rédacteur en chef de nos pages Art, s’attaque à la biographie de cet artiste qui ne cessa de cheminer hors des sentiers battus.
Lien : https://www.transfuge.fr/202..
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Jean Hélion : Le franc-tireur

A travers cette monographie fouillée, Gaignault souligne la cohérence et l’originalité d’un parcours hors-norme, celui d’un peintre inclassable qui mérite d’être redécouvert.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Patrick Procktor, le secret de David Hockney

J'aime bien le romancier Fabrice Gaignault : d'"Aspen Terminus" en passant par "Vies et mort de Vince Taylor", "Bobby Beausoleil et autres anges cruels" et "La vie plus douce", je suis son parcours littéraire et j'y trouve matière à réflexion, à apprendre.

Ici, l'auteur nous présente un illustre inconnu (enfin du moins pour moi) : Patrick Procktor, surgi à Londres dans les années 60, était un "jumeau" d'un point de vue pictural d'un blond à lunettes, qui lui ramait à l'époque : David Hockney. Procktor aussi grand que Hockney, aussi brun qu'il est blond (enfin maintenant blanc), a connu très vite la célébrité artistique, mais contrairement à Hockney, a disparu du paysage artistique, même au Royaume Uni.

Irlandais de Dublin, cultivé, c'était une personnalité extravagante, pleine de charme, qui faisait trop la fête, tentait trop d'expériences et qui s'est égaré. Si Hockney et Procktor sont tous deux allés aux USA, seul Hockney saura gérer et trouver une voie picturale qui fera son succès.

L'auteur a pu s'entretenir avec Hockney qui réside en Normandie et utilise maintenant d'autres supports pour créer, ainsi qu'avec d'autres personnalités qui ont connu Procktor.

On croise dans ce texte : Ossie Clark, créateur de mode, Lucian Freud, Francis Bacon, Gilbert et Georges, la princesse Margaret et tant d'autres ... Agrémenté de photos de Procktor, mais sans ses peintures, ce texte résonne comme un souhait de remise en orbite du travail sous-estimé de ce peintre qui se plongea dans les techniques de l'aquarelle au cours d'un tour du monde dans les années 90, pour en explorer toutes les facettes. Sa mort en août 2003, alcoolique, d'une embolie, solitaire, met le terme à une vie et à un parcours inachevé.
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