AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Fernando Arrabal (42)


La radio reposait sur l'ancienne table de nuit de grand-mère. Dans le tiroir de la table - où elle rangeait ses médailles, ses petits livres de messe, ses pastilles - tu mettais maintenant ton jeu de cartes, un grand agenda et des papiers. Dans le bas de la table de nuit - où grand-mère mettait son pot de chambre - tu rangeais maintenant le bottin.
Commenter  J’apprécie          222
Ils m'ont dit qu'il fallait aimer la patrie, qu'il fallait se sacrifier pour elle, qu'il fallait être fier de ses héros, qu'il fallait respecter l'ordre du pays, qu'il fallait dénoncer les traitres, qu'il fallait haïr les ennemis. Toi aussi tu me l'as dit. Quand je leur ai posé une question ils m'ont répondu. Puis je n'ai plus posé de questions.
Commenter  J’apprécie          200
Mon père, qui était un "rouge", était né à Cordoue, en 1903. Sa vie, jusqu'à sa disparition, fut l'une des plus douloureuses que je connaisse. Je me plais à penser que j'ai les mêmes idées artistiques et politiques que lui. Et comme lui je chante l'émotion tremblante, les miroirs nageant dans la mer, et le délire.
Commenter  J’apprécie          180
Eugène Ionesco

-Oui. Aussi bien politiquement qu'artistiquement, elle a déterminé toute mon existence. Je n'ai jamais pu être...d'extrême droite. Je n'ai jamais pu être de gauche ou d'extrême gauche. Je n'ai jamais pu être non plus pour les bourgeois; Si bien que je suis nulle part. Mais le gens qui ne sont nulle part ne sont pas assez nombreux. et je vais écrire un article ou un essai dont le titre sera paradoxal : " Solitaires de tous les pays, unissez-vous. " (Il rit) (p. 131)
Commenter  J’apprécie          130
Papa est mort. Peut-être cela vaut il mieux pour tous. Il aurait été une lourde charge. D'ailleurs il a été puni à cause de ses péchés; n'oublie pas que même Dieu punit les coupables; dans l'histoire sainte il dit : "Je châtierai Baal à Babylone."
Mais, il faut que tu le saches, je n'ai rien, moi, à me reprocher. Je n'ai vécu que pour vous. J'ai toujours été trop bonne.
Commenter  J’apprécie          130
LES JUGES

Un sablier géant,
à l'intérieur le sable est remplacé par des hommes qui tombent sans cesse.
Au sommet du sablier des femmes donnent naissance à des enfants.
Le fond du sablier est jonché de squelettes.

Voix provenant de derrière les spectateurs.
VOIX. - Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt
il reste seul
s'il meurt
il portera beaucoup de fruits
Vous serez chassés
vous serez précipités dans une fosse
et vos têtes seront submergées par des cadavres
et les cadavres des cadavres
jusqu'à la fin des temps.
Vous naîtrez dans la douleur
et périrez de même
et tes frères et tes parents
ne te pleureront qu'une saison.
Vos vies sont des fleuves
qui vont se jeter dans la mer
qu'est la mort.

Mêlées à cela des voix très gaies chantent.

LES VOIX. - Heureux, heureux chantons
la vie, l'amour
le baiser de ta bouche
ton ventre d'ivoire
et tes lèvres de printemps.
Mangeons les fruits délicieux
de ce jardin des délices
et sous un pommier
nous nous enlacerons
jusqu'à la frénésie.
Heureux, heureux chantons
la vie, l'amour.

Le fond du sablier est jonché de squelettes.
Bruit de train.
Pleurs de nouveaux-nés.
Pleurs de vieillards.
Rires de jeunes enfants.
La vie continue sur son rythme habituel.

Extrait d'Apokalyptica
Commenter  J’apprécie          96
Il y a des langues dans lesquelles le mot "bonheur" n'existe pas, et d'autres dans lesquelles il y a vingt, cent, mille synonymes pour désigner cette rareté. Ainsi les premiers sont-ils heureux sans le savoir, et les autres inquiets de ne pas trouver le mot juste.
Commenter  J’apprécie          90
LE curé est venu voir ma mère et il lui a dit que j'étais fou.
Alors ma mère m'a attaché à ma chaise. Le curé m'a fait un trou dans la nuque avec un bistouri et il m'a extrait la pierre de la folie.
Puis ils m'ont porté, pieds et poings liés, jusqu'à la nef des fous.
Commenter  J’apprécie          80
A vrai dire, les yeux du petit Miguel s'ouvrirent sur un univers où les frémissements de l'espérance ne se distinguaient pas du fracas de la terreur.
Commenter  J’apprécie          70
Tante Clara m'a mis une serviette autour de chaque poignet, puis elle m'a ligoté encore avec une corde qu'elle a attaché de chaque côté du lit. Elle avait les mains froides. Moi, j'avais les yeux fermés; Quand je les ouvrais je voyais la lampe qui pendait du plafond.
Tante Clara ne m'a pas mis une serviette autour des chevilles. Elle me les a attachées avec une corde de chaque côté du lit. J'ai senti ses mains froides, mais je l'ai pas regardée.
Tante Clara m'a frappé avec la ceinture. Pour qu'on ne nous entende pas, je n'ai pas crié. Puis elle les a pris tous les deux dans ses mains froides. Je lui ai dit que ça, non. Tante Clara a dit que le Christ n'avait pas hésité à souffrir pour nous sauver. Elle me les a serrés petit à petit. Alors j'ai crié.
Tante Clara respirait comme lorsque je la fouettais. Puis j'ai senti qu'il se passait quelque chose de différent.
Quand tout a été terminé, tante Clara m'a dit que je devais aller me confesser tout de suite.
Commenter  J’apprécie          70
Michel Déon va d'île grecque en île grecque, puis se fixe. Il a trouvé son paysage, qui fut dessiné par quelque dieu ami. Spetsai le rend heureux. Il découvre sa maison et regarde la vie qui, paisible, suit son chemin. Il l'accompagne sans fatigue. La mer et le ciel le poussent à la bienveillance. On ne sent pas de méfiance ou d'ironie. Bien qu'étranger, il est chez lui. C'est un voyageur qui a posé sa valise. On lui fait fête, il respire largement. Il est à la fois proche et lointain. Pour mieux aimer, il garde ses distances. Il prend son plaisir, mais il n'est pas dupe. Le bonheur est fugitif. Il passe, il a passé.
Commenter  J’apprécie          70
Et je t'ai demandé si toi aussi tu mourrais.
Et tu m'as dit : « Oui. »
Et je t'ai dit : « Que vais-je faire ? »
Et tu m'as dit qu'à ce moment je serai grand.
Et je t'ai dit : « Je ne vois pas le rapport. »
Et tu m'as dit qu'il y en avait un.
Et je t'ai dit : « Bon. »
Et tu m'as dit que tous nous devons mourir.
Et je t'ai demandé si c'était pour toujours.
Et tu m'as dit: « Oui. »
Commenter  J’apprécie          70
C'était à la fin que je bandais. Quand tante Clara récitait des Notre-Père pour des intentions particulières et quand grand-mère lui en soufflait de nouvelles. Je bandais et le bout devenait humide pendant que je répondais aux Notre-Père de tante Clara et de grand-mère chaque soir plus nombreux.
Commenter  J’apprécie          60
Je lui ai dit que si sa tête était un pot, j'y mettrais de l'eau et des fleurs. Et que si c'était une image, je la collerais sur ma baignoire, et que si c'était une ligne je ferais passer un train dessus.
Commenter  J’apprécie          60
Et Altagore m'a parlé des folies de l'âme et du pouvoir qu'elles détiennent. Et puis elle m'a fait l'éloge de la folie.
Puis Altagore m'a affirmé qu'un jour elle me mènerait au cinéma Erasme. Et je lui ai demandé : "Comment est-il ?" Et elle m'a dit qu'à la porte il y aurait des photographies et qu'à l'intérieur nous verrions un film dont j'ai oublié le titre. Elle me l'a raconté et elle m'a expliqué les symboles magiques de chaque personnage et chacun des rites noirs célébrés. Altagore m'a appris que la salle serait la nef des fous, que nous y serions en communion spirituelle et que l'écran refléterait le retable des merveilles. Elle a ajouté que les personnages sembleraient des ombres sans épaisseur dans une sorte de monde sans pesanteur, parce qu'ils seraient faits d'une substance visqueuse d'origine magique.
Et quand Altagore est partie, je me suis endormi en pensant au cinéma et j'ai rêve qu'une femme mangeait un poulet rôti en compagnie de son mari et de ses deux enfants.
Commenter  J’apprécie          51
Une sorte de cheval à crinière de lion, une longue corne au milieu du front, marche au centre. Une jeune fille nue chevauche l'animal. Les prêtres tentent de la toucher ; alors, le cheval fonce, tête basse, et la bête reste clouée au sol. Ils rient et agitent leurs crosses. L'un d'eux, un énorme cigare à la main, fait "V" avec ses doigts.
Une fillette se dirige vers la glace de la boutique située en face de l'avenue. Elle la regarde longuement. Elle fait un pas vers elle et disparaît. Une femme crie : -
- Aliiiiice, Aliiiiice !
Des enfants, montés sur patins, zigzaguent au centre de l'avenue entre un petit groupe de vieillards qui s'éloignent en valsant.
Commenter  J’apprécie          50
La révolution
elle viendra bientôt
sera sexuelle
ou ne sera point.
Commenter  J’apprécie          40
Nouveau Monde conquis par des aventuriers va-nu-pieds. Ils apprirent à chevaucher et à rêver avec Feliciano, les romans de chevalerie devinrent des guides subversifs. Modèles stimulants pour conquistadores. Une fois terminée l'invraisemblable et brutale prouesse de la conquête de l'Amérique, ces livres auraient pu servir d'instruments de libération pour les autochtones (...) "Ils sont de mauvais exemple pour les indiens". Les romans de Feliciano de Silva deviennent des ouvrages clandestins et séditieux (...) "Parce que les indiens, en s'y adonnant, délaisseront les livres de saines et bonne lecture" ... C'est à dire les traités prêchant la résignation.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai dit à tante Clara que j'allais lui faire mal. Elle m'a dit de la frapper plus fort. Alors avec ma ceinture, je l'ai frappée.Tante Clara a dit :
- Encore plus fort.
Je lui ai dit que j'allais lui faire mal. Quand j'ai recommencé, elle m'a dit en criant :
- Plus fort et plus vite.
Pendant que je frappais tante Clara je l'entendais haleter.
Je me suis caché de toi, mais quand tu es revenue tu ne m'a rien dit. Tu ne m'a rien reproché, malgré la grande tache que j'avais faite dans mon caleçon.
Commenter  J’apprécie          40
Pendant des années j'ai pratiqué un jeu qui m'a conduit à des découvertes curieuses. Il s'agit de trouver des définitions ou des phrases "profondes". Je choisis un mot ou un membre de phrase d'une page prise au hasard dans un livre ; puis j'ouvre ce même livre en un autre endroit et je recommence l'opération. Il ne s'agit pas d'un jeu automatique, puisque la seconde partie doit être choisie de telle sorte que l'ensemble forme une phrase cohérente du point de vue grammatical (exclusivement). Très souvent, le résultat est un non-sens admirable et magistral. Et, cependant, un jour j'obtins, en suivant toujours ma méthode, la phrase suivante (qu'on eût pu imaginer de toute autre façon) :
"L'avenir agit en coups de théâtre."
Cette phrase m'enchanta. J'en vins à penser que l'avenir était déterminé par le hasard et je supposai que même la confusion (que je ne distinguais pas du hasard) régissait notre avenir et par conséquent notre... passé (ex-avenir).
Je crus don, alors, qu'il y avait trois grands problèmes :
- la mémoire,
- le hasard,
- la confusion.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fernando Arrabal (195)Voir plus

Quiz Voir plus

Grand ou petit ?

Alain-Fournier a écrit :

Le Petit Meaulnes
Le Grand Meaulnes

20 questions
4958 lecteurs ont répondu
Thèmes : humour , littérature , grand , petits , contrairesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}