Prenant comme étude de cas une vingtaine d'artistes exilés à Paris, les auteurs, David Alper, avocat et journaliste américain et Lise Bloch-Morhange, journaliste française se sont efforcés de cerner, tant du point de vue de l'oeuvre, les interactions entre trois éléments: l'artiste, l'exil et Paris.
Parmi les personnalités interviewées: Fernando Arrabal, Tahar Ben Jelloun, Julio Cortazar, Léonor Fini, Eugène Ionesco, Izis, Milan Kundera, Henry Miller, Serge Rezvani, Iannis Xenakis, etc
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Eugène Ionesco
-Oui. Aussi bien politiquement qu'artistiquement, elle a déterminé toute mon existence. Je n'ai jamais pu être...d'extrême droite. Je n'ai jamais pu être de gauche ou d'extrême gauche. Je n'ai jamais pu être non plus pour les bourgeois; Si bien que je suis nulle part. Mais le gens qui ne sont nulle part ne sont pas assez nombreux. et je vais écrire un article ou un essai dont le titre sera paradoxal : " Solitaires de tous les pays, unissez-vous. " (Il rit) (p. 131)
Je n'ai lu que le minimum de livres roumains nécessaires pour passer mon baccalauréat et ma licence. Et j'avais toujours la nostalgie de la France. Car non seulement j'étais très malheureux dans ce milieu petit-bourgeois, mais alors que j'étais lycéen, j'ai assisté à l'apparition du nazisme. En effet à cette époque tous les intellectuels roumains étaient ou hitlériens ou nazis. évidemment si je m'étais trouvé en France au même moment, j'aurais constaté le même phénomène, puisque avant la guerre la moitié de la France était d'extrême-droite. Mais j'ai vécu le phénomène là-bas et je l'ai attribué à la Roumanie, alors qu'il était européen. (p.130) - Eugène Ionesco
Rezvani, peintre et écrivain
"Rejeté de la communauté dès l'enfance, sans pays ni ancêtres, la peinture me servit à me mettre encore plus à part et c'est en collaborant à mon propre isolement que je me le rendis à peu près vivable. Il ne me restait que la singularité...J'héritais à vie d'un refus malade de tout amalgame social. J'étais un expulsé à perpétuité. Aucune utopie, aucune cité du soleil ne me feront jamais rêver. Je n'y vois que police, discipline, délation, essorage mental. Toute organisation déploie le drapeau borgne de la censure, de la dépossession de l'homme par l'idée. " (Le portrait ovale, NRF, p. 146)
José Balmès (peintre, né en Espagne en 1927)
En ce sens, l'exil nous permet de pénétrer davantage la condition humaine, sans distinction de pays ou de race. De même il n'y a pas, en nous, séparation entre l'artiste et le militant, il n'y a pas non plus séparation entre l'artiste et le militant, il n'y a pas non plus séparation entre l'artiste et l'homme en général. Et l'homme et l'artiste que nous sommes sont enrichis par l'exil, par la confrontation qui nous permet d'élargir notre conception artistique et même de mieux comprendre notre pays. (p. 49)
Je ne veux pas être américain. Je suis un citoyen du monde, de l'univers. Je n'appartiens à aucun pays. Je ne suis pas un patriote, en aucune façon. Je suis un traître partout. Quand il y a une guerre, je fuis. Je ne veux pas mourir, pour quelque pays que ce soit. et je n'ai pas de religion, aucune. Je ne crois en aucun leader, aucun gourou, aucun saint. (p.265) -Henri Miller
Dans les catacombes .En septembre 2013, une exposition au Musée du Montparnasse et en partenariat avec La Règle du jeu, dévoilait pour la première fois des créations artistiques inédites de l?artiste et dramaturge mondialement reconnu, Fernando Arrabal. Dans cet entretien intitulé «Dans les catacombes», tourné à son domicile, projeté lors de l?exposition, l?artiste absolu explique le processus créatif de ces oeuvres regroupées sous le terme de Poèmes plastiques, et confie la genèse de quelques-unes d?entre elles.