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Critiques de François-Xavier de Villemagne (8)
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Le consentement d'Alexandre

Quand il s'agit d'Alexandre le Grand, il n'y a pas grand-chose qui puisse m'arrêter. Je me suis donc précipité sur ce "Consentement d'Alexandre" dès sa parution, sans trop savoir à quoi m'attendre puisqu'il s'agit du premier roman de son auteur et que, fatalement, je n'en avais lu aucune critique... En premier lieu, j'ai tout de suite été rassuré et agréablement surpris par l'écriture de Francois-Xavier de Villemagne. Celle-ci est élégante, classique dans le bon sens du terme : ni pompeuse ni simpliste, en bref irréprochable. Sur le fond, on a là un vrai roman historique, en ce sens qu'il respecte les faits et l'époque dans laquelle ils s'inscrivent sans être prétexte à évoquer les problématiques de notre temps. Cette authenticité se retrouve notamment dans un détail toujours important à mes yeux : les mesures se font en coudées, stades, etc. au lieu des horribles centimètres et kilomètres qui polluent un trop grand nombre de romans se voulant historiques.



Comme le montre la carte présente en début d'ouvrage, l'action se déroule entre la conquête de la Sogdiane et la campagne indienne, soit entre -328 et -325 : une période assez courte, donc, mais suffisamment riche en événements pour occuper ces 550 pages. Le point d'orgue en est le renoncement d'Alexandre lorsque, parvenue en Inde au bord du fleuve Hyphase, son armée le contraint à faire demi-tour et à abandonner ainsi ses rêves d'empire universel. Parmi les figures bien connues de l'épopée, seuls le roi et son épouse ont ici un rôle significatif, les autres n'étant présentes qu'en arrière-plan. L'auteur fait plutôt le choix de mettre en évidence des protagonistes aux fonctions et aux origines variées : un arpenteur juif, un prince indien (Chandragupta, personnage réel mais dont le rôle dans cette aventure est inventé pour l'occasion), un général macédonien (fictif mais plus ou moins inspiré de Coénos), une courtisane et un pirate massaliotes... ce qui, loin d'être un simple artifice narratif, rend bien compte de la diversité au sein de l'armée et de l'empire d'Alexandre.



En parlant des personnages et de leurs intrigues, le triangle amoureux entre Roxane, Kaïros et Laïs prend peut-être un peu trop de place à mon goût, sans être non plus rédhibitoire. Plus intéressante est la psychologie d'Alexandre, dont les hésitations, qui augmentent à mesure que l'armée progresse vers l'Orient, sont l'un des fils rouges du roman : en public, il apparaît comme un demi-dieu invincible et inflexible, mais dans la solitude de sa tente il a la sensation de ne plus s'appartenir et paraît dépassé par son entreprise extraordinaire... La complexité de ce personnage fascinant est plutôt bien rendue. Précision importante : on a beau raconter une campagne militaire, ce n'est pas l'aspect purement guerrier qui intéresse l'auteur. Peut-être est-ce dû au fait que celui-ci soit ingénieur et grand marcheur (avant ce premier roman, il a publié les récits de ses pèlerinages), on s'attache davantage aux aspects pratiques et logistiques de l'armée : déplacement, ravitaillement, construction de ponts... C'est un parti pris qui m'a plu, et qui permet au roman de se démarquer dans l'abondante littérature sur Alexandre, où il est plus souvent question de stratégie et d'exploits guerriers.



Écrit par un auteur peu connu, publié par un éditeur (très bon au demeurant) spécialisé non dans le roman historique mais dans les récits de voyage, et abordant de manière sérieuse un sujet dont je doute qu'il soit très vendeur aujourd'hui... je crains que ce "Consentement d'Alexandre" pourtant plein de qualités soit malheureusement voué à passer assez inaperçu. Mais si par cette modeste critique je pouvais attirer sur lui l'attention de quelques lecteurs, j'en serais ravi : il le mérite amplement.
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Le consentement d'Alexandre

Le livre de François Xavier de Villemagne, Le consentement d’Alexandre,

est de ceux qui au fil des pages,

vous emportent, dans un parfait français,

aux confins des contrées oubliées, inaccessibles où les traces des armées antiques sont encore visibles, ces vallées, ces escarpements et ces sommets invincibles ne résonnent ils pas encore du cri des soldats d’Alexandre ?

Tout dans ce roman historique nous transporte, avec ces personnages si bien peints, dans le chaos d’une armée en campagne, jusqu’au bord du fleuve où le destin s’arrêtera.

Une très belle plume.

Bravo.
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Pèlerin d'Orient : A pied jusqu'à Jérusalem

Un très beau livre que j’ai eu grande joie à lire d’une traite.

Tout d’abord, cette aventure nous ouvre les yeux sur l’espace du possible de l’homme, espace trop souvent inexploré parce que pensé comme inaccessible aux communs des mortels dont la vie normée manque cruellement de référence humaine au-delà de l’ordinaire. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours aimé les récits d’aventure et plus généralement les biographies : pour ouvrir ma vision de l’espace du possible. Ce livre sincère et humain y contribue.

Au-delà de l’aventure on y trouve aussi – et c’est rare dans ce genre de récits – une réflexion poussée extrêmement intéressante sur la vie, nos vies ; là encore dans une grande sincérité, honnêteté, sans artifice. J’ai ainsi beaucoup appris de cette confrontation incessante qui ressort du livre entre d’une part l’orgueil fou du marcheur qui dans ses actions de l’immédiat jouit d’une liberté totale mise en relief dans ce monde humainement figé qu’il traverse (monde reléguant le mouvement au rang de la technique) et puis d’autre part la grande humilité de ce même marcheur, homme seul, qui à chaque instant dépend de l’autre et plus généralement de l’humanité entière. Orgueil, volonté de puissance, indépendance totale, ego contre humilité, sagesse, acceptation des finitudes : allers-retours incessants dans nos vies à tous que l’auteur énonce ici avec une grande lucidité et clarté – renforcées, je trouve, par cette excellente trouvaille du dialogue avec Don Pedro, personnage imaginaire et fantasmatique qui apparaît de temps à autre au cours du récit.

Enfin et surtout, j’admire le courage de l’auteur de livrer aux autres ces parts intimes de lui-même. Dans son dialogue avec Peggy, une jeune femme de rencontre sur le mont Sinaï, il s’interroge sur le sens de la vie, la question de l’être. L’auteur lui répond n’avoir rien trouvé "qui ne figure déjà dans les livres", ces livres "parfois très beaux, mais ce sont les autres qui les ont écrits". Je trouve cette réponse d’autant plus belle qu’elle est écrite ! écrite dans un livre qui apporte des débuts de réponses. Là justement cette force de la publication, de pouvoir s’exprimer, dire, crier au monde ce que l’on est. En somme au-delà de l’aventure elle-même, l’écriture du livre et sa publication apparaissent peut-être comme la réponse la plus aboutie. Une réponse dans l’affirmation de soi et le partage avec les autres.

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Le consentement d'Alexandre

Un livre qui démarre fort et que l’on n’a pas envie de lâcher. Dans ce roman très riche et extrêmement bien documenté, j’ai vraiment vécu avec les personnages : ce n’est pas quelqu’un qui me racontait une histoire mais j’étais vraiment dans l’histoire, en compagnie de personnages bien campés et qui possèdent chacun leur personnalité propre. Bien que le livre soit long (550 pages), cela ne m’a pas rebuté et d’ailleurs, ce n’est pas inhabituel pour les romans historiques. Et c’est aussi plus qu’un roman historique : roman psychologique – on entre vraiment dans la tête d’Alexandre pour suivre sa transformation, son balancement entre l’homme et le mythe – et roman qui fait la part belle aux sentiments – le triangle amoureux entre Alexandre, Roxane et le Kaïros, le général qui mènera la rébellion de l’armée ne sert pas seulement de prétexte et entretient le suspense tout en se mêlant à l’action principale.



Dès les premières pages, on entre dans l’histoire avec l’assaut incertain d’une forteresse inexpugnable aux confins de l’Ouzbékistan actuel et le récit se poursuit sur une durée d’environ 18 mois dans les actuels Afghanistan et nord du Pakistan jusqu’à la frontière avec l’Inde. Les décors de cette Asie centrale sont très bien rendus. On s’y croirait ! La mousson, par exemple, est très réaliste. J’ai vraiment été transportée hors du temps et de l’espace.

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Pèlerin d'Occident : A pied jusqu'à Rome

« La durée du voyage à pied, c’est le phrasé qui transforme du solfège en musique.«



Le texte de ce récit est l’illustration de ce bel aphorisme. L’auteur, François–Xavier de Villemagne au nom prédestiné (‘Magna Villa’) est un pèlerin original autant qu’un marcheur non conventionnel : pèlerin qui veut rejoindre Rome depuis Paris seulement après être descendu tout en bas de la Botte, et marcheur qui chausse des sandales de préférence à des godillots, comme lors de précédente marches de Paris à Jérusalem ou encore dans le Hindu Kush du nord du Pakistan !



Dès lors, l’originalité de l’homme se retrouve dans le regard qu’il porte sur le monde et sur le sens de son périple comme en atteste cette citation en exergue.



Les raisons de son départ sont dites au fil des pages et l’on comprend qu’aucune ne supplante les autres. Pourtant une résume toutes les autres et elle a pour nom Peggy, une Américaine rencontrée à Jérusalem à l’issue de son précédent pèlerinage, qui lui avait écrit : « Forget you ! [T’oublier !] Comment pourrais–je oublier ton regard ?. » Et c’est pour recouvrer ces yeux clairs lavés par huit mois de marche et ce regard « simple, clair, posé, dense, profond« où l’on lisait la vérité que François–Xavier de Villemagne repartit.



Autant le récit du premier pèlerinage Pèlerin d’Orient, à pied jusqu’à Jérusalem montrait un homme « malheureux comme une pierre« qui se défaisait longuement de ses cuirasses, autant ce pèlerinage–ci emporte l’adhésion pour cet homme plus en paix avec lui–même et qui pour cette raison décrit les personnes rencontrées non pour ce qu’elles lui apportent mais pour ce qu’elles lui permettent de comprendre de leurs vérités.



Ainsi une Suissesse à qui il annonce qu’il priera pour elle à Rome lui répond–elle avoir essayé plusieurs fois de croire sans avoir jamais réussi. Et François–Xavier de Villemagne de relever une sorte de regret, « peut– être aussi l’envie devant ceux qui ont reçu la grâce de croire. »



Plus loin, en Suisse encore, le pèlerin, accueilli par une famille de cinq enfants dont le deuxième souffre d’autisme et d’épilepsie, est saisi de la joie de vivre qui demeure dans cette famille où cet enfant–ci « semble avoir trouvé sa juste place et pas seulement la place unique. »



De même en Italie, une Mère supérieure d’un couvent où ne vivent plus que quatre moniales très âgées croule sous les tâches harassantes, matérielles et spirituelles. Elle lui déclare que les moniales ayant toujours vécu ici, leur place est là et la sienne aussi. Elle acquiesce quand il parle de bonheur, « non pas une oisiveté béate mais cette certitude intime d’être à la bonne place. J’ai l’impression d’avoir formulé… l’intuition floue d’une évidence… Et je lis la reconnaissance dans son regard. »



Cette réflexion sur la juste place est récurrente dans le récit, y compris dans ses réflexions sur la juste place de la foi dans la société des hommes. Elle lui inspire une observation riche d’enseignement à la faveur d’un débat télévisé qu’il relate ainsi : « J’ai vu les convictions de l’Eglise défendues avec force par un homme jeune, ordinaire, moderne et pas coincé, qui ne s’en laissait pas conter et dont les avis étaient respectés par ceux qui les attaquaient… Quel bol d’air pur en comparaison de la chape laïciste qui pèse sur la France ! » Vérité d’un pays, vérité des personnes.



Plus au sud encore, à Otrante, point le plus oriental de l’Italie, devant les ossements exposés de huit cents hommes qui furent décapités en 1480 pour avoir refusé d’abjurer, il se remémore les mots d’un rabbin qui en appelait à la pudeur en faisant visiter le mémorial Yad Vashem à Jérusalem où sont exposées des photos de déportés nus au bord d’une fosse d’un camp d’extermination. « Les photos qui se trouvent dans mon dos, je refuse de les regarder et je vous supplie d’agir de même. Il ne s’agit pas de nier, mais songez seulement : si c’était votre père, si c’était votre mère qui étaient là, tremblants, humiliés, à quelques secondes d’une mort horrible, accepteriez–vous de lever les yeux sur eux ? Accepteriez–vous qu’ils soient livrés en pâture au regard des autres ? » Juste place, juste regard.



Et parce que tout pèlerinage a une fin, la fin de celui–ci prépare merveilleusement au retour à la vie ordinaire par le compte–rendu d’une soirée à l’ambassade de France animée par un Français, prêtre et diplomate à la fois, que le regard affuté de François–Xavier de Villemagne croque sans rien perdre de l’affectation et de la prétention du personnage. Il est aussi permis de rire à se tordre pendant un pèlerinage !



Au final, de même que ce pèlerin a fait œuvre de poésie dans la citation en exergue, de même le récit de ce pèlerinage nous exhorte à faire de notre vie une poésie, au sens étymologique du terme grec ‘poièsis’, qui est l’acte de création.
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Pèlerin d'Orient : A pied jusqu'à Jérusalem

Un banquier qui devient pèlerin après un burn-out.

On le suit de Paris à Jérusalem, dans ses réflexions, ses prières. Friande de ce genre de textes, récits de voyages au goût initiatique, je ne me suis pas attachée au personnage, peut-être parce que trop loin de moi...

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Pèlerin d'Orient : A pied jusqu'à Jérusalem

Moi qui n’achète presque jamais de livres autres que des romans, je viens de dévorer le récit authentique d’un mec qui est allé de Paris à Jérusalem à pied. Un voyage passionnant et surtout très bien écrit ! Sans jamais lasser, l’auteur nous livre ses impressions les plus marquantes sur les lieux qu’il traverse et les gens qu’il rencontre. Il expose son orgueil sans complaisance tout en se posant beaucoup de questions pour tenter de trouver un sens à sa vie (il est cadre supérieur dans le secteur bancaire). Une histoire très prenante qui se lit comme un roman.

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Pèlerin d'Orient : A pied jusqu'à Jérusalem

Ce livre, beaucoup moins exposé que les gros calibres qu'il côtoie sur les rayons "aventures" des librairies, est pourtant l'un des meilleurs. Pas tant par l'exploit en tant que tel (dans ce domaine on peut toujours faire plus), que dans la profondeur des réflexions, subtil dosage de l'expérience quotidienne et d'une quête spirituelle qui élève le vécu vers les questions essentiels de l'existence : que faire de ma vie ? comment concilier mes aspirations personnelles et ma volonté de puissance à la coexistence avec autrui ? L'élément religieux dans ce livre a l'importance du fond sans briser la forme et encore moins enfermer la pensée dans un carcan moraliste et castrateur. Le tout avec un art du récit qui fait de FXV un admirable conteur. On attend le prochain livre avec impatience.
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