Citations de Françoise Bourdon (282)
Il estimait que les religions, quelles qu'elles soient, étaient à l'origine d'un nombre beaucoup trop important d'atrocités.
Nevart n’oublierait jamais les scènes de cauchemar qui avaient jalonné un périple harassant, par les chemins les moins praticables. Ses compagnons et elle marchaient, hébétés, épuisés.
« Diriger une entreprise, c’est prendre chaque jour des risques ! »
Vivre aux côtés d’un peintre lui avait aiguisé le regard. Elle ne pourrait plus se contenter de l’existence étriquée des Lefort, désormais, ni de leur univers borné par les verdoux. C’était peut-être pour cette raison qu’elle avait choisi de couper les ponts avec sa famille.
Les ardoisières étaient un monde d’hommes, même si, depuis les premiers temps de l’exploitation, des femmes avaient travaillé à pomper l’eau avant que l’on ne fasse l’acquisition de pompes à vapeur capables de refouler près de vingt mètres cubes d’eau à l’heure.
Il était tombé sous le charme d’une beauté blonde aux yeux couleur d’ambre, vêtue de soie lilas. Quelques minutes lui avaient suffi pour apprendre qu’elle se nommait Hermine Pratte et venait d’arriver, flanquée de sa mère, au moulin à couleurs de son oncle et sa tante, Paul et Marie Pratte, situé près de Mézières.
Sans même prêter attention aux propos de Mathilde qui ne pensait qu’à la fabrique, Séverin se surprenait à rêver. Avec une épouse comme Hermine Pratte, il aurait peut-être le courage de s’opposer à sa mère, de fuir Brohant, où il périssait d’ennui.
Peut-être…
1825
Un oiseau de proie tournoyait dans le ciel presque trop bleu. La main placée en visière, Sosthène Lombard suivait ses évolutions en se demandant si un agneau n'avait pas échappé à la vigilance de Jean-Baptiste.
- Heureuse ? Franchement, mère, je ne sais pas. J'ai en moi des désirs de réussite, de vie pleine, et je me heurte aux classes sociales. Il me semble que ce serait plus facile si nous appartenions à une famille fortunée.
- Le crois-tu vraiment ? Regarde... Marie, André et leur petite Céleste. Ils ne seraient pas plus comblés s'ils habitaient un château !
Margot fit la moue.
- Oh ! Marie s'est toujours satisfaite de peu ! Moi, j'attends plus de la vie. Notre famille a besoin d'une revanche.
L’enfant sourd a longtemps été considéré comme malformé, et pour le Moyen Âge, il était vu comme un infirme. Cependant, dès la Renaissance, la situation a évolué. Ainsi, Rabelais et Montaigne nous parlent de langue des signes à propos des enfants sourds et, en France, dans la deuxième moitié du siècle dernier, l’abbé de L’Épée a eu l’idée d’utiliser la langue des signes pour instruire ces enfants.
Ils étaient jeunes, ils s’aimaient. Comment la vie ne leur serait-elle pas apparue sous les meilleurs auspices ?
- Nous habitons une région bénie des dieux ! lança Félicien avec enthousiasme.
Miel, vin, épeautre, fruits du verger, légumes du potager, gibier, viande de nos moutons... Et les rabasses, bien sûr.
- J'aime bien ce mot, commenta Pierrot, la bouche pleine. La rabasse, ça sonne mieux que la truffe.
- Et comment !
La guerre les avait tous profondément marqués, de même que le climat de vengeance et d’épuration régnant dès 1945. Il fallait rattraper les années perdues, vivre, vite, pour oublier la torture, les convois de déportés, les trahisons, la faim et la peur.
Le travail ne manquait pas aux champs, anciens paluds et jonquières transformés en garancières. Après les grands froids, en effet, il importait de « déchausser » les plants couverts d’un « manteau » de terre. Camille aimait bien ces expressions, qui lui rendaient la garance encore plus familière. Cette plante insensible à la grêle et à la pluie avait cependant quelques exigences. Elle préférait un sol meuble, un climat ensoleillé, mais réclamait aussi de l’humidité. D’où l’attrait pour les garanciers des paluds, les anciens marais asséchés. De façon paradoxale, la plante, vivace, qui donnait un beau rouge profond, avait des fleurs d’un blanc jaunâtre.
Juchée en haut de son échelle, la jeune fille éprouva un sentiment grisant de liberté. Elle cueillait à la main, d’un geste sûr, les fruits presque noirs, en prenant bien garde de ne pas les blesser de ses ongles, pourtant coupés court. Lucette Champayé utilisait une protection en corne de chèvre recouvrant ses doigts.
« Je peigne, ça va plus vite ! » affirmait-elle, mais Lucrèce aimait à garder le contact avec ses olives à la peau mince et craquante. Chaque fois que son panier était plein, elle détachait la ceinture, liait son anse avec celle-ci, le faisait descendre de l’arbre et demandait aux « oliveurs de terre » de le lui vider avant de le faire remonter par le même moyen.
La guerre, Lucrèce… C’est peut-être bien le pire fléau, qui réveille les instincts meurtriers des hommes, et pourtant… quand on me fait lire les lettres de nos pauvres gars partis au front, je vois en filigrane le fatalisme, la résignation, plutôt que le désir de tuer. Nos « poilus » n’en peuvent plus. Trop de misère, trop de souffrances, des conditions de vie – ou, plutôt, de survie – inacceptables. La paix… si tu savais à quel point j’y aspire…
La mort de Lafforgue, à la fin du repas de noces, avait jeté une ombre sur la fête. Il se chuchotait déjà derrière les volets clos du village que la mariée portait malheur. Avait-on jamais connu pareil drame ?
Il imaginait trop bien son père le soumettant à un feu roulant de questions. Qui était cette jeune femme ? Que faisaient ses parents ? Fréquentait-elle l'office du dimanche ? Autant de pièges incontournables. Eloise la rebelle n'appartenait pas au monde des Descharmes. Ils seraint horrifiés s'ils avaient vent de la place qu'elle avait prise dans la vie de Clément.
L’amour… Catherine s’en défiait. Rien de tel pour vous retrouver grosse, avec vos illusions en guise de dot. Son fiancé avait rompu deux semaines avant le mariage, sous le fallacieux prétexte que sa mère ne s’entendrait jamais avec Catherine. Elle avait pleuré, en se maudissant. Avait-on idée d’être aussi stupide ? Les hommes ne tenaient jamais leurs promesses, c’était bien connu.
Des « femmes debout », chez qui le café, boisson sacrée en Ardenne comme dans le nord de la France, était maintenu au chaud tout au long du jour.
Parce que les gens de mon pays natal, s’ils sont réservés, ont aussi le sens de l’hospitalité. Et, lorsqu’ils vous accordent leur confiance et leur amitié, c’est pour la vie…
C’était une sensation merveilleuse de tenir le public en haleine, de donner vie aux personnages qu’elle incarnait.