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Critiques de Frédéric Pommier (95)
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Suzanne

Suzanne - Frédéric Pommier - Roman - Éditions Pocket - Lu en août 2022.



"Portrait d'une battante ordinaire qui devient, sous la plume de son petit-fils, extraordinaire" Jérôme Garcin - L'Obs



"Il y a des livres rares qui, une fois refermés, ne vous lâchent plus tant ils vous ont bouleversé. Suzanne en fait partie" Sandrine Bajo - Le Parisien.



Et moi, j'ajoute que Suzanne, c'est vous, c'est moi, ce sont ces millions de grands-mères de par le monde qui furent, on l'oublie trop souvent, des petites filles, des ados, des femmes, des mères, des veuves, divorcées, des solitaires, et certaines aussi hélas, des orphelines d'un petit-enfant... Des grands-mères avec leurs souvenirs, leurs désirs, leurs regrets, leurs amours et oui, celles qui ont encore des projets plein la tête.



Je me suis retrouvée dans l'histoire de Suzanne, sans avoir fait le même parcours, sans avoir encore son âge mais je m'y approche, le temps se fait éclair, j'ai l'impression que les jours rétrécissent, qu'ils n'ont plus 24 h !!!



Suzanne, si vivante, si dynamique se retrouve un jour dans une maison de repos, je devrais dire la maison du dernier repos.



Son petit-fils nous raconte Suzanne depuis sa naissance jusqu'à sa presque fin, en alternance entre passé et présent, avec au milieu des chapitres une parenthèse sur les ressentis de sa grand-mère dans la maison de repos.



Deux petits exemples :



Depuis plusieurs semaines, Suzanne vit dans l'obscurité de sa chambre. Le volet est cassé, plus moyen de le relever. Malgré ses nombreuses demandes, personne ne vient le réparer. Suzanne ne demande plus. Il faudra deux mois pour le réparer.



Alors, un jour, désespérée, "Suzanne se lève de son Everstyl et, en se tenant à la rampe du lit, s'approche du Jésus en bronze , "Toi, tu ne pourrais pas faire quelque chose pour mon volet ?... Tout en caressant la chaînette de la médaille de baptême de son défunt mari, elle attend un miracle. En vain. " pge 15



Son petit-fils a pris sa plus belle plume enrobée d'amour pour nous conter la vie de sa grand-mère Suzanne, de 1922 à 2018. J'ai tenu compagnie à Suzanne, cette charmante dame m'a fait sourire, rire et m'a serré le coeur aussi et je me suis dit : et toi, qu'est-ce qui t'attend ?



J'ai beaucoup aimé cette lecture tendre et pleine de l'affection et de l'attention de son petit-fils sous le regard de Frédéric Pommier dont c'est le premier roman.



Je souhaite à toutes les grands-mères (et les grands-pères) d'avoir un petit-fils ou une petite-fille aussi aimant(e) et attentionné(e) .



Je termine ma chronique avec la devise de Suzanne : SQM - Sourire Quand Même -



Bravo Frédéric Pommier, un superbe premier roman.



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Suzanne

En alternant des passages marquants de la vie de Suzanne et sa longue " fin de vie " dans un EHPAD particulièrement inhumain et dégradant, Frédéric Pommier , à travers le destin de sa grand - mère fait beaucoup plus que nous raconter " une vie " , il nous place face à notre propre destin et , il faut bien le dire , le tableau n'est guère réjouissant quand on voit se rapprocher inéluctablement le moment où....La vie de Suzanne n'a rien d'extraordinaire si l'on s'en tient au sens strict du terme . Famille aisée , mère dure et blessante , père aimant mais lointain , fuyant plus sa femme que sa vie de famille ..... Mariage heureux mais plus porté vers le respect de l'époux que vers un partage de sentiments et d'émotions fortes , des naissances heureuses et des deuils douloureux , une vie faite de hauts et de bas comme il en arrive bien souvent ...Et puis , une longue , longue , de plus en plus longue et difficile analyse de la déchéance due à l'inéluctable vieillesse , cette vieillesse que l'on cache dans des instituts où un personnel désabusé , démoralisé, débordé fait " involontairement payer " le discrédit sociétal dont il est victime à tous ceux qui ne réclament pourtant que peu de choses , un regard , un sourire , quelques mots , ces mots que les proches ne sont plus en mesure , non plus , de leur apporter ...Travail , enfants , soucis du quotidien ou ...peur de l'effet - miroir ... Et , peu à peu , l'auteur nous plonge dans la déchéance qui nous guette , comme elle a guetté et emprisonné Suzanne, cette si belle femme , cette si belle personne que nous avons accompagnée tout au long d'une vie suggérée plus que racontée. En effet , pour la relater , le style est " sec , brutal " , les mots claquent et nous mènent à l'essentiel , car l'essentiel , justement se trouve plus dans cette longue descente vers l'âge redouté , le terrible moment de la vieillesse que De Gaulle a qualifié de " naufrage " . Trés beau livre- hommage d'un petit- fils à sa grand - mère , un livre où pointent la tendresse , l'amour , l'admiration , mais aussi , je crois , la culpabilité et , sans doute aussi la crainte de cette vieillesse qui s'inscrit un peu plus distinctement chaque jour sur un miroir qui ose de moins en moins nous révéler , comme dans la " Belle au bois dormant " , qui " est la plus belle ( ou le plus beau ) ". Ce n'est pas le temps qui passe , c'est l'être humain , c'est nous et puisque tout est inexorable , il ne nous reste qu'une chose à faire et de toute urgence : profiter !!! Vaste programme , certes , mais beau programme . Des livres comme celui- ci sont de beaux " modes d'emploi ", de beaux livres didactiques dans lesquels il nous faut puiser ....des leçons à méditer et à consommer ...sans modération . C'est Suzanne elle - même qui le dit" SQM". En son temps , le regretté Pierre Desproges avait recommandé à ses contemporains de " vivre heureux en attendant la mort " .....Alors , quand faut y'aller , faut y'aller , VIVONS . On verra bien ....Demain est un autre jour...
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Suzanne

Malgré les éloges qui fleurissent sur ce roman, je suis littéralement passée à côté et me suis ennuyée ferme.

On suit ici toute la vie de Suzanne. Une page pour chaque année et un paragraphe pour sa vie actuelle dans un EPHAD. La vie de Suzanne, son enfance, son mariage ou ses maternités ne m’ont pas passionnée. C’est plat et à mon sens, sans grand intérêt. Parce qu’une page pour une année, ça ne laisse évidemment que peu de place à l’émotionnel et aux détails et remous intérieurs.



Bien sûr, le peu que l’auteur transmet sur les conditions de vie dans une maison de retraite est d’une triste réalité affligeante. Ça suinte la misère et la déchéance. Bien sûr si on est parvenu à s’attacher au destin de Suzanne, à ses grandes années, on ne peut que pleurer face à ce déclin qu’entraîne la vieillesse.



De mon côté, je suis restée de marbre faute à un style littéraire froid et clinique. Si la vie de Suzanne m’a semblé très banal, j’aurai voulu au moins y goûter de la chaleur, de la clameur, et me sentir proche de cette Suzanne. Mais je suis restée à quai. Ça arrive.
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Suzanne

Quand j'étais adolescente, j'écoutais avec passion ma grand-tante , ma marraine de coeur aux accents d'Alsace chantante, raconter toutes les aventures de sa vie et je rêvais de les transcrire par écrit... Frédéric Pommier l'a fait pour raconter sa grand-mère.



Entremêlant subtilement le présent de Suzanne en maison de retraite , alors qu'elle a maintenant quatre-vingt seize ans, et le déroulement de son existence depuis sa naissance, il offre un portrait passionnant et attachant d'une femme originale, pétillante, moderne pour son époque, curieuse de tout, qui se plaît, plus âgée, à jouer à la vieille dame indigne, conduisant vite au volant de sa voiture, emmenant son petit-fils en escapade, buvant rosé ou champagne avec entrain...



J'avais un peu peur de lire ce livre car les détails malheureusement justes ( je les ai observés) de la vie en Ehpad sont poignants mais l'humour et le caractère si déterminé à profiter de l'existence, malgré les deuils, les manques, de Suzanne ont eu raison de mes réticences . SQM, son sésame, son défi, sa résistance: sourire quand même...



J'ai souri effectivement , j'ai eu les larmes aux yeux aussi. En plus , cette Suzanne a quelques points communs avec ma petite maman, à qui je vais m'empresser de prêter ce livre: à quelques années près, elle a vécu les mêmes époques de l'Histoire, elle porte depuis toujours " Paris" d'Yves Saint Laurent, elle roulait vite en voiture, elle dévore les livres ...



" Suzanne a quatre-vingt quinze ans mais prétend n'en avoir que quarante dans sa tête. Ce n'est pas toujours vrai. Parfois, elle en a dix."



Une promenade très émouvante, revigorante aussi, sur les chemins de la vie de Suzanne. Écoutons nos aînés, ils ont des choses à nous confier, à nous transmettre.



Je conclurai avec quelques vers du carnet jaune de Pierre, son mari tant aimé, trop tôt parti:



" Le temps n'est pas venu où l'on ferme le livre

Quand la branche se casse et que l'arbre est séché

Le jour m'assoiffe encore et j'ai hâte de vivre

Et de trouver demain ce qu'hier j'ai cherché"....



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Suzanne

Je ne connaissais pas Frédéric Pommier comme homme de radio mais j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir sa plume dans ce récit plein de tendresse qu’il consacre à sa grand-mère.

Nous découvrons Suzanne dans la partie la plus sombre de sa vie, isolée dans un EHPAD.

Le volet roulant de sa chambre ne fonctionne pas depuis plusieurs semaines. On lui dit que la pièce nécessaire à la réparation est en commande.

Alors, Suzanne essaie d’appliquer une fois de plus la devise qui a guidé sa vie « sourire quand-même - SQM ».

J’ai ressenti beaucoup d’émotion à la lecture de ces lignes. La vie de Suzanne dans cette maison de retraite est triste, le personnel est débordé, les soins sont bâclés faute de temps, la nourriture est immangeable.

« Insipide, indigne ! Tout ressemble à de la bouillie. Même à des animaux, on n'oserait pas servir des plats aussi mauvais ! Et puis, pour le fromage, on n'a même pas d'assiette : ils nous le mettent dans la main... »

Avec un sens de l’humour qui ne la quitte pas, la vieille dame considère ce traitement plus efficace que le meilleur des régimes amaigrissants.



Frédéric Pommier revient également sur la vie de cette femme moderne, drôle, passionnément amoureuse de la vie.



Le récit est tellement sincère et remarquablement écrit, qu'il touche au coeur, donnant couleurs et vie à cet amour inconditionnel qui unit parfois enfants et grands-parents.

Comment ne pas être ému par ce texte ? La vieillesse et la tristesse des fins de vie dans ces structures déshumanisées concernent chacun de nous.

Comment rester insensible face à la détresse des résidents, mais aussi du personnel soignant qui manque de moyens pour accomplir un métier ô combien difficile ?



Sans tomber dans le pathos, Frédéric Pommier nous donne à lire un récit bouleversant et criant de vérité.











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Suzanne

Frédéric Pommier, journaliste à France Inter nous livre le récit de la vie de sa grand-mère née en 1922 au Havre.

Elle a traversé une vie avec de multiples évènements mais tout cela est narré sur un style froid, lointain, qui ne m'a pas accroché.

Les étapes du séjour en EHPAD valent la peine d'être lues. Elles sont longuement racontées et sans pitié avec une Suzanne qui subit tous ces mauvais traitements dépourvus d'égards et de respect pour la personne qu'elle est, qu'elle a été.

Une horreur !

Au moins ce livre nous éclaire et va nous aider si on est un jour dans le cas à bien choisir un établissement pour un des nôtres ou pour nous car j'avance en âge.

Comme l'auteur le souligne bien, il faut un lien entre la vie de la personne et son séjour en maison de retraite. On ne peut pas effacer son existence. Suzanne finira par changer d'établissement.

J'ai ressenti ce livre comme un combat pour respecter l'extrême vieillesse bien plus que la vie de Suzanne racontée sans grande passion.
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Suzanne

Je ne ferai pas un long commentaire , tout a été dit déjà.

Je noterai simplement un couplet du dernier poème écrit par Pierre ,le mari tant aimé de notre héroïne : Suzanne .



«  Pourtant je sens encore la fraîcheur de la brise

Qui caressait hier nos jours ensoleillés

Ou bien n'est - ce qu'un songe et l'horrible méprise

Qui laisse un goût de cendre à nos coeurs éveillés... »



L'auteur, Frederic Pommier dans ce récit poignant , lu d'une traite , tisse , croise , conte, au cours de petits chapitres alternés la vie de Suzanne: sa grand- mère magnifique.



Elle a traversé le siècle , connu la seconde guerre , enduré les épreuves de la vie, la solitude , les deuils , avec un credo SQM : sourire quand même ...



Elle aime le théâtre, les voyages ,les fêtes de famille , les soirées entre amis, son mari Pierre , passionnément , très tôt disparu , ses quatre filles fleurs : Marguerite , Iris, Rose, Violette ...



Elle aimerait visiter New- York, et être comédienne , ah, ça oui, elle adorerait !

Vive et pétillante ,active, moderne , drôle , lucide, battante , en avance sur son époque, elle conduit sa voiture , pratique le tennis , une tornade !



Après une énième chute, résignée, en 2017, à 95 ans : elle intègre un EHPAD, subit la nourriture insipide, bouillie sans saveur sans couleur, cris , infantilisation , humiliations, douche à moitié froide une fois par semaine , le manque de temps du personnel, mal formé et mal payé .



Mais a- t- il le choix ce personnel? Jamais assez nombreux , pressé , dépassé, débordé ?

De trop jeunes femmes mal armées , est-ce leur faute ?

Ne restent pas dans la structure, je l'ai vérifié auprès de quelqu'un de très proche ,( infirmière ) qui s’occupe de ces problèmes délicats .



La vieillesse , le grand âge, l'infinie tristesse de ces structures déshumanisées , froides, concernent chacun de nous !

Mais comment améliorer cet état alors que l’on sait qu’il y aura de plus en plus de personnes âgées au sein de la population française ?



Un récit fort, vrai, pétri d'amour , d'une tendresse infinie , honnête et sincère , sans pathos , criant de vérité, on sourit , on réfléchit , mais les larmes parfois affleurent ...



Coup de coeur, un livre que chacun pourrait lire .....



Grand merci à Sabine , une fois encore , qui me l'a fait découvrir!



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Le quart d'heure de célébrité



Je n'ai pas connu Frédéric Pommier par la radio et son émission sur France Inter les vendredis matin "Le quart d'heure de célébrité" mais par son formdiable précédent livre, Suzanne. Ce qui m'avait frappé à sa lecture - il parlait de sa grand mère et du traitement déshumanisé qu'elle subissait en maison de retraite, nous interpellant tous sur le façon dont on traite "nos vieux" aujourd'hui en France - c'était sa profonde humanité.



Pas de sensationnalisme, ni de misérabilisme mais une justesse, une tendresse et de l'humour pour parler de cette femme et plus largement de notre époque.



Tous ces ingrédients, on les retrouve dans le recueil de ses chroniques diffusées sur France Inter. pendant trois ans.

On retrouve avec énormément d eplaisir toutes ces histoires qu'il consacre à ces gens ordinaires, ces "anonymes" propulsés, un jour, sur le devant de la scène dans Le quart d'heure de célébrité.



Une miraculée de l'Himalaya, une maîtresse d'école confinée sur la Toile, un tranquille retraité pris pour un assassin, une veuve amnésique qui oublie son malheur, une lycéenne prête à tout pour sauver ses parents du surendettement, qu'ils soient victimes, rebelles, audacieux, courageux, Frédéric Pommier nous raconte en 66 histoires ces héros et héroïnes du quotidien.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Suzanne

Suzanne n'a pas été toujours une vieille personne. Elle a été petite fille, jeune femme, amante, une vie partagée entre sa vie maritale avec Pierre et sa vie maternelle puis grand-mère.



De 1922 à 2018, on va suivre l'histoire de Suzanne alternant passé et présent. Sa vie et son quotidien dans un ehpad. Les repas, la toilette, le manque de temps et le manque de personnel, le manque de considération, d'attention... Souvent humiliant, dégradant. Évidemment, ce n'est pas le cas de toutes les institutions et heureusement mais c'est le quotidien de Suzanne.



Son mantra, qui ne la quittera pas de sa vie, est SQM. Sourire quand même... Peut-on sourire quand même dans ces cas-là?



Son petit-fils, Frédéric Pommier recueille ses moments de vie, ses malheurs comme ses petits bonheurs au fil du temps, des époques.



Faut-il se réjouir d'avoir bien vécu et accepter sa condition lorsqu'on est âgés? Bref, cette histoire de vie est presque nécessaire. (...)



Ma page Facebook Au chapitre d'Elodie
Lien : http://auchapitre.canalblog...
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Suzanne

Chronique d'une vie, une longue vie avec ses bonheurs et ses malheurs.

Frédéric nous raconte sa famille et surtout Suzanne, sa grand-mère femme au caractère bien trempé et l'histoire se lit avec plaisir et intérêt et puis dans ce livre qui remonte le temps, s'intercale de courts chapitres qui nous racontent Suzanne âgée, Suzanne en Ehpad et là l'histoire on la connait déjà, tant on sait comment cela se passe là-bas.....

J'y retrouve ce que vivent mes beaux-parents, même âge mais plutôt résignés et abattus.... Le linge perdu ou abimé ( 160 € par mois pour ce service), les repas infects, les animations infantiles et surtout le staff administratif... La directrice, la secrétaire à l'accueil , elles sont tout sourire mais totalement inefficaces et fausses. le personnel accompagnant, qui semble agréable et plutôt gentil mais débordé... C'est idiot de mettre ses parents dans une maison de retraite à but lucratif qui est là pour faire du bénéfice mais plus cher et avec un personnel moindre ( ah oui lucratif on a dit...)

Alors ce livre il m'a remuée mais je le savais avant de le lire. Frédéric Pommier a rendu un bel hommage à cette grand-mère qui impressionne par sa force et sa vie. Elle a changé d'établissement à la fin du récit. Espérons pour elle que là c'est mieux...

Récit utile qui se lit d'une traite.
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Suzanne

Ce que j’ai ressenti:



▪️Sourire…



Suzanne, c’est la tendresse des lignes d’un sourire. Ce livre, c’est de la douceur et des instants de vie que cette héroïne vole au temps…Une vie avec des temps forts et surtout des moments heureux. Suzanne est une femme captivante et pleine d’énergie, qui sourie à la vie en toute circonstance. SQM. C’est beau de sourire comme ça, avec la famille, les amis et les rêves qui dansent. Sourire de connivence avec cette féministe dans l’âme, et belle dans les rôles que sa vie de 96 ans lui donne à jouer…De bébé à vieille dame, elle est une femme qui surprend son entourage et nous lecteurs, évidemment, par son caractère bien trempé. Une histoire de vie ordinaire, mais le sourire aux lèvres en plus sur son visage! Une femme à suivre et à connaître: Suzanne…



« Je crois qu’on ne peut pas lutter contre un coup de foudre. »



▪️Quand même…



Parce que la vie, c’est aussi, remplie de drames et de larmes. Des actes ignobles et des manquements cruels. Des périodes sombres et des pas lents vers la vieillesse. Suzanne, c’est aussi une dénonciation des conditions de vie dans les Ehpad…Et c’est triste. D’une tristesse à pleurer. SQM, devient forcément plus dur à appliquer. Il faudrait sourire à quoi? Hein? À l’inhumanité? À cette fin de vie dans la souffrance et l’indifférence? À ce corps qui dépérit? Donc, oui, il faudrait sourire quand même…Même si, même si…Une histoire de vie ordinaire, mais le sourire défait quand même sur nos visages quand on lit ces pages…



« Vous pouvez me dire ce que c’est que ça? »



▪️Ainsi, va la vie…



En alternant, ces instants de vie entre joies et peines, nous avons une peinture de vie très émouvante, un portrait de femme intéressant. Frédéric Pommier arrive à mettre de la douceur et du drame avec une juste dose de mots, des petits bouts de quotidien qui brillent ou assombrissent nos impressions. C’est court et poignant. Quelque chose qui te fait sourire quand même, parce que ça ressemble étrangement à nos vies, à nos grands mères qui ont sur-vécues en ce siècle, et qui auraient tant à nous dire, si nous prenions le temps de les écouter…J’ai entendu celle de Suzanne, la tendresse de son petit-fils qui la raconte, ici, avec une délicatesse admirative.



"Elle lui a appris que les livres, parfois, peuvent sauver la vie."



Ma note Plaisir de Lecture 8/10
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Suzanne

Suzanne aurait pu être ma mère.

Comme Suzanne, je suis né à Sainte-Adresse, 76310 ;

comme elle, j'ai vécu près du Bassin du Commerce ;

comme elle, ma mère a vécu les bombes des Etats-Unis en 1944 ;

mon grand-père, boulanger rue d'Arcole, a peut-être rencontré son père, joseph, commerçant au Havre, lui aussi...

...et plein d'autres choses...



"Suzanne a 93 ans, elle prend ma main et la colle sur son visage, son front, sa tempe, sa bouche. Elle embrasse ma main puis ferme les yeux. Je plonge la tête dans son cou. Elle ne lâche pas ma main, la garde plaquée sur ses lèvres."

Quel beau passage, quel amour unit la grand-mère, et le petit fils Frédéric !

.

A 95 ans, elle tombe trop souvent ; Suzanne ne veut pas, mais elle rentre en EHPAD.

Son petit-fils la sort au restaurant de temps en temps, ses filles s'inquiètent de son sort.



Frédéric Pommier retrace la vie de sa grand-mère, une femme de caractère qui a "vécu".

L'auteur alterne les souvenirs par ordre chronologique avec les incidents à l'EHPAD où Suzanne finit sa vie.



C'est une merveilleuse histoire d'amour entre Suzanne et son Pierre parti trop tôt, puis entre Suzanne, ses 4 filles et 10 petits-enfants, dont l'auteur qui fera sa biographie.

Voilà une femme que j'admire, car elle a "réussi" sa famille !



Parallèlement, l'auteur raconte les nombreuses maltraitances ( cris, humiliations, douches une fois par semaine, repas fades ) faites à l'EHPAD sur ces personnes impotentes, mais dont certaines, comme Suzanne, ont encore toute leur tête.

Je sais ce que c'est, ma belle-mère est passée par là.



Suzanne, compatissante, excuse le personnel, jeune, mal formé, non empathique, et mal payé. Mais ses filles ont fait une lettre au directeur.

Le roman de Frédéric Pommier, sorti en 2018, a eu, il ne s'y attendait pas, un gros impact pour sa dénonciation des conditions inhumaines avec lesquelles sont traitées les personnes âgées.

Nous finirons peut être comme ça ?

Si, comme Suzanne, j'ai ma famille qui vient me voir et des bouquins que je puis encore lire, le reste, ce n'est pas trop grave : )



Comme disait le grand Charles, qui est parti avant :

"La vieillesse est un naufrage."
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Suzanne

Un hommage tendre d'un petit-fils à sa grand-mère. Un livre qui m'a touchée et que j'ai trouvé à la fois beau et terrifiant. La plume est pudique et sensible, parfois humoristique pour raconter le parcours de Suzanne.



On accompagne cette femme volontaire et plutôt moderne dans son existence ordinaire mais riche. On traverse le siècle à ses côtés, plongeant par exemple dans la seconde guerre mondiale ou mai 68 et l'évolution de la condition féminine. On regarde la petite fille grandir, éclore en jeune fille, femme, épouse, mère. On suit ses combats du quotidien. On se repose avec elle dans sa grande maison au jardin extraordinaire. On vit ses joies, ses peines, ses bonheurs, ses malheurs. On finit par la connaître de plus en plus. On s'attache à elle comme un membre de la famille. Elle c'est un peu nous.



Et cela devient une histoire universelle, celle du temps qui passe, celle qui conduit à la déchéance du corps, à la dépendance. En parallèle des tranches de vie de Suzanne, on la découvre en Ehpad, à 96 ans. On ne peut retenir sa peine, sa colère... Le contraste entre ces deux vies est percutant, révoltant.

Sont égrenés les dysfonctionnements liés au manque de moyens, de personnels, parfois d'humanité. On est témoin de la solitude, de l'infantilisation, de la maltraitance volontaire ou involontaire des résidents. On se dit que la vieillesse est bien cruelle.



On en ressort triste et heureux. Car Suzanne, malgré son grand âge et sa nouvelle vie, reste souriante et optimiste. Elle garde son âme de petite fille. Elle goûte encore les petits moments. Et on admire cette vie bien remplie, cette femme si douce, si persévérante, si drôle.

On se dit finalement que la vie est belle et qu'il faut en profiter.
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Suzanne



Frédéric Pommier, connu pour ses belles chroniques culturelles sur France Inter, nous parle dans son nouveau livre de sa grand mère de 97 ans, Suzanne.



Une femme qui a quasiment traversé un siècle, elle est née en 1922. Elle a connu la mode à la garçonne après la guerre, les allumeurs de réverbères, les voyages en train à charbon, la France occupée pendant la seconde guerre mondiale, l'indépendance de l'Algérie. Elle a été veuve à 40 ans et a élevé alors seule ses 4 enfants. Malgré les coups bas de la vie, elle a toujours gardé un appétit de vivre, une curiosité et cette devise SQM, "sourire quand même" quoiqu'il arrive.



Suzanne, c'est aussi le récit de son quotidien dans un Ehpad depuis 9 mois. Infantilisation de la part des aide-soignants (tout comme le racontait Grand Corps Malade dans son film sous prétexte qu'il était dans un fauteuil roulant) soins effectués de manière mécanique et sans aucune douceur même si Suzanne souffre, repas sans saveur ni odeur...



Et la maltraitance qui ne dit pas son nom mais dont il est bien question. 3 personnes en salle de réfectoire pour 90 personnes âgées comment travailler dans de telles conditions ? Alors on ne peut qu'avoir vraiment le cœur serré en pensant à toutes ces personnes âgées qui sont traitées aussi mal que Suzanne aujourd'hui.



Une société civilisée peut elle accepter sans broncher et qu'est ce qu'on attend pour réfléchir à d'autres lieux où vieillir dans la dignité ? Suzanne a changé d'établissement après avoir alerté sa famille. On espère fortement qu'elle a retrouvé depuis la qualité de vie et les liens humains que chacun mérite quelque que soit son âge et sa condition sociale.
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Suzanne

Quand mes enfants sont rentrés à l'école j'ai constaté à quel point on peut se retrouver dépossédé de sa personnalité et devenir "la mère de..."

Ici, Suzanne c'est "la grand-mère de Frédéric Pommier".

Mais pas que.



Suzanne, c'est une femme née au lendemain de la première guerre mondiale, en 1922. Son père était un éternel optimiste, sa mère tout en contraste voyait tout en noir. Suzanne s'est forgé son propre caractère, avec un mantra tenant en trois lettres, "SQM" pour "sourire quand-même".

Suzanne a traversé les épreuves, et son existence parsemée d'épreuves (la seconde guerre mondiale, excusez du peu) et de deuils tragiques n'en est pas pour autant devenue morne.

Car Suzanne, elle aime la vie. Les rencontres, les voyages. Elle joue très bien au tennis, un peu moins bien du piano. Elle adore conduire, vite si possible. Même à 80 ans passés elle suit ses envies : une bière en terrasse au mois de janvier, une bouillabaisse à 23h ne lui font pas peur



Son petit-fils nous la raconte avec délectation.

Et au milieu de ce récit il distille des fragments de sa vie en ehpad, très courts et pudiques, mettant en lumière les mauvais traitements matériels (nourriture immangeable, volet cassé pendant des semaines empêchant de voir la lumière du jour, toilettes espacées et bâclées) mais surtout l'immense manque de prise en charge psychologique. Les soignants consciencieux et attentionnés n'ont pas le temps ni les moyens d'offrir décence et dignité aux pensionnaires, et de toute façon ils se retrouvent en burn-out ou remerciés par la direction.

C'est comme si toute la vie de Suzanne n'avait pas existé, et son essence même se retrouve réduite au néant.



En lisant ce livre je me suis dit que tout descendant contraint de placer un aîné en "établissement", comme il est pudiquement appelé ici, devrait écrire un tel récit sur lui. Pour que cette personne reste elle-même, et non "une personne âgée", ou pire, "la chambre 205".

Et ça fait réfléchir.
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Suzanne

J’avais entendu Frédéric Pommier parler de sa grand-mère l’an passé sur France Inter, et j’avais trouvé sa chronique à la fois efficace et émouvante. On retrouve les mêmes caractéristiques dans l’ouvrage qu’il lui consacre.



Le livre commence en 2017. Vivant depuis quelque mois dans une résidence pour seniors, Suzanne a été admise à l’hôpital après une aggravation de son état de santé, des chutes, des oublis fréquents. Elle souffre d’arthrose, d’ulcères variqueux qui ne cicatrisent pas. Était-ce une raison pour sangler à son lit une dame de quatre-vingt-quinze ans ? Un médecin particulièrement condescendant fait un véritable chantage à la famille : je m’occupe d’elle si elle est placée dans un EHPAD dès que ses jambes seront guéries !



Une part de ce document se présente comme une biographie classique avec des chapitres datés selon les années, parfois plus précisément selon les mois. On suit Suzanne, la grand-mère de l’auteur, depuis sa naissance en 1922 jusqu’à son placement dans un EHPAD en 2017. En fait, l’histoire commence même un peu avant, à la rencontre de ses parents, juste après la Première Guerre mondiale. On regarde vivre les grands-parents de Suzanne et ses parents, puis Suzanne elle-même avec son mari et ses enfants. Les années défilent, remplies de joies et de peines, de bonheurs et de drames. La famille commence par s’élever socialement, mais connaît aussi de très mauvaises passes que Frédéric Pommier raconte pudiquement, en faisant toujours ressortir l’appétit de vivre de Suzanne, très active pour une femme de sa génération. Pour mieux situer son récit et l’ancrer dans la réalité, l’auteur évoque brièvement des personnages ou des événements contemporains à son histoire : Coste et Bellonte, Alain Gerbault, la création des magasins Bata, le premier discours d’Hitler diffusé à la radio, etc.



Présentée en alternance avec les chapitres datés, l’autre part de ce document concerne la vie de Suzanne en EHPAD ; les chapitres sont titrés selon les événements rapportés : « Le garçon », « La poubelle », « Les constantes », etc. Suzanne s’y retrouve infantilisée, parfois ignorée, parfois maltraitée, mais toujours pleine de vie, bien décidée à ne pas baisser les bras, pleine de compréhension pour les résidents comme pour les soignants, mais aussi prête à s’indigner : une femme attachante.



On ne peut bien sûr que s’insurger devant le manque de considération dont souffrent les pensionnaires de ces établissements. D’anecdotes en anecdotes, on s’indigne, on a du mal à y croire. Pourtant, à de rares exceptions près, Frédéric Pommier n’accable pas les soignants : ils sont évidemment trop peu nombreux, ils manquent de moyens, de temps pour laisser cours à la plus élémentaire bienveillance envers les résidents… La famille de Suzanne a eu les moyens de la changer d’établissement, mais nombre de personnes âgées se retrouvent coincées dans ces endroits où on les traite sans la moindre humanité, où l’indifférence ou le manque de temps se transforment en cruauté… C’est probablement ce qui attend ceux d’entre nous dont les moyens financiers ne permettront pas une fin de vie moins humiliante…

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Suzanne



Elle a quatre-vingt quinze ans, a échoué dans un Ehpad, et le roman navigue entre les humiliations, les abandons, la mauvaise nourriture,( la bougie d’anniversaire plantée dans un Flanby !) le manque d’égards, de cette année 2017 d’une part et la chronique, année par année, depuis sa naissance, sa jeunesse, le peu d’amour que lui porte sa mère, son mariage, sa vie de bourgeoise « un peu réac », d’autre part.



Suzanne grandit avec optimisme, SQM, sourire quand même, malgré les vraies souffrances qu’elle supporte, la guerre, les privations, et surtout la promesse faite à sa mère de ne plus voir son père après leur divorce, ce père qui l’aime et qu’elle aime, qui l’estime et qu’elle estime. On comprend à la fin du livre que sa mère d’une certaine manière a détruit sa vie, et pas seulement par cette promesse arrachée sous peine de suicide ( « si tu revois ton père, je me jette dans la Seine »)



C’est cependant une vie ordinaire que nous raconte Frederic Pommier, avec une écriture assez sobre et journalistique : les sentiments, on les devine, mais ils ne sont pas dits. Page 117, l’auteur ouvre une porte, en disant JE: Lui, c’est le petit fils de Suzanne, celui qu’elle embarque au Mont Saint Michel voir un coucher de soleil, lui qui raconte la vie de sa grand mère, d’une façon factuelle et froide, sans en rajouter. Page 117, c’est aussi la décision de Suzanne d’aller voir son père, qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans.

Dire que c’est « une déclaration d’amour, un ode au respect, un plaidoyer pour faire de la vie une fête » c’est sans doute très exagéré. De même, l’homme de sa vie, est en réalité celui avec qui elle est restée mariée toute la vie, et qu’elle n’a jamais remplacé après sa mort, mais avec qui elle n’a jamais eu de plaisir.



Moments poétiques cependant, lorsque le mari écrit en cachette des poèmes, qu’il sait que sa femme lira. Très belle attention et très belle prose( voir citation)

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Suzanne

C'est l'histoire d'une vie racontée par son petit-fils. Elle a 95 ans. La vieillesse lui prend tput petit à petit, mais surtout son autonomie. Elle n'a d'autre choix que d'intégrer une maison de retraite.

Ce livre va alors défiler une très longue pelote de laine qui va remonter la je de Suzanne de sa naissance en 1922 à aujourd'hui. Comme un journal de intime, on égrène chaque année remplit d'anecdotes, de moments de vie joyeux ou triste, des personnes qui comptent, ... Et c'est aussi l'histoire d'un amour entre Suzanne et Pierre. Un coup de foudre, une vie vécue avec amour mais qui fut aussi trop court.



Ce récit offre un portrait d'une femme ordinaire qui ne baisse jamais les bras devant les épreuves.
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Suzanne

J’ai une amie de 93 ans qui se prénomme Suzanne et qui vit depuis deux ans en EPHAD, aussi ai-je pensé lui offrir ce livre.

N’ayant pu le trouver en librairie, je m’apprêtais à le commander lorsque j’ai cliqué sur lui dans la dernière Opération Masse Critique. Un grand merci donc Editions Pocket et à Babelio pour avoir répondu à mon attente et permis de le lire.



Avec Suzanne se déroule une vie d’une de ces enfants du XXe siècle, une vie faite de petit bonheurs et de toujours trop grand malheurs. Au fond, rien qui, vu de l’extérieur, ne la détache de la banalité. Rien de comparable par exemple, aux « Carnets d’un vieil amoureux » de Marcel Mathiot. Cette banalité ne suffirait même pas à remplir ici ce récit si l’on en ôtait toutes les références aux grands événements du siècle qui parsèment le livre.



La vie de cette Suzanne ressemble tellement à la vie de la mienne !

Sa vie actuelle en Ephad est tellement émaillée des mêmes faits, tourments, désillusions, vexations qu’un temps je pensais lui offrir l’ouvrage pour maintenant y renoncer.

A quoi bon ?

Dernièrement la nouvelle jeune directrice de son établissement a décidé d’augmenter sa pension, parce qu’ayant été malade elle n’avait pas quitté sa chambre de quelques jours, de lui faire payer des frais téléphoniques supplémentaires alors qu’elle n’appelle que rarement et jamais ailleurs que dans la ville… Cette directrice gère cette Ephad, demain elle dirigera un centre commercial ou un musée avec la même efficacité financière. Son personnel est pressuré de toutes parts, il doit faire toujours plus vite...

Mais cette vie qui va vers sa fin n’atteint pas malgré tout l’indécence et la souffrance de tous ceux qui meurent isolés, non soignés dans la misère sordide de nos rues ou de nos campagnes car là on atteint le politiquement incorrect.
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Suzanne

Tout a commencé par une chronique de Frédéric Pommier sur France Inter. Une chronique sur Suzanne, sa grand-mère, qui réside dans un Ehpad, un établissement qui même s'il est cher ne respecte absolument pas les personnes qui y vivent. Ce matin-là, Frédéric Pommier est devenu la voix de ceux qui ne peuvent pas se plaindre, de ceux que l'on entend plus.

Ce livre est une version augmentée de la chronique. S'il y a toujours un témoignage fort sur les conditions de vie et de travail dans les Ehpad au centre du récit, le coeur, c'est Suzanne.

Suzanne, qui a 95 ans, a traversé le 20e siècle avec fougue et liberté. Grande bourgeoise, elle aime le tennis, le théâtre, le vin, conduire vite. Elle aime la vie, malgré les chagrins et les deuils. Sa devise, celle qu'elle portait fièrement au lycée Pasteur à Caen, Sourire quand même (SQM), montre à quel point cette femme est forte. Il y a pourtant eu bien des déconvenues dans sa vie, notamment l'escroquerie qui a fait perdre à ses parents leur magasin caennais et qui les a obligé à partir à Laval. Aujourd'hui, Suzanne sourit quand même, et elle n'a besoin que de fleurs, de livres et de la présence des siens.

Dans ce récit, on passe très vite du rire aux larmes. D'une escapade des plus folles à Marseille à la douleur de la perte d'un enfant. Frédéric Pommier est un chroniqueur de talent, et il réussit à garder la grande efficacité des textes courts. L'émotion arrive en quelques mots, en une chute très précise. Et ce qui fonctionne à la radio, marche aussi très bien à l'écrit. Ce livre est fait de très courts chapitres, et il se lit d'une traite, avec la voix de son auteur dans les oreilles.

J'ai été touchée aussi parce que ce texte se passe dans une région que je connais très bien, ce qui m'a permis de trouver vite mes marques dans le récit. Mais bien sûr, l'émotion la plus forte vient du fait que je suis la petite fille d'une grand-mère en Ehpad, que ce que subit Suzanne, elle le subit, que la culpabilité des filles de Suzanne, c'est aussi celle de ma mère. Frédéric Pommier a écrit un document d'actualité qui permet de mettre en lumière une situation aberrante, mais il serait dommage de limiter ce texte à cela. C'est avant tout un beau portrait de femme et une incroyable déclaration d'amour.

En refermant le livre, j'avais la gorge serrée, et envie de prendre la route pour aller voir ma grand-mère.

Elle s'appelle Hélène et elle a 91 ans.
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" Déjà il rêvait d'une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l'incessant déluge de la sotise humaine ".

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