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Critiques de Friedo Lampe (14)
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Au bord de la nuit

Au bord de la nuit, dans la ville de Brême, l'auteur campe ses personnages là où son regard semble se poser, comme par hasard. Il attrape au détour d'une rue, sous une pergola, derrière les fenêtres allumées, des scènes, des conversations, des bribes de vie à la tombée du jour. Comme un cameraman, avec pour fond d'écran le port, les bateaux, la pourriture de l'eau, les façades d'immeubles où la vie a ses habitudes, ses solitudes, la fraîcheur d'une fin d'été et le bruissement du vent, un banc dans un parc, les rats qui furètent et rongent dans les fossés gorgés d'eau.



Il entrelace les histoires brièvement aperçues en leur faisant suivre le cours d'une mélodie. Les notes d'une flûte s'échappent par une fenêtre entrouverte, la lune dore les nuages, les réverbères s'allument, un spectacle de catch attire les passants. Un bateau est prêt pour de départ, un voilier entre au port. Le train comme une chenille de lumière traverse ce temps d'un soir. Une petite fille fait un cauchemar, où les rats attaquent les cygnes, les dévorent cruellement…



Le temps s'écoule à travers cette tristesse révélée par les ombres esquissées. Une écriture pointilleuse, un travail d'artiste. On a l'impression de survoler de là-haut les nombreux personnages, de zoomer par instants, de tendre l'oreille, de donner un coup de projecteur, puis de prendre du recul pour voir ce qui se passe ailleurs. Changer de lieu puis revenir et comprendre que chaque instant est lié, que chaque personnage, sans vraiment se connaître, tisse une toile commune.



En 1933 ce roman fut saisi, retiré des librairies et des bibliothèques. Friedo Lampe eut sa fiche SUSPECT. Il montrait sans doute trop les faiblesses et les tares des hommes, leur simplicité, leur fragilité, leurs peurs. Et cela en fait d'autant plus un roman à lire.

Un roman extraordinaire, tellement innovant dans son découpage, dans sa présentation des personnages qui surgissent comme de nulle part et se laissent découvrir à l'improviste. Il offre des moments de beauté ténébreuse qui s'enroulent au crépuscule puis s'enfoncent dans la nuit.

Il dessine bien les tourments de ses années, comme une ombre qui rampe, à l'image de ces rats rongeant les cygnes majestueux. C'est une ambiance plus qu'une histoire, qui flotte encore une fois le livre fermé, comme si cette nuit ne s'achevait pas tout à fait.



Un auteur découvert dans les pages du roman Dora Bruder.

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Au bord de la nuit

Publié dans la collection vintage chez Belfond Au bord de la nuit est un roman de Friedo Lampe paru en novembre 1933 et saisi en décembre 1933 pour "outrage à l'honneur du peuple allemand". Ecrit par un auteur même pas inscrit au parti !! Friedo Lampe fut fiché SUSPECT et plongé dans la nuit de l'oubli..

Mon enfant, à sa naissance rouge et fort,

Après quatre semaines était mort

.Il aimait l'air tiède, libre et weich

Et ne pouvait respirer au Troisième Reich.

Mais nous voulons avoir patience et espérer ;

Peut-être le verrons-nous un jour ressusciter.

Le saisi..

écrit il dans la marge d'un exemplaire.



Brême, le canal, le parc, la voix de chemin de fer, quelques immeubles, la rue du Port, un bateau, une douce soirée de septembre. Des enfants, un vieillard, un jeune homme, deux étudiants en partance pour Amsterdam, une salle de spectacle , un match de catch, un jardin, un air de flûte. et des rats sur la berge ...

Atmosphère étrange, récit puzzle où les pièces finissent par s'emboiter et hypnotiser le lecteur.

A découvrir

UN grand merci aux éditions Belfond pour ce partage via Netgalley

#FriedoLampe #NetGalleyFrance !
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Au bord de la nuit

Brême, années 30, en fin de journée, comme une suite de tableaux où les personnages peuvent aller de l’un à l’autre, Friedo Lampe raconte ce qu’il voit en éclairant tour à tour les scènes décrites, sans qu’il y ait une histoire commune.



Les personnages se côtoient, se mêlent, parfois, les faits se superposent, parfois, dans ce quartier populaire près du port. La solitude et la mort frôlent l'amour et le désir, caressent l'envie et la haine, chaque personnage est un héros mis en avant par la poursuite dont Lampe a endossé le rôle !



Nulle mention de politique mais le livre a été confisqué en 1933 parce qu’il abordait des thèmes honnis par l’idéologie nazie !



J’ai aimé cette manière d’écrire, façon BD sans dessin ou théâtre à plusieurs tableaux sur une scène pivotante. On picore ou prend tout, en tout cas on ne peut rester indifférent à toutes ces vies croisées.



#FriedoLampe #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021



Challenge RIQUIQUI 2021
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Au bord de la nuit

En ouvrant ce livre, on fait un grand pas en arrière. Cela se passe dans les années 30, juste avant la montée du Nazisme. C’est l’automne, dans un quartier du port de Brême.



Friedo LAMPE, par petites saynètes courtes, raconte la vie de quelques personnages qui se côtoient, se perdent et se retrouvent, qui ont plus ou moins, un lien entre eux. On peut passer de l’un à l’autre sans que le lecteur soit perdu.



C’est comme les poupées russes, on ouvre une boîte et une autre boîte plus petite apparaît et ainsi de suite…



Une écriture surannée, délicieuse, une atmosphère chaude et parfois lourde, qui laisse entre-apercevoir le futur qui se prépare et la violence de ce futur. Une certaine nostalgie, et une grande sensibilité, accompagnée de musique traverse ce livre.



Un moment hors du temps et qui hante le lecteur après avoir refermé le livre.

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Au bord de la nuit

Je suis passé à côté : l'histoire d'abord et surtout, ne m'a pas captivée. L'étude proposée par l'éditeur à la fin de cette nouvelle est plus intéressante, et on comprend le travail de l'auteur, et en quoi ce livre est une innovation à son époque. Mais toutes ces vies qui se croisent dans cette ville portuaire, entre les habitants et les touristes descendus voir un match de catch, le point de vue de chacun de cette nuit, ces pourquoi ils sont ensemble et aussi distants, tout ça donc, n'a rien créé chez moi. C'est davantage l'étude qui suit le texte que le texte lui-même qui m'a intéressée - c'est dire. Le livre provoquera certainement de belles analyses littéraires. Je passe mon tour.
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Au bord de la nuit

Je découvre avec Au bord de la nuit (1933) une collection – Belfond [Vintage] -, qui réédite des titres méconnus ou tombés dans l'oubli, mais surtout un auteur, Friedo Lampe, disparu tragiquement le 2 mai 1945. Roman d'atmosphère et d'avant-garde, tel que le rapporte Eugène Badoux dans l'intéressante analyse de l'œuvre qui suit le roman, tout se passe comme si l'auteur avait choisi une tombée de la nuit, n'importe laquelle, en septembre, et qu'il promenait sur la ville et son port son projecteur, tout ce qui se passe hors de notre champ de conscience, l'existence en somme, passant d'un personnage à l'autre, alors que l'Adélaïde s'apprête à prendre le large. Pas assez « allemand », selon les critères de l'époque, le livre sera interdit par les nazis. Eugène Badoux cite l'auteur :



«En ce Noël 1933, Friedo écrira sur un exemplaire d'Au bord de la nuit :



Mon enfant, à sa naissance rouge et fort,

Après quatre semaines était mort.

Il aimait l'air tiède, libre et weich

Et ne pouvait respirer au Troisième Reich.

Mais nous voulons avoir patience et espérer,

Peut-être le verrons-nous un jour ressusciter.



Le saisi»



C'est chose faite. de beaux passage sur le passage du temps, et sur l'avancée de la mort, de la nuit.

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Au bord de la nuit

Un coup de coeur, une pépite ! Ma première impression au bout de quelques pages étaient d'être dans un film tourné en un long travelling qui passe d'un ou deux enfants dans un parc au vieux monsieur assis sur un banc puis qui suit un passant… selon ce qu'a happé la caméra à l'improviste. Au bout de quelques pages à cette impression visuelle s'est ajoutée la musique de la flûte de M Berg à sa fenêtre, dont on suit aussi les auditeurs occasionnels. Et nous flottons dans l'air avec la musique, passant ainsi des uns aux autres, le temps d'une soirée de fin d'été. Après avoir lu la postface j'ai compris que mon impression était bonne, Friedo Lampe, pendant qu'il écrivait, décrivait son livre comme « de petites scènes, défilant comme dans un film, entrelaçant des vies ». Il y a semble-t-il (d'après la postface) 38 personnages (et deux chiens) mais à aucun moment cela ne pose problème, même si on n'a pas mémorisé les prénoms, chaque personnage est suffisamment caractérisé et reconnaissable. S'il y a une multiplicité de petites actions, des bribes de vie saisies au vol, il y a une unité de temps très réduite, quelques heures d'une soirée, et une certaine unité de lieu, quelques rues d'un quartier de Brême, près du port. L'atmosphère de cette soirée et des lieux est remarquablement rendue, d'une poésie incroyable, qui contraste avec les scènes saisies parfois assez crues ou en tout cas terre à terre. Et toutes ces vies sont liées, par ce moment, par ce lieu, par les sons entendus, même si ces gens ne se connaissent guère. Je crois bien n'avoir jamais lu un texte aussi fluide. Quelques thèmes sont plus présents : la mort (un homme meurt dans son lit, beaucoup de personnages sont veufs), et le temps aussi.

« Le jour était passé, la nuit était venue, une nuit quelconque, une des innombrables, et qui jamais ne reviendrait semblable. Car le dessin qu'elle composait présentement avec la vie ne se reproduirait jamais ; et qui ne la vivait pas, rêvant ou éveillé, qui la laissait échapper, l'avait perdue pour toujours, et sa vie se trouvait d'un peu, d'un rien, appauvrie. »

Difficile de trouver plus beau texte pour inciter à vivre pleinement le moment présent !

En décembre 1933, après l'interdiction du roman, Friedo Lampe a écrit sur un exemplaire :

"Mon enfant, à sa naissance rouge et fort,

Après quatre semaines était mort.

Il aimait l'air tiède, libre et weich [tendre]

Et ne pouvait respirer au Troisième Reich.

Mais nous voulons avoir patience et espérer.

Peut-être le verrons-nous un jour ressusciter.

Le saisi"

Je souhaite de tout coeur que cette réédition récente permette enfin à Au bord de la nuit de rencontrer des lecteurs.
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Au bord de la nuit

Le soir tombe sur Brême. Alors que la nuit arrive, des enfants attendent l'apparition de rats, le gardien de parc rentre chez lui et le musicien jour de la flûte, alors que son voisin est en train de s'éteindre.

Vu comme çà, l'histoire semble poétique, on y suit une poignée de personnages qui se croisent et se recroisent au gré de leur pérégrination. Mais le roman n'est qu'une photographie du quartier, on se sent comme un oiseau qui survolerait le quartier et ne saisirait que des instantanées de chacun. On ne sait pas vraiment d'où ils viennent, et encore moins où ils vont

Alors, peut-être que je suis exigeante ou peut-être que je ne suis pas le public visé par ce roman, mais j'ai eu du mal à me projeter dans l'intrigue, qui soulève trop de question et les laisse toutes en suspens. D'autant que la fin est assez abrupte.

Si le style est clair et imagé nous plonge avec talent dans le quartier du port à Brême, il ne restera dans ma mémoire qu'une image floue montrant des personnages errants sans but dans les rues.
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Au bord de la nuit

Une invitation à passer quelques heures dans le quartier du port de Brème, un soir comme un autre dans les années 30.

Une peinture réaliste où nous croisons les personnages divers et variés qui peuplent ce lieu quand la nuit tombe.

Une fresque qui évoque les préoccupations des uns et des autres, de tous ceux qui se sont retrouvés là par les hasards de la vie.

On ne sait pas grand chose de leur passé ou de leur avenir, on les prend comme ils sont, où ils sont, avec ce qu'ils sont en train de faire et on les accompagne quelques heures, sans les juger.

L'écriture est délicate, l'atmosphère est rendue de façon incroyable, on sent l'humidité, la nuit comme si on était sur place.

Est ce une œuvre qui justifiait son interdiction par le régime nazi ?

Est on un résistant quand on se contente de vivre sans vouloir ne rien voir, sans prendre parti, sans rien dénoncer ?

Est on simplement un Homme digne de son époque ?

Pour nous certainement pas mais cet auteur comme il le confesse par ailleurs ne pouvait respirer sous le troisième Reich.

Cette constatation nous prouve s'il en était encore besoin l'infamie de ce régime et de ce qu'il faisait vivre à son peuple et ce qu’il a fait subir au reste du monde.
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Au bord de la nuit

J'ai beaucoup aimé cet auteur allemand dont je n'avais jamais entendu parler. Il décrit avec beaucoup de douceur et de sensibilité la tombée de la nuit dans une ville portuaire, où se croisent des existences minuscules que nous suivons pour quelques instants. Je ne me suis jamais ennuyé, et des scènes comme le combat de catch dans la guinguette, le flutiste à sa fenêtre sous laquelle deux vieux amis échangent des timbres de collection, ou le marchand de saucisses sous le pont resteront longtemps dans ma mémoire.
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Au bord de la nuit

Est-ce qu'on sait pourquoi tout d'un coup un livre nous touche autant? J'ai pris Au bord de la nuit par hasard, et au début je l'ai trouvé un peu banal, des notations simples sur une soirée sans histoire. Un petit parfum de Italo Svevo peut-être? Et puis les personnages se complexifient, les situations aussi, d'autres arrivent, une angoisse monte sans que le calme du début ne soit vraiment perturbé pour certains protagonistes, on s'interroge sur la vie de la nature et des animaux qui l'habitent, on écoute la musique du flûtiste, on regarde avec désespoir la vie d'un vieux camarade de classe...

J'ai été absolument embarquée, c'est un livre que par moments j'ai eu du mal à poursuivre tellement il est entré dans ma vie, avec sa tendresse, son inquiétude latente et tout ce qu'elle suscite. On comprend que l'auteur ait pu devenir célèbre en deux livres.
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Au bord de la nuit

Au bord de la nuit de l’auteur allemand méconnu Friedo Lampe est le premier de ces ouvrages, le second est le passionnant Le chat, le général et la Corneille, qui a été l’objet d’une chronique ultérieure. Au bord de la nuit fait partie de la collection Vintage de la maison d’Editions, collection qui regroupe les classiques de la maison, où l’on classe forcément Friedo Lampe, mort en 1945, et faisant partie de ces écrivains trop discret, en tout cas, bien injustement oublié. Il est mort l’année ou l’Allemagne a été démantelée, la longueur de son oeuvre en a fait les frais. J’ai pris connaissance de l’auteur avec ce surprenant et visionnaire texte, obligeamment entouré des notices biographiques et exégètes.



Si j’ai utilisé le terme de surprenant, c’est que le récit se déroule sur le seul temps d’une soirée mais inclut une multitude de personnages, dans qui serait être un quartier de la Brême natale de Lampe. Nous ne sommes pas du tout sur une diégèse classique, introduction, développement, fin. Friedo Lampe pose son regard – ou plutôt il déploie son microscope – sur ceux qui hantent ce bout de ville, entre artère principale et embarcadère un soir parmi d’autres. Plus qu’un simple regard, il infiltre chaque scène, chaque intériorité, et navigue de l’une à l’autre : jamais le flux de conscience n’a aussi bien porté son nom. Lire Friedo Lampe, c’est se rappeler le style unique de Virginia Woolf, la révolution de son style – à l’époque – qui peut désorienter le lecteur.



Le roman démarre au coucher du soleil, à sept heures et demi, pour se terminer quelques heures plus tard. La particularité de ce mode de narration réside donc dans sa fluidité, la narration se perpétue d’un personnage à l’autre sans nul besoin d’artifice quelconque. Bien sûr, c’est déroutant, mais j’ai lu avec l’impression de visualiser une scène en continu grâce à l’objectif de l’auteur. Le dialogue lit les personnages entre eux, comme un long telephone arabe, une chaîne dont chacun des maillons est un des personnages du récit. L’intérêt de ce roman est non pas uniquement dans son contenu même, mais dans sa forme qui donne presque au lecteur l’impression de visualiser un film. La prouesse de l’écriture de Friedo Lampe est de donner une autre dimension artistique à son récit : celle d’un hybride entre littérature et cinéma, ou l’imagination du lecteur est mise à contribution, et l’image créée dans son esprit est ainsi plus prégnante qu’avec une narration classique.



Un parc, un port, une rue principale – l’Oberstrasse -, un cinema on ne peut pas dire que des détailles particuliers qualifient cette ville allemande, que nous présente l’auteur, plutôt anonymisée par le manque de toponymes. Le don de l’écrivain réside d’ailleurs dans la simplicité, la banalité de la scène choisie en y inscrivant la diversité des caractères qui s’entrecroisent au quotidien à travers des épisodes de vie, des jeux d’enfants, un match de catch, le départ d’un navire et quelques incidents mineurs, en une soirée d’automne. C’est donc sur ces flux, certains très courts, d’autres plus longs, de consciences de personnages, tout ce qu’il y a de plus banals et sur la simplicité d’une soirée d’automne au sein d’une ville portuaire allemande que l’écriture de Friedo Lampe exploite pour en faire un texte singulier.



Lors de mes cours de littérature anglaise, lorsqu’il fallait aborder la problématique du Stream of Consciousness, les enseignants abordèrent Woolf, mais aussi James Joyce ou encore Dujardin pour la partie française. Friedo Lampe brille aux abonnés absents et pourtant ce titre-là est un exemple frappant de ce mode de narration, qui a surtout été l’instrument d’auteurs anglophones. Friedo Lampe mériterait sa place dans le panthéon, d’autant qu’il représente l’Allemagne, ou la littérature n’a pas forcément osé s’aventurer sur ce terrain-là. On ne peut que féliciter cette initiative des Editions Belfond de mettre en lumière à travers ce texte, et ses explications bienvenues, un auteur injustement passé dans l’oubli. L’étude conclusive du roman d’Eugène Badoux apporte d’ailleurs un éclairage précis sur les signes avant-coureurs, de mauvais augure, qui ressortent de ce texte publié en 1933 et qui contient peut-être déjà les premiers coups de tonnerre de deux décennies terribles. Avec un peu de recul, considérant le titre, le français est l’exacte traduction de l’allemand, la date de rédaction et le contenu même, toute sa dimension métaphorique s’éclaire en une ultime coup de lucidité : si justement, Friedo Lampe, a choisi cette période bien définit de cette fin de jour, il est effrayant de constater l’acuité de l’homme quant à sa vision de l’avenir bien sombre, cette réalité au bord de basculer.



C’est donc une écriture d’une extrême sensibilité qu’est celle de Friedo Lampe, comme l’était l’homme selon les descriptions liminaires, qui annonce, peut-être pas un monde, en tout cas un pays sur le point de s’embraser. Il est l’auteur également d’un second roman Orage de septembre ainsi de quelques nouvelles, dont on peut garder l’espoir qu’ils seront réédités un jour.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Orage de septembre

Peut-être que vous n'en avez jamais entendu parler - ça n'enleve rien à son charme d'ailleurs.

Friedo Lampe est un auteur allemand, un oiseau (un cygne!) de nuit. Cet auteur, mort par ironie du sort en 1945 après avoir traversé la guerre sans encombre, n'a "vu" ses livres traduits que beaucoup plus tard. Obscurément éblouissant (osons!).

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Orage de septembre est un charment recueil de nouvelles, quasi électriques et d'une ambiance toute particulière -- celle, justement, précédant juste l'orage....



http://lelabo.blogspot.com/2007/02/friedo-lampe-orage-de-septembre.html
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Au bord de la nuit

Un port, des hommes, des femmes, des enfants. Des ruelles étroites et sombres, un vendeur de saucisse, un douanier solitaire, un catcheur malheureux …



Ouvrir ce roman c'est laisser surgir une constellation de personnages, entrer dans une vie un bref instant avant de s'envoler quelques minutes plus tard vers une autre. Les mots coulent, fluides et guident le lecteur dans un mouvement incessant, celui d'une nuit chaude du mois de septembre. On se pense presque en voyage. Le lecteur flotte au-dessus de la ville portuaire tandis que l'auteur écarte des rideaux, entrebâille une porte, éclaire l'obscurité pour mieux nous laisser distinguer ces ombres passantes. Alors on referme le livre avec la sensation d'avoir compris quelque chose, peut-être l'auteur a-t-il réussi à nous révéler la poésie qui hante chaque instant de nos vies. Mais cela sans extravagance, avec une douceur caressante et une justesse délicieuse.
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