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Critiques de Fuyumi Soryo (413)
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Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine

En feuilletant la première fois le Manga, j'ai eu la sensation de découvrir une nouvelle Sissi l'impératrice. Quelle terrible sensation !

Avec une lecture moins légère, je découvre que la vie de la princesse est une vraie galère :

La pauvre Marie Antoinette, à 12 ans, n'a de contacts, qu'avec les tantes aigries de son mari. Elle subit le protocole, elle est obligée de lire Bossuet ... La mangaka , Fuyumi Soryo aurait pu continuer la liste des cauchemars pour une adolescente : les messes, les confessions, les banquets...

Elle devient même, à son insu, le vecteur économique de louis XV.

Marie-Antoinette réussit par sa personnalité à batailler contre les contraintes de sa charge.

Ce portrait de Marie Antoinette rejoint la description Stefan Zweig .

Fuyumi Soryo a réussi à révéler les détails des architectures intérieures et extérieures ainsi que des vêtements d'apparat, sans écraser les scènes de dialogues.

Contrairement à la vie de la princesse, le style est léger, quelques scènes font sourire (par exemple : la méchanceté des tantes).

J'aurais bien aimé savoir comment Marie-Antoinette avait appris le français, comment l'accent Autrichien pourrait être rendu dans un Manga, ou voir la somptueuse tenue promise par Louis XV. J'aurais également apprécié voir quelques planches sur les Parisiens et leur niveau de vie, dont le décalage par rapport à la vie royale nourrira la Révolution.

Merci à Babelio et aux éditions Gléna pour cette généreuse intention.

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Cesare, tome 1

César Borgia fonda le plan de sa grandeur sur la dissension des Princes d'Italie. "Pour usurper les biens de mes voisins, il faut les affaiblir ; pour les affaiblir, il faut les brouiller" .





Ce manga parle d'un César Borgia, qui prend sous son aile protectrice Angelo Da Canossa, un jeune naïf, qui parle sans réfléchir, à l'Université de Pise, lieu d'intrigues dans l'Ilalie de la Renaissance.

Angelo braque Henri, du "cercle des Français" qui va le poignarder...

-"Le nom France tire son origine du nom d'une arme de jet que maniaient leurs ancêtres barbares."





César bloque la dague d'Henri, et les 3 cercles rivaux vont en venir aux mains.

-"Rengaine ce poignard. Une si triviale anecdote au sujet de lances, mérite-t-elle ta colère?

- Tu voudrais que je reste sans broncher alors qu'on traite lon peuple de tribu arriérée, tout juste bonne à jeter des lances?" Crache le Français!

Faut-il voir la lance comme une insulte?"





"- La légende raconte que la France détient la Lance sacrée qui fut trempée dans le sang du Christ lors de sa crucifixion. A mes yeux, La Sainte Lance est sans doute possible, le symbole ce la gloire des Francs."

César calme Henri par sa courtoisie et sa diplomatie, mais l'affaire n'en restera pas là. Un guet apens se prépare, dans l'ombre.





- "Ma lance à moi n'a rien à envier à celle de la Sainte Lance. Pour ma part, j'ai une préférence pour la joute contre la gent féminine." Ajoute Miguel l'ami de César Borgia, provoquant l'hilarité générale, sauf celle d'Henri....





Un César beau, jeune et diplomate à l'encontre du César qu'il deviendra?

Un ami fidèle plus un jeune homme , Angelo, à défendre... Et un ennemi juré?

"Aux yeux de tous, les Borgia, sont devenus l'incarnation de l'ignominie !"





Un manga riche et documenté: l'autrice Fuyumi Soryo met en scène des situations et personnages et complexes, avec de beaux dessins.
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Cesare, tome 1

Et bien, si on m’avait dit un jour que j’allais autant kiffer un manga plutôt orienté shojo… ^^

Derrière le background historique passionnant du Quattrocento, ici mis en valeur par une documentation sans failles grâce au travail de supervision de Motoaki Hara (professeur spécialiste de l’histoire et de la culture italienne aux Universités de Tokyo et Ochanomizu) on retrouve les codes classiques du shojo : les rivalités estudiantines, les amitiés et les haines éternelles, les digressions sur les arts, la mode, la décoration et l’équitation… mais aussi les chérubins et les chérubines aux cheveux magnifiquement bouclés, les grands dialogues à cœurs ouverts où les personnages racontent toute leur vie et exposent leurs sentiments à tous les vents, mais aussi les nombreux rougissements et quelques relations crypto-yaoistes… Oui mine de rien c’est pas mal girly !



On suit initialement l’adolescence de Cesare Borgia, fils illégitime du cardinal espagnol Rodrigo Borgia, instrument de son père sans la lutte pour la Curie et pour l’Italie contre les Della Rovere et cie. Un personnage fascinant qui est passé à la postérité pour être débauché et sans pitié, alors que franchement il n’est ni pire ni meilleur que la plupart de ses contemporains. Mais il était bâtard et il était espagnol : les mixophobes italiens au sang bleu n’ont pas manqué une occasion de lui tailler des croupières ! Au sein de la Sapienza, l’Université de Pise, c’est à travers les yeux du jeune et naïf Angelo que nous allons suivre son histoire…



Niveau thématique, c’est vraiment bluffant comment au-delà de la politique et de la religion, Fuyumi Soryo arrive à se réapproprier les sujets chers aux grands et aux grandes mangaka des années 1970 : la bâtardise, le métissage, l’altérité… et surtout la lutte des classes (vous savez, le truc qui est censé être mort et enterré depuis des lustres mais qu’on subit chaque jour que Dieu fait / que les dieux font… MDM !) ! Mais bon, il faut se rappeler que le premier shojo à s’être émancipé du cahier des charges du genre avait été consacré à la Révolution Française… ^^



Niveau dessin, c’est très soigné pour ne pas dire très appliqué malgré la faible diversité du charadesign. Les habituées du genre shojo trouveront que le côté androgyne de plusieurs personnages n’est pas sans rappeler le travail de Kaori Yuki, l’une des reines du genre shojo (à mon humble avis cela ne doit pas être un hasard, et c’est tant mieux). J’ai été initialement déçu du manque de prise de risque dans les découpages et dans les mises en scène, mais la mangaka prend confiance en elle et nous offre rapidement des planches de toute beauté ! (et ce n’est que le début du feu d’artifice… ^^)





Dans ce tome 1, nous entrons dans l’Italie du Quattrocento à travers les yeux du jeune Angelo Da Canossasa, talentueux mais naïf (ou vice-versa). Son côté candide est carrément tête à claque, mais il faut bien que le lecteur néophyte entre en douceur dans la période pour en comprendre les tenants et les aboutissants… ^^

Notre héros-narrateur a été sponsorisé par le clan Médicis en raison des services rendus par son grand-père, et il doit rapidement comprendre que non seulement il est en rivalité avec les autres nationalités représentées à l’Université de Pise, mais qu’en plus il est en rivalité avec tous les représentants de sa cité d’origine qui gravitent autour de l’héritier de Laurent le Magnifique… (l’amical Roberto et l’inamical Draghignazzo se faisant une joie de lui rappeler les us et coutumes de leur coterie)

Il brille durant les leçons autant par la pertinence de ses réflexions que part l’hétérodoxie de ses positions… Il s’attire donc l’antipathie des homines crevarices habituels (vous savez, ceux qui naissent avec une cuillère en argent dans la bouche et qui sont persuadés que le monde n’existe que pour graviter autour de leur petite personne), mais aussi l’attention du clan qui s’est formé autour de Cesare Borgia. Peu à peu, il se rapproche ainsi des Espagnols de la Sapienza, qui l’adoptent carrément après une altercation avec des hooligans français mal dégrossis. C’est alors que Cesare Borgia le prend sous son aile et l’invite à découvrir l’envers du décor de la cité de Pise…
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Cesare, tome 13

Voici le dernier tome de la série Césare qui est axé sur l'élection du cardinal Rodrigo Borgia à la suite de la mort du pape Innocent VIII en pleine Renaissance italienne sur fond d'extrêmes tensions dans le pays.



Il y avait un cycle de 10 tomes alors que les trois derniers se concentrent plutôt sur l'élection du nouveau pape qui marque l'ascension de la famille Borgia. Pour moi, ce titre est l'un des meilleurs mangas historiques d'ailleurs recommandé hautement par le magazine Historia.



A noter que les trois derniers tomes ont connu une parution assez lente avec seulement trois publications en une décennie. Il fallait être très patient ! Maintenant, que c'est terminé, le lecteur pourra plus facilement découvrir cette excellente série qui sera le point d'orgue de la mangaka Fuyumi Siryo qui compte quand même près de 40 ans de carrière.



La mangaka a également fait appel à un spécialiste de la renaissance italienne qui est également professeur d'université à savoir Motoaki Hara. On constate bien un parcours sans faute qui respecte jusqu'à la typologie des lieux. Certes, la trame narrative est plutôt longue mais cela crédibilise le récit.



La beauté et l’élégance du trait rendent la lecture assez agréable. Des personnages expressifs et travaillés ainsi qu'un arrière-plan précis et détaillé. Encore une fois, sur le plan graphique, c'est que du bénéfice.



Au final, on observe toujours une beauté graphique pleine de poésie composant une œuvre historique passionnante sur cette période de la Renaissance italienne peu abordée en bande dessinée !

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Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine

Je remercie Babelio et les éditions Glénat pour cette masse critique privilégiée. Ayant découvert le travail de Fuyumi Soryo récemment dans sa série Cesare, j'ai trouvé intéressante l'idée de voir ce qu'elle avait fait sur Marie-Antoinette.



Curieusement, ce manga est un one-shot. C'est plutôt rare à ma connaissance. En furetant un peu, j'ai appris qu'il est le fruit d'une collaboration entre les éditions Glénat, le Château de Versailles et l'éditeur japonais Kôdansha. le Château de Versailles cherche donc à diversifier ses produits dérivés et je trouve cette idée et le choix de Fuyumi Soryo comme auteur excellents.



Le seinen (chouette, je suis dans la cible) raconte donc une interprétation de la jeunesse de Marie-Antoinette, reine de France et épouse de Louis XVI. Dans l'idée, on est proche du film de Sofia Coppola. Dans le traitement, on est plus proche de Cesare.

L'auteur nous conte le déchirement du départ de Vienne, l'angoisse lors du voyage vers la France, l'adaptation, au départ difficile puis de plus en plus maîtrisée, à la vie à la Cour de Versailles et le rapprochement progressif entre les deux jeunes époux. On peut se laisser facilement prendre par la naïveté et l'innocence de la jeune Marie-Antoinette, pourtant capable de fulgurances de vérités qui étonnent son entourage. Elle agit exactement comme Angelo dans Cesare. le futur Louis XVI représente le beau gosse (oui, c'est un beau gosse pas rondouillard du tout dans ce manga) qui va guider l'innocente à travers les arcanes de la Cour et être lui-même bonifié par l'attitude de sa jeune épouse. On reconnaît là aussi le personnage de Cesare dans le manga éponyme. On se sent aussi assez proche d'un film comme Sissi Impératrice.

Le comportement des personnages principaux est donc calqué sur ceux de Cesare, adapté bien sûr car il n'est pas question ici de complots politiques mais plutôt d'intrigues de cour entre favorites et soeurs du Roi (Louis XV encore, à l'époque). Fuyumi Soryo ne peut pas s'étendre dans ce one-shot, et la brusquerie de la fin est sensible. J'ai senti qu'elle aurait bien voulu développer un peu.



Le miracle de ce manga ne réside cependant pas dans l'histoire, mais dans les décors fabuleux de précision, qu'ils soient extérieurs ou intérieurs, le souci du détail dans le dessin d'un fauteuil, d'un costume ou d'un tableau. C'est absolument fabuleux. J'avoue être resté complètement interdit devant plus d'une case. Fuyumi Soryo mets beaucoup moins d'effort sur les visages – proches de ceux de Cesare là aussi – ou les ombres, mais ses décors sont vraiment somptueux. Ce manga mérite d'être lu ne serait-ce que pour cela.



Je suis donc ravi de cette découverte qui me rappelle que j'ai encore plein de tomes de Cesare à lire, chanceux que je suis.

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Cesare, tome 3

C'est un plaisir de retrouver nos amis étudiants dans cette université de Pise qui mime, en modèle réduit, les interactions amicales et belliqueuses des puissances européennes de la Renaissance. Cette fois-ci c'est la guerre ouverte entre les chefs des clans espagnol et français (les plus puissants de l'université et d'Europe) : Cesare et Henri. La danse se termine en une corrida endiablée absolument fantastique.

C'est aussi l'apparition d'un nouvel étudiant qui cache son jeu : il s'appelle Niccolo Machiavel.

Et enfin, le si pur Angelo prend des responsabilités : il peut employer ses connaissances ouvrières dans la construction de la manufacture commandée par les Borgia et les Médicis. Grâce à qui ?



Toutefois j'ai trouvé ce tome un ton en dessous des précédents. le plaisir de la découverte commence à s'émousser certainement. D'autre part, on n'a pas droit cette fois aux dessins sublimes d'une architecture ou d'une peinture florentine.

Je commence aussi un peu à me lasser de l'innocence exacerbée d'Angelo. A mon avis Fuyumi Soryo va un peu trop loin lorsqu'elle lui fait se poser des questions du genre : « Pourquoi faut-il que même entre européens, nous nous cherchions querelle ? ». Une question qui peut naître dans l'esprit d'un japonais qui voit l'Europe comme un bloc, mais qui me semble incongrue dans le contexte Renaissance. Cependant je continue à trouver géniales les quatre vérités qu'Angelo se permet d'asséner à chacun sans pressentir la colère qui peut en résulter chez son interlocuteur. Son rôle à la manufacture l'amène à agir astucieusement. Il a donc du potentiel.



La présentation de Cesare comme un apôtre de la tolérance religieuse m'a étonné. Je ne connais pas bien le personnage, mais je serais surpris qu'il ait eu ce genre de position. Je peux me tromper ceci dit. En revanche sa sortie sur les aspects positifs de la domination musulmane de l'Espagne — le maintien d'un haut niveau guerrier des catholiques espagnols et la brillante culture d'Al-Andalus qui a pénétré les espagnols par osmose — me paraît tout à fait plausible. Je le trouve aussi trop gentil avec Angelo, et je le soupçonne d'agir ainsi à simple fins de mieux manipuler le pauvre garçon. Ai-je raison ? Cesare se révèlera-t-il aussi retors que son père ?



Difficile d'imaginer ce qu'il va se passer.

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Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine

Fan enthousiaste de Fuyumi Soryo dont j’adore la saga « Cesare », consacrée à Cesare Borgia et sa famille, que je déguste lentement, pour faire durer le plaisir. Quand Babelio m’a proposé cette lecture, j’étais donc très impatiente de recevoir ce manga. Je remercie donc vivement mon site préféré ainsi que les éditions Glénat qui m’ont permis de le découvrir.



L’auteure choisit de commencer l’histoire par une scène presque idyllique durant laquelle la reine bavarde avec Louis XVI, à Trianon, à propos des ragots qui circulent à son sujet. La famille heureuse et insouciante, avec les trois enfants qui se disputent les faveurs du roi… et la reine se remémore alors son voyage vers un pays si différent du sien…



Elle nous raconte le départ de Vienne de Maria-Antonia, âgée de quatorze ans pour aller épouser le dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI. Elle sait qu’il s’agit d’un mariage politique et écoute les recommandations de Marie-Thérèse, avant d’entamer ce long voyage, dans un contexte sombre. Sa mère, peu réputée pour son empathie, semble redouter le pire. Seul, un de ses frères l’accompagnera pour la première étape.



Fuyumi Soryo a très bien illustré aussi la fameuse scène, à l’Ile aux Epis, au milieu du Rhin, zone neutre entre Kehl et Strasbourg, dans un pavillon où elle entre côté autrichien, abandonne tous ses vêtements, car tout doit rester dans son pays, et ressort entièrement revêtue de neuf. Maria-Antonia est devenue la dauphine Marie-Antoinette.



Elle nous montre une Marie-Antoinette, jolie, espiègle, rendue perplexe par le protocole rigide qui règne à la cour, mis en place par Louis XIV, dont l’ombre s’impose un peu partout, et qui s’ennuie avec les bavardages des filles de Louis XV, (qu’on appelait « Mesdames Tantes »), préoccupées uniquement par la maîtresse du roi, Madame du Barry. Elle a très bien restitué les yeux et le regard de la future reine.



Par contre, J’ai eu du mal à reconnaître dans le dauphin, grand et svelte, tel que l’auteur nous le présente, le futur Louis XVI bedonnant que j’ai gardé en mémoire. Il ressemble davantage à Cesare Borgia (ou à Brad Pitt) !!!



Fuyumi Soryo réussit à montrer son côté réservé, maladroit (cf. les scènes au lit) lorsqu’il s’adresse à son épouse, mais nous le présenter comme le prince charmant qui se laisse apprivoiser, charmer par la belle, lui expliquant la vie à Versailles… On retrouve un peu l’idée de Cesare initiant Angelo à la politique et aux intrigues).



Louis XV semble plus conforme à la réalité, de même que l'imposante Marie-Thérèse d'Autriche…



J’aime bien ce côté rétrospective en général, donc, cela commençait plutôt bien, mais le tableau que nous brosse l’auteureest plus proche de « Sissi impératrice » que de la réalité, on baigne dans la romance, le conte de fées.



La trame m’a donc laissée perplexe, par contre le dessin est sublime, Fuyumi Soryo est toujours aussi proche du détail, elle retranscrit de façon minutieuse l’architecture de Vienne et de Versailles, les façades, les parquets, les meubles, les robes sont magnifiques, les chevaux qui paradent également. Elle a particulièrement soigné la représentation de la salle où à lieu le rite de « la remise de l’épouse » : on voit, accrochées aux murs, des tapisseries funestes consacrées aux amours malheureuses de Jason et Médée…



On s’attendrait à une suite, car cela se termine un peu en queue de poisson, mais il semblerait que non, car ce manga est une œuvre commandée à l'auteure par l'éditeur Glénat, en partenariat avec Kodansha au Japon, ainsi que le château de Versailles.



C’est frustrant pour le lecteur. On laisse une adolescente qui a du mal à s’habituer à la Cour, mais on ne perçoit pas que la future reine va s’isoler et aller vers un destin tragique. J’avais prévu de lire la biographie de Stefan Zweig.



J’ai passé un très bon moment car les dessins sont sublimes, même si l’histoire est trop romancée à mon goût.



Note : 7,3/10
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Cesare, tome 1

Angelo DA CANOSSA est doué pour les études malgré son origine modeste et vient d’être admis à l’université de Pise : « la Sapienza » grâce à Lorenzo DE MEDICIS à qui son grand-père doit beaucoup. Il a été orphelin jeune et le nez toujours dans ses livres, même la nuit, il connaît très peu le monde extérieur.

Il arrive en retard le premier jour, et visite la prestigieuse université grâce à Pasquini qui lui explique en même temps en quoi vont consister les cours : théologie, droit canon, philosophie, mathématiques ainsi que le fonctionnement.

Il existe trois groupes d’étudiants les cercles : la « Fiorentina » sous la coupe de Giovanni de MEDICIS, fils du grand Lorenzo, le cercle des Espagnols (qui comprend aussi des Français, des Allemands, des Milanais, Napolitains, Siciliens dirigé par Cesare Borgia fils de Rodrigo qui vise la tiare pontificale sous l’autorité de l’archevêque de Pise, Monseigneur DIARIO chez lequel vit Cesare et le troisième groupe constitué par les Dominicains, disciples de Savonarole, adeptes de la flagellation.

Giovanni le confie à Roberto, un autre étudiant de la Fiorentina afin de lui apprendre les usages. Mais par naïveté, Angelo va multiplier les gaffes, prenant la parole en cours alors que Giovanni expose sa théorie, sans se rendre compte qu’il commet un impair. Pour le réparer Giovanni va lui proposer de monter à cheval avec lui et ses amis pour se moquer de lui car Angelo ne sait pas monter, et en plus il s’agit d’un cheval du genre rétif ce qui va entraîner une grande peur et un beau jeune homme, tout de noir vêtu, va lui sauver la vie car l’animal l’entraine vers le ravin.

C’est ainsi qu’Angelo fait la connaissance de Cesare BORGIA et de son fidèle compagnon Miguel (alias Michelotto DA CORELLA).

Miguel veille sur Cesare, et va apprendre à Angelo que car Giovanni et lui sont ennemis. Il va lui raconter aussi qu’il est le fils de Rodrigo BORGIA et qu’il a été séparé très tôt de sa mère pour vivre et être éduquer selon son rang.

Angelo est très attiré par l’aisance de Cesare qui lui propose de lui apprendre à monter à cheval et lui fait découvrir Pise. Il se sent proche de lui, car lui-même a perdu sa mère très jeune.



Ce que j’en pense :



J’ai vu la série TV sur les « BORGIA » et elle m’a beaucoup intéressée donc je voulais en savoir plus, mais la littérature est beaucoup plus riche en ce qui concerne les MEDICIS que les BORGIA. D’où ma rencontre avec Fuyumi SORYO.

Ce manga se compose de neuf volumes. J’ai hésité entre raconter volume par volume ou centrer ma critique sur toute la série. J’ai finalement choisi de procéder volume par volume au cas où j’abandonnerais en cours de route.

C’est ma première expérience de manga et je suis littéralement sous le charme. Lire un livre en commençant par la dernière page et en lisant de droite à gauche est une expérience agréable et je me suis vite habituée.

Les dessins sont superbes. Le visage d’ange aux boucles brunes de Cesare m’a envoûtée. Les personnages sont en général bien dessinés, dans les expressions, les attitudes corporelles, de même que les chevaux d’ailleurs. Les visages ont du caractère de par leur forme et leurs détails (la bouche, l’implantation des cheveux…)

Les dessins des maisons, des palais sont minutieux, un véritable travail d’architecte, les tapisseries murales aussi dont la précision est remarquable. On note le détail dans la représentation des ponts, des façades, les fresques. On découvre Pise à cette époque avec ses monuments, le quartier de l’université et des palais et de l’autre côté du fleuve la misère.

L’amitié qui se noue entre Angelo, cœur pur qui ne connait rien des intrigues ce qui le pousse à multiplier les gaffes, et les deux Espagnols : Cesare d’une intelligence incroyable alors qu’il n’a que 16 ans et Miguel dont on apprend peu de choses dans ce tome 1

Et surtout il y a un véritable travail d’historien : on apprend peu à peu tous les enjeux des querelles des étudiants à celle des cardinaux, des intrigues pour accéder à la tiare papale. Dans ce premier tome, on découvre Pise et la trame de toute l’Histoire. Tout est exposé de façon simple mais magistrale et cela donne envie d’en savoir davantage ou de conforter ce que l’on sait déjà…


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Cesare, tome 8

Fuyumi Soryo nous offre un nouveau tome d’anthologie.



Tome qui débute par la fin… de la Reconquista, montrant Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon en train de pénétrer dans l’Alhambra (oh, quelle magnifique reproduction des décors architecturaux !).

Un évènement qui va être fêté comme il se doit à Florence, avec Cesare invité en tant qu’évêque de Pampelune. L’occasion d’évoquer un pan de l’histoire récente et de dévoiler des renversements d’alliances qui vont s’avérer très dangereux pour les Médicis. Dans son coin, le méchant roi de France Charles VIII (les Français sont désignés comme les méchants dans ce manga, il semble) aiguise ses couteaux et attend son heure… qui approche.



Fuyumi Soryo s’appuie ici beaucoup sur les connaissances et les thèses de l’historien Motoaki Hara. Elle prend le temps de nous expliquer la géopolitique complexe de la région, complexité dans laquelle Cesare nage comme un poisson dans l’eau.



Au milieu de cela, l’auteure glisse des moments très intenses comme la rencontre de Cesare et Savonarole, et des moments marrants comme Angelo qui… mais je laisse la surprise.



Un manga qui décidément vole en stratosphérique et ne semble pas vouloir redescendre, pour notre plus grand plaisir.

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Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine

On est en 1770. Marie-Antoinette n’a que quatorze ans lorsqu’elle entreprend avec sa suite les trois semaines de voyage qui la conduiront à Versailles, où elle doit épouser Louis-Auguste, alors dauphin de France. Laissant derrière elle tout ce qu’elle a toujours connu : pays, patrie et famille, la jeune fille va devoir apprendre aux côtés de madame de Noailles à se conformer très vite au protocole et aux us et coutumes françaises et ce, en dépit de l’absurdité de certaines d’entre elles…



Marie-Antoinette va peu à peu découvrir que Versailles, derrière les dorures et la magnificence de son château, renferme en son sein une cour animée par l’hypocrisie, la médisance et la jalousie. Mais le plus déstabilisant reste encore l’attitude de son époux à son égard, dont la froideur et la distance ne font que s’accentuer et pourraient bien mettre à mal le fragile accord de paix passé entre la France et l’Autriche et qui repose en grande partie sur le mariage royal…



Je connaissais déjà le travail de Fuyumi Soryo que j’avais découvert dans l’excellent « Mars » et le fascinant « Eternal Sabbath ». J’étais donc impatiente de retrouver dans un nouveau registre, historique cette fois, cette mangaka talentueuse et de voir si ses dessins et sa narration me procuraient toujours autant d’émotions ! Malheureusement ce fût loin d’être le cas… Toute la difficulté lorsque l’on s’empare d’un sujet profondément ancré dans l’Histoire, c’est justement d’en restituer autant que possible la réalité en privilégiant les faits plutôt que l’imagination et l’interprétation personnelle… Or c’est ce réalisme qui m’a justement manqué dans de nombreuses situations, ôtant à l’histoire et aux personnages toute crédibilité !



Fuyumi Soryo a voulu axer son intrigue sur l’histoire d’amour naissant entre Marie-Antoinette et Louis-Auguste, les dotant malheureusement chacun de caractères pour le moins stéréotypés… D’un côté on retrouve la jeune ingénue, pleine de bonnes intentions et de naïveté, dont le charme vient à bout des cœurs les plus froids et de l’autre un beau souverain introverti et mystérieux, dont la froideur cache en fait une sensibilité touchante… Bref, autant d’éléments caractéristiques du shojo qui, plutôt que d’enrichir l’histoire la desservent en lui donnant un aspect que j’ai trouvé assez niais et peu probable étant donné l’éducation et le rang de ses protagonistes…



Les dessins quant à eux sont toujours aussi beaux et fin, malgré des expressions assez froides chez les personnages, caractéristiques chez Fuyumi Soryo. Les décors ainsi que les costumes sont particulièrement soignés et montrent un réel souci du détail. Malheureusement, cela n’a pas suffi à me convaincre de lire la suite… Je trouve dommage que ce premier tome reste aussi superficiel et que la mangaka n’ait pas réussi à rendre la tension du climat de l’époque, annonciatrice de la révolution à venir…



Un grand merci à Babelio et aux éditions Glénat pour ce partenariat !
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Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine

Marie-Antoinette fait partie de ces personnages historiques qui déchaînent les foules et les passions. Pour ma part, je n'en ai jamais fait partie, c'est la curiosité de voir comment le talent de la mangaka Fuyumi Soryo allait servir ce personnage qui a attiré ma curiosité en réalité.

Les graphismes sont parfois moins poussés que dans certains tomes de Cesare, mais certains plans du château de Versailles et du Trianon de la reine valent quand même le détour.



Cette biographie romancée de la reine décapitée par la Révolution fut pour moi une lecture intéressante dans la mesure où, grâce au regard nippon porté sur Marie-Antoinette, j'ai enfin compris (pas adhéré, juste compris) la fascination que ce personnage exerce sur certains passionnés d'histoire. Fuyumi Soryo a fait le choix de mettre en avant l'aspect attendrissant de l'adolescente déracinée, passionnée et spontanée qui s'est toujours sentie étouffée par le carcan de l'étiquette de la cour de Versailles.

Ce manga constitue finalement un récit d'apprentissages des caractères , très centrés sur les médisances et jalousies féminines et les brosse à reluire pompeux qui cherchent à tout prix à plaire pour se faire une place.

Le parti pris de se focaliser sur l'adolescence de Marie-Antoinette est sans doute une stratégie pour rendre ce personnage sympathique. Bien sûr un tel portrait est biaisé et laisse de côté une grande part de sa vie et les raisons pour lesquelles elle fut si honni du peuple français - on évoque très vite les pamphlets dont elle était l'objet , la faisant passer pour une incomprise,bon... C'est le choix de l'auteur, qui a sans doute voulu partager la compassion qu'elle éprouvait, après tout pourquoi pas, bien que cela soit discutable.



Je remercie Babelio et les éditions Glénat pour cette sympathique lecture.
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Cesare, tome 3

Et voici le T3 et toujours le même enthousiasme me direz-vous? voyez donc

Angelo s’habitue peu à peu aux usages de l’université de Pise. Il s’inquiète car il n’a pas vu Cesare depuis plusieurs jours et diverses rumeurs courent : il serait malade ou serait parti pour Florence, en tout cas personne ne l’a vue en cours.

En fait, comme nous avons pu le voir dans le tome 2, il intrigue pour permettre à son père d’accéder à la papauté, tout comme son ennemi le cardinal DELLA ROVERE qui veut absolument que Cesare meurt, mais pas de sa main bien sûr. Il a demandé à l’archevêque de Pise Monseigneur RIARIO chez qui Cesare habite, mais celui-ci n’a plus envie d’obéir alors DELLA ROVERE va engager un espion pour le faire.

Cesare est devenu « ami » avec RIARIO en lui vendant la moitié d’une cargaison de sucre (les prix vont monter de façon importante donc spéculation), l’autre moitié allant à Lorenzo DE MEDICIS car le but de la manœuvre est de construire une manufacture de tissus fins.

En l’absence de Cesare, les Français ont tenté de supplanter les Espagnols au réfectoire et font fuir tout le monde en se conduisant grossièrement. Cesare reprend les choses en mains en provoquant leur chef Henri de façon habile de manière à pouvoir le ridiculiser.

La manœuvre a réussi, la manufacture va commencer à être construite, et Cesare confie la surveillance du chantier à Angelo car il est petit fils d’artisan…..

On entre donc maintenant dans un autre domaine : celui des bâtisseurs





Ce que j’en pense :



Ce troisième tome est aussi réussi que les deux premiers. On revient à l’université de Pise et les étudiants s’affrontent. Le meneur des Français Henri est haut en couleurs aussi, car c’est vraie brute, un bagarreur toujours dans la violence et qui réfléchit peu. Il nous évoquerait, pour un peu, le côté Astérix le Gaulois (ou plutôt Obélix, vue sa stature et sa rapidité à se battre contre les autres). On devine facilement qui a déclenché la bagarre par maladresse…

Cesare le surnomme le Minotaure et bien sûr leur combat va prendre la forme d’une corrida, le rôle de la muleta étant joué par la cape de Giovanni DE MEDICIS ce qui donne de très belles planches, Henri tombant dans tous les pièges ce qui aboutit à une correction en règle avec à la clé la destruction de la statue de la vierge.

Ce qui frappe, dans cet échange entre Henri et Cesare, c’est qu’en plus de la joue physique, il ya la joute verbale, avec un débat philosophique entre chaque passe.

Dans ce tome, on est revenu aux étudiants comme je le disais, et on voit la différence entre riches et pauvres, la souffrance de Roberto, l’ami d’Angelo qui souffre de ne pas être issu du même milieu que les autres étudiants de la Fiorentina, et qui n’ose jamais prendre la parole de peur de déplaire et qui envie en fait la liberté d’expression d’Angelo, qui ose tout, car il ne rend pas compte qu’il commet des impairs ou du moins, il s’en rend compte trop tard et doit s’excuser chaque fois.

Le personnage de Cesare, s’étoffe de plus en plus, et son côté rusé, son intelligence dans l’intrigue rend le lecteur admiratif vu son jeune âge. Par contre, Giovanni DE MEDICIS est de plus en plus terne, insignifiant, la vue du sang lui fait peur.

Maintenant qu’on sait que DELLA ROVERE a recruté un espion pour épier et tuer Cesare, on a tendance à chercher qui cela peut être et comme par hasard apparaît un nouveau personnage Niccolo MACHIAVEL étudiant en théologie et qui survient toujours au détour d’un chemin ou derrière une porte.

Je rappelle au passage que c'est Cesare BORGIA qui a inspiré le personnage du prince de MACHIAVEL.

L’intrigue est vraiment installée maintenant, et on la suit avec avidité à la manière d’un polar.

L’auteure a le génie de mêler l’Histoire, la philosophie, la sociologie à la petite histoire et toute la connaissance de l’époque de la Renaissance que lui apporte Motoaki HORA rend ce manga extrêmement riche et passionnant. Ce qui se passe à l’université de Pise est en effet le microcosme de l’histoire de l’Europe à cette époque-là.


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Cesare, tome 2

Que de raisons de se réjouir dans ce tome !



Les affrontements politiques complexes entre Borgia, Della Rovere et Médicis d'abord. Chacun avance ses pions dans le but de serrer son adversaire comme au jeu de Go. Des alliances se scellent. Des inimitiés mortelles sont clairement exposées, la plus forte à travers l'échange à mots semi-feutrés entre les cardinaux Rodrigo Borgia et Giuliano Della Rovere. Seigneur ! quelle haine et quel brio !



Le débat politique à l'université de Pise ensuite, entre Cesare Borgia, Giovanni de Médicis et Angelo da Canossa, portant sur la façon de gouverner et la prise en compte ou pas du bonheur du peuple dans l'équation. Un débat digne de Machiavel, même si employer ce nom est à ce moment encore anachronique.



Les décors nouveaux qui nous éloignent de Pise. On visite Rome et Florence. Fuyumi Soryo a l'incroyable courage de dessiner l'intérieur de la chapelle Sixtine avant les fresques de Michel-Ange, et de reproduire le tableau de Botticelli « le Printemps ». Cela paie : ces dessins sont sublimes.



Les rencontres enfin. On croise Christophe Colomb qui convoie des marchandises pour les Borgia et envisage sérieusement son voyage pour Cipango. On rencontre Laurent de Médicis qui s'allie commercialement avec les Borgia et un Savonarole prêt à déchainer la violence sur les juifs et les puissants. Mais surtout, on a droit à un magnifique tête-à-tête entre Cesare Borgia et Léonard de Vinci, chacun étonnant l'autre par ses capacités. Ce manga nous permet de placer les uns par rapport autres au sein de la tapisserie de la fin du 15ème siècle, tous les personnages historiques que l'on a l'habitude d'évoquer séparément en général, et dont on ne sait finalement pas vraiment s'ils sont contemporains.



Le portrait de César Borgia est de plus en plus complexe. Diplomate avisé, jeune homme flamboyant, acceptant le concept de gouvernement quasi dictatorial du Prince parfois amené à user de violence (« il n'y a que les florentins pour penser pouvoir mener un peuple au pinceau et au luth »), et pourtant vouant aux gémonies les dominicains et leur manières de maintenir le peuple dans la misère pour mieux les enchainer à l'obéissance à Dieu. Complexe, je vous dis.



Un excellent moment de culture et de détente mélangées.

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Cesare, tome 1

Le quattrocento italien est une de mes périodes historiques préférées dont je suis loin d’avoir fait le tour. Quand j’ai appris qu’un manga japonais se consacrait à César Borgia, mon sang n’a fait qu’un tour dans le bon sens de rotation. Je devais aller voir.



Fuyumi Soryo installe l’histoire en 1491, à Pise. Angelo, un jeune homme naïf mais intelligent et passionné par les arts, se rend à l’université « La Sapienza » pour sa première journée. D’origine modeste, il a eu l’insigne chance de bénéficier du financement de Laurent de Médicis pour ses études. Mais les mathématiques ou le droit canon vont cependant être la partie congrue des connaissances qu’il va acquérir.

L’université est en effet une maquette de la géopolitique européenne du temps, et Angelo va embourber ses pieds maladroits dans la cohabitation subtile des cercles regroupant les étudiants de chaque région. Intégré de fait dans le cercle des Florentins — dont le chef n’est autre que le fils cadet de Laurent de Médicis qui se comporte déjà comme le cardinal qu’il est amené à devenir — Angelo va immédiatement être attiré par le charme incontestable du chef du cercle des Espagnols : Cesare. Et ce dernier va s’attacher à ce jeune homme crédule, innocent, et si prometteur.



Regrouper l’ensemble des forces politiques importantes de l’Europe du temps dans une ville divisée en zones d’influence est un coup de maître. L’Histoire structure ce manga qui met en scène des adolescents. L’auteure, dans cette optique, est supervisée par un spécialiste de l’époque : Motoaki Hara. Au premier tome est d’ailleurs associée toute une bibliographie qui, si elle est de peu d’utilité pour le lecteur français (car surtout composée de références italiennes et japonaises), atteste du sérieux avec lequel il faut prendre le fond de l’histoire. Si je peux douter du caractère de César Borgia que je pressens trop hagiographique, à tout le moins cela me donne envie d’en lire une biographie.



Historique, ce récit reste un manga qui obéit à des codes que les experts babéliotes du genre nomment shôjo, je crois. Les personnages sont des adolescents. Angelo est un gamin intelligent et attachant qui, par son innocence même, s’attire les quolibets ou les foudres des prétentieux qui s’estiment si vite insultés, mais aussi les confidences des héros comme Cesare, présentés comme des jeunes hommes beaux comme des dieux mais dont les yeux reflètent une confiance qui confine à la sagesse millénaire. Candi n’est pas très loin. Mélanger cela avec le 15ème siècle italien est aussi étonnant et agréable que la cuisine sucrée-salée.



L’un des points forts, ce sont les décors de la ville et des palais. Ils sont somptueux d’exactitude. Soryo a un réel talent dans ce domaine.



Je remercie (encore !) Alfaric de m’avoir fait découvrir ce manga à travers ses critiques. Je suis hameçonné. Il n’y a plus qu’à remonter la ligne.^^

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Cesare, tome 7

Je pourrais me sentir déçu de voir que les aventures de Cesare et d’Angelo n’avancent pas d’un pouce dans ce tome.

Eh bien même pas.



Il ne m’a pas été bien difficile de me raisonner, d’admettre que le déroulement de l’action n’est pas le but premier du manga. Celui-ci cherche plutôt à cerner la personnalité du futur gonfalonier, à comprendre comment se sont petit à petit formés son ambition, ses valeurs, ses espoirs, à nous dévoiler ses humeurs tour à tour implacables et généreuses.

Et dans ce but, Fuyumi Soryo et Motoaki Hara ont estimé nécessaire de faire un retour sur l’histoire des relations complexes et la plupart du temps conflictuelles entre l’Empire et la Papauté…en remontant jusqu’à Jules César.



L’évocation ne sort pas de la cuisse de Jupiter ; elle apparaît au travers des réflexions profondes que Cesare rumine dans la Cathédrale Santa Maria Assunta de Pise. J’imagine qu’elle doit être incroyablement exotique pour un jeune japonais, mais elle est également très instructive pour un européen, même si je pense qu’il vaut mieux confronter ce qui y est conté avec une bonne encyclopédie.

Les auteurs se permettent quelques propositions historiques, notamment sur les relations entre Dante Alighieri et l’empereur Henri VII. Je pense que l’on voit ici certaines thèses soutenues par Motoaki Hara. L’historien spécialiste de la Renaissance s’en explique d’ailleurs au cours d’un entretien à la fin du tome. Mais ils continuent à brouiller les pistes, en développant des anecdotes qui nous rendent la papauté sympathique avant de prendre immédiatement le contrepied et dorer le blason de l’empire. Il en résulte une confusion de sentiments qui nous interdit de prendre vraiment partie, traduisant aussi vraisemblablement les propres émotions de Cesare qui hésite à se donner entièrement au pouvoir spirituel et se sent fortement attiré par le pouvoir temporel.



Bien sûr, on reste dans un cadre manga à la Soryo. Les papes, les empereurs aussi bien que les manants dialoguent toujours de la même manière. Ils s’emportent en prononçant une phrase choc qui laisse l’interlocuteur coi pendant quelques instants ; l’interlocuteur, ému, finit par réagit d’une manière souvent généreuse qui flatte l’empathie du lecteur. C’est une marque de fabrique bien agréable, ma foi.



Mais avant tout cela, le manga commence par un plaisir des yeux exceptionnel, avec une série de vues de l’intérieur de la cathédrale de Pise lors de la masse de Noël plus impressionnante l’une que l’autre. Et l’on a droit aussi à une description détaillée, enluminée de magnifiques dessins, de certains éléments particuliers de la cathédrale, comme le tombeau de l’empereur Henri VII ou la chaire de Pisano.

Fuyumi Soryo est une peintre sensationnelle.

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Cesare, tome 5

Un tome 5 de haute volée.



Deux moments forts.

D'abord la fin de la fugue d'enfant gâté de Cesare au milieu des vrais gens de Pise, en compagnie d'Angelo. Une démonstration de drague suivi d'une scène plutôt dramatique en liaison avec le conflit Rodrigo Borgia / Giuliano Della Rovere.

Puis l'organisation publique de la Bataille des Armées, où les représentants de l'université venus des pays d'Europe du nord affrontent ceux des pays du sud, à cheval et en armure. Evidemment on reproduit la rivalité franco-espagnole, ne serait-ce qu'à propos de la domination du royaume de Naples ; Cesare le malin contre Henri la brute. Ce long passage d'action bienvenu est mené de main de maître par Fuyumi Soryo. Des scènes spectaculaires, des prises de vue étonnantes (comme celle montrant l'armée du sud vue entre les sabots du cheval d'un cavalier du nord) et un duel final phénoménal. Applaudissements !



J'apprécie beaucoup l'évolution des relations entre Angelo et Cesare. le premier commence sérieusement à se méfier de son « ami ». Toute action de Cesare en faveur d'Angelo présente une facette de manipulation et Angelo s'en rend compte (avec l'aide de Miguel il est vrai, dont je ne saisis pas vraiment le but quand il met Angelo en garde vis-à-vis de Cesare). Bref, la camaraderie évolue en amitié/méfiance et je pense que c'est la meilleure voie à prendre quand on a affaire à un Borgia.



Un dessin toujours aussi génial à tous les niveaux. Et un petit dossier sur la vie étudiante durant la Renaissance complète l'histoire. Que demander de plus ?

Le tome suivant bien sûr !

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Cesare, tome 4

Ce quatrième tome voit, enfin, l’entrée en scène de Lucrezia Borgia dans le manga. Et Fuyumi Soryo ne la loupe pas, cette entrée, nous proposant un dessin couleur double page de Cesare assis dans un canapé, sa sœur à ses pieds, tous les deux jeunes adultes (donc plus tard que dans le récit) observant l’objectif, le regard sérieux pour l’un, aguicheur pour l’autre. Leurs costumes dorés de magnifique facture explosent sur le fond sombre de la pièce. Cette image fantastique, j’ai eu du mal à la lâcher pour poursuivre le manga.



La première partie est donc consacrée à Lucrezia, et l’on oublie un peu la politique pour découvrir cette gamine fascinée par son grand frère. On en profite pour découvrir avec elle le palais des Borgia, dont l’auteur ne se prive pas de nous dessiner les plus beaux aspects. Mais la réalité ne reste pas bien loin derrière la silhouette naïve de Lucrezia, l’entourage féminin de son père le Cardinal Rodrigo s’avérant assez comploteur pour gagner ou rester la première près de lui.



Mais on finit par retourner à Pise où Angelo est confronté à des déconvenues sur le chantier de la manufacture. Je n’en dirai pas plus, sauf que l’adversité aux Borgia ou aux Médicis se met en action.

Les deux éléments les plus intéressants dans ce volume, à mon sens, sont d’une part la naissance d’un début de méfiance d’Angelo envers Cesare (méfiance qu’a fait germer ce cher Miguel) et la balade incognito de Cesare, guidé par Angelo, à la fête populaire en commémoration du départ des Croisés de Pise plusieurs siècles plus tôt. Pour une fois, Cesare est plongé dans un environnement qu’il ignore totalement et commet bourde sur bourde. C’est jouissif !



Il m’a fallu quatre tomes pour remarquer une technique que Fuyumi Soryo utilise à foison lors des dialogues : souvent un interlocuteur prononce une phrase plus ou moins innocente ou intelligente, et l’autre reste sans voix, réagissant uniquement à travers une case avec gros plan sur un visage dont on ne sait s’il se demande s’il a bien entendu ou si il va se mettre en colère. Puis l’une des cases suivantes voit revenir le sourire sur le visage e l’autre, et le dialogue reprendre. On voit cela ici entre Lucrezia et Cesare, entre Angelo et Miguel ou entre Angelo et Cesare. C’est une constante de communication chez Soryo.



Un très bon tome encore une fois, plutôt porté par des éléments annexes à l’intrigue principale sans que l’on ait l’impression de perdre son temps. Décidément un très bon manga historique.

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Cesare, tome 10

Et bien, si on m'avait dit un jour que j'allais autant kiffer un manga plutôt orienté shojo… ^^







Moment homoérotique avec Michel-Ange expliquant à Cesare Borgia comment réparer les parties intimes de la statue préférée de Raffaele Riario.

Moment solennel avec l'examen du cardinalat de Giovanni de Médicis, Cesare Borgia musclant son jeu d'examinateur pour étouffer dans l’œuf le mécontentement du peuple de Pise.

Tandis que la famille Médicis se rassemble autour d'un Laurent le Magnifique bien mal en point, Cesare et Angelo s'offrent une escapade maritime sur le navire de Cristoforo Colombo

Moment tendre avec Angelo faisant ses adieux à sa dulcinée pisane le temps d'une longue nuit d'étreinte.

Moment intime avec Angelo faisant ses adieux à Cesare le temps d'une longue journée de chevauchée.

Moment émouvant avec Angelo retrouvant son grand-père tandis que le peuple de Florence naguère excommunié acclame son nouveau cardinal…

Tout n'est-il que luxe, calme et volupté ? Non, le destin est en marche !



Dessins magnifiques et scénario bien ficelé pour une série historique de qualité qui n'est pas loin de faire oublier la légende noire encore véhiculée en occident par paresse intellectuelle.
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Cesare, tome 2

Et bien, si on m’avait dit un jour que j’allais autant kiffer un manga plutôt orienté shojo… ^^







A Rome, la guerre de l’ombre fait rage entre le cardinal l’italien Giuliano Della Rovere et le cardinal espagnol Rodrigo Borgia, et le premier ne cache pas un instant qu’il compte de sa créature Raffaele Riario, archevêque de Pise, pour se débarrasser du bâtard de son rival promis à un grand avenir…



A Pise, Cesare Borgia ne compte pas en rester au rôle de pion de son géniteur car il a ses propres ambitions, le cercle des Espagnols n’existant pour assurer sa protection et son succès

Aux cours dispensé à la Sapienza, une étude de cas sur le Chant XXXIII de "L’Enfer" de Dante, qui raconte comment l’archevêque Ruggeri Ubaldini a fait mourir de faim le Comte Ugolino della Gherardesca Ugolino et tout sa famille, suscite de vifs débats politiques et religieux avant de dévier sur la théorisation de la Raison d’Etat… ^^

On insiste ensuite sur la sensibilité de Giovanni de Médicis, mais aussi la fascination crypto-yaoiste exercée par Cesare sur Raffaele Riario, le premier intriguant avec le second pour mieux le démasquer (une affaire spéculation sur une denrée rare et chère : le sucre !), tout en nous présentant les enjeux de la Reconquista finissante… Ce qui nous amène à rencontrer un dénommé Cristoforo Colombo qui avec l’aide des souverains espagnols compte bien se lancer dans de grands découvertes… ^^



Mais le point d’orgue de ce tome, c’est la rencontre de Cesare Borgia avec Laurent le Magnifique, Léonard de Vinci et Savonarole… (Ah oui, il y a aussi un certain Niccolò Machiavelli qui traîne également par là ^^)

Cesare est brillant de charisme, mais assume pleinement sa part d’ombre que nous découvrons en même temps qu’Angelo… C’est Miguel, son garde du corps marrane qui fait à la fois office d’ombre et de double qui va nous expliquer son ambivalence, source d’interrogations pour ses alliés, sources d’inquiétudes pour ses ennemis. Le manga monte très rapidement en puissance, et on dépasse puissamment le cadre d’un school life à la Renaissance !
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Cesare, tome 1

Nous sommes en 1491, en plein âge d'or de la Renaissance italienne.

Angelo da Canossa est admis à l'université de Pise en tant qu'étudiant.

De là il fera connaissance des plus grands noms de l'époque entre les Médicis et les Borgia.

Il sert surtout de narrateur à l'histoire de Cesare et de celles des rivalités entre les grandes familles de l'époque.

Ce premier tome nous décrit donc toutes les parties en place et la situation politique, commerciale et artistique du moment.

J'ai beaucoup aimé le graphisme, le détail des vêtements, des personnages ainsi que du paysage aussi bien campagne que urbain.

C'est sûr je vais continuer sur ma lancée.

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