Anne-Sophie Hache, de La Voix du Nord, a dit que L'ARMENIENNE est un livre à lire absolument. Je ne peux qu'abonder dans son sens.
J'avoue que je ne savais absolument pas quoi attendre de ce récit: un document sur le génocide de 1915? Une histoire de famille? Il y a de tout cela, mais bien plus encore.
Gaya Guerian évoque avec pudeur et retenue sa patrie, l'Arménie, à travers le destin de sa grand-mère et de sa mère. L'Arménie, ce royaume aux portes de Constantinople, dans lequel vivaient et se mélangeaient plusieurs ethnies, malgré des massacres perpétrés à travers l'histoire, de l'époque d'Alexandre Le Grand, jusqu'à la fin du XIXe siècle. On apprend à découvir la vie d'Achrène, la grand-mère encore jeune-femme, avant le terrible drame. Une vie faite de choses simples et d'amour, ce qui résume le peuple arménien.
Puis survient la tragédie, le crime, le génocide. La ville de Trébizonde n'y échappe pas. La fille d'Achrène, âgée de seulement deux ans, lui est arrachée, tandis qu'elle-même est conduite avec d'autres femmes pour une longue marche forcée, au cours de laquelle on leur fait des promesses auxquelles elles ne prennent plus la peine de croire. Des centaines d'enfants seront noyés, les hommes abattus, les femmes violées, vendues ou tuées. Suite à un terrible événement au cours de sa captivité, Achrène parvient à s'enfuir et erre durant quelques années. Ce qu'elle ignore, c'est que sa fille a survécu et vit elle aussi des épreuves aussi difficiles qu'incroyables. Il leur faudra des années avant de se retrouver, en France.
Que vous dire, sinon que j'ai dévoré ce livre, happée et captivée par le destin hors normes de ces trois femmes? J'ai souvent eu l'impression de lire un roman, avant de me rappeler que malheureusement, tout ceci a bien été réel. J'ai été émue, parfois aux larmes, par cette histoire aussi tragique que pleine d'espoir. Gaya Guerian nous parle avec des mots simples et beaux de l'exil forcé, des souffrances de son peuple, mais son but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières. Il y a de beaux moments, quand la famille peut refaire sa vie en France, à Valence puis à Paris, malgré un certain racisme émergeant. Gaya a grandi entourée par deux femmes au caractère bien trempé, qui ont survécu au pire. J'ai également beaucoup apprécié les instants de fête de la communauté arménienne, la vie d'artiste que mène Gaya (elle envisage de devenir chanteuse, jusqu'à ce qu'elle contracte une grave tuberculose pulmonaire), on croise même un autre Arménien célèbre, Charles Aznavour.
C'est un livre riche en émotions, en aventures. Ce sont des personnes simples qui ont vécu des terribles choses et ont su s'en relever. On revisite tout le XXe siècle et ses terribles événéments, on se dit que si ces femmes ont pu survivre au pire, chacun peut se lever et faire face. Ce récit poignant et fort, nous parle de l'exil, certes, d'une tragédie, bien sûr, mais c'est aussi une ode à la vie et à la communauté arménienne, qui ne m'a donné qu'une envie: serrer bien fort Gaya Guerian dans mes bras. Mes mots ne seront pas assez forts pour vous expliquer à quel point j'ai aimé ce livre qui, oui, est nécessaire.
En bref, L'ARMENIENNE est un récit poignant et plein d'espoir, qui nous plonge dans la vie de trois femmes d'une même famille, au destin hors normes. On apprend à connaître le peuple arménien, ses tragédies mais aussi ses instants de joie. On se prend finalement une belle claque à travers cette magnifique leçon de vie.
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