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Critiques de Gaya Guerian (19)
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Trébizonde, sur les rivages de la mer Noire, était un carrefour des grands vents de l'Histoire. Elle fut aussi un lieu d'horreur, où la haine, la cruauté et la colère des hommes, ont fait couler le sang, et tout cela par convoitise et par haine de la culture et de la religion de l'autre. La main de l'homme a frappé, sans égard pour ces Arméniens, qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes. La compassion et la raison humaine n'ont plus leur place dans cette logique d'extermination infernale.



Les survivants tentent de continuer à avancer ailleurs, portant sur eux le poids de leur passé, les souvenirs des disparus. Ils n'ont plus de patrie, mais ils transmettent leurs traditions, leur état d'esprit et surtout leur force, leur fierté.

La main de l'homme, aussi impitoyable et déterminée soit-elle, ne pourra pas effacer cette communauté d'hommes qui a lutté et gardé la tête haute, face à tant de perversités et d'atrocités..



Gaya Guérian raconte dans ce roman l'histoire de sa grand-mère et de sa mère, toutes deux survivantes du génocide de Trébizonde, en Arménie. Un roman qui rappelle celui d'Henri Verneuil ; Mayrig. Beaucoup d'émotions et beaucoup d'incompréhensions devant cette misère humaine.

Des enfants en quête de racines , pour ne pas oublier que leur naissance est une victoire sur les bourreaux, qu'elle est le fruit d'une lutte acharnée pour la vie. Des enfants qui démontrent que le fil de la vie, aussi fragile qu'il soit,tendu d'une génération à l'autre, n'est pas aussi facile à rompre qu'on pourrait le croire.

Des enfants qui racontent, pour qu'on n'oublie pas que l'on peut mourir parce qu'on est différent de l'autre.



Les bourreaux ont bien peu de valeur face à ceux qu'ils persécutent et qu'ils prennent pour des sous-hommes. Et l'histoire se répète hélas, comme si aucune leçon n'avait été retenue. Beaucoup d'hommes fuient encore leur patrie en quête de paix et de dignité, victimes de la capacité de destruction de l'homme.



Je remercie les Editions XO ainsi que la masse critique de Babelio pour ce roman sensible et chaleureux. L'Arménienne, L'indestructible fil de la vie, est un roman précieux qui permet de savoir et de ne pas oublier. C'est aussi une leçon de vie.







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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Triste centenaire cette année, celui du génocide arménien de 1915.

À la fin du XIXe siècle, l'Arménie est partagée entre la Russie et l'Empire ottoman. De 1894 à 1896, les Turcs se livrent aux premiers massacres contre les Arméniens d’Asie Mineure orientale (80 000 à 300 000 morts).

La première guerre mondiale est l'occasion d'un nouvel assaut : les Turcs (alliés à l'Allemagne) accusent les Arméniens (soutenus par les Russes) de sympathie avec l'ennemi, des prétextes religieux sont également invoqués - islam vs christianisme - pour récupérer leur territoire et donc procéder à un "nettoyage ethnique" (sic).

Concrètement (et en résumé, car la situation est complexe) : massacre par l'armée turque de plus d'un million d'Arméniens à partir d'avril 1915, et déportation. Les survivants s'installent à Constantinople ou s'exilent vers l'URSS, la Grèce, l'Europe occidentale...



Dans ce témoignage, Gaya Guérian relate les destins de sa grand-mère et de sa mère arméniennes, qui, comme tant de leurs compatriotes, ont vu des proches se faire tuer, ont été chassées de chez elles, ont perdu tous leurs biens, ont dû fuir leur région. Ces deux femmes ont eu "la chance" de trouver refuge en France - terre d'accueil, à l'époque, car besoin de main-d'oeuvre - et ont réussi à se faire une place dans la société grâce à la solidarité entre Arméniens.



Ce récit est très intéressant, l'auteur y inscrit son histoire familiale dans la grande Histoire, celle du XXe siècle, marquée par la barbarie à grande échelle.

Quelques passages sont éprouvants, attention, mais la narration simple - parfois naïve, façon 'autobiographie de people' - rend ce texte accessible à tous.



A découvrir, pour ne pas oublier, et pour mieux comprendre ce tragique épisode de l'histoire turque...

Pour info : utiliser le terme de "génocide" arménien est encore sanctionnable pénalement en Turquie.



• Merci à Babelio et aux éditions XO.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

C’est en racontant l’histoire de sa famille et plus particulièrement de sa grand-mère et de sa mère, que l’auteur Gaya Guérian révèle la cruauté du génocide arménien. Nous suivons la séparation des familles, la mort pour beaucoup et certains plus chanceux se retrouvent après des années. L’auteur décrit les retrouvailles, l’intégration, les non-dits, l’héritage lourd de la communauté arménienne, mais aussi un retour à la vie et la vie pour les générations suivantes.

C’est le témoignage de cette femme, de sa famille à travers son histoire. Je n’ai pas été vraiment émue par ce récit, peut être que ce n’était pas vraiment le bon moment.

Je remercie les éditions XO document et Masse Critique.

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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Que laisse-t-on ?, que prend-on ?, que léguons nous , de quoi héritons-t-nous ? D'un visage ? D'un nom ? D'une mémoire, et de quelle mémoire ? Quel morceau, quel pan emportons nous, quel chant retenons nous ? Gaya Guérian est une « enfant de multiples orage, la fille de rivières de de sang. » mais elle est Gaya fille d'Azad , fille d'Achrène,elle même arrière grand-mère d'Elsa. Elles ont en elles une mémoire, celle du peuple d'Arménie. Gaya porte la réponse d'un destin multiple, singulier, particulier. Elle file, dit, et relie les instants de vie. Chaque fil est un miracle, chaque nœud est la marque d'une victoire, une résistance, chaque fil porte l'espoir d'un nouveau chemin, l'idée de son propre dessein. Chaque mouvement de la trame donne souffle à l'ensemble. Elle est l'âme du fil, la main qui ne s'interrompt pas. Ce qui ne se rompt pas. Bien sur c'est un acte de mémoire en réponse à la terreur de l'histoire. Mais une réponse qu'elle transmet à chacun d'entre nous. Q' importe notre naissance, qu'importe ce que nous avons traversé, ce que nous traverserons demain. Peu importe les lieux qui nous accueilleront. Une mémoire prend place quand elle s'inscrit en parole d'espoir. Une mémoire est le contraire d'un deuil. Chaque mouvement, chaque parfum, chaque rue, chaque enfant, chaque rire, chaque frémissement, chaque commencement est un lieu de mémoire. C'est là que réside le nom de toute chose , le nom des lieux, c'est là que que sourit chaque visage, c'est que se prononce chaque prénom. C'est à cela que naissent les mémoires. Le rappel ne doit pas être blessure, et ne doit laisser la béance de la douleur. Ce n'est pas l' anathème du recommencement, c'est la parole donnée à l'espoir. Une mémoire qui libère et qui n'enferme pas. Comme les lettres de ce prénom inscrites sur ce mur blanc : A..Z..A..D. Azad qui en kurde, en persan , en arménien en ourdou et en hindi signifie Libre. Libre comme l'oiseau bouche qui sait nourrir de son amour la force indestructible du Vivant.



Opération Masse critique Babelio- Xo document, novembre 2015.

Astrid Shriqui Garain

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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

En 1915 a été perpétré l'un des pires génocides de l'histoire, celui du peuple arménien par la Turquie... génocide toujours pas reconnu par ses auteurs.



Gaya Guerian nous raconte l'histoire de sa mère et de sa grand-mère, toutes deux miraculeusement rescapées d'une boucherie épouvantable à Trébizonde, joli port de la Mer Noire, et la vie de la diaspora arménienne exilée à Paris.



Le principal intérêt de ce récit est de nous rappeler que le génocide arménien n'a toujours pas été reconnu par la Turquie, la Turquie qui, rappelons-le a failli être complaisamment accueillie au sein de l'Europe.



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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

En novembre 1914, l’Empire Ottoman entre en guerre aux côtés des puissances centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie) contre la Triple Alliance (France, Royaume-Uni et Russie). A partir d’avril 1915 et pendant plusieurs mois, les autorités turques prétextent d'une collusion entre des Arméniens et l’ennemi russe pour exterminer cette partie de la population du pays.

Le récit de Gaya Guérian débute par un massacre organisé dans ce cadre. Un Turc réquisitionné pour cette entreprise d’extermination épargne une fillette, puis un jeune soldat lui trouve un refuge. Ainsi commence la terrible histoire de celle qui deviendra la mère de la narratrice.



L’intérêt de cette histoire familiale réside surtout dans son imbrication avec l’Histoire arménienne, dans la manière dont ce contexte historique est resitué. Les massacres hamidiens des années 1894 à 1896 sont évoqués. Rétrospectivement ils apparaissent comme des préludes au génocide de 1915-1916.

Le poids de ce passé pour les survivants et leurs descendants est mis en évidence, et expliqué. Ce ne sont pas seulement des proches qu’ont perdu les survivants, mais aussi des situations sociales, ainsi que leur pays. Cette dernière perte est d’autant plus grande que la Turquie minimise le nombre de meurtres commis et nie leur caractère génocidaire (là-bas, l’emploi de ce terme est encore pénalement sanctionnable…). Pour les descendants, aux traumatismes causés par les cruautés racontées, s’ajoutent ceux générés par des non-dits (ce qui est trop difficile à raconter laisse des marques telles que les autres en ressentent des effets).

Cette histoire n’est pas seulement celle d’un génocide, elle est aussi celle d’exils et de reconstructions hors du pays d’origine. L’intégration en France des populations d’origine arménienne fut probablement plus réussie que celle de populations culturellement plus éloignées, immigrées dans un autre contexte. Ce ne fut pas pour autant une sinécure, d’autant que certains avaient tout perdu.



Un ouvrage particulièrement intéressant, qui invite à relativiser certains de nos petits malheurs.

L’auteur semble cependant avoir intégré quelques éléments dont la véracité est douteuse (pas au sujet du génocide en lui-même). Ainsi, quelques recherches sur internet montrent que la société Danone est née en Espagne, non en France chez des amis de la famille de la narratrice. Dommage que ce genre de détails vienne jeter un doute sur la véracité de ce récit biographique.



• Merci à Babelio et aux éditions XO.

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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Roman ou témoignage? Ce récit déroule le fil des générations, de mères en filles arméniennes. Comment porter l'insupportable, le souvenir du génocide de 1915?

Après les massacres de Trébizonde, Achrène a erré sur les routes du désert, a perdu son bébé après avoir été séparée de sa fille Chenorig agée tout juste de 2 ans. Chenorig est une rescapée, sauvée par un soldat turc, à peine tolérée.

Mère et fille se retrouveront par miracle en France.



Elles s'installent dans la France de l'entre deux guerres. On voit comment la communauté arménienne maintient le souvenir et la culture en diaspora mais aussi comment elle s'adapte. Gayané, l'auteur, née en France porte sa double culture et la génération suivante aussi.



Le témoignage est poignant même si on reste un peu sur sa faim quant à l'analyse historique. On aurait aimé plus de précisions, plus de détails descriptifs. J'aurais aimé mieux connaître Trebizonde, goûter aux saveurs de la cuisine... Il manque un je- ne- sais- quoi, de littéraire. Toutefois, c'est une lecture facile( difficile d'écrire "agréable" si on pense à la tragédie abordée).



Je remercie les éditions XO document et la Masse Critique de m'avoir offert ce livre.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Port de Trébizonde, au bord de la mer noire, en1915.

Les turcs envahissent la ville et commettent des exactions terribles et violentes auprès de la population arménienne. Le génocide est en marche : il a l’odeur de la poudre et de la peur mêlées, il a le son des cris du désespoir et de la douleur, il est couleur rouge sang et gris poussière…

Dans la confusion et sous les coups des attaquants, malgré la force que met Achrène à étreindre sa petite Chenorig, elle est obligée de la lâcher. Chenorig, deux ans, est jetée comme les autres enfants dans un sac de jute qui bientôt sera lancé dans la mer. Achrène, sa mère, enceinte de son fils est déportée en Syrie.

Dans ce récit Gaya Guérian déroule les vies de ses mère et grand-mère, de l’empire Ottoman jusque la France, de leur statut de rescapées du génocide arménien jusque leur naturalisation française. Elle nous prouve que le fil ténu de la vie va résister à la furie et à la haine des hommes.

L’intérêt de ce livre, à l’écriture abordable, est de nous éclairer sur ce génocide en le resituant dans le temps et dans les faits. Il m’a aiguillé vers d’autres lectures, d’autres histoires afin d’approfondir ces épisodes sanglants.

Un récit bien conté qui traite essentiellement de la construction ou reconstruction de vies lorsque l’héritage familial repose sur un lourd fardeau historique.

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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Présenté à mon club de lecture par une amie arménienne, je l'ai de ce fait emprunté par respect pour elle et son pays. Mais je l'avoue, je l'ai emprunté sans en attendre autre chose que le rappel de ce que l'on sait déjà du génocide arménien. Mais ce fut finalement une heureuse surprise. Car à travers le récit du peuple arménien, l'auteure nous raconte de façon très sincère et émouvante l'histoire de sa famille, et plus particulièrement celle des femmes de cette famille. Grâce à leur courage, c'est tout le peuple arménien qui lutte et survit envers et contre tout, contre tous. Très beau témoignage, qui se lit comme un roman.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Enfin je livre ma critique, pile le dernier jour ! Merci beaucoup à Babelio et aux éditions XO de m'avoir fait découvrir cet ouvrage.



Gaya Guérian revient sur la vie de la grand-mère et de sa mère. Ces femmes issues de la communauté arménienne ont vécu des moments terribles de l'Histoire. Elles dévoilent leurs survies, le génocide, les turcs, leur arrivée en France vers une nouvelle terre, une nouvelle vie. Elles se reconstruisent, malgré les silences des sujets à ne pas aborder. Il faut oublier mais qui peut le faire ? Leur identité est faite d'une culture forte qu'il est impossible d'oublier et surtout qu'il faut partager aux noms de tous ces morts, toute cette douleur.



Ce témoignage pose les questions essentielles de l'exil. Peut-on être heureux en étant constamment en exil ? Est-il possible de se sentir un jour chez soi ? Les générations suivantes vont essayer à leur tour de faire vivre cette culture meurtrie.



J'ai un peu de mal avec les témoignages et celui-ci ne m'a malheureusement pas convaincu. L'origine du génocide est très bien expliqué. J'ai trouvé cependant le sujet un peu survolé, la partie se passant en Arménie et Turquie est précise et chargée de détails cependant après l'arrivée en France les années s'enchaînent rapidement ce qui est assez décevant. de plus j'ai eu un petit problème avec l'écriture, pas vraiment en accord avec le sujet. J'ai senti un décalage entre le fond et la forme. le génocide arménien et cette culture sont des sujets qui m'intéresse c'est pourquoi ce livre m'a un peu déçu dans son ensemble.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Le témoignage de Gaya Guérian va à l'essentiel. Il relate l'histoire de femmes, sa grand-mère et sa mère, dont le destin fut tragique. Le lecteur sent à quel point ces blessures du passé ont influencé et marqué la vie de Gaya, qui a ressenti le besoin viscéral de laisser une trace, de raconter.

Dans un style très épuré, au présent, elle nous raconte de façon factuelle, les événements traversés, parfois douloureux, parfois miraculeux aussi.

Il se dégage de ce témoignage une force vitale incroyable, et montre à quel point le destin est imprévisible.

Ce livre est touchant, et donne envie d'en savoir plus sur cette tragique période de l'histoire, finalement peu connue.

Le partis-pris de l'auteur n'a pas été de prendre de la hauteur sur les événements historiques, en rappelant le contexte, en racontant la ville de Trébizonde à l'époque... Elle s'est mise à hauteur d'homme (enfin de femme, dans le cas présent) et relate les faits tels qu'ils sont arrivés, tels qu'ils se sont enchainés, aussi affreux et tragique que cela ait été. C'est une "petite" histoire familiale, vécue par des milliers de personnes, dans la Grande histoire.

Je trouve que c'est ce qui fait la force de ce récit, que j'ai lu d'une traite.

A lire donc.

Merci Babelio pour cette découverte.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Identité et intégration.





D'origine arménienne, l'auteure raconte le drame qui a touché sa famille alors qu'en 1915, à Trébizonde, les Arméniens ont été rassemblés puis les hommes fusillés, les femmes et les vieillards envoyés en déportation tandis que trois cents enfants sont noyés dans la Mer Noire.



Séparées, Achrène et Chenorig, sa fille, échapperont au génocide et à la noyade. Après bien des épreuves et des errances, elles se retrouveront par miracle en France où naîtra Gayané, petite-fille de l'une et fille de l'autre. De génération en génération, se transmet l'espoir de voir renaître l'Arménie et reconnu le génocide ainsi que l'amour pour ce pays qui les a accueillies.



Si l'auteure appuie son récit sur l'histoire familiale, elle nous donne aussi à approcher des bribes de l'Histoire et au-delà, la curiosité d'en savoir plus sur le génocide des Arméniens.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Gaya Guérian est née en 1939 à Paris. Très vite, durant son enfance, elle apprend que sa famille est d’origine arménienne. Azad, sa mère, et Achrène, sa grand-mère, ont survécu au génocide de 1915. Aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, Gaya Guéridan s’est attelée à mettre noir sur blanc sa tragédie familiale afin que sa descendance n’en ignore rien et que le monde n’oublie pas. Un récit intime, un témoignage de plus pour nous dire l’Histoire. Entamée en 2004, après le décès de sa mère, la rédaction de ce récit nous donne ce livre qui vient de paraître.

Rappel des faits emprunté à Wikipédia : « Le génocide arménien a été perpétré d'avril 1915 à juillet 1916, voire 1923, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur. Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l'époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes-Turcs », composé en particulier du triumvirat d'officiers Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l'Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Il coûte la vie à environ un million deux cent mille Arméniens d'Anatolie et d'Arménie occidentale. »

Je ne vais pas entrer dans les détails de ce récit dont vous imaginez bien les grandes lignes ; les massacres, « Il y a eu les massacres à la fin du siècle dernier, puis l’hécatombe de 1915, puis les purges soviétiques, puis la traque ethnique turc, puis… Décidément, serons-nous jamais en paix ? », l’exode par la Grèce puis l’arrivée en France à Marseille avant de remonter vers la région parisienne. La Seconde Guerre Mondiale et les persécutions des Juifs, parallèle douloureux pour ceux-là mêmes qui avaient échappé à des massacres. Mais pour les vivants, la vie reprend toujours ses droits – c’est l’un des enseignements de ce texte et le sous-titre du bouquin – des enfants vont naître, faire du français leur langue principale, s’intégrer dans la société…

Gaya Guérian dit les faits en phrases courtes et qui claquent comme le fouet, sans trop s’attarder sur les horreurs, mais comment les taire si l’on veut les dénoncer ? Dieu merci, le récit n’est pas fait que de pleurs, il y a aussi la vie – quelconque, celle des gens comme vous ou moi – et des rencontres avec de futurs illustres (Charles Aznavour, Johnny Hallyday et d’autres)pour apporter une touche de gaité à ce récit très émouvant.

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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

A travers le destin de sa grand-mère Achrène mère et veuve fuyant la mort et de sa mère Azad toute petite-fille à ce moment-là presque orpheline, l'auteure Gaya Guérian nous raconte une partie du génocide arménien et de la fuite. En cette année 1915 les arméniens redoute une fois de plus les massacres et à partir d'avril l'armée turque tue et déporte plus d'un million d'arménien, dans ce livre il est fait référence à la ville de Trébizonde et aux horreurs vécues par ses habitants, un acte terrible m'a glacé le sang plus que tout autre: les soldats enfermaient les enfants dans des sacs avant de les transporter au large et de les jeter à la mer. C'est comme ça que la grand-mère Achrène a cru perdre sa fille à tout jamais, a cru subir la plus grande des douleurs mais malheureusement ce ne fut pas le cas.

Je ne pense qu'il soit utile ni même judicieux de retransmettre ici toutes les exactions commises par les soldats turcs et autres bandits, par les hauts gradés et sous la direction du gouvernement, ce fut terrible d'autant que la Turquie alliée de l'Allemagne voit une légitimité à ce massacre pendant la première guerre mondiale, accusant les arméniens d'être alliés aux ennemis. Une bonne manière d'éviter d'invoquer des différences religieuses.



Ce témoignage montre la ténacité des survivants installés soit à Constantinople soit exilés en Europe et en Grèce, nombre d'arméniens embarqueront pour Marseille laissant derrière eux tous leurs biens qui pour la plupart seront volés, revendus ou les maisons données à des locaux. C'est donc en France qu'Achrène et Azad s'installe après des retrouvailles digne d'une vrai miracle, la vie s'écoule et la famille s'agrandit et avec l'espoir de voir renaître l'Arménie, de voir reconnu un génocide, une épuration ethnique; chaque arménien porte en lui un drame et tente de se reconstruire c'est le cas de la grand-mère Achrène qui fait figure de socle familial et qui espère à travers ses descendants retrouver le goût de vivre et ne pas se laisser submerger par ses souvenirs et la nostalgie de sa ville natale, de son pays. Il est énormément question de sauvegarde de l'identité arménienne par l'intégration des enfants dans une école arménienne, par le partage de souvenirs, la cuisine sans jamais laisser paraître une quelconque souffrance. Certains passages sont durs mais reflètent aussi le courage de ce peuple que le destin s'acharne à éprouver.



Une histoire triste qu'il est difficile d'imaginer, les persécutions de peuples ne finiront pas, le passé se répète sans qu'aucune leçon n'en soit tirée. Ce livre, ce témoignage magnifique se lit très vite, je trouve dommage que certains points n'aient pas été davantage développé et qu'au contraire il y ait eu un étalage de grandes personnalités. Cet ouvrage reste tout de même une belle découverte pour moi qui cette année m'intéresse particulièrement à l'histoire de l'Arménie.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

C'est l'Arménie que je retrouve dans ce livre, pays qui a vu son peuple souffrir atrocement, loin des regards et dans un silence inquiétant. Nul ne peut le contester, les Arméniens ont subit les crimes les plus atroces, les injustices les plus insupportables; parce que différents, parce que chrétiens, parce qu'arméniens. Ils ont été victimes de génocide. On a voulu les détruire, les supprimer. Ils sont des milliers (plus d'un millions de morts) à avoir tout simplement disparus. Ils ne sont plus. Ils ne sont que dans le souvenir des survivants, dans la tête de celles et ceux qui ont réussi à échapper à la mort. Ceux-là ont vécu, oui, mais avec le cœur chargé, les yeux embués, l'esprit tourmenté. Et c'est ce que nous raconte Gaya Guérian. D'origine arménienne, l'auteure nous écrit le drame qui a touché les membres de sa famille. C'est sa grand-mère, Achrène, qui a survécu au génocide. C'est sa mère, Chenorig, devenue Azad (liberté), qui a échappé à la noyade. Ce sont des femmes à qui l'on a tout pris, qui ont tout perdu et qui se sont retrouvées seules au monde. C'est forcément triste et émouvant. C'est forcément horrible à penser et imaginer mais il faut toujours continuer à raconter pour ne pas oublier les tragédies imposées par les hommes avides de sang. A travers ses vies brisées, Gaya Guérian évoque d'autres sujets: la vie après le drame, la souffrance du survivant, la constitution de son identité, l'exil, les souvenirs, la nostalgie ... etc. Elle raconte ce que beaucoup d'opprimés, de réfugiés, d'exilés ont à connaitre également. Elle dit aussi le silence qui pèse, son rapport à l'identité et malheureusement pour moi, sur ce sujet, elle en dit peu. J'aurais aimé en effet que l'auteure écrive davantage, qu'elle nous livre beaucoup plus, qu'elle nous explique précisément ce que c'est que d'être la fille de survivants arméniens, comment se lit le silence qui pèse dans la famille, quelle place est accordée au passé, comment il envahit le présent, comment on vit avec cette histoire chargée, s'il est possible de s'en détacher.. etc. Elle répond mais pas suffisamment. J'ai eu l'impression, en effet, que le récit n'était pas suffisamment nourri ou qu'il était mal nourri. J'ai eu le sentiment d'un manque, d'une absence comme si le livre n'était pas complet, pas assez fouillé, pas assez expliqué. Il m'a manqué quelque chose. Et plus qu'un témoignage, j'ai parfois eu l'impression de lire un roman mal ficelé, un roman un peu tiré par les cornes. Qui se souvient par exemple de ce qu'il a vécu à deux/trois ans? Moi pas. Je suis donc toujours étonnée de lire des personnages qui se souviennent de leur petite enfance. Passe encore dans un roman, l'auteur y fait ce qu'il veut, mais dans un témoignage, est-ce bien crédible? J'en doute quelque peu.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Tout d'abord, merci à Babelio et à XO Editions pour ce livre, reçu dans le cadre d'une Masse critique spéciale.

Ce récit est celui de Gayané, française d'origine arménienne. Elle raconte la vie bouleversante et chaotique d'Achrène, sa grand - mère et d'Azad, sa mère. Achrène, jadis comblée et heureuse, fuit son pays tant aimé en y laissant une partie d'elle - même. Elle vient de connaître l'horreur et la cruauté, rien ne pourra jamais effacé ce qu'elle vient de vivre.

Séparée de sa fille, elle erre pendant de longs mois et se trouve une "nouvelle famille" avec laquelle elle tentera de vivre comme elle pourra.

Azad a deux ans et demi, seule sur la plage, enfermée dans un sac. Recueillie par une famille qui n'avait pas le choix, elle vivra le reste de sa petite enfance sans amour sinon celui d'une chienne, Kiral. Puis elle quittera elle aussi le pays par la biais d'une association.

Deux destins tragiques, deux coeurs aimants, liés à jamais.

Et une petite fille, Gayané, née en France, qui n'est pas de "là - bas" mais qui comprendra, au fil des années, l'attachement de ses aînés à leurs racines.

Après avoir lu la quatrième de couverture, j'avais hâte de le commencer. Tout d'abord parce que je connais mal cette période de l'Histoire. On parle très peu du génocide arménien à l'école, ce qui est dommage. Ce que j'ai lu alors m'a bouleversée. Tant d'atrocités et de haine contre des êtres humains, c'est inimaginable. Je ne peux imaginer la douleur de cette femme, Achrène, a qui on arrache son bien le plus précieux. Tant de gens tués, de familles brisées, de sang qui a coulé, pourquoi?

C'est un livre poignant, juste et sincère. Il n'y a pas de détours pour écrire ce qu'il y a à dire. Parfois c'est dur, oui, mais c'est comme cela que ça s'est passé. Parfois, les émotions prennent le dessus sur le lecteur, oui, c'est fort possible.

Mais il ne s'agit pas là que du génocide arménien. Il y a aussi l'amour des Arméniens, leur attachement à leur pays. Il y a une histoire de coutumes, de mode de vie, de valeurs. Il y a la transmission, de génération en génération. Tout ce qui est propre au peuple arménien. J'ai eu envie de danser moi aussi avec les femmes dans la maison de Colombes, j'ai eu envie aussi d'apprendre l'alphabet de trente - huit lettres.

La seule chose que je n'ai pas compris, c'est pourquoi le neveu s'installe à Quiberon pour étudier les estuaires du Finistère Sud...oui parce que Quiberon est dans le Morbihan. C'est un détail oui mais pour une bretonne, c'est un gros détail.

En bref, un très récit très bien construit, qui se lit aisément. Trois femmes attachantes et aimantes. Trois destins hors du commun que je vous invite à découvrir.


Lien : http://mychipounette.blogspo..
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Un témoignage émouvant, on ne peut pas rester insensible. Témoignage sur trois générations de femmes, la grand-mère Achrène qui subira les atrocités du génocide arménien en 1915. Ceux qui échapperont aux atrocités fuiront, nous suivons Achrène, sa fille Azad puis Gaya sa petite fille qui elle écrira ce livre pour la mémoire, pour ne pas oublier. Mon bémol est que les personnages ne sont pas assez développés, dommage.



Je remercie les éditions XO document et la Masse Critique de m'avoir offert ce livre.
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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

2015 est l'année de commémoration du 100ème anniversaire du Génocide arménien. A cette occasion, beaucoup d'auteurs ont proposé divers ouvrages sur le sujet sous forme de romans, témoignages, livres d'Histoire...



Je remercie Babélio et les éditions XO de m'avoir offert "l'Arménienne" dans le cadre d'une Masse Critique.



Malheureusement, je suis un peu gênée d'avouer que je n'ai pas apprécié ce livre.



Il est indéniable que l'auteur a fourni un gros travail de recherche dans les archives familiales et dans divers documents historiques pour faire aboutir cet ouvrage.

Et on ne peut qu'être profondément ému en lisant les souffrances endurées par la mère et la grand-mère de Gaya. Le lien indéfectible qui unit ces femmes est indubitablement magnifique!



Malheureusement, là où je n'adhère plus, c'est dans la construction du livre. Il manque une explication plus précise des causes du génocide arménien pour que le lecteur comprenne comment les horreurs vécues par les protagonistes durant les déportations massives organisées par les Turcs.

Et les divers flashbacks mal organisés dans la suite de l'intrigue peuvent être dérangeants...



Bref, un document intéressant à la base,qui aurait pu être une pépite mais qui manque d'un vrai fil conducteur...



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L'Arménienne. L'indestructible fil de la vie

Anne-Sophie Hache, de La Voix du Nord, a dit que L'ARMENIENNE est un livre à lire absolument. Je ne peux qu'abonder dans son sens.



J'avoue que je ne savais absolument pas quoi attendre de ce récit: un document sur le génocide de 1915? Une histoire de famille? Il y a de tout cela, mais bien plus encore.



Gaya Guerian évoque avec pudeur et retenue sa patrie, l'Arménie, à travers le destin de sa grand-mère et de sa mère. L'Arménie, ce royaume aux portes de Constantinople, dans lequel vivaient et se mélangeaient plusieurs ethnies, malgré des massacres perpétrés à travers l'histoire, de l'époque d'Alexandre Le Grand, jusqu'à la fin du XIXe siècle. On apprend à découvir la vie d'Achrène, la grand-mère encore jeune-femme, avant le terrible drame. Une vie faite de choses simples et d'amour, ce qui résume le peuple arménien.



Puis survient la tragédie, le crime, le génocide. La ville de Trébizonde n'y échappe pas. La fille d'Achrène, âgée de seulement deux ans, lui est arrachée, tandis qu'elle-même est conduite avec d'autres femmes pour une longue marche forcée, au cours de laquelle on leur fait des promesses auxquelles elles ne prennent plus la peine de croire. Des centaines d'enfants seront noyés, les hommes abattus, les femmes violées, vendues ou tuées. Suite à un terrible événement au cours de sa captivité, Achrène parvient à s'enfuir et erre durant quelques années. Ce qu'elle ignore, c'est que sa fille a survécu et vit elle aussi des épreuves aussi difficiles qu'incroyables. Il leur faudra des années avant de se retrouver, en France.



Que vous dire, sinon que j'ai dévoré ce livre, happée et captivée par le destin hors normes de ces trois femmes? J'ai souvent eu l'impression de lire un roman, avant de me rappeler que malheureusement, tout ceci a bien été réel. J'ai été émue, parfois aux larmes, par cette histoire aussi tragique que pleine d'espoir. Gaya Guerian nous parle avec des mots simples et beaux de l'exil forcé, des souffrances de son peuple, mais son but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières. Il y a de beaux moments, quand la famille peut refaire sa vie en France, à Valence puis à Paris, malgré un certain racisme émergeant. Gaya a grandi entourée par deux femmes au caractère bien trempé, qui ont survécu au pire. J'ai également beaucoup apprécié les instants de fête de la communauté arménienne, la vie d'artiste que mène Gaya (elle envisage de devenir chanteuse, jusqu'à ce qu'elle contracte une grave tuberculose pulmonaire), on croise même un autre Arménien célèbre, Charles Aznavour.



C'est un livre riche en émotions, en aventures. Ce sont des personnes simples qui ont vécu des terribles choses et ont su s'en relever. On revisite tout le XXe siècle et ses terribles événéments, on se dit que si ces femmes ont pu survivre au pire, chacun peut se lever et faire face. Ce récit poignant et fort, nous parle de l'exil, certes, d'une tragédie, bien sûr, mais c'est aussi une ode à la vie et à la communauté arménienne, qui ne m'a donné qu'une envie: serrer bien fort Gaya Guerian dans mes bras. Mes mots ne seront pas assez forts pour vous expliquer à quel point j'ai aimé ce livre qui, oui, est nécessaire.



En bref, L'ARMENIENNE est un récit poignant et plein d'espoir, qui nous plonge dans la vie de trois femmes d'une même famille, au destin hors normes. On apprend à connaître le peuple arménien, ses tragédies mais aussi ses instants de joie. On se prend finalement une belle claque à travers cette magnifique leçon de vie.
Lien : http://placedeslivres.canalb..
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