Les émotions... ces agitations de l'âme... effrayantes... Folles du logis qui discréditent l'intérêt et la raison... Elles feraient la révolution si je les laissais s'insinuer en mois... pour finir rongé.
Page 230 - Chienne de vie.
[...]
Inexorablement Snorri sombrait...
Il avait fermé les yeux pour échapper aux brûlures salines. Il retenait encore son souffle, alors qu'il sentait ses poumons sur le point d'exploser. Par peur de mourir ? Non. Plutôt par dégoût de l'eau. Il se savait perdu. Il espérait simplement qu'il aurait le droit à la vie capiteuse des pirates morts au combat, malgré sa noyade.
Soudain, il sentit qu'une mâchoire puissante se refermait sur les fourrures entre ses épaules. Il eut un vague sursaut dans la léthargie transie qui l'avait presque entièrement figé : il n'avait aucune envie de finir dans le ventre d'un poisson ou d'un calamar. Mais il ne parvient pas à se débattre, trop mouillé, trop frigorifié, déjà immobilisé dans les rets aqueux de l'autre monde. Il sentit vaguement que la bête l'attirait vers son gosier. Il eut l'impression que cette ascension digestive n'en finirait jamais et que non seulement il allait être croqué, mais qu'en plus il ingurgiterait malheureusement toute cette eau pourrie. Ces idées ballottaient au hasard, dans sa tête, se cognant les unes contre les autres, poisson mort entre deux eaux, le ventre vers le haut...
Le haut...
L'air...
[...]
"Celui qui ne sent pas les douleurs de l'amour dans son corps est assurément mort."
Sois majestueux comme la Forêt,
Doux comme le Vent,
Impassible comme la Montagne