TV PUC-Rio: A literatura vigorosa de Geovani Martins
Ce qu'on dit moins, c'est que, au contraire des favelas des autres quartiers, l'abîme qui marque la frontière entre la favela et les quartiers riches de la Zona Sul est bien plus profond. C'est dur de quitter les ruelles, de descendre les escaliers recouverts de canalisations, d'enjamber les fossés, de se faire dévisager par les rats, de dévier la tête des fils électriques, de voir ses amis d'enfance porter des armes de guerre, pour se retrouver, quinze minutes plus tard, devant une résidence, avec des plantes décoratives longeant les grilles de sécurité, et voir des adolescents prendre des cours particuliers de tennis.
Tout est à la fois très proche et très distant. Et plus on grandit, plus les murs ont l'air hauts.
Mon corps était tout glacé, on aurait dit que c'était la fin. C'était mon tour. La daronne, elle aurait plus d'enfant, toute seule chez elle. J'ai pensé au Eshu Verrouilleur des chemins, qui protège ma grand-mère, et après au Jésus de mes tantes. Mec, je sais pas comment j'arrivais à courir, sérieux, tout mon corps, on aurait dit qu'il était bloqué, j'étais tout raide tu vois? Toute la rue me regardait. J'ai tourné la tête pour voir si le condé était encore là, mais il s'était déjà retourné pour fouiller les lascars. J'étais sauvé!
lorsque je suis si distrait que je sursaute en voyant que quelqu'un a peur, avant de comprendre que la raison de cette peur, que la menace, c'est moi.
..., n'imaginait sans doute pas que j'avais moi aussi une grand-mère, une famille, des amis, ces choses qui font que notre liberté vaut beaucoup plus que n'importe quel sac à main, brésilien ou importé.
Je croyais parfois devenir fou, et pourtant, je sentais que je ne pourrais plus m'arrêter, puisqu’eux, ils n’arrêteraient pas.