Le président Emmanuel Macron a renouvelé ce mercredi son soutien au ministre du travail Olivier Dussopt, qui doit être jugé pour favoritisme, estimant que le timing de cette affaire ne doit rien au hasard. En vidéo, Mediapart revient sur les enjeux du dossier et démonte un à un les arguments du gouvernement.
Faire bloc autour du soldat Olivier Dussopt, quoi qu'il en coûte. En conseil des ministres ce mercredi, Emmanuel Macron a signifié, selon Le Parisien, son « soutien entier et total » à son ministre du travail, qui doit être jugé dans une affaire de favoritisme avec l'un des leaders français de la gestion de l'eau, la Saur.
Comme l'a révélé Mediapart, le Parquet national financier (PNF) a estimé qu'Olivier Dussopt avait truqué un marché public, lorsqu'il dirigeait la commune d'Annonay (Ardèche), pour l'attribuer à l'entreprise privée, laquelle lui a offert plusieurs années plus tard deux lithographies de son peintre préféré, Gérard Garouste.
« On a la chance d'avoir un ministre courageux et compétent », a estimé Emmanuel Macron lors du conseil, alors qu'Olivier Dussopt porte le projet de réforme des retraites à l'Assemblée nationale. D'après Le Parisien, le président a également agité le fantasme du complot sur le timing de l'affaire, qui a pourtant débuté par des révélations de Mediapart en mai 2020 et s'est déroulé dans un calendrier classique. « Je ne crois pas au hasard », a toutefois insisté Emmanuel Macron.
Face aux arguments fallacieux de la communication gouvernementale, Mediapart revient en vidéo sur les enjeux de l'affaire.
Pour découvrir toutes nos révélations : https://www.mediapart.fr/journal/france/080223/affaire-dussopt-la-realite-des-faits-face-au-fantasme-du-complot#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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Je conçois la peinture comme la mise en scène d'un mensonge : si je vous dis que je suis un menteur, est-ce que je suis du côté de la vérité ou du mensonge ? Dans l'art figuratif, il y a une ambiguïté fondamentale, que l'on ne trouve pas dans l'art abstrait.
La marginalité de l'artiste peut devenir une convention sociale.
Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. Aujourd'hui, j'ai soixante trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre.
Le délire c'est une manière de se jeter dans le vide quand on a peur du vide.
"Je cogitais sans cesse, comme s'il me fallait me justifier, me situer, ça m'épuisait, l'envie de peindre m'abandonnait puis elle revenait, plus brûlante encore. Où était le courage artistique désormais ? Fallait-il brûler les toiles ? Certains essayaient. Mais l'avant-garde c'est une bataille, pas une surenchère. Il faut un risque à la peinture. Je n'avais pas envie de prendre le train en marche. J'allais peindre, quitter le magasin, prendre un nouveau départ ! L'originalité était morte avec Picasso ? Bon débarras ! On allait pouvoir s'intéresser au sujet plus qu'au style, raconter des histoires, joué avec les sens, les émotions, j'en avais tant des émotions. Je voulais renouer avec la peinture, quitte à être jeune et classique, quitte à revenir en arrière. Je ne voulais pas d'une peinture nostalgique, je voulais déjouer l'avant-garde avec mes pinceaux et mes couleurs. L'art doit, de toute façon, tendre des pièges."
« Je suis peintre. Et fou, parfois. » (p. 133)
J’ai peint 600 tableaux, ils portent ma signature mais pas de dates. Rien ne trahit les longs moments passés à ne pas peindre. Sur les toiles terminées, j’écris des lettres et des chiffres, un code secret qui m’amuse et que j’emprunte à un vieux système d’écriture babylonien, ça me permet de les classer et de les situer dans le temps. Ces signes mis bout à bout formeront un jour une phrase de cinquante lettres, que je ne dis pas, elle sonne comme une métaphore de ma vie. Il y a sûrement, derrière ce petit jeu, ce bon vieux fantasme de l’artiste qui veut croire que tout prendra du sens après la mort, qu’il laissera une trace. J’ai d’ailleurs glissé sous certaines toiles, Adhara notamment, bien des repentirs, c’est ainsi qu’on appelle les corrections des peintres, elles apparaissent au fil du temps quand la couleur s’use et laisse voir ses premières couches (…) Les repentirs me font penser au lapsus, à l’acte manqué. J’en ai glissé sous les couleurs, autant qu’il y en a dans la vie. Ils apparaîtront quand je ne serai plus là, ainsi je parlerai encore.
Un enfant qui se noie a le reflexe de bouger les bras. Faire une oeuvre d'art, c'est bouger pour qu'il se passe quelque chose. Et la magie se produit. Comme je l'ai vécu, il m'était facile de le transmettre.
C'est justement le but de La Source, la transmission. Tous les artistes sont des enfants qui ont oublié de grandir.
J'aime bien l'histoire des trois rabbins dans un taxi new-yorkais. Le plus vieux dit son ignorance, son éternelle humilité devant le texte, le deuxième en âge dit : Mais non, je suis bien plus ignorant que vous. Le plus jeune intervient : Mais vous êtes mes maîtres, c'est moi l'ignorant !
Alors le chauffeur se retourne en rigolant : Arrêtez le concours, s'il y a un ignorant, ici, c'est moi.
Les trois rabbins se regardent alors, l'air de dire : Mais pour qui se prend-il celui-là ?
C’était en 1953, je m’en souviens à cause du couronnement de la reine d’Angleterre, nous avions passé la matinée avec Eléo, l’oreille collée au poste de radio alors aussi gros qu’une télévision, et les yeux rêveurs à deviner les fastes du monde. Casso, lui, se fiche complètement de ce genre d’événement, rien ne brille plus que son univers en minium.
Cette année-là, mes parents m’envoyèrent pour Noël un jeu de construction en bois dont le couvercle promettait un chalet. Après l’avoir ouvert, je me suis installé devant la cheminée et j’ai fait brûler les baguettes de bois, une par une sous le regard de mon oncle. Il disait calmement, moi je serai toi, je ne ferais pas ça, si Eléo te voit, tu vas prendre une sacrée fessée, mais je continuais sans l’écouter la lente destruction du cadeau. Ça s’est terminé comme prévu par une fessée pantalon baissé sur les jambes d’Eléo, et mon oncle en face qui semblait dire je t’avais prévenu. Je ne sais pas si je repoussais par ce geste tout ce qui venait de mes parents. Je sais seulement que mes plus beaux souvenirs d’enfance sont là-bas.
J’étais un Indien : avec un cousin on s’enfermait dans la cave fraîche et obscure, nous étions en slip avec un arc et des flèches, à cheval sur les tonneaux, nous passions là de longues heures à nous croire les plus forts.
J’étais un cancre, j’allais à l’école, une vraie petite classe unique digne du XIXe siècle, tenue par un instituteur avec une raie au milieu du crâne aussi droite que la règle dont il usait pour nous taper sur les doigts. Il ne laissait rien au hasard et dessinait à la plume sur mes cahiers des zéros d’un graphisme impeccable.
J’étais ivre à la moisson de septembre encore menée par les chevaux. La poussière nous asséchait la gorge, il fallait boire beaucoup et l’on ne servait que du vin, aux adultes comme aux enfants.