Cigarettes, whisky et p'tites pépées.
Trois voitures dans le canal ; trois femmes fatales ; un enquêteur rustre aux méthodes peu orthodoxes, ancien médecin rayé de l'Ordre de sa profession pour avoir pratiqué l'euthanasie ; et une malette verte qui se balade de commerces en bouges pas très fréquentables que tout le monde veut récupérer.
Ce qui marque de suite c'est l'écriture très marquée années 1960, que d'aucuns pourraient dire à raison qu'on ne peut plus écrire comme ça aujourd'hui. Est-ce regrettable ? À vous d'en juger. Ce qui est certain, c'est qu'il ressort de ce roman façon pulp une atmosphère désuète non dénuée de charme.
Mais c'est beaucoup plus que ça.
Il existe un prix très convoité en Italie qui récompense le meilleur ouvrage de littérature policière : le prix Giorgio Scerbanenco. On comprend mieux pourquoi en le disant. Tout est dans l'ambiance enveloppante et noire. Une plume cynique et irrévérencieuse. Du hard-boiled milanais pur jus ! Et c'est délectable.
Ce qui est surprenant est qu'on soit obligé en 2023, de publier un avertissement en préambule du roman. Un trigger warning, comme on dit aujourd'hui dans le monde éditorial, du style : attention ce livre a été écrit dans les années 1960 et doit être lu comme tel. Je comprends l'éditeur qui préfère prévenir que guérir, car oui les filles sont lascives, ça donne des torgnoles à tout va et les flics ont la gâchette facile, comme si le lectorat n'était plus capable d'analyser le contexte d'une œuvre. C'est inquiétant, mais ne fait que le rendre encore plus désirable.
"Tous des traîtres" sans limite. Deuxième volet des enquêtes de Duca Lamberti.
Du grand roman noir ! Drôle et vivifiant, un polar comme on n'en écrit plus aujourd'hui.
On ne peut que remercier les éditions Gallmeister d'avoir la bonne idée de rééditer ce grand nom du noir.
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A la fin des années 60, une classe composée de onze gars en perdition ou en passe de l'être suit des cours du soir. On retrouve la maitresse de ce cours assassinée, violée dans la salle. Aucun doute possible , les onze garçons étaient présents. C'est Duca Lamberti, ex médecin radié de l'ordre pour pratique illégale de l'euthanasie et désormais membre de la police , qui mène l'enquête.
Pour le coup, on sort des entiers battus du roman policier.
D'abord , de part la nature du héro lui même , atypique et ensuite de part la nature de l'enquête qui semble résolue avant d'être engagée.
Rien à dire , c'est bien mené, avec beaucoup de méthode .
On dit souvent "c'était mieux avant" mais ce livre montre quand même que les sociétés , au moins occidentales, ont progressé dans le respect de la différence sexuelle. Car ici, dans l'Italie de la fin des années 60, mais sans doute un peu partout ailleurs, les homosexuels sont présentés comme des malades qui engendrent soit la haine , soit la pitié. C'est toujours intéressant de regarder dans le rétroviseur et cela réconforte, un peu , sur l'évolution des mentalités.
Dans cette époque où l'on fumait comme l'on pissait, on suit une enquête minutieuse , intelligente et très bien construite. Pas de traçage gps, d'adn ou de video surveillance mais beaucoup d'a propos ...et de noirceur.
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Excellent polar italien. Sous la plume de Scerbanenco, Milan devient une de ces ville sale, continuellement sous la brume, déshumanisée, où une jeune professeure se fait violer, torturer et tuer apparemment par les élèves de sa classe, à peu près tous de dangereux délinquants. L'enquête est menée tambour battant par l'inspecteur Duca Lamberti. 250 pages qu'on lit sans s'arrêter. A l'opposée de l'ambiance de « Un été ardent » de Camilleri, qui se passe sous l'extrême soleil sicilien, que j'ai lu il y a quelques jours. Deux « gialli » italiens qui offrent chacun la vision d'une Italie plurielle. Ici les brumes milanaises recouvrent d'une chape oppressante une effroyable réalité sociale. C'est l'Italie des laissés pour compte, des marginaux, de la violence que nous conte Giorgio Scerbanenco. du grand art.
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Il y a quelques années j’avais lu « les enfants du massacre », une lecture éprouvante, intense et un roman noir de grande qualité. Il était certain que Scerbanenco recroiserait ma route de lectrice. C’est chose faite avec ce très bon « les milanais tuent le samedi ».
« Les milanais tuent le samedi » met encore en scène Duca Lamberti, ex-médecin reconverti en enquêteur. En fait, il s’agit même du dernier volet de la série mais les romans peuvent tout à fait être lus dans le désordre, les rappels aux tomes précédents sont très rares et ne constituent que des détails sans importance. De toute façon « les milanais tuent le samedi » est un pur roman noir. L’enquête et celui qui la mène n’ont finalement qu’une importance secondaire. Ce qui compte avant tout ici c’est la peinture d’un milieu. Et ce portrait du Milan interlope des années 60 est saisissant. Milan est alors en plein essor économique mais Scerbanenco va s’intéresser à la face sombre de la ville en offrant une plongée étouffante dans le monde de la prostitution. Et le moins qu’on puisse dire c’est que Scerbanenco ne porte pas les proxos en haute estime. L’auteur dépeint les macs et autres rabatteurs comme la lie de l’humanité, des êtres vils prêts à toutes les abjections pour tirer profit de l’exploitation des femmes. Ce portrait pessimiste de la société milanaise donne au récit une atmosphère pesante, oppressante que ne viendra éclairer que de très brèves lueurs d’humanité.
« Les milanais tuent le samedi » est un très bon roman noir comme je les aime avec une peinture sociale forte. Ce n’est pas une lecture facile ni vraiment agréable tant le propos est pessimiste mais c’est une lecture intense qui remue le lecteur.
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Milan, dans les annes soixante, Duca Lamberti un médecin qui a été radié pour une raison que l'on apprend au cours du récit, est contacté par Pietro Auseri, un riche industriel. Ce dernier, en connaissance cause, le charge d'aider Davide, son fils de vingt ans à se désintoxiquer de l'alcoolisme sévère dans lequel il a sombré depuis un an et compte sur la discrétion de l'ex-médecin. Une proposition bien rémunérée qui tombe à pic pour Duca, en plein doute quant à une éventuelle reconversion qui se fait attendre. Après avoir rencontré Davide, Duca préssent que le jeune homme n'est pas alcoolique par goût mais plutôt par culpabilité, suite à un drame qu'il a vécu, et qui s'est traduit par le suicide d'une jeune femme. Au fur et à mesure de ses investigations, Duca, aidé de Carrua, son ami flic, découvre qu'une autre jeune femme est morte dans des conditions mystérieuses.
Une belle découverte apres la lecture de cette enquête policière, menée par Duca Lamberti, un médecin radié, en plein doute et en déshérence, meurtri et qui va s'attacher à ce jeune homme, lui aussi en perte de repères, traumatisé par la mort tragique d'une jeune femme. C'est également une plongée dans une affaire passée, non élucidée et qui permettra aux deux hommes de se révéler et peut-être se relever.
Giorgio Scerbanenco, avec Venus privée - une première enquête qui en compte quatre -, créé avec Duca Lamberti, un personnage pétri de doute, hanté par le passé, terriblement humain, un roman réédité dans la collection poche Totem, qui visiblement, tout en restant dans le domaine policier, élargit le cercle de ses auteurs, à des écrivains italiens.
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Giorgio Scerbanenco fait partie de mes auteurs incontournables. Plus je découvre ses écrits plus j'ai envie de le lire.
Dans ce roman, je retrouve Duca Lamberti, ancien personnage que j'avais découvert dans « les enfants du massacre » (roman que j'avais adoré).
Mais dans cet ouvrage (le premier opus), il sort de prison et sa première mission en tant que repenti est de s'occuper d'un jeune alcoolique de 22 ans dont le père a abandonné tout espoir… Mais pourquoi ce jeune homme s'est-il mis à boire du jour au lendemain ?
C'est à partir de cette interrogation que tout démarre… J'ai aimé les intrigues, le récit, les personnages et la fin.
C'est le premier tome, il y a une suite avec « à tous les râteliers » que je vais m'empresser de découvrir.
Bonne lecture !
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Voilà, je viens de terminer la série policière avec le détective Luca Lamberti.
J’ai beaucoup apprécié cette dernière enquête. Courte histoire, mais intense.
Je me suis vite attachés aux personnages, et ce pauvre homme perdant sa fille…
Je continuerai de lire cet auteur, évidemment. Il m’en reste encore quelques ouvrages à découvrir.
Le seule déception de ce recueil, c’est les deux dernières enquêtes à la fin, bâclées…
Je ne sais pas si c’est voulu de l’auteur, ou si se sont des livres sortis en Italie et rapidement résumés et traduits. Je n’ai pas trop compris l’intérêt…
Enfin, ça ne gâche en rien le talent et la lecture de cette quadrilogie de Giorgio Scerbanenco.
Bonne lecture !
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Je viens de terminer ce polar terrifiant et quasi-désespéré.
Se rejoignent, dans ce récit asphyxiant, la moiteur des locaux de la questure et le froid transi du broulillard milanais.
Le flic (ex-médecin) n'est pas dans la compassion, qui l'empêcherait de découvrir la vérité qu'il soupçonne au début de l'histoire. Il est dans la poursuite de la preuve, avec ses méthodes non-orthodoxes aux yeux de son supérieur mais ami.
Le flic est tenace, mais s'il découvre la vérité, que pourra-t-il en faire?... Et, surtout, comment punir?
Décidément, ce Duca Lamberti me plaît. Un personnage d'une épaisseur peu commune, avec des blessures et des failles qui aiguisent son flair et sa lucidité.
Un grand polar, donc, que ces Enfants du massacre! Parfois insoutenable, mais indispensable à lire.
(où se trouve donc la septième étoile?)
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Duca Lamberti est un ancien médecin, radié de l’Ordre pour avoir euthanasié l’une de ses patientes. Sorti de prison, il se retrouve sans emploi et désœuvré.
Le père de Lamberti était policier : l’ancien médecin a donc des contacts avec les services de police milanais. Ceux-ci vont lui être bien utiles lorsqu’il se retrouve plongé dans une affaire assez douteuse, à l’occasion de laquelle un homme lui propose sa réintégration dans l’Ordre des médecins contre une hyménoplastie pratiquée sur une jeune femme devant se marier.
A tous les râteliers est un « vieux » polar, écrit en 1966. Pourtant, à la lecture, à part quelques détails (comme l’absence de téléphones portables), on pourrait presque se croire dans le Milan d’aujourd’hui.
Duca Lamberti se retrouve aux prises avec une bande organisée, spécialisée dans des trafics divers. L’ex-médecin va très vite se prendre au jeu et commencer à se poser des questions sur son propre avenir : si on lui donne l’occasion de réintégrer l’Ordre des médecins, que fera-t-il ? Veut-il réellement redevenir médecin, ou préférerait-il marcher dans les traces de son père et intégrer les services de police ? Ce polar propose donc plus qu’une enquête policière, puisqu’on suit un personnage principal très caustique, qui porte un regard assez ironique (presque désabusé) sur sa vie et sur son pays.
Les personnages créés par Scerbanenco sont tous très hauts en couleurs, même si l’auteur n’est pas spécialement tendre avec les femmes. Seule Susanna semble trouver grâce à ses yeux, peut-être parce qu’elle est Américaine et non Italienne. Toutes les autres sont soit vieilles avant l’âge, soit extrêmement vulgaires. Ce n’est pas trop choquant, pourtant, car étant donné le milieu dans lequel évoluent ces femmes, on comprend pourquoi l’auteur les dépeint de la sorte.
Nous suivons, à travers les 250 et quelques pages de ce polar, trois histoires de vengeance liées entre elles. Le tout donne un récit très intelligent, dans lequel tout se joue dès la Seconde guerre mondiale…
A tous les râteliers est un polar assez noir et aussi très graphique, avec de belles descriptions de l’atmosphère milanaise et de moins beaux passages, où les détails des crimes commis ne nous sont pas épargnés. Le récit est très réaliste et bien écrit et l’enquêteur atypique de Scerbanenco est très intéressant à suivre.
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Curieux cet avertissement : parce que paru en 1966, ce "roman est à lire dans le contexte de l'époque".
Pourtant, prostitution de luxe, mafia et euthanasie sont des sujets intemporels. La mise en garde porte probablement sur la façon dont on parle avec mépris des "invertis", comme disaient les virils Milanais.
Giorgio Scerbanenco déploie une écriture fourre-tout, minestrone de métaphysique sociale et de psychologie de comptoir entre deux filatures. Cela va d'un topo sur l'industrie du tapin à la façon d'étrangler un méchant en passant par l'analyse d'une partie d'échecs. Dans ces digressions aussi, pointe un regard tendre sur la ville, les choses et les humains. Les incises, en cours de discours, véhiculent un humour à sec. Les métaphores pleuvent comme pluie sur la ville, saugrenues et souvent drôles.
On entend la verve italienne, on aime les belles voitures, ce qui n'empêche pas les bons sentiments envers les brimés et les secoués d'un destin capricieux.
Je regrette les explications inutiles comme si le-la lectrice était incapable de saisir les intentions du docteur radié, de l'amie héroïque ou du jeune homme perclus de culpabilité.
Je termine mon verre de Frascati bien frappé et je commande autre cru. Ciao !
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Premier roman des quatre ayant pour héros Duca Lamberti . Dans le Milan des années soixante , Le docteur Lamberti , fils de policier et médecin radié suite à une accusation d’euthanasie , sort de trois ans de prison. Il est requis par un grand industriel pour aider son fils à sortir de son alcoolisme. Mais celui- à une cause qui amènera Lamberti à mener , en collaboration avec la police , une enquête dans le milieu impitoyable de la prostitution de luxe. Le roman dont l’intrigue est somme toute assez classique vaut surtout par le caractère atypique de l’enquêteur et son ton extrêmement noir et amer.
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Une enseignante est massacrée sauvagement par les adolescents "difficiles" dont elle avait la charge . L'ex-médecin et néo policier Duca Lamberti mène l'enquête avec ses méthodes personnelles car , si pervertis que soient ces jeunes (plombés par des hérédités difficiles pour certains) , il soupçonne un deux ex machina derrière l'horreur . Un polar très très dur , sur un monde de misère morale et physique extrême . Il pose surtout le dilemne entre vengeance et justice , la possibilité ou non de rédemption .Un grand roman noir.
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Découvert par hasard à la librairie du Somail...un vrai coup de coeur!
Une jeune enseignante a été torturée, violée puis assassinée dans sa salle de classe par ses propres élèves, une brochette de délinquants inscrits à ses cours du soir par l'assistance sociale. Les onze suspects observent tous la même ligne de défense, aussi absurde qu'imparable : chacun reconnaît avoir été présent, mais affirme qu'il n'a pas participé. Face à ce mur, Duca Lamberti cherche un détail susceptible de trahir le véritable responsable. Car il n'est pas dupe : ce ne sont pas des gamins complètement déstructurés qui ont pu mettre au point une telle tactique...
Ce Duca Lamberti, sa verve, sa façon de diriger les interrogatoires, sa finesse, son humanité,..il m'a complètement séduite!
L'écriture est noire, révèle le poids de l'hérédité sur les jeunes générations et n'a que peu d'estime pour le monstre qui a commis ce crime atroce. Même si l'histoire est terrible, on ne peut s'empêcher de suivre Duca Lamberti dans ses réflexions jusqu'au dénouement final.
Cela ne m'a donné qu'une envie: en lire d'autres! Bravo M. Scerbanenco! quelle découverte!
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Ouah....un livre tres prenant! mon deuxième livre de Scerbanenco et j'ai retrouvé le commissaire Luca, ex docteur avec plaisir....L'intrigue est forte et même si cela a été écrit il y a presque 50 ans , cela n'a pas pris une ride. C'est noir de chez noir mais les amateurs apprécieront ! seul bémol....la même approche du commissaire dans les 2 livres; prendre sous sa coupe un "paumé" pour lui redonner gout à la vie et/ou à la vérité. Je lirai sans aucun doute un troisième roman et je verrai bien si cette approche sera répétée une nouvelle fois....
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Publié en 1968.
Lu dans sa version italienne.
Situation : Milan des années 60.
Incipit : "E morta cinque minuta fa ", dit la sœur.
Une salle de classe, un tableau couvert de grossièretés et de dessins obscènes. Et le cadavre d'une jeune femme de vingt-deux ans, horriblement massacrée.
Je ne savais pas si j'aurais le courage d'aller plus avant dans la lecture.
La victime est une "délicate" enseignante qui assurait un cours du soir pour des garçons en perdition qu'il fallait tenter d'aider . Onze garçons d'âges différents, délinquants ou pré--délinquants , certains ayant déjà eu affaire à la police et à la maison de redressement. Qu'ils soient issus de familles difficiles ou pas, dans cette Milan aux quartiers déshérités.L'enquêteur, il "dottore" Duca Lamberti, étudie soigneusement les onze fiches préparées par le juge .
Onze garçons impliqués dans cet assassinat sauvage .
Quand il les interroge, un par un, après les avoir tirés du sommeil profond, encore alcoolisé, il n'obtient rien : omertà totale.
J'ai aimé le personnage de Duca, sérieux, réfléchi, constant dans son enquête.
"Il avait cette manie de fouiller les choses en profondeur. A partir d'un vol de sac à main , au supermarché, il était capable de rédiger un traité de criminologie. "
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Une bien belle surprise! Achat sans trop savoir quoi m'attendre ....attiré par le coté polar et italien! et je m'attendais à un livre récent alors qu'il s'agit bien d'une réédition d'un livre sorti en 1966! le personnage principal est attachant , ce médecin sorti de prison , justicier dans l'âme ....et le voila confronté à sa premiere affaire...il navigue à vue avec ou sans la police dans cette région milanaise plombée par la chaleur ( et la mafia) .
sans nul doute, je poursuivrai la découverte de cet auteur
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