AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Giovanni Guareschi (48)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mon petit monde à moi

🎭 Mon petit monde à moi ou comment Giovanni Guareschi nous entraîne dans l'histoire de l'Italie au travers de sa vie familiale complètement folle où sa femme poétise énormément, son fils Albert est dans la simplicité de pensée et, Charlotte, la Passionnera est attirée par la mécanique et n'hésite pas à adopter un moteur diesel, nommé Jacques et de le mettre dans son lit. Ce côté décalé et drôle est une manière pour Giovanni Guareschi de parler sans trop s'y attarder, d'événements plus sombres de sa vie comme la montée du fascisme en Italie, sa déportation en Pologne.





Mon petit monde à moi décrit également les conditions de vie des Italiens dans un pays exacerbé par des tensions politiques. Le simple fait de se procurer à manger comme des pommes de terre ou de la confiture est digne d'un parcours du combattant. Les propos sont surveillés et même les enfants sont potentiellement des délateurs.





Giovanni Guareschi nous propose une famille complètement déjantée pour nous parler de choses sérieuses qui l'ont émotionnellement touché. Entre une femme au propos éthérée, voire philosophique, des enfants aux caractères dissemblables ; le lecteur possède une vision assez large des différents modes de pensée de l'époque.

Le tout est relaté avec humour, rire et le lecteur ne pourra s'empêcher au travers des pages d'esquisser à maintes reprises un sourire ou deux.🎭



Commenter  J’apprécie          1111
Le mari au collège

Imaginer un instant une famille de bras cassés refusant de travailler pour vivre, mais profitant des largesses des autres pour cela, arguant leurs ancêtres prestigieux. Le tout bien évidemment sans le moindre remerciement ou gratitude. Ajouter un oncle décidé à se payer la tête de la famille et leur en faire voir de toutes les couleurs avec un marché impossible. Mixé le tout avec un soupçon d'humour noir, d'humour débonnaire, et vous allez passer un super moment !😆





Je vous relate l'histoire. Les Madellis sont une famille unie et fière de leur passé. Leurs ancêtres ayant fait les croisées, la famille a pu se constituer une belle richesse. Seulement, les années puis les siècles passant, la fortune s'est étiolée pour disparaître totalement. Un Madellis ne travaillant pas, il a donc fallu marier Flaminie à un homme certes riche, mais dont la famille vendait des saucisses du temps des croisades. de cette union est née Charlotte.... et le père meurt.

L'oncle Casimir, frère du défunt se retrouva à entretenir toute la famille (le grand-père, la grand-mère, la fille, le gendre, leurs deux enfants, sa belle-soeur et sa nièce). Charlotte ayant grandit, l'oncle réserve une surprise des plus inattendue à cette famille de paresseux imbu d'eux-mêmes : Charlotte à 48 heures pour se trouver un mari et l'épouser. Seule contrainte, il doit plaire à l'oncle Casimir. Si Charlotte ne trouve pas, la fortune ira aux bonnes oeuvres et la famille Madellis sera jetée à la rue.

Les prétendants défilent ... sans plaire à l'oncle. En dernier recours, Charlotte lui présente son voisin qui le matin même venait de lui jeter un bouquet à la figure. Dans la foulée, Charlotte se retrouve mariée et pourvue d'un mari... qui malheureusement est considéré comme indigne de la famille. La solution est donc de l'envoyer au collège, au milieu d'enfants. D'une part, cela permettra de lui donner quelques manières ; d'autre part, cela le tiendra loin de sa "presque" épouse.

Seulement l'oncle Casimir n'aime pas qu'on tente de le tromper. Avec l'aide de son notaire et de nouvelles clauses dans son testament, l'oncle Casimir est bien décidé à faire de Camille Debray le mari de sa nièce... sous peine de voir la fortune passée aux bonnes oeuvres....





Je connaissais Guareschi grâce à sa saga Don Camillo que j'ai totalement dévorée. Je craignais d'être déçue par cet ouvrage et ... cela a été tout le contraire !😆

De l'humour en pagaille. Des situations grotesques dignes d'un vaudeville ! le lecteur est complètement emporté dans un délire digne d'un film. C'est simple, en lisant, je visualisais les scènes et cela devenait encore plus fou.

L'auteur joue littéralement avec le lecteur qui est constamment sollicité ou voit l'histoire digressé sur autre chose avant de la voir revenir au sujet. Ne parlons pas des situations et des gags "innocents" distillés par l'auteur dans tout le récit (notamment la lettre écrite par Camille à sa femme après un mois au collège... c'est à mourir de rire! On dirait un enfant écrivant à ses parents ! )😆



Les personnages sont tous incroyablement drôles et potaches avec notamment un grand coup de coeur pour la grand-mère, Mme Léo : elle dirige la famille d'une main de fer et ramène tout à son bon vouloir. L'auteur a su apporter une touche spéciale à ce personnage grâce au NOUS de majesté dans ses propos. Il n'est pas question de marier Charlotte et Camille... mais de NOUS marier avec Camille. Il n'est pas question de fiancer Charlotte avec Félix, mais de NOUS fiancer....

Le personnage de Charlotte m'a par contre énervée. Pour vous donner une comparaison, Charlotte c'est une sorte de Nellie Oleson. Elle s'imagine au-dessus de tout et tous et pouvant manipuler quiconque selon son bon plaisir.





Bon si vous n'avez toujours pas compris : j'ai adoré !😆😊

C'est drôle, c'est frais, c'est niais, c'est simple, mais.... c'est trop bon !
Commenter  J’apprécie          832
Le petit monde de Don Camillo

J’aime toujours les films de Duvivier. Fernandel savait bien jouer, et les jeux de lumière révélaient un sens artistique profond. Et surtout, sa matière était incroyablement riche. Il y a un grand talent chez Guareschi. En quelques paragraphes, il plante ce petit village au bord du Pô, ses maisons serrées autour de l’église et de la mairie, la richesse de la terre et la misère de ses habitants, ses luttes de clochers et ses histoires d’amours…



C’est la vie d’un village, avec ses joies, ses peines. C’est aussi un monde lourdement, profondément divisé. D’un côté, les communistes ; de l’autre les libéraux. Washington ment beaucoup, et Moscou monstrueusement. Mais dans ce petit village de la plaine du Pô, il n’y a que des hommes qui voudraient rendre le monde meilleur chacun à leur façon, et ce soleil d’enfer qui tape sur les têtes et les échauffe. Pepone est profondément honnête, et voudrait aider les paysans misérables. Don Camillo l’est tout autant, et se démène pour les enfants crevant de faim, les malades, les vieillards aux dos cassés. Au moindre problème sérieux, chacun sait qu’il n’a pas plus grand allié que l’autre.



Les véritables conflits, eux, sont profondément enfouis. Mais il suffit de peu de choses pour les faire ressortir. Soudain, un coup de fusil au coin d’un bois, un corps qui git, un gamin qui a vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. Et il n’y a plus ni curé ni maire rouge, juste un homme qui essaye de sauver son ami, mais pour cela tous deux comptent plus sur la main du Christ que sur leurs propres forces…



C’est un monde disparu que celui de Don Camillo. Un monde sans télévision, sans jeux vidéo, sans frigos, sans baignoires, avec une séance de cinéma par an et une voiture pour cent habitants. Un monde heureux pourtant. Et qui avait quelque chose qui fait fort défaut à notre époque : le sentiment très largement partagé que bientôt, très bientôt, le monde deviendrait meilleur et plus accueillant…
Commenter  J’apprécie          456
Le petit monde de Don Camillo

Brescello, petit village au nord de l’Italie à la fin des années 1940. Peppone, communiste convaincu, vient d’être élu maire. Il est perpétuellement confronté à Don Camillo, et les deux ne se privent pas de joutes verbales, allant même jusqu’à s’affronter physiquement. Ces deux rivaux se connaissent depuis le maquis (ils ont combattu ensemble contre le fascisme), et même s’ils ne l’avouent jamais, se comportent comme deux amis, toujours prêts à s’épauler l’un l’autre pour le bien de la communauté.



Ce livre se présente comme une suite de petites histoires mettant en scène les deux personnages emblématiques . Les dialogues sont savoureux, en particulier lorsque Jésus sur la croix s’adresse à Don Camillo. Il pourrait paraître daté, avec la montée du communisme aux prises avec la démocratie chrétienne en Italie. En fait il n’en est rien car il arrive à nous donner un message plus universel. Avec beaucoup d’humanité et de bienveillance, Don Camillo et Peppone ont foi en un avenir meilleur, foi en l’homme.



J'ai également découvert de quelle manière le film de Duvivier était fidèle à la trame et à l'ambiance de ce livre.



Commenter  J’apprécie          423
Le petit monde de Don Camillo

Don Camillo est prêtre, instruit, bien pensant et moqueur



Peppone est le nouveau maire, rouge, révolutionnaire et sans instruction.



Tout deux s'affrontent, jamais très méchamment, si ce n'est que Don Camillo à cette tendance facile de s'en prendre à plus faible que lui.



Jésus parle à don Camillo et là se trouve un des plaisirs hilarants de ces courts textes.



Don Camillo tutoie Peppone qui, lui, le vouvoie.

Don Camillo vouvoie Jésus qui, lui, le tutoie.



Ainsi se forme ce recueil de courtes aventures assez amusantes, bien que, ou parce que de niveau maternelle :

Oh le beau château de sable que tu as fait là !

Tiens ! un coup de pied et hop ! plus rien !



Ce livre de 1951, ici dans son édition de 1953, nous invite finalement à se demander si la vie en société humaine ne relève pas finalement de ce simple coup de pied balancé de ci, de là, par tout à chacun, au moins une fois de temps en temps…



Réfléchissons-y bien…



Commenter  J’apprécie          4013
La Pasionaria et moi ou le Petit courrier d..

Une fois qu’on a réussi à sortir ces petits êtres du ventre de Maman, à les nourrir et à les faire un peu grandir, on découvre qu’ils ont leur caractère. Et les choses compliquées commencent. Giovannino Guareschi était le père littéraire de don Camillo, mais il était aussi papa. Dans ce petit livre fort drôle, il parle de son épouse dévouée Marguerite, son fils Albert, et surtout sa fille, au caractère tellement trempé qu’il ne l’appelle que « la Passionaria ».



Les démêlés sont nombreux et drôles. La jeune demoiselle reste de glace quand on lui offre un vélo neuf, mais fond pour une irrésistible machine à boucher les bouteilles. Sinon, le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire est de la laisser écrire sur un mur de la ville avec un gros pinceau noir. Elle n’hésite pas à demander à son père de se faire passer pour le chauffeur de la famille pour impressionner une camarade fortunée, mais le traite si sèchement que son amie lui donne une tarte aux pommes en pourboire parce que, visiblement, ses patrons le traitent mal. Elle fait la joie de son père par sa liberté d’esprit, mais cela ne va pas sans heurts.



Mais toutes les petites tranches de vie de ce livre ne tournent pas qu’autour d’elle. Il y a aussi la diplomatie domestique avec son épouse affectionnée, notamment au sujet de la conception particulière que cette dernière a de la cuisine. Il y a les amis artistes, qui veulent faire votre portrait mais vous demandent au préalable de choper des maux d’estomacs, ça vous fait une tête plus intéressante. Et il y a toute l’Italie des années 60, où on parlait beaucoup d’attentats d’extrême droite et d’extrême gauche, mais où il y avait tout de même largement moyen de rire et de plaisanter.
Commenter  J’apprécie          302
Le petit monde de Don Camillo

Difficile de ne pas superposer à la description écrite des personnages, les remarquables interprétations de Gino Cervi et de Fernandel. D'autant que j'ai lu ce livre, adolescent, après en avoir vu les adaptations cinéma.

Je me souviens de quelques passages spécifiques du roman. Les plus marquants pour moi, étant ceux où Don Camillo se confie au Christ… qui lui répond. Il faudrait relire ce roman. Mais le paysage politique italien de l'après guerre, se divisant entre Démocratie Chrétienne et Communisme doit paraître de nos jours bien caricatural et désuet. Vision d'une époque !
Commenter  J’apprécie          294
Le petit monde de Don Camillo

La Feuille Volante n° 1365 – Juillet 2019.



Le petit monde de Don Camillo – Giovani Guareschi – Éditions du Seuil.

Traduit de l'italien par Gennie Lucioni.



Parler d'un roman qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique et qui a enchanté plusieurs générations n'a rien d'original. Fernandel (Don Camillo) le curé du Brescello, un village de la plaine du Pô et Gino Cervi (Pepone), son maire communiste, ces deux personnages hauts en couleur, vont animer la vie publique de cette période de l'immédiate après-guerre dans ce petit coin perdu d'Italie. Cela dépasse la traditionnelle opposition entre le clergé et les laïcs, la droite et la gauche, le parti dit du progrès et celui de la réaction parce que l'amitié de Pepone et Don Camillo remonte à la guerre, au maquis, sans qu'on sache très bien contre qui ils se battaient, les fascistes ou les alliés, mais peu importe. Don Camillo n'est pas un chef politique, n'est pas membre de l'opposition municipale mais se consacre à ses ouailles, de préférence de droite mais n'oublie jamais de s'occuper de tous les pauvres et de fustiger l'égoïsme des riches sur qui il fait peser sa férule, tout comme le maire fait marcher ses troupes à la baguette. C'est un jeu de pouvoir et quand les « rouges » s'en prennent à lui publiquement, il n'hésite pas à faire le coup de poing. Pourtant, s'il arrive à nos deux compères d'en venir aux mains, mais uniquement à huis clos, c'est toujours dans les règles et sans haine car les comptes se règlent ainsi entre eux, quand ce n'est pas avec des mots, à l'abri des regards, dans la cuisine de Pepone ou dans le presbytère, mais ils restent amis quoi qu'il en soit. Si l'un d'eux est dans la difficulté, l'autre s'empresse de venir l'aider, mais toujours discrètement et souvent de nuit et si les « rouges » bouffent en permanence du curé et boudent l'office, ils viennent en groupe et nuitamment à l'église pour faire leurs dévotions. Ils y a bien quelques petits « coups bas » mais le plus étonnant c'est que dans ce village où tout le monde se connaît, il n'y a jamais de témoins pour les constater, mais personne n'est dupe. On fustige publiquement Moscou et le pape, mais en sous-main on s'entraide et il serait inconcevable qu'il en fût autrement. Pepone fait ce qu'il veut dans sa commune et le Parti est loin, mais Don Camillo est surveillé en permanence par le Christ du Maître-autel avec qui il converse volontiers et qui lui rappelle, souvent avec humour, les préceptes de l'Évangile que la mauvaise foi chronique de son ministre lui fait trop souvent oublier. C'est un peu la voix de sa conscience qu'il cherche malicieusement à contourner mais toujours avec respect et soumission parce que le curé n'oublie jamais son devoir d'obéissance. Tout est permis, les coups de bâton comme les petites avanies et c'est plus facile pour Don Camillo qui est instruit de se moquer du maire qui a boudé l'école mais quand il s'agit de l'aider à passer son certificat d'études, le curé est là pour le secourir... mais sans oublier l'intérêt de la paroisse ni les réparations indispensables pour le clocher de l'église. Comme partout, si les hommes s'occupent de politique, les femmes, surtout en Italie, se tournent vers Dieu et Don Camillo a là des alliées qu'incarne l'épouse de Pepone. Bien sûr ce dernier donne publiquement de la voix et se fait respecter par ses troupes, mais c'est souvent l'épouse qui a le dernier mot et impose ses vues à ce mari un peu retors. Bien sûr tout cela n'est pas exempt de message politique, l'auteur cherchant à tourner en dérision de poids du parti communiste. L'air de rien, et même si tout cela est un peu exagéré, c'est l'image qui est donnée est celle de l‘espèce humaine, capable du pire comme du meilleur, mais ici, scénario et aussi ambiance dédiée au rire obligent, on choisit le meilleur, le plus cocasse, le plus aimable.

Ce roman, qui sera suivi de beaucoup d'autres, toujours consacrés à Don Camillo et à Pepone qui verront leurs aventures les porter parfois au dehors de ce petit village mais toujours y revenir par attachement mais aussi par nostalgie, a fait l'objet d'une adaptation cinématographique de Julien Duvivier au succès jamais démenti. L'image de Don Camillo est à ce point attaché à la personne de Gino Cervi et surtout de Fernandel que les tournages suivants qui se sont faits sans eux n'ont pas eu le succès escompté, les spectateurs ne reconnaissant pas leurs acteurs favoris, que des pastiches ont été menés, par Fernandel lui-même dans « le mouton à cinq pattes », que des campagnes publicitaires, notamment pour les pâtes, ont crée le personnage de « Don Patillo » qui évoquait l'ombre du comédien déjà disparu et l'ont ressuscité. le pape François l' a même cité en exemple, prenant comme modèle ce brave curé de campagne qui n'est qu'un personnage de fiction. La ville de Brescello a immortalisé ces deux citoyens emblématiques en les statufiant en bronze, l'un à la porte de la mairie, l'autre sur le parvis de l'église. Peut-on imaginer plus belle consécration ?

A titre personnel, je dois dire que, même aujourd'hui où les comiques abondent, Fernandel reste quelqu'un qui, par son physique et son jeu d'acteur, m'a toujours fait rire.

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com





Commenter  J’apprécie          150
Le petit monde de Don Camillo

Il Mondo Piccolo de Don Camillo

Traduction : Gennie Luccioni



Difficile, en 2008 - et surtout avec pareille couverture - de pénétrer, même pour la première fois, dans "Le Petit Monde de Don Camillo" sans évoquer instantanément Fernandel dans le rôle auprès d'un Gino Cervi plus vrai que nature en Peppone. Pourtant, si l'on ne se soumet pas à cet exercice, on perdra de vue que, dès sa parution en 1948, ce petit recueil de saynettes mettant en scène les deux célèbres opposants connut un très grand succès. Partant, on passera sur les qualités intrinsèquement littéraires de l'oeuvre de Guareschi. Et ce serait dommage, croyez-moi.



Pourtant, ce n'est pas le style qui compte ici. Guareschi a la phrase concise et un peu sèche du journaliste rôdé. Mais son sens de l'humour, sa générosité et son humanité lui permettent, à travers des personnages en principe italiens, de créer des archétypes qui peuvent prétendre à l'universel.



Don Camillo, le curé anti-conformiste, est une espèce de géant "aux poings terribles". Ensoutané de noir, selon l'usage, il n'hésite à retrousser ses manches pas plus pour creuser, maçonner, nourrir des vaches affamées par un piquet de grève ... que pour brandir son fusil (ou une mitraillette) ou se jeter en pleine bagarre.



De l'aspect physique de Peppone, on retient surtout son foulard rouge, insigne de ses conviction politiques et presque de ses fonctions puisqu'il vient d'être élu maire de son petit village. Au "civil", il est garagiste.



Autour d'eux, les villageois, les "Rouges" qui, en cet Après-guerre, tiennent le haut du pavé, et les "Cléricaux", qui entendent bien recouvrer le pouvoir tôt ou tard. Ajoutez à cela que les épouses des premiers veulent toujours faire baptiser leurs enfants et qu'il arrive aux filles des seconds de tomber amoureuses de fils des "Rouges."



De temps en temps, le fleuve pique sa colère et déborde. Ou alors, ce sont les propriétaires fonciers qui refusent de mieux payer leurs ouvriers agricoles. A moins qu'une poule ne ponde, dans le poulailler du presbytère, un oeuf portant en relief une croix finement ciselée ou que Peppone, paniqué à l'idée de voir mourir le plus jeune de ses enfants, ne vienne en catimini déposer un cierge devant l'autel de la Vierge.



On admirera au passage la vivacité des dialogues et l'authenticité des émotions exprimées. Pas une seule fois, Guareschi, au demeurant bon dessinateur, ne cède ici au plaisir de la caricature.



Avec de tels avantages, on comprend qu'il était fatal que le cinéma s'intéressât très vite à ce petit monde niché dans la plaine émilienne, près du Pô. ;o)
Commenter  J’apprécie          130
Le petit monde de Don Camillo

Dans l'Italie d'après-guerre, le communisme monte en puissance et la "réaction" s'organise. Nous sommes dans la plaine du Pô, en Emilia-Romagna ; le camarade Peppone a été élu maire. Face à lui, il y a don Camillo, le curé du village, une force de la nature.

S'inspirant de faits réels, Giovanni Guareschi nous invite à plonger dans la vie du petit village de Bolesina où s'affrontent ces deux personnages, accompagnés d'une foule d'autres.



Le petit monde de don Camillo, pour moi, c'est d'abord des souvenirs d'enfance : le jour où mon père nous avait acheté, sur une brocante, la cassette du film où Fernandel interprète à la perfection son personnage, puis toutes les fois où nous avons vu et revu ce film en famille, en riant toujours autant, sans nous en lasser. Aussi, quand nous avons retrouvé ce roman dans le grenier de ma grand-mère, je ne pouvais pas ne pas l'embarquer pour le lire.

Que dire? J'ai ri autant avec le livre que nous riions devant le film il y a quelques années, j'ai ri beaucoup et souvent. Guareschi manie à la perfection le comique de situation et les rivalités entre Peppone et don Camillo amènent à des scènes délicieuses ! Avec surprise et amusement, j'ai retrouvé dans le roman à de nombreuses reprises exactement les répliques du film... et autant d'émotion dans certains chapitres que dans certaines scènes du film, comme par exemple celles de la mort puis de l'enterrement de Madame Christina, la vieille institutrice. Quel voyage !

Vous l'aurez sans doute compris, c'est un coup de coeur...!



Challenge ABC 2017/2018
Commenter  J’apprécie          100
L'extravagante mademoiselle Troll

Le plus bel emplacement commercial dans la rue la plus commerçante de la ville fut cédé du jour au lendemain sans que personne n'ait été au courant...

Personne ne connaissait le montant de la vente, ni le nom de l'acquéreur, pas plus ce que deviendrait cet espace convoité.

Le mystère s'épaissit d'autant plus que les travaux se faisaient derrière de hautes palissades,

les ouvriers, interrogés, ignoraient quel commerce y serait installé.

Puis un jour, on leur demanda de mettre un panneau annonçant l'ouverture cent jours plus tard et de changer le nombre de jours chaque soir. Passèrent ainsi quatre-vingt-dix-neuf jours – entre suppositions, ragots, médisances, soupçons et jalousies – jusqu'à  l'affichage attendu : 'ouverture demain'.

Comme on peut l'imaginer, de nombreux curieux furent là pour voir ce qui s'offrirait à leur vue une fois les palissades démontées – les ouvriers avaient dit que cela se ferait à minuit.

Le silence se fit quand on découvrit qu'il n'y avait aucune indication, et que du fait des volets (peints dans les teintes des gris chics de ces temps) on ne pouvait rien voir de l'intérieur.

Seul un panneau indiquait les heures d'ouverture : 9h30-13h, 14h-18h 46m,.

Tous partirent aussi déçus qu'impatients de se retrouver devant les vitrines et les portes un peu avant neuf heures et demie.

Il y avait beaucoup de monde ce matin là, quand cinq minutes avant neuf heures et demie, un homme traversa le foule et ouvrit la petite porte latérale. Deux minutes avant neuf heures et demie, les volets se soulevèrent.

Tous purent voir que sur un sol en marbre gris - cela on le savait déjà – il n'y avait qu'un tabouret et un perroquet, et sur le mur du fond une grande horloge avec une seule aiguille qui égrenait les minutes. L'homme accrocha soigneusement son manteau sur le perroquet et il s'assit sur le tabouret.

La matinée se passa ainsi, l'homme immobile sur le tabouret et les curieux qui se succédaient devant les vitrines, s'y attardant assez souvent mais n'entrant pas dans ce magasin (était-ce un magasin ?).

À treize heures il ferma le magasin, puis revint à quatorze heures.

L'après-midi se passa comme la matinée; de plus en plus de curieux et même des journalistes locaux se massèrent devant les vitrines.

À dix-huit heures quarante-six, l'homme prit son manteau, ferma les volets et partit sans que personne ne lui pose la moindre question.

La journée du lendemain fut exactement le même que la veille, mais il y eut encore plus de monde et des journalistes de la presse nationale ainsi que des radios et une télévision locale.

La troisième matinée se déroula comme les deux précédentes, mais on ne pouvait plus passer: des curieux, des journalistes et des cars de télévision bloquaient la rue.

À quatorze heures l'homme revint, ouvrit la porte et s'installa sur son tabouret.

À l'instant où l'aiguille de l'horloge marquait six, une femme poussa la porte, la laissa ouverte et entra,

Bonjour Madame

Bonjour monsieur. Que vendez-vous ?

Je ne vends rien, j'échange. Il se tut un instant et poursuivit :

pour des poussières de temps

...

je demande des miettes d'attention;

et...quoi d'autre ?

les journées disjointes et les temps rejoints...

Échangeons donc...

L'homme souffla dans sa main:

Voici.

Et moi, que dois-je faire ?

Vous venez de le faire.

Merci, au-revoir Monsieur.

Au-revoir Madame.

La femme ressortit l'horloge affichait vingt-huit minutes.

Les minutes avaient été aussi parfaites que cet échange.

L'homme se leva, mit son manteau, ferma les volets et partit.

Le magasin est resté fermé depuis.

© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          90
Le petit monde de Don Camillo

Grâce à ce premier tome de la collection "j'ai lu" des éditions du seuil, Don Camillo a fait irruption dans notre vie en 1958.

Sous forme de courtes nouvelles Don Camillo entre alors en lutte avec Peppone le maire de ce petit village de la vallée du Pô. La passion politique s'exaspère mais l'âme italienne reste séduisante, généreuse, hospitalière et pleine d'humour.

Ces aventures seront immortalisées au cinéma par le truculent duo Fernandel/ Gino Cervi.

Un livre, souvent drôle mais parfois triste, à mettre dans toutes les mains.
Commenter  J’apprécie          80
Le petit monde de Don Camillo

Don Camillo, c’est Clochemerle à l’italienne.. Et comme, selon Cocteau, « les Italiens sont des Français de bonne humeur », cela donne une version, probablement moins rabelaisienne, mais plus aimable, plus attendrissante peut-être, que le chef d’œuvre de Gabriel Chevallier.

Le Petit Monde de Don Camillo, c’est aussi ma jeunesse. D’abord parce que j’ai lu ce livre pour la première fois à l’adolescence, bien sûr. Mais aussi parce que le monde qu’il décrit, à la fois pauvre et fraternel, ressemble beaucoup à celui dans lequel j’ai été élevé, dans les Cévennes des années 60. Un monde où on croyait encore qu’avec un peu, disons beaucoup, de bonne volonté, nous irions vers un monde meilleur.

On peut lire ce livre au premier degré. On sourira beaucoup, et on passera un très bon moment. Mais les histoires racontées par Guareschi méritent probablement mieux. Derrière l’affrontement entre Don Camillo et Pepone, le prêtre « réactionnaire » et le maire communiste, grandes gueules et gros bras, il y a aussi tous les drames d’une communauté, des gens qui souffrent, qui s’aiment, se haïssent et, parfois, se réconcilient. Il y a l’Italie des années 50, la guerre froide, et c’est devenu une leçon d’histoire. Dans les dialogues entre Don Camillo et le Christ, il y a toute la faiblesse humaine devant la conscience et le destin de chacun. Il y a, enfin, une épaisseur de vie qui ressort de ce livre, qu’on ne perçoit parfois qu’à la relecture.

Bref, un très grand livre.

Commenter  J’apprécie          60
Don Camillo et Peppone

Évidemment il y a le film rendu celebre par l'interpretation de Fernandel entre autre mais le livre vaut lui aussi le detour pour decouvrir la faconde de l'auteur qui nous donne du soleil entre ses lignes.Vivant,drole,enjoue ce livre m'a fait passer un bon moment,je vous le conseille vivement.
Commenter  J’apprécie          60
Le petit monde de Don Camillo

Quelle lecture ! Il me semble que Le petit monde de Don Camillo, au delà de nous raconter de petites histoires enfantines, opposant le maire d'un village, communiste, à l'Abbé de la paroisse, est le reflet d'une région, et d'une époque... Il est aussi, avec les lunettes appropriées, révélateur de critiques politiques, et plus particulièrement du communisme. Je me suis beaucoup amusée à la lecture de ce livre, dont chaque chapitre est une nouvelle histoire, et toujours une nouvelle chute amusante...
Commenter  J’apprécie          60
Le petit monde de Don Camillo

Ben oui, comme beaucoup de gens, j'ai vu le film avant de lire le livre. Ce qui fait que, à tout jamais, Don Camillo aura les traits de Fernandel, et Peppone ceux de Gino Cervi. Mais pouvait-il en être autrement ? Il y a une telle adéquation entre le film et le roman qu'on ne peut que se réjouir du résultat.

Ceux qui n'ont pas lu les aventures de Don Camillo et Peppone, ne savent pas ce qu'ils perdent. Il ne s'agit pas d'un roman à proprement parler, mais d'une série de nouvelles réparties en plusieurs volumes dont trois du vivant de l'auteur - les trois meilleurs : Le Petit monde de Don Camillo (1948), Don Camillo et ses ouailles (1952) et Don Camillo et Peppone (1953). D'autres recueils suivront, parmi lesquels Don Camillo à Moscou (1963), Don Camillo et les contestataires (1969), de moindre intérêt;

Giovanni Guareschi (1908-1968) est un journaliste et écrivain italien; Ses convictions politiques (droite anti-communiste) sont à l'origine de la saga Don Camillo : Don Camillo, curé du village de Brescello, dans la vallée du Pô, est un ecclésiastique non-conformiste, d'un caractère entier, et d'une foi absolue envers le Christ du maître-autel, avec lequel il discute souvent. Malgré sa brusquerie, il reste un homme bon, profondément juste, défenseur des pauvres et des opprimés, même devant les grands et riches propriétaires terriens qui sont ses ouailles. Son adversaire politique, Peppone est le maire communiste du village. Garagiste, il est comme Don Camillo un colosse qui n'hésite pas à se retrousser les manches et à en venir au mains. Moins subtil que le curé, il fait souvent les frais de l'affrontement, mais il partage avec lui une grande sollicitude pour les déshérités. Tous deux se connaissent de longue date, depuis les années de guerre, où ils combattaient ensemble l'ennemi allemand, et se tiennent l'un l'autre en réelle affection, même si leurs divergences politiques leur fait tenir des postures différentes.

Il semble bien, toutefois, que l'opposition politique ne soit pas le thème majeur de ces nouvelles. Il en est le moteur certes, mais "Derrière le petit monde de Don Camillo, il y a ma maison, Parme, la plaine émilienne le long du Pô, où la passion politique s'exaspère, mais où le peuple pourtant demeure séduisant, généreux, hospitalier et plein d'humour" (Giovanni Guareschi dans l'introduction au Petit monde de Don Camillo)

Et c'est bien ce qu'il faut retenir de ces nouvelles souvent cocasses, mais parfois dramatiques, où l'humour tient la plus grande place, mais aussi la tendresse : on pense à Pagnol, et cette sensation est encore amplifiée par les films qui reprennent non seulement quelques acteurs du grand Marcel (à commencer par Fernandel) mais surtout le ton général, fait de bonhommie et de truculence, tout comme d'attention, de sollicitude et d'empathie.

Commenter  J’apprécie          62
Le petit monde de Don Camillo

Petit village de campagne.



Rues tranquilles, gens simples et débonnaires, la vie s'écoule avec calme comme la rivière des environs.



Petites distractions locales, le maire et le curé de ce petit village.



La séparation des pouvoirs du Clergé et de l'Etat dans son affrontement le plus total.



L'un communiste, l'autre clérical et ainsi soit il pour tout un chacun.



De Staline à Pie XII, tous les chapitres et versets s'affrontent de chaire en tribune.



Tandis que le maire et le curé du village n'ont de cesse de se combattre, le village compte les points et laisse libre arbitre à son jugement, celui du peuple.

Commenter  J’apprécie          60
Le petit monde de Don Camillo

Après avoir vu et revu de nombreuses fois les films avec Fernandel et Gino Cervi, j'ai commencé à lire la saga Don Camillo....et je n'ai pas déçue. Ça a été une découverte pour moi cette littérature italienne d'après guerre. J'ai beaucoup apprécié car on sent le vécu derrière chaque chapitre racontant l'affrontement et l'amitié entre 2 hommes très attachant. Je vais sans doute relire ces aventures après toutes années. Nostalgique, peut-être pas, mais une envie se voir comment ma sensibilité à évolué....
Commenter  J’apprécie          50
L'extravagante mademoiselle Troll

Un roman qualifié de drôle à l'époque où il a été écrit, l'humour a évolué depuis ou plutôt celui de Guareschi a fané et ne pouvait atteindre l'intemporalité d'un Molière.
Commenter  J’apprécie          51
Don Camillo à Moscou

Edité en 1963

J'ai eu quelque difficulté à entrer dans ce roman.

Les images des films vus et revus s'imposaient et les lignes imprimées me semblaient fades. Il m 'a fallu nombre de pages avant d'y trouver intérêt et plaisir.

Peppone, le maire communiste est devenu sénateur. Il organise un voyage en U.R.S.S. pour militants méritants auquel participe Don Camillo sous une identité d'emprunt.

Voyage d'instruction dans le paradis des travailleurs.

Peppone aime la sainte mère Russie; Don Camillo la voit comme l'enfer sur terre.

Il y aura des situations imprévues, équivoques, comiques et grotesques mais humaines.

On rencontrera des doutes, de l'enthousiasme, des déceptions face à une réalité jusque là seulement rêvée ou imaginée.



"C'est le roman prophétique d'un écrivain qui croyait à la valeur du bon sens et de la raison".
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Giovanni Guareschi (252)Voir plus

Quiz Voir plus

La Bibliothécaire

Comment s'appelle la bibliothécaire ?

Aîda
Inaya
Ida
Naîma

10 questions
316 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}