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Critiques de Gisèle Freund (7)
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Photographie et société

"Nous en reparlerons"



Gisèle Freund déroule l'histoire de la photographie. "Cent trente-cinq ans de son histoire." Le texte est publié en 1974 et nous sommes en 2024. Double vertige...

Parce que les usages de la photo ont tant évolué depuis son invention que le futur en est peut-être encore inimaginable.



Il faut se représenter un monde d'avant l'empire de l'image, avant qu'elle fasse illusion ; avant le goût du réalisme. Puis tenter de se projeter plus loin encore dans celui que nous vivons, dans la société des écrans, la connexion et le besoin de voir sans voir réellement. L'ère du voyeurisme normalisé.



Forcément, cela fait froid dans le dos... quand il est si facile de manipuler les images, (leur faire "dire" littéralement ce que l'on veut) et quand celles-ci ont tant d'impact sur nos représentations ; l'imagination court-circuitée, nous ne pouvons plus que nous émouvoir.



Cette synthèse d'une sociologue surtout réputée pour son travail de photographe n'est pas seulement éclairante mais aussi très inquiétante. Aucune radicalité dans son propos ni son approche pourtant. Le simple exposé clair des grandes mutations en jeu dans la société à mesure que la photographie devient un art légitime et que ses progrès techniques en font une puissance médiatique.

Mais, on n'a beau aimer "les belles images", louer le pouvoir de l'information (quand celle-ci rapproche les peuples ou sert l'émancipation intellectuelle au lieu d'être un moyen d'endoctrinement) et rester fasciné devant ce qui semble être la reproduction exacte de la vie ; le malaise vient du risque pris (déjà pris) d'en faire plus qu'un art, un art de vivre.



Et quand il faut questionner les images, nous ne nous souvenons déjà plus du lent secret de leur fabrication (quand bien même nous chercherions à être attentifs.. car l'attention , c'est la disparition de l'image)
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Photographie et société

Tout est image. Un mot, un parfum, un son, une couleur portent toute l'éloquence du monde. La photographie est elle même une image. Mais elle n'est pas « rien qu'une image ». Si la vision est naturelle à l'homme, la perception d'une vision se rattache à la construction d'un langage.

Il faut des mots pour construire une phrase, il suffit d'un parfum et l'arborescence d'une ombre pour créer une histoire. « Photographie et société » retrace la naissance, l'enfance, l'adolescence, et l'âge pré-numérique de la photographie, soit « 135 ans de son histoire ». Il rappelle qu'aucun fait culturel, et notamment aucun fait artistique, ne peut être dissocié de l'instant historique, politique, économique dans lequel il s'inscrit. Ce qui nous fait dire, nous fait agir. Ce qui nous laisse dire, nous laisse agir.

Le langage s'élabore, se structure, échafaude le vocabulaire de son époque, sous entend, sous tend, démontre, consent, collabore, réfléchit, interroge, dénonce, témoigne. Il ment aussi bien souvent, il détourne, il édulcore, met en exergue, supprime, sublime, nomme, désigne, dévoile. Il sert aussi. De grandes choses mais aussi de bien tristes choses. Et puis le langage imagine, s'émancipe, il ne suit plus le cours de l'histoire, en percevant un nouvel angle il anticipe, invente un nouveau cap. Voilà que le langage prend la responsabilité de son art.

Entre vision et regard, langage et perception, toutes les images forment des langages.

Selon Gisèle Freund, « avec l'élargissement du regard, le monde se rétrécit », la vision, comme « toute création optique », est donc perspective.



Astrid Shriqui Garain
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Le Monde et ma caméra

"Le Monde et Ma Caméra", livre paru en 1970 et réédité en 2006 est le récit autobiographique de la célèbre photographe Gisèle Freund (1908-2000).

92 ans de vie dont la plus grande partie fut consacrée à la photo dans le sens le plus noble.

Fuyant le nazisme montant de l'Allemagne, Gisèle Freund arriva à Paris en 1933 où elle poursuivit des études de sociologie à la Sorbonne.

Une rencontre importante et combien tutélaire en la personne d'Adrienne Monnier permit à Gisèle Freund de s'initier à la littérature française et de rencontrer les grands noms de l'écriture française mais américaine de ces années-là (voisine de la libraire Adrienne Monnier, une autre libraire réputée : Sylvia Beach) : Malraux, Gide ,Huxley, Joyce...pour n'en citer que quelques noms.

Elle se spécialisera dans le portrait et sera l'une des premières à utiliser la couleur (subtile analyse de la différence avec le noir et blanc).

Son livre est un véritable témoignage et sur cette époque inquiétante et sur le Paris des années trente et sur le monde artistique.

Sa conception dans cet art est la recherche du naturel (intéressante analyse des réactions de chacun devant l'image de soi).

La période de guerre l'amènera à quitter la France pour l'Argentine.

Là encore, elle nous raconte des rencontres, des lieux et son périple sud-américain notamment sa découverte de la Terre de feu.

Devenant reporter pour l'agence Magnum dans l'après-guerre, Gisèle Freund connut la consécration en devenant un nom incontournable de la photo.

Nombre de portraits d'artistes nous sont familiers sans que nous sachions nécessairement que c'était elle qui les avait pris.

... De l'impact de la photographie que développe lucidement Gisèle Freund souvent de façon prémonitoire : la vulgarisation de l'image et son rôle de plus en plus prégnant dans l'évolution de la société.
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Photographie et société

Gisèle Freund. Le seul nom force le respect. Un ouvrage référence pour tous les photographes, doublé d’une vision prophétique du pouvoir prométhéen de l’image. Pertinemment illustré, Gisèle Freund nous explique le passage d’une invention à son développement industriel, de son passage artistique peut-être élitiste, à son acmé photojournalistique forcément sujet à toutes les propagandes et à sa démocratisation irrémédiablement narcissique, Gisèle Freund ayant une formation de sociologue. Une plongée passionnante dans l’évolution de la technique du support et de la prise de pouvoir de l’image sur le verbe. Unique précaution à savoir, l’ouvrage datant de 1974 et Mme Freund nous ayant quitté en 2000, l’ouvrage fait logiquement l’impasse sur les dérives narcissiques et propagandistes qu’elle-même n’aurait aimées imaginer.



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Photographie et société

Il pourrait être sous titré « pour comprendre la photographie »… Freund nous fait le portrait de la photo, qui est pris qui croyait prendre … Elle est photographe, elle connaît extrêmement bien l’objet qu’elle étudie et elle nous emporte dans la merveilleuse histoire de la photographie.



Pas assez de dates pour nous embrouiller l’esprit, juste assez pour comprendre l’histoire. Pas assez de détails techniques pour nous ennuyer, juste assez pour comprendre le mécanisme de l’outil…



Ce livre se lit comme un roman. Le personnage principal est suivi de son enfance à sa maturité … Tous les âges de sa vie sont passés au microscope ou au macroscope par Freund. Avec ses victoires, ses erreurs et ses défaites, la photo trace, conserve et transmet l’histoire et l’évolution de notre société.



C’est un portrait de la photographie et une photographie de la société.
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Mémoires de l'oeil

Au sommaire : des villes (Francfort en 1932 et 33 ; Paris (la rue, les boutiques, la seine) ; des pays : l’Angleterre des « Distressed areas », le Mexique de Diego rivera. Mais aussi des portraits d’hommes et de femmes célèbres (Evita perron) ; d’écrivains et d’écrivaines : James Joyce (rencontré en 1936), de son éditrice et libraire Sylvia Beach et Adrienne Monnier, Colette, Virginia Woolf, André Gide, Marguerite Yourcenar à Desert Island, Jean Cocteau, Walter Benjamin, Beauvoir, Sartre, Hesse, Ionesco, Breton, Malraux, Beckett, etc.

La référence contextuelle, la citation qui éclaire la personne, la souvenir qui s’attache à la photographie valorise l’image pérennisée par le talent de G. Freund.

anne.vacquant.free.fr
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Photographs

la découverte d'une photographe qui bien avant la mode de "Flickr " et de la photographie numérique avait prédit la perte de noblesse à la photographie... Je me souviens de ce jour particulier ou ce livre tant convoité s’est enfin retrouvé en vrac parmi de vulgaires bouquins en solde à un prix convenable pour ma bourse. Un peu abimé, en anglais... mais avec des portraits d'artistes et d'écrivains si particuliers : Malraux, Colette, Joyce, Pierre Bonnard...



suite: http://www.jeromegeoffroy.com/testblog/index.php?2007/07/08/63-photographs-gisele-freund
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